[YAZ 2023] Liens invalides

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Voici mon retour : une AVH vraiment ancrée dans notre réalité contemporaine (même si elle est censée se passer dans un futur proche), ce qui est est à la fois sa force, et (peut-être) sa faiblesse. Gynogene, je suis impressionné par ta capacité à t'approprier et à intégrer dans tes histoires les grands sujets de sociétés actuels. C'est assez rare sur le Forum pour le souligner, et c'est précieux d'avoir un auteur comme toi sur le forum. D'autant plus que certains sujets (type MeToo) sont délicats à évoquer, et que tu arrives néanmoins à trouver la juste mesure, le ton juste, pour en parler. J'admire aussi la précision d'horlogerie (au sens propre comme au sens figuré) de ta mécanique, et la grande diversité des possibilités qu'offre le dénouement (selon les personnes qui nous accompagnent ou non, les codes qu'on a récoltés, et les choix qu'on effectue au final). Ceci étant dit, ce dénouement m'a un peu laissé sur la fin. Je m'attendais à une surprise, un retournement de situation, et il me semble que rien de tel n'arrive. Dès le prologue, le risque encouru par notre ancien ami, la personnalité criminelle du gynéco et la rupture de notre amitié avec lui... tout est annoncé et tout adviendra. Le récit suit son cours logique et réaliste. Et on n'a pas aussi forcément le sentiment que le PJ évolue sur le plan moral (certes tout le récit se déroule en quelques heures), ce qui ne nous implique pas beaucoup émotionnellement : on reste dans un ton désabusé du début à la fin. Sans doute, suis-je un très mauvais client pour cette histoire, car je n'ai aucun attrait pour les récits policiers, y compris quand ils versent dans le glauque, et je t'en prie de m'en excuser :-( Par ailleurs, le récit utilise (très intelligemment d'ailleurs) de nombreux éléments qui font désormais partie de notre quotidien à tous : montre connectée, hacker, drones tueurs, mouvement Femen, mouvement MeeToo, question du consentement, risque d'autoritarisme dans l'Europe de l'Est, rejet des étrangers... tout cela sonne terriblement familier, presque trop en fait. Le revers de la médaille c'est donc un manque de dépaysement, que le léger éloignement géographique (la Pologne ça reste l'Europe, et de plus en plus) ne suffit pas à apporter : aucune évasion ne nous est offerte par rapport au quotidien gris que nous montrent déjà tous les jours l'actualité et les médias qui la relaient, où l'on ne parle que d'alcool au volant, de prédateurs sexuels, d'enquêtes de police, de montée des autoritarismes, de piratages informatiques et d'attaques de drones... Pour résumer, une AVH pétrie de qualités mais qui ne correspond pas trop à mes gouts personnels (et je m'en excuse).