18/04/2024, 17:51
Grattepapier et Flam partagent pas mal de points communs : plutôt récents sur le forum, prose de qualité, participation assidue aux Yaz avec succès à l’avenant… Surtout, tous deux ne cessent de proposer des œuvres toujours plus abouties, comme si écrire des AVH leur seyait à la manière de chaussures merveilleusement assouplies avec le temps.
Celle-ci ne fait pas exception à la règle, j’ai pris bien du plaisir à endosser le rôle de ce jeune Corse, homicide presque malgré lui. Surtout, j’ai une fois de plus voyagé, la grande marque de fabrique de Henry. La manière de parler (« la mère... »), le vocabulaire (floral, architectural…), les nombreux petits détails obtenus sans doute après recherche et la justesse réaliste des situations m’ont transporté dans ce maquis au début du XXème siècle pour une expérience courte, mais prenante.
L’histoire n’est pas étonnante en elle-même, à l’exception de la touche fantastique. J’ai pensé à un cauchemar, mais cela ressemble en fait plus à une matérialisation des superstitions. Un peu comme dans l’AVH bretonne de Gwalchmei où l’au-delà constituait cependant le cœur de l’histoire.
Je n’ai pas relevé de fausses notes, encore une très jolie mini-AVH historique.
EDIT après lecture de Skarn : J’ai fini victime à la première lecture et atteint le 50 à la seconde. J’ai donc trouvé l’aventure assez facile, mais ça va bien avec sa linéarité. Je n’éprouvais pas le furieux besoin d’un 3ème essai. Surtout que c’était tendu malgré tout, j’avais le sentiment que le moindre faux pas conduisait à l’échec.
En aparté, cela m’a rappelé un épisode de ma vie assez marquant. J’ai eu l’occasion de prendre un Corse en stop sur l’autoroute et il m’a parlé de son pays pendant trois heures. C’était fascinant, un peu effrayant aussi. L’homme était jeune, courtois et calme. Il me racontait comment les Parisiens achetaient légalement des terrains à prix d’or chez lui, avec l’avertissement oral de ne rien construire. Ceux qui outrepassaient cette menace voyaient alors leur bâtisse dynamitée une fois construite et ils revendaient pour des prunes leur terrain. Mais dans l’esprit de mon interlocuteur, c’était normal puisque le continental n’avait pas respecté le « contrat ». Encore plus impressionnant quand il m’expliquait que la criminalité hors insulaire était sévèrement punie. Si un pickpocket italien (par exemple) était pris la main dans le sac, il était emmené dans un village de montagne similaire à celui de notre histoire pour finir refroidi, son corps livré aux cochons. Les gendarmes ne se risquaient pas à fouiller ce genre d’affaires…
On peut évidemment désapprouver tout ça, ce culte de la "violence légitimée" au nom des traditions et de l'indépendance. Il n’empêche que l’homme était tout sauf excessif, très poli, très calme, et à la fin du voyage, il m’a donné ses coordonnées et m’a invité à venir dans son village où je serais reçu avec hospitalité (je n'allais pas dormir dans la fameuse porcherie ). J’ai senti que c’était un grand honneur (dont je n’ai malheureusement pas profité).