L'Épée de Légende S3E07 (Le Port des Assassins)
#92
Lorsque la géante meurt, son oeil unique se ternit, puis devient totalement noir. Avec répugnance, vous réalisez que ce qui lui tient lieu de sang est un liquide visqueux d'un vert sombre.

Le vieil homme délire presque de joie et de soulagement lorsque vous le libérez. "Elle a dévoré chacun de mes vingt-trois compagnons," pleure-t-il. "Après avoir dévoré Frère Epicurus, elle a lâché un énorme rot. Ah mon Dieu ! Si vous étiez arrivés quelques heures plus tard, j'aurais fait partie de ce ragoût ! Comment pourrais-je vous remercier ?"


Une fois calmé, il vous raconte son histoire : "Dans le nord du Kurland, parmi les collines de Drakken, se trouve le Monastère de la Renaissance. Mes défunts compagnons en étaient les moines et moi leur abbé."

"Notre mission était essentielle à toute l'humanité et nous nous y étions préparés pendant de longues années. Comme vous le savez, à l'aube du nouveau millénaire, le Créateur de Tout mettra un terme à son oeuvre - notre Terre - et commencera à nouveau. Le mal sera extirpé comme une mauvaise herbe ; le démon et ses serviteurs disparaîtront à jamais ; le millénaire suivant verra le royaume de Dieu sur Terre."

Vous hochez la tête. Il est également dit que l'an 1000 sera un temps de fracas et de batailles sanglantes. Les portes de Spyte se rouvriront et les Archimages reviendront en ce monde... "Ce paradis sur Terre n'adviendra pas sans effort," dites-vous à l'abbé.

"C'est tout à fait vrai ! Beaucoup imaginent qu'ils auront nécessairement droit au paradis, mais, en réalité, il nous faudra lutter pour le mériter. Dieu peut nous montrer la voie, mais c'est aux hommes qu'il incombe de détruire le mal qui infeste ce monde depuis ses origines. Si nous n'en sommes pas capable, nous n'hériterons jamais du paradis !"

"Du calme, tu es encore perturbé par ce qui t'est arrivé."

"Non !" s'exclame-t-il d'un ton passionné. "Je suis perturbé par quelque chose de bien plus important. Voyez-vous, nous avons fait cette expédition pour récupérer l'un des éléments qui sera nécessaire lors du combat qui marquera la fin de ce monde : une jeune pousse de frêne, nourrie pendant des générations par les moines de notre ordre. Elle est née d'un fruit venant d'Yggdrasil, l'Arbre de Vie."

"Où se trouve cette pousse à présent ?"

"Volée ! Volée sous notre nez par des membres de la secte des Mages d'Opalar ! Ils ont franchi nos défenses par sorcellerie, puis se sont échappés avec la pousse sur un pont de flammes. Nous voulions les poursuivre avec un portail astral qu'avait ouvert le Frère Péreus, qui avait autrefois pratiqué la magie. Mais il a dû commettre une erreur, car, au lieu de nous retrouver en Opalar, nous sommes arrivés ici, où nous avons aussitôt été capturé par ce monstre gargantuesque ! Si vous ne m'aviez pas sauvé, j'aurais été également dévoré et notre quête condamné à l'échec. A présent, je dois vous demander une autre faveur. La pousse doit être récupérée. Elle sera le pivot de l'ère nouvelle, tout comme Yggdrasil, le premier arbre du jardin d'Eden, est le pivot de notre ère finissante. Aidez-moi à l'arracher des mains de ces mages impies !"

*

Vous regagnez la terrasse avec l'abbé, réfléchissant à sa requête. Ce qu'il vous dit laisse à penser que sa quête est aussi importante que la vôtre, mais à laquelle devriez-vous accorder la priorité ?

Vous êtes tiré de vos réflexions par l'exclamation de l'abbé : "Un démon ta'ashim ! Fuyez avant qu'il ne nous aperçoive !"

"Ah, vous êtes enfin revenus," vous dit le djinn. "Et vous avez un nouveau compagnon, qui semble être un vieil homme très impressionnable."

"Montre un peu de respect," répondez-vous. "C'est un abbé."

Celui-ci est stupéfait. "Vous... Vous connaissez cette créature ? Elle vous obéit ? Par tous les saints..."

Le djinn étend sa main vers la balustrade de marbre. "Etes-vous prêts à reprendre votre voyage ? Dites adieu à messire l'abbé et remettons-nous en route."

*

Vous pourriez utiliser le voeu qui vous reste pour demander au djinn de vous amener à la citadelle secrète des mages, en Opalar. Mais si vous lui demandez d'interrompre son exécution de votre voeu actuel, vous ne pouvez pas escompter qu'il acceptera de la reprendre après ce détour. Vous vous retrouveriez donc coincés en Opalar, sans aucun moyen de vous rendre à Hakbad.

"Vous pourriez voyager par la terre," suggère l'abbé une fois que vous lui avez exposé la situation.

"À travers le désert du Kaikuhuru ? Cela pourrait prendre des mois. Susurrien n'attendra pas indéfiniment. Il pourrait trouver une autre manière de se procurer ce qu'il désire, et nous ne pourrions plus retrouver la lame de l'Épée de Légende."

"Bonne chance, quoi qu'il en soit," dit l'abbé avec tristesse, en vous serrant la main.

Il regarde le djinn vous soulever dans sa main.

"Ne vous en faites pas pour ma quête ! Je vais regagner mon monastère par le portail astral et rassembler une nouvelle équipe. Il nous reste cinq ans avant la Fin. Je peux peut-être encore récupérer la pousse."

"Que Dieu récompense votre courage en vous accordant le succès !" lui lancez-vous en réponse.

Le djinn s'avance dans l'océan. Vous regardez l'abbé jusqu'à ce que sa silhouette disparaisse derrière vous, puis vous tournez votre regard vers l'est et Hakbad.

*

(Il me semble que ce passage est le premier de la séire où est mentionné le "léger détail" que l'Apocalypse est pour bientôt.)

*

Vous arrivez à Hakbad quelques heures avant le lever du soleil. Votre position vous offre un excellent point de vue sur les grands palais et les dômes des temples, séparés par des vergers, des nécropoles et des étendues poussiéreuses. Habitués comme vous l'êtes à la densité des villes du nord, vous comprenez pourquoi ces cités tahashims inspirent de l'agoraphobie à certains marchands coradiens. Hakbad a plus d'un million d'habitants, soit quatre fois plus que Ferromaine, mais couvre une superficie dix fois plus vaste ! Cette pensée est à couper le souffle.

"Voyez comment elle se situe au confluent de plusieurs rivières," dit le djinn. "A l'origine, il y avait plusieurs petits campements ici, mais ils ont grandi avec le temps jusqu'à devenir cette cité."

"Tu sembles bien la connaître."

Le djinn se pose sur une étendue dégagée entre deux canaux. "Dans l'ancien temps, il m'arrivait de parcourir ces rues sous la forme d'un chien ou d'un marchand." Sa taille diminue alors qu'il vous dépose sur le sol, jusqu'à ce qu'il ne soit pas plus grand que les palmiers voisins.

*

Le moment est venu de faire votre dernier voeu.
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RE: L'Épée de Légende S3E07 (Le Port des Assassins) - par Outremer - 02/04/2018, 18:06



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