[Le retour qui suit contient beaucoup de révélations sur l’aventure.]
Trois tentatives pour découvrir la signification de ce bonnet rouge… À ma première, je commence prudemment en ne faisant pas de vagues à l’auberge. Lors de la procession, je m’enhardis et vais discuter avec un cavalier… qui me fait peur et me maltraite. L’attaque du Bonnet rouge me panique ; je fuis, me perds et ai la mauvaise idée d’appeler à l’aide…
À ma deuxième, je laisse tomber la prudence et j’ose un peu plus de choses. La tenancière me menace et mon cousin me martyrise pour un morceau de pain… Je vais, cette fois-ci, voir ce qui se passe à l’arrière de la procession, et n’en mène pas large… De nouveau paniqué et perdu, je garde le silence, cette fois, ce qui me sauve provisoirement la vie. Au château de l’Hermitage vient alors l’heure du bilan. Je ne suis ni paniqué, ni épuisé, ni révolté… mais mon intuition me susurre depuis un moment qu’il faut justement finir révolté pour pouvoir voir une fin différente de celle du paragraphe 30. Bingo !
À ma troisième, je m’efforce donc de laisser monter la rage… Je suis le même parcours à l’auberge mais reste auprès de frère Shelby après coup, cette fois. J’assiste à son début de lynchage par les villageois, et la révolte monte alors en moi… Yes!
L’aventure est courte, mais pas évidente. Jouer avec les trois états de Guilhem est un vrai défi, un peu atténué par le fait qu’on a du mal à vraiment les maîtriser. Ce qui est tout à fait normal, toutefois : on joue un garçonnet de 10 ans, il est logique qu’on soit la victime des événements plutôt que l’instigateur. Cependant, avec un peu de réflexion, on peut arriver à deviner à peu près quel sera l’impact de nos choix sur le stress, l’état de forme et l’état d’esprit de notre personnage. On ne maîtrise pas vraiment, mais on influence.
J’aime beaucoup ce système de jeu, très original, très simple et qui permet en même temps, pour peu qu’il soit bien manié, de créer un labyrinthe de possibilités des plus intéressants. J’aimerais vraiment le voir employé dans une A.V.H. beaucoup plus longue.
Malgré sa brièveté, l’histoire réussit à être intrigante et à donner envie de lever le voile sur le mystère du Bonnet rouge et des événements qui lui sont liés. Les personnages sont plutôt réussis. Bien sûr, il est compliqué de les développer longuement étant donné le format, mais, à mes yeux, il ne faut pas forcément grand-chose pour rendre un personnage intéressant, il suffit souvent de trouver le truc qui le caractérise, et j’ai eu le sentiment que c’était le cas dans Bonnet rouge. Le personnage de frère Shelby et celui du Bonnet rouge sont sans doute les deux plus marquants. On prend plaisir à lire leurs scènes, notamment celle où le moine flanche, et celle où le démon révèle son identité, très bien écrite. Mais d’autres sont également marquantes, je pense notamment à la scène du guide qui joue le prisonnier dans le simulacre d’exécution. Vue par les yeux de Guilhem, elle est glaçante !
Faire incarner au joueur un enfant de 10 ans n’est pas un exercice évident, mais l’A.V.H. s’en sort, je trouve, très bien. Les sentiments et les émotions de notre personnage sont crédibles, le vocabulaire employé, dans ses paroles comme dans ses pensées, l’est tout autant. Et, comme je l’ai dit plus haut, ce sentiment d’être ainsi balloté par le monde cruel des adultes, en ayant toutes les peines du monde à tracer sa propre voie, est très bien retranscrit et profite à l’immersion du lecteur, même si cela handicape un peu la jouabilité.
Jouabilité intéressante, bon style (quelques fautes repérées, mais peu)… La seule chose qui m’a (légèrement) rebuté, en fait, c’est les fins.
Celle du paragraphe 30 est jolie, mais je la trouve un peu trop déconnectée du récit, surtout à cause de ce personnage sorti de nulle part. Un parallèle est bien fait entre son enfant perdu et Guilhem, mais je le trouve artificiel.
Celle du XV, en revanche, je l’ai trouvée très bonne… jusqu’au tout dernier paragraphe. Avant cela, les observations d’un Guilhem adulte sur la cruauté des hommes, le fait que la compassion se niche parfois là où on l’attend le moins, la remise en question de sa foi… C’est (très) intéressant, agréable à lire, cela pousse à la réflexion… mais la conclusion provoque un décalage trop brutal pour s’intégrer harmonieusement au reste. Je ne suis pas contre le traitement de sujets aussi sensibles que la pédophilie, mais c’est un exercice périlleux, et là… c’est bâclé, je trouve, ça ne passe pas. La symbolique du bonnet rouge aurait pu être intéressante, poignante, même, mais cela aurait nécessité beaucoup plus de justesse dans l’écriture, et sans doute un peu plus que quelques phrases.
À part ce bémol un peu dérangeant, j’ai passé un bon moment à lire l’aventure. L’aspect très adulte du récit, la narration par les yeux d’un enfant et tout ce qui en découle, ainsi qu’un système de jeu simple mais original et bien pensé font qu’elle vaut clairement le détour.
Mon parcours : I, XII, XIX, XXV, XXII, XVI, VI, III, XXVII, VII, XX, II, XVII, XXVI, XV. Nombre de tentatives : 3.
Trois tentatives pour découvrir la signification de ce bonnet rouge… À ma première, je commence prudemment en ne faisant pas de vagues à l’auberge. Lors de la procession, je m’enhardis et vais discuter avec un cavalier… qui me fait peur et me maltraite. L’attaque du Bonnet rouge me panique ; je fuis, me perds et ai la mauvaise idée d’appeler à l’aide…
À ma deuxième, je laisse tomber la prudence et j’ose un peu plus de choses. La tenancière me menace et mon cousin me martyrise pour un morceau de pain… Je vais, cette fois-ci, voir ce qui se passe à l’arrière de la procession, et n’en mène pas large… De nouveau paniqué et perdu, je garde le silence, cette fois, ce qui me sauve provisoirement la vie. Au château de l’Hermitage vient alors l’heure du bilan. Je ne suis ni paniqué, ni épuisé, ni révolté… mais mon intuition me susurre depuis un moment qu’il faut justement finir révolté pour pouvoir voir une fin différente de celle du paragraphe 30. Bingo !
À ma troisième, je m’efforce donc de laisser monter la rage… Je suis le même parcours à l’auberge mais reste auprès de frère Shelby après coup, cette fois. J’assiste à son début de lynchage par les villageois, et la révolte monte alors en moi… Yes!
L’aventure est courte, mais pas évidente. Jouer avec les trois états de Guilhem est un vrai défi, un peu atténué par le fait qu’on a du mal à vraiment les maîtriser. Ce qui est tout à fait normal, toutefois : on joue un garçonnet de 10 ans, il est logique qu’on soit la victime des événements plutôt que l’instigateur. Cependant, avec un peu de réflexion, on peut arriver à deviner à peu près quel sera l’impact de nos choix sur le stress, l’état de forme et l’état d’esprit de notre personnage. On ne maîtrise pas vraiment, mais on influence.
J’aime beaucoup ce système de jeu, très original, très simple et qui permet en même temps, pour peu qu’il soit bien manié, de créer un labyrinthe de possibilités des plus intéressants. J’aimerais vraiment le voir employé dans une A.V.H. beaucoup plus longue.
Malgré sa brièveté, l’histoire réussit à être intrigante et à donner envie de lever le voile sur le mystère du Bonnet rouge et des événements qui lui sont liés. Les personnages sont plutôt réussis. Bien sûr, il est compliqué de les développer longuement étant donné le format, mais, à mes yeux, il ne faut pas forcément grand-chose pour rendre un personnage intéressant, il suffit souvent de trouver le truc qui le caractérise, et j’ai eu le sentiment que c’était le cas dans Bonnet rouge. Le personnage de frère Shelby et celui du Bonnet rouge sont sans doute les deux plus marquants. On prend plaisir à lire leurs scènes, notamment celle où le moine flanche, et celle où le démon révèle son identité, très bien écrite. Mais d’autres sont également marquantes, je pense notamment à la scène du guide qui joue le prisonnier dans le simulacre d’exécution. Vue par les yeux de Guilhem, elle est glaçante !
Faire incarner au joueur un enfant de 10 ans n’est pas un exercice évident, mais l’A.V.H. s’en sort, je trouve, très bien. Les sentiments et les émotions de notre personnage sont crédibles, le vocabulaire employé, dans ses paroles comme dans ses pensées, l’est tout autant. Et, comme je l’ai dit plus haut, ce sentiment d’être ainsi balloté par le monde cruel des adultes, en ayant toutes les peines du monde à tracer sa propre voie, est très bien retranscrit et profite à l’immersion du lecteur, même si cela handicape un peu la jouabilité.
Jouabilité intéressante, bon style (quelques fautes repérées, mais peu)… La seule chose qui m’a (légèrement) rebuté, en fait, c’est les fins.
Celle du paragraphe 30 est jolie, mais je la trouve un peu trop déconnectée du récit, surtout à cause de ce personnage sorti de nulle part. Un parallèle est bien fait entre son enfant perdu et Guilhem, mais je le trouve artificiel.
Celle du XV, en revanche, je l’ai trouvée très bonne… jusqu’au tout dernier paragraphe. Avant cela, les observations d’un Guilhem adulte sur la cruauté des hommes, le fait que la compassion se niche parfois là où on l’attend le moins, la remise en question de sa foi… C’est (très) intéressant, agréable à lire, cela pousse à la réflexion… mais la conclusion provoque un décalage trop brutal pour s’intégrer harmonieusement au reste. Je ne suis pas contre le traitement de sujets aussi sensibles que la pédophilie, mais c’est un exercice périlleux, et là… c’est bâclé, je trouve, ça ne passe pas. La symbolique du bonnet rouge aurait pu être intéressante, poignante, même, mais cela aurait nécessité beaucoup plus de justesse dans l’écriture, et sans doute un peu plus que quelques phrases.
À part ce bémol un peu dérangeant, j’ai passé un bon moment à lire l’aventure. L’aspect très adulte du récit, la narration par les yeux d’un enfant et tout ce qui en découle, ainsi qu’un système de jeu simple mais original et bien pensé font qu’elle vaut clairement le détour.
Mon parcours : I, XII, XIX, XXV, XXII, XVI, VI, III, XXVII, VII, XX, II, XVII, XXVI, XV. Nombre de tentatives : 3.