23/09/2018, 14:50
Je suis navré d’apprendre la disparition récente de l’éditeur Walrus, qui publie (entre autre) des livres-jeux numériques en français. Je suis d’autant plus étonné que Walrus avait financé avec succès Below, un projet ambitieux par le biais de la plateforme Ulule fin 2016 (voir : https://fr.ulule.com/below/)
Comment Walrus en est-il arrivé là ?
J’ai compilé différentes interviews de son dirigeant, Julien Simon, pour avoir l’explication :
Nous avons dès 2010 fait partie des premiers éditeurs digital native — les fameux pure players. Nous publions donc nos livres en numérique sur les principales librairies en ligne.
La véritable révolution du livre numérique, outre la dématérialisation et tous les avantages liés au format lui-même (accessibilité immédiate, affichage adaptatif, notes, liens hypertextes, multimédia, etc.) réside dans le fait qu’on peut potentiellement se passer de tous les intermédiaires et vendre en direct de l’auteur au lecteur. Résultat : nous proposons des prix entre 1€ et 6€ et cela sans aucun DRM (verrou lié à un unique compte client). Amazon ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque son service d’auto-édition est très populaire, tend à faire de l’ombre aux éditeurs historiques et pèse désormais très lourd dans la balance en termes de chiffre d’affaire.
Le numérique est un formidable laboratoire et qu’il permet de tester des choses qu’on ne pourrait pas se permettre de tester dans l’économie du papier : nos livres dont vous êtes le héros utilisent des liens hypertextes pour naviguer entre les chapitres, nos ouvrages multimédia et/ou interactifs exigent d’être lus sur tablette.
Mais il manque quelque chose dans le numérique : un véritable esprit créatif. Le livre numérique est encore un truc de techniciens, beaucoup d’éditeurs et d’auteurs n’y connaissent pas grand-chose, ils ignorent l’étendue de ce que l’on peut faire avec. Résultat, on se retrouve avec des démonstrations techniques qui n’ont rien d’intéressant d’un point de vue éditorial ou narratif. Les professionnels doivent se former, c’est capital. Il faut la rencontre de la technique et de l’éditorial. La seule limite dans un contexte technique où il est possible de presque tout faire, c’est l’imagination de l’auteur et de l’éditeur. Et c’est pour cela qu’il est aussi important que ces professionnels des histoires se forment au numérique : pour qu’ils puissent imaginer les livres de demain.
Nous avons tout essayé ces dernières années, mais nous ne parvenons pas à jouer des coudes contre les mastodontes du marché. Voilà trois ans, ça a commencé à décroître, lentement. Le constat est implacable : nous n’arrivons plus à toucher de nouveaux lecteurs, et les anciens s’essoufflent. Les ventes sont ridicules, parfois jusqu’à frôler l’absurde, et couvrent à peine nos frais. Le nombre de lecteurs semble stagner et même les pure players s’en détournent pour revenir vers le papier, notamment grâce à des solutions d’impression à la demande de plus en plus performantes et accessibles.
Comment Walrus en est-il arrivé là ?
J’ai compilé différentes interviews de son dirigeant, Julien Simon, pour avoir l’explication :
Nous avons dès 2010 fait partie des premiers éditeurs digital native — les fameux pure players. Nous publions donc nos livres en numérique sur les principales librairies en ligne.
La véritable révolution du livre numérique, outre la dématérialisation et tous les avantages liés au format lui-même (accessibilité immédiate, affichage adaptatif, notes, liens hypertextes, multimédia, etc.) réside dans le fait qu’on peut potentiellement se passer de tous les intermédiaires et vendre en direct de l’auteur au lecteur. Résultat : nous proposons des prix entre 1€ et 6€ et cela sans aucun DRM (verrou lié à un unique compte client). Amazon ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque son service d’auto-édition est très populaire, tend à faire de l’ombre aux éditeurs historiques et pèse désormais très lourd dans la balance en termes de chiffre d’affaire.
Le numérique est un formidable laboratoire et qu’il permet de tester des choses qu’on ne pourrait pas se permettre de tester dans l’économie du papier : nos livres dont vous êtes le héros utilisent des liens hypertextes pour naviguer entre les chapitres, nos ouvrages multimédia et/ou interactifs exigent d’être lus sur tablette.
Mais il manque quelque chose dans le numérique : un véritable esprit créatif. Le livre numérique est encore un truc de techniciens, beaucoup d’éditeurs et d’auteurs n’y connaissent pas grand-chose, ils ignorent l’étendue de ce que l’on peut faire avec. Résultat, on se retrouve avec des démonstrations techniques qui n’ont rien d’intéressant d’un point de vue éditorial ou narratif. Les professionnels doivent se former, c’est capital. Il faut la rencontre de la technique et de l’éditorial. La seule limite dans un contexte technique où il est possible de presque tout faire, c’est l’imagination de l’auteur et de l’éditeur. Et c’est pour cela qu’il est aussi important que ces professionnels des histoires se forment au numérique : pour qu’ils puissent imaginer les livres de demain.
Nous avons tout essayé ces dernières années, mais nous ne parvenons pas à jouer des coudes contre les mastodontes du marché. Voilà trois ans, ça a commencé à décroître, lentement. Le constat est implacable : nous n’arrivons plus à toucher de nouveaux lecteurs, et les anciens s’essoufflent. Les ventes sont ridicules, parfois jusqu’à frôler l’absurde, et couvrent à peine nos frais. Le nombre de lecteurs semble stagner et même les pure players s’en détournent pour revenir vers le papier, notamment grâce à des solutions d’impression à la demande de plus en plus performantes et accessibles.