10/08/2022, 13:23
Waouh, super réponse. Que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. C'est un échange agréable et profitable, parce que ce sont aussi des retours de retour comme celui-là qui motivent à rédiger des avis qui tiennent la route. Il m'avait fallu grosso modo deux jours (huit heures) pour rédiger ma réponse. C'était d'ailleurs pour cela que je disais que je ne ferai pas ça tous les jours.
Je regarde assez peu de séries, et souvent pour me vider la tête. Je préfère donc les séries dites non feuilletonnantes à celles sérielles. Mais l'un n'empêche pas l'autre. Sur la mémoire, le travail sur la série Légion est exceptionnel et pour le moment, de mon point de vue, c'est la meilleure série super-héroïques jamais tournée. J'en ai vu beaucoup (c'est mon petit péché mignon) mais pas tout, tout. Je note Severance.
Pour l'idée d'être façonné par nos souvenirs, je serai plus réservé, surtout vis-à-vis du « à quel point ». Je pense que c'est plutôt la manière dont nous vivons nos expériences en lien avec notre personnalité, le contexte et effectivement le souvenir qui forme un tout. Une problématique intéressante pourrait se trouver dans l'écart qui existe entre expérience et souvenir.
Perlite, je note.
Pour la grenade et l'enfant, comme tu le dis, il manque juste une petite contextualisation en amont qui permettrait de comprendre ce à quoi cela renvoie. L'un des problèmes vient peut-être aussi du mot grenade qui évoque, en contexte militaire, un truc qui fait boum.
Le train vide est une bonne idée, mais encore une fois, qu'il aurait fallu mettre en place. Ce n'est pas ça qu'il fallait faire mais c'est juste pour donner un exemple de ce que je veux dire : un drone ou des caméras montrent aux passagers de notre wagon les autres se faire décimer sans la moindre chance. On comprend alors rapidement que tout le monde est mort ou en passe de l'être, et le sentiment de claustration, de solitude, de survie, l'emporte et est justifié. Comme nous n'avons que peu d'éléments (qu'en plus on peut ne pas vivre) pour nous faire passer de train avec des voyageurs à train fantôme, pour le lecteur, cela fait bizarre.
Pour les descriptions, c'est toujours compliqué. Il y a des auteurs célèbres qui décrivent très bien et pourtant avec lesquels je peux avoir du mal à visualiser la scène. Faut-il être précis avec la crainte d'être trop précis ? Quel effet veut-on rendre, est-ce utile au déroulement de l'histoire ? Le point de vue abordé, le référent, l'emploi de figures de style (ekphrasis ou hypotypose)... ? Ici, je pense qu'il fallait faire un plan des lieux (ce que tu as peut-être réalisé, d'ailleurs) et proposer des descriptions chirurgicales, mais courtes, ou pas trop longues (je peux me tromper) pour l'orientation, la disposition, et un peu plus longues pour l'environnement (l'atmosphère). Mais tout ça, c'est du ressenti. Je peux être dans l'erreur ou cela peut ne pas convenir à un autre type de lecteur. Finalement, c'est toi qui a le dernier mot ^^.
Ah, la sémantique... C'est tellement délicat. Si je dis « arbre », c'est clair pour tout le monde, et pourtant, personne ne verra le même. Justement, nos expériences de lecteurs et de locuteurs (ce qui me manque aujourd'hui le plus en Allemagne, parler avec des français) façonnent nos représentations sémantiques, qui sont également influencées par le contexte de la phrase (l'environnement du mot), ce que l'on nome un peu pompeusement les sens syntagmatique et paradigmatique du mot, auquel il faudrait ajouter l'évolution des sens des mots (on considère la langue sous l'aspect synchronique dynamique). Par exemple, aujourd'hui beaucoup de personnes considèrent le mot « velléité » comme exercer sa volonté sur, avoir des envies de, alors que le sens classique est celui d'intention fugitive sans suite. Est-ce à dire que les personnes qui l'emploient à contre usage ont tort ? Bien sûr que non. Le mot évolue, change de sens (comme ennuie qui à l'origine correspondait à une violente douleur, un tourment, une profonde tristesse ou nostalgie). Aux auteurs de savoir dans quel sens et quel contexte user de cette force évocatrice qu'ont les mots.
Au plaisir de lire tes prochaines œuvres.
Je regarde assez peu de séries, et souvent pour me vider la tête. Je préfère donc les séries dites non feuilletonnantes à celles sérielles. Mais l'un n'empêche pas l'autre. Sur la mémoire, le travail sur la série Légion est exceptionnel et pour le moment, de mon point de vue, c'est la meilleure série super-héroïques jamais tournée. J'en ai vu beaucoup (c'est mon petit péché mignon) mais pas tout, tout. Je note Severance.
Pour l'idée d'être façonné par nos souvenirs, je serai plus réservé, surtout vis-à-vis du « à quel point ». Je pense que c'est plutôt la manière dont nous vivons nos expériences en lien avec notre personnalité, le contexte et effectivement le souvenir qui forme un tout. Une problématique intéressante pourrait se trouver dans l'écart qui existe entre expérience et souvenir.
Perlite, je note.
Pour la grenade et l'enfant, comme tu le dis, il manque juste une petite contextualisation en amont qui permettrait de comprendre ce à quoi cela renvoie. L'un des problèmes vient peut-être aussi du mot grenade qui évoque, en contexte militaire, un truc qui fait boum.
Le train vide est une bonne idée, mais encore une fois, qu'il aurait fallu mettre en place. Ce n'est pas ça qu'il fallait faire mais c'est juste pour donner un exemple de ce que je veux dire : un drone ou des caméras montrent aux passagers de notre wagon les autres se faire décimer sans la moindre chance. On comprend alors rapidement que tout le monde est mort ou en passe de l'être, et le sentiment de claustration, de solitude, de survie, l'emporte et est justifié. Comme nous n'avons que peu d'éléments (qu'en plus on peut ne pas vivre) pour nous faire passer de train avec des voyageurs à train fantôme, pour le lecteur, cela fait bizarre.
Pour les descriptions, c'est toujours compliqué. Il y a des auteurs célèbres qui décrivent très bien et pourtant avec lesquels je peux avoir du mal à visualiser la scène. Faut-il être précis avec la crainte d'être trop précis ? Quel effet veut-on rendre, est-ce utile au déroulement de l'histoire ? Le point de vue abordé, le référent, l'emploi de figures de style (ekphrasis ou hypotypose)... ? Ici, je pense qu'il fallait faire un plan des lieux (ce que tu as peut-être réalisé, d'ailleurs) et proposer des descriptions chirurgicales, mais courtes, ou pas trop longues (je peux me tromper) pour l'orientation, la disposition, et un peu plus longues pour l'environnement (l'atmosphère). Mais tout ça, c'est du ressenti. Je peux être dans l'erreur ou cela peut ne pas convenir à un autre type de lecteur. Finalement, c'est toi qui a le dernier mot ^^.
Ah, la sémantique... C'est tellement délicat. Si je dis « arbre », c'est clair pour tout le monde, et pourtant, personne ne verra le même. Justement, nos expériences de lecteurs et de locuteurs (ce qui me manque aujourd'hui le plus en Allemagne, parler avec des français) façonnent nos représentations sémantiques, qui sont également influencées par le contexte de la phrase (l'environnement du mot), ce que l'on nome un peu pompeusement les sens syntagmatique et paradigmatique du mot, auquel il faudrait ajouter l'évolution des sens des mots (on considère la langue sous l'aspect synchronique dynamique). Par exemple, aujourd'hui beaucoup de personnes considèrent le mot « velléité » comme exercer sa volonté sur, avoir des envies de, alors que le sens classique est celui d'intention fugitive sans suite. Est-ce à dire que les personnes qui l'emploient à contre usage ont tort ? Bien sûr que non. Le mot évolue, change de sens (comme ennuie qui à l'origine correspondait à une violente douleur, un tourment, une profonde tristesse ou nostalgie). Aux auteurs de savoir dans quel sens et quel contexte user de cette force évocatrice qu'ont les mots.
Au plaisir de lire tes prochaines œuvres.
Goburlicheur de chrastymèles