20/02/2016, 15:43
(04/01/2014, 03:39)Caïthness a écrit : J'ai survolé l'avh car l'idée de départ semblait bonne et très intéressante. Cependant, je dois avouer que la profusion de redirection automatique enlève un peu de son charme à l'aspect jeu. Je pense qu'il faudrait soit plus de §, soit moins de profil différent...Je déterre mon com' après mon premier essai forcément infructueux, vu que je l'ai joué en mode suicide lol.
Je pense que cette avh atteint les limites du format papier, car les redirections automatiques spoilent grave, vive le métagame. D'aun autre côté, elle serait peut-être injouable en forma informatique, car certains aspects sont un peu fourbes, notamment les doubles conditions qui ne peuvent être exploitée que si le lecteur les a lue une fois (bonjour le % de chance de faire les combinaisons idoines vu les combinaisons possibles entre les différents perso et équipement).
Pour les profils, peut-être se lâcher un peu plus aurait été marrant (en prenant des créatures, comme des minotaures des gobelins, etc... par exemple).
Mon prochain essai sera plus cohérent (j'ai fait un crash test en fait

§52 : — Le Métamorphe redevient disponible (quelles que soient les circonstances qui ont amené à cette indisponibilité).
Même mort ?

En tout cas, ça reste quand même un bon trip côté jeu avec le coup des missions à répétitions qui passe bien quand même. Le côté mix des perso est subtilement noyé dans des descriptions neutres centrées sur le paysage ; mais c'est vrai que notre langue est bien merdique pour faire un texte unisexe. Donc difficile de juger l'aspect littéraire.

C'est tout pour l'instant. Si vous avez un peu de temps, lisez...
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Spoiler
Alors que j'entame mon deuxième lait de chèvre, voilà que le palefrenier déboule avec ses bottes boueuses dans la taverne.
— J'a fini avec les ch'vô !
Comprenant qu'il n'a plus grand-chose à faire, je l'interpelle :
— Eh, mon garçon, ça te dirait deux piécettes contre un petit service ?
Son sourire dévoile les trois dents restantes de ses multiples interactions avec les cavaliers saouls et les purs-sangs récalcitrants :
— Pour sûr, Maître Yazou !
— Va interroger quelques passants pour en savoir plus sur les monstres du coin.
— J'y va de suite, not'bon Maître.
Et un bouseux en vadrouille, pensé-je en le regardant sortir tout guilleret.
Je déchante vite en le voyant arriver à la tombée de la nuit :
— Y'a que dl'a causerie sans sornettes, Maître, rien de plus bizarre que d'habitude, pour sûr. J'va m'coucher de suite. J'a les pattounes en compote d'avoir couru la campagne. Avec vot' bon or, j'ira courir la gueuse demain, krévindjiou !
C'est ce moment que choisi la jolie serveuse de l'établissement pour venir me parler :
— Vous perdez votre temps avec cet imbécile, vous savez. Moi, je peux vous aider si vous voulez, je sais bien causer aux gens.
— Bien, bien. Et si tu allais interroger la vieille Baba Yaga pour moi, afin de voir si tu es aussi loquace que tu me le vantes.
— Cette folle de sorcière !? Vous voulez ma mort.
— Mais non, mais non, et puis entre gueuses, le courant devrait bien passer. Je suis prêt à t'offrir jusqu'à 5 PO.
— Wouahh ! 5 PO, vendu !
Et la voilà partie vers une mort certaine… Enfin, à mon âge, on s'amuse comme on peut.
Deux jours après, je suis persuadé que la jolie minette s'est fait bouffer. Merde, les temps deviennent durs. C'est à ce moment-là que je me rends compte que la jeune femme à ma droite devient un vieux barbu.
— Dites-moi, ça vous dirait de faire de la spéléo dans des vieilles ruines ?
Le jeune homme chauve me répond :
— Vous parlez de la sorcière qui a bouffé la p'tite ?
— Mais non, jeune ho… Mais non, mademoiselle, je parle des ruines.
L'homme au monosourcil velu et épais me toise avec dureté :
— Vous avez une pelle ?
— Non, mais prenez cet Anneau de Lumière, il y aura sûrement des souterrains.
— Bon, j'y vais tout de suite, parce que j'ai un autre truc à faire après, déclare le gars trapu aux cheveux noirs.
Je me demande bien lequel va me rapporter quelque chose, me demandé-je en regardant le blondinet efféminé franchir la porte prestement. Je lève la main nonchalamment :
— Tavernier, un saucisson aux noisettes, du pain et du vin ! Ma panse est vide et ma gorge trop sèche…
— Putain mais c'est pas vrai !
Mon hurlement désespéré réveille la moitié des occupants quand je sors de l'horrible cauchemar. Non, ce n'était pas un rêve, ce con de Métamorphe s'est fait bouffer tout cru par une saloperie de mort-vivant. Moi qui pensais que l'anneau lui suffirait… Finalement, il aurait fallu envoyer toute une armée dans ce putain de tombeau secret. Bon, fini les gentillesse, on va passer du côté obscur. Je retourne sous les couvertures, pressé de me rendormir pour que le lendemain vienne plus vite.
Aux premières lueurs de l'aube, je convoque le brigand en lui jetant négligemment sa solde :
— Enquêtez chez l'ordre des tueurs de monstres et rapportez-moi des infos.
— Ça marche.
La porte claque au moment où j'hurle :
— Et évitez de vous faire occire par tous les dieux !
Dès le lendemain, je décide d'attaquer mes journées avec deux pichets de rouge, persuadé que ma bonne étoile était toujours dans les limbes de l'au-delà, et que quoique je fasse, ça tournera toujours au vinaigre. Je recrache aussitôt ma première gorgée :
— Pouah ! C'est quoi cette mélasse ! dis-je entre deux quintes de toux sèche et douloureuses.
Le tavernier arrive aussitôt :
— Zut, c'est le vinaigre, j'me suis trompé Maître. Je vous rapporte votre piquette habituelle à l'instant.
C'est à ce moment qu'arrive mon brigand, entier de surcroît. Il me tend un papier griffonné.
— C'est quoi ça ?
Ma gorge me brûle.
— Les infos que vous m'avez demandées, pardi ! Sachez qu'il y a une autre salle, mais je n'ai pas pu y aller. Leu défense est remarquable. Si vous me filez le double, je peux vous rapporter des infos encore plus intéressantes.
— 10 PO !? Vous me prenez pour une mine ?
— C'est vous qui voyez. Sur ce, j'y vais moi.
— Attendez, on peut s'arranger, non ?
— C'est-à-dire ?
— Si je vous donne une Dague et 5 PO ?
Le malandrin scrute la lame d'argent.
— Mouais, ça le fera.
— J'espère que ça vaudra le coup !
— Ça, vous le verrez quand je reviendrais !
Son rire résonne encore dans ma tête un bon quart d'heure après son départ.
— Burps. Tavernier, du solide !
— Et un poulet qui marche, un !
Après une semaine, le brigand arrive enfin.
— Ah ben c'est pas dommage ! J'ai cru que vous m'aviez doublé, et j'envisageais d'envoyer une sorcière s'occuper de votre cas.
— C'était pas une sinécure, mais j'ai de quoi faire votre bonheur pèpère.
Il pose un vieux livre cadenassé devant moi. Alors que je l'ouvre au moyen de la clé attaché, le voleur me dit :
— Bon ben j'y vais moi. Faites gaffe à ce truc, vous risquez de finir complètement sénile !
Effectivement, le contenu recèle des maléfices bien étranges et dangereux. Je le referme en me disant que j'en ai quand même bien eu pour mon or. La chance me souris enfin.
Je vais me coucher avec entrain, mais un affreux cauchemar me laboure le cerveau. Au réveil, il me semble avoir oublié quelque chose. Je marmonne dans ma barbe en tartinant un pâté de lapin sur une tranche de pain rassis.
— Bah, ça me reviendra…
Pensif, je parcoure le parchemin du brigand pour la prochaine mission… Ma bourse étant presque vide, je vais devoir utiliser les armes lourdes, et paradoxalement les moins coûteuse ; cette région est vraiment étrange !
D'un autre côté, avec une réussite sur quatre, je sens que mon affaire risque pas d'avancer plus que ça. Je pose mes yeux sur l'albinos qui siffle une bière :
— Hey, Joe, tu pourrais aller voir ce que les gnomes et autres petits peuples savent sur mon affaire ? Il doit y en avoir toute une tribu dans un coin paumé de la forêt.
— Yep, moi aussi je suis friand de légendes féériques. Je vous ai raconté celle du type bourré qui avait traversé une forêt magique où des fées…
— Ouais ouais, tu me raconteras ton intermède sylvestre un autre jour. Tiens prend cette flûte aussi, ça pourrait ouvrir des trucs ou appeler des machins.
Il fourre l'instrument dans sa besace puis sort en claquant la porte…
— Quoi ? Un chevalier en armure argentée ? Chez les gnomes ? T'as picolé ou quoi ? Et t'as même pas tenté un petit air de flûte pour l'endormir !? Nan mais c'est du délire ! C'est bien la pein de prendre un pro de la recherche !!
— Hey, t'excites pas le vieux sinon je t'en colle une. T'as qu'a envoyer quelqu'un d'autre dans cette forêt !
Je dois être maudit ! Rien qui va, tout de traviole. Dingue, je vais finir chèvre à force d'envoyer des glands dans ces missions à la con ! J'te jure.
— Tavernier, il est où ton frangin ?
— Lequel ?
— Le gros abruti qui tabasse bien.
— Il est derrière entrain de couper du bois.
— Ramène-le moi, j'ai un truc à lui demander.
La montagne de muscle luisante à l'air bêta arrive juste après ses piquantes effluves de sueur.
— Qu'y a-t-il de bon, Maître.
— Tiens, voilà 5 PO. Va buter cet espèce de loup fantôme qui fait flipper tout le monde.
— Mais chui pas un chevalier Maître, j'va m'faire bouffer comme une donzelle !
— Mais non, ça va bien se passer, je t'ai lancé un sort de protection, tu craindras rien.
— Ah bah ça va alors, j'm'y colle de suite Maître.
Je le regarde s'éloigné avec un sourire espiègle. Le coup du sort de protection, ça marche à tous les coups, ça vous remonte un couard en quelques mots.
Une semaine plus tard, l'aubergiste m'insulte avec ferveur :
— Ça commence à bien faire vos conneries. Vous voulez nous sauver, mais en attendant, mon frangin et ma gamine y sont passés ; et je parle pas des autres !!
— Ouais, ouais, mais vot' frangin, je lui avais lancé un petit sort pour la route, pas un gros truc. Donc si le truc fantôme est plus balèze, il est effectivement possible que ça n'ait pas suffit. Mais on s'en fout, on est encore au printemps, z'aurez bien le temps de trouver un autre larbin pour votre bois ! N'oubliez pas que je vous ai grassement payé le séjour, alors il peut y avoir quelques pertes pour la grande cause, non ?
— Mouais.
Le regard noir qu'il me lance m'incite à dormir plus prudemment. En pleine nuit, les cous des grands magiciens se tranchent aussi bien de ceux des gueux.
Le matin, je vais en cuisine. Depuis que la serveuse n'est plus là, il reste la fille qui fait la vaisselle et le ménage. Mais ce qui m'intéresse, c'est le type qui est dedans de si bonne heure :
— Hey bogoss !
— Deux secondes, je la fini !
— C'est ça, passe me voir au comptoir.
Dix minutes et quelques couinements plus tard, le jeune étalon entre en se refroquant négligement.
— Vous avez besoin de moi finalement ?
— Ouep ! Va au village titiller de la gueuse bavarde et rapporte-moi ce qu'elle te baveront.
— Ça marche, à demain !
Bogoss revient en fin de matinée les yeux gonflés.
— Alors ?
— Rien ! Enfin, en info, hein ; parce que les nympho… hahaha
Son rire débile m'irrite au plus au point.
— Arrête de rire comme un idiot ! Chui pas ton fournisseur de donzelle, Bogoss !
— T'inquiètes papy, avec la pub que je t'ai fait, tu vas être connu comme le loup blanc ! Sur ce, je vais me pieuter, parce que une nuit de baise, c'est sympa, mais faut que popol se repose aussi.
Je le fusille du regard pendant qu'il monde l'escalier qui mène à sa chambre…
Le lendemain, je vais taper à la porte de bogoss :
— T'es là gamin ?
— Merde, on peut pas baiser tranquillement ici.
— J'ai besoin de toi pour une autre mission !
— J'arrive dans une heure.
Je soupire et repars vers la grande salle, accompagné par divers gémissements de timbres clairement différents.
Bogoss arrive en plein milieu de ma collation matinale :
— C'est pour quoi ce coup-ci.
— Une goule. M'est avis que tu t'es jamais tapé un mort-vivant !
— Les femmes passives, c'est pas trop mon truc vous savez.
— Tant mieux, tu vas pouvoir utiliser ton cerveau du haut à bon escient. Prends ce joli pendentif sacré, il t'évitera une partouze avec les dieux avant ton heure.
— Ah, un déesse au plumard, mon rêve !
— Ouais ben plus tard, allez zuo, dans l'trou !!
— Hahaha, elle est bonne celle-là ! dit-il en s'en allant.
— Tavernier, du pain pour finir mon fromage, et que ça saute !
Bogoss revient le soir même avec plein de paperasse.
— T'as pillé une bibliothèque ?
— Non Maître, ce sont des archives assurément ; vous devriez en sortir quelque chose, non ?
— On verra. Merci.
Je plonge immédiatement dans ce trésor pendant que bogoss se dirige vers sa chambre. Mais il n'y a que des affaires courantes, et un historique de la déliquescence des nobliaux du coin. Et une histoire de marais. Je m'occuperais de ça demain. Je fourre tout ça dans la coffre de ma chambre et vais me coucher, espérant que mon affaire finisse pas décoller.
Pas de bol, je passe une nuit cauchemardesque. Le deuxième depuis que je suis là ; et à chaque fois après avoir envoyer quelqu'un dans ces ruines. Mais au matin j'ai déjà tout oublié derechef ! Ce coup-ci j'en sui sûr, on cherche à me rendre gâteux. Mon instinct me dit que le livre scellé pourrait me donner réponse ou indice. Je l'ouvre donc, bien décidé à en percer les mystères.
Victoire, je me remémore tout et bien plus encore ; cette magie est merveilleuse ; si seulement elle pouvait me libérer du maléfice qui m'oblige à rester inactif et envoyer des incapables aux quatre coins de la région ! Pour un endroit aussi protégé, il me faut le top du top. J'appelle la sorcière à la rescousse.
Je tripote négligemment le fétiche en os quand la sorcière s'approche de moi.
— Oh, un colifichet maudit ! s'écrie-t-elle ravie. Vous me le donnez ? Je devrais pouvoir en faire quelque chose, Baba Yaga aime bien ce genre d'objet.
Je la regarde éberlué :
— Pouviez pas ouvrir votre gueule plus tôt ?
— Ben vous m'avez rien demandé et c'est la première fois que vous le sortez en ma présence.
Je lui balance les ossements avec un certain mépris dans le regard. Avant d'aller parler cette vieille peau, va au marais, il y a sûrement des trucs chelou là-bas.
— Genre ?
— Chai pas des êtres avec des pendentifs bizarres, un anneau d'or ou des scorpions, va savoir. En tout cas, un rituel d'oubli est lié à ce truc ; donc si on nous empêche d'y aller, c'est qu'il y a du lourd.
— Bien, je me mets en route sur l'heure.
Bon… Encore une de crevée, je vois que ça après une semaine d'attente. À moins qu'elle ait oublié… Ça me gonfle cette mission. J'me casse, trop pourrie c'te région. Je remonte dans ma chambre faire mes bagages.
Malgré mes précautions, je calanche dans la nuit en vomissant mes triples dans mon lit. Sûrement ce con de tavernier qui me fait payer ses pertes familiales.
Pays de merde…
Les non-aventures de Yazou le Mago fainéant
Alors que j'entame mon deuxième lait de chèvre, voilà que le palefrenier déboule avec ses bottes boueuses dans la taverne.
— J'a fini avec les ch'vô !
Comprenant qu'il n'a plus grand-chose à faire, je l'interpelle :
— Eh, mon garçon, ça te dirait deux piécettes contre un petit service ?
Son sourire dévoile les trois dents restantes de ses multiples interactions avec les cavaliers saouls et les purs-sangs récalcitrants :
— Pour sûr, Maître Yazou !
— Va interroger quelques passants pour en savoir plus sur les monstres du coin.
— J'y va de suite, not'bon Maître.
Et un bouseux en vadrouille, pensé-je en le regardant sortir tout guilleret.
Je déchante vite en le voyant arriver à la tombée de la nuit :
— Y'a que dl'a causerie sans sornettes, Maître, rien de plus bizarre que d'habitude, pour sûr. J'va m'coucher de suite. J'a les pattounes en compote d'avoir couru la campagne. Avec vot' bon or, j'ira courir la gueuse demain, krévindjiou !
C'est ce moment que choisi la jolie serveuse de l'établissement pour venir me parler :
— Vous perdez votre temps avec cet imbécile, vous savez. Moi, je peux vous aider si vous voulez, je sais bien causer aux gens.
— Bien, bien. Et si tu allais interroger la vieille Baba Yaga pour moi, afin de voir si tu es aussi loquace que tu me le vantes.
— Cette folle de sorcière !? Vous voulez ma mort.
— Mais non, mais non, et puis entre gueuses, le courant devrait bien passer. Je suis prêt à t'offrir jusqu'à 5 PO.
— Wouahh ! 5 PO, vendu !
Et la voilà partie vers une mort certaine… Enfin, à mon âge, on s'amuse comme on peut.
Deux jours après, je suis persuadé que la jolie minette s'est fait bouffer. Merde, les temps deviennent durs. C'est à ce moment-là que je me rends compte que la jeune femme à ma droite devient un vieux barbu.
— Dites-moi, ça vous dirait de faire de la spéléo dans des vieilles ruines ?
Le jeune homme chauve me répond :
— Vous parlez de la sorcière qui a bouffé la p'tite ?
— Mais non, jeune ho… Mais non, mademoiselle, je parle des ruines.
L'homme au monosourcil velu et épais me toise avec dureté :
— Vous avez une pelle ?
— Non, mais prenez cet Anneau de Lumière, il y aura sûrement des souterrains.
— Bon, j'y vais tout de suite, parce que j'ai un autre truc à faire après, déclare le gars trapu aux cheveux noirs.
Je me demande bien lequel va me rapporter quelque chose, me demandé-je en regardant le blondinet efféminé franchir la porte prestement. Je lève la main nonchalamment :
— Tavernier, un saucisson aux noisettes, du pain et du vin ! Ma panse est vide et ma gorge trop sèche…
— Putain mais c'est pas vrai !
Mon hurlement désespéré réveille la moitié des occupants quand je sors de l'horrible cauchemar. Non, ce n'était pas un rêve, ce con de Métamorphe s'est fait bouffer tout cru par une saloperie de mort-vivant. Moi qui pensais que l'anneau lui suffirait… Finalement, il aurait fallu envoyer toute une armée dans ce putain de tombeau secret. Bon, fini les gentillesse, on va passer du côté obscur. Je retourne sous les couvertures, pressé de me rendormir pour que le lendemain vienne plus vite.
Aux premières lueurs de l'aube, je convoque le brigand en lui jetant négligemment sa solde :
— Enquêtez chez l'ordre des tueurs de monstres et rapportez-moi des infos.
— Ça marche.
La porte claque au moment où j'hurle :
— Et évitez de vous faire occire par tous les dieux !
Dès le lendemain, je décide d'attaquer mes journées avec deux pichets de rouge, persuadé que ma bonne étoile était toujours dans les limbes de l'au-delà, et que quoique je fasse, ça tournera toujours au vinaigre. Je recrache aussitôt ma première gorgée :
— Pouah ! C'est quoi cette mélasse ! dis-je entre deux quintes de toux sèche et douloureuses.
Le tavernier arrive aussitôt :
— Zut, c'est le vinaigre, j'me suis trompé Maître. Je vous rapporte votre piquette habituelle à l'instant.
C'est à ce moment qu'arrive mon brigand, entier de surcroît. Il me tend un papier griffonné.
— C'est quoi ça ?
Ma gorge me brûle.
— Les infos que vous m'avez demandées, pardi ! Sachez qu'il y a une autre salle, mais je n'ai pas pu y aller. Leu défense est remarquable. Si vous me filez le double, je peux vous rapporter des infos encore plus intéressantes.
— 10 PO !? Vous me prenez pour une mine ?
— C'est vous qui voyez. Sur ce, j'y vais moi.
— Attendez, on peut s'arranger, non ?
— C'est-à-dire ?
— Si je vous donne une Dague et 5 PO ?
Le malandrin scrute la lame d'argent.
— Mouais, ça le fera.
— J'espère que ça vaudra le coup !
— Ça, vous le verrez quand je reviendrais !
Son rire résonne encore dans ma tête un bon quart d'heure après son départ.
— Burps. Tavernier, du solide !
— Et un poulet qui marche, un !
Après une semaine, le brigand arrive enfin.
— Ah ben c'est pas dommage ! J'ai cru que vous m'aviez doublé, et j'envisageais d'envoyer une sorcière s'occuper de votre cas.
— C'était pas une sinécure, mais j'ai de quoi faire votre bonheur pèpère.
Il pose un vieux livre cadenassé devant moi. Alors que je l'ouvre au moyen de la clé attaché, le voleur me dit :
— Bon ben j'y vais moi. Faites gaffe à ce truc, vous risquez de finir complètement sénile !
Effectivement, le contenu recèle des maléfices bien étranges et dangereux. Je le referme en me disant que j'en ai quand même bien eu pour mon or. La chance me souris enfin.
Je vais me coucher avec entrain, mais un affreux cauchemar me laboure le cerveau. Au réveil, il me semble avoir oublié quelque chose. Je marmonne dans ma barbe en tartinant un pâté de lapin sur une tranche de pain rassis.
— Bah, ça me reviendra…
Pensif, je parcoure le parchemin du brigand pour la prochaine mission… Ma bourse étant presque vide, je vais devoir utiliser les armes lourdes, et paradoxalement les moins coûteuse ; cette région est vraiment étrange !
D'un autre côté, avec une réussite sur quatre, je sens que mon affaire risque pas d'avancer plus que ça. Je pose mes yeux sur l'albinos qui siffle une bière :
— Hey, Joe, tu pourrais aller voir ce que les gnomes et autres petits peuples savent sur mon affaire ? Il doit y en avoir toute une tribu dans un coin paumé de la forêt.
— Yep, moi aussi je suis friand de légendes féériques. Je vous ai raconté celle du type bourré qui avait traversé une forêt magique où des fées…
— Ouais ouais, tu me raconteras ton intermède sylvestre un autre jour. Tiens prend cette flûte aussi, ça pourrait ouvrir des trucs ou appeler des machins.
Il fourre l'instrument dans sa besace puis sort en claquant la porte…
— Quoi ? Un chevalier en armure argentée ? Chez les gnomes ? T'as picolé ou quoi ? Et t'as même pas tenté un petit air de flûte pour l'endormir !? Nan mais c'est du délire ! C'est bien la pein de prendre un pro de la recherche !!
— Hey, t'excites pas le vieux sinon je t'en colle une. T'as qu'a envoyer quelqu'un d'autre dans cette forêt !
Je dois être maudit ! Rien qui va, tout de traviole. Dingue, je vais finir chèvre à force d'envoyer des glands dans ces missions à la con ! J'te jure.
— Tavernier, il est où ton frangin ?
— Lequel ?
— Le gros abruti qui tabasse bien.
— Il est derrière entrain de couper du bois.
— Ramène-le moi, j'ai un truc à lui demander.
La montagne de muscle luisante à l'air bêta arrive juste après ses piquantes effluves de sueur.
— Qu'y a-t-il de bon, Maître.
— Tiens, voilà 5 PO. Va buter cet espèce de loup fantôme qui fait flipper tout le monde.
— Mais chui pas un chevalier Maître, j'va m'faire bouffer comme une donzelle !
— Mais non, ça va bien se passer, je t'ai lancé un sort de protection, tu craindras rien.
— Ah bah ça va alors, j'm'y colle de suite Maître.
Je le regarde s'éloigné avec un sourire espiègle. Le coup du sort de protection, ça marche à tous les coups, ça vous remonte un couard en quelques mots.
Une semaine plus tard, l'aubergiste m'insulte avec ferveur :
— Ça commence à bien faire vos conneries. Vous voulez nous sauver, mais en attendant, mon frangin et ma gamine y sont passés ; et je parle pas des autres !!
— Ouais, ouais, mais vot' frangin, je lui avais lancé un petit sort pour la route, pas un gros truc. Donc si le truc fantôme est plus balèze, il est effectivement possible que ça n'ait pas suffit. Mais on s'en fout, on est encore au printemps, z'aurez bien le temps de trouver un autre larbin pour votre bois ! N'oubliez pas que je vous ai grassement payé le séjour, alors il peut y avoir quelques pertes pour la grande cause, non ?
— Mouais.
Le regard noir qu'il me lance m'incite à dormir plus prudemment. En pleine nuit, les cous des grands magiciens se tranchent aussi bien de ceux des gueux.
Le matin, je vais en cuisine. Depuis que la serveuse n'est plus là, il reste la fille qui fait la vaisselle et le ménage. Mais ce qui m'intéresse, c'est le type qui est dedans de si bonne heure :
— Hey bogoss !
— Deux secondes, je la fini !
— C'est ça, passe me voir au comptoir.
Dix minutes et quelques couinements plus tard, le jeune étalon entre en se refroquant négligement.
— Vous avez besoin de moi finalement ?
— Ouep ! Va au village titiller de la gueuse bavarde et rapporte-moi ce qu'elle te baveront.
— Ça marche, à demain !
Bogoss revient en fin de matinée les yeux gonflés.
— Alors ?
— Rien ! Enfin, en info, hein ; parce que les nympho… hahaha
Son rire débile m'irrite au plus au point.
— Arrête de rire comme un idiot ! Chui pas ton fournisseur de donzelle, Bogoss !
— T'inquiètes papy, avec la pub que je t'ai fait, tu vas être connu comme le loup blanc ! Sur ce, je vais me pieuter, parce que une nuit de baise, c'est sympa, mais faut que popol se repose aussi.
Je le fusille du regard pendant qu'il monde l'escalier qui mène à sa chambre…
Le lendemain, je vais taper à la porte de bogoss :
— T'es là gamin ?
— Merde, on peut pas baiser tranquillement ici.
— J'ai besoin de toi pour une autre mission !
— J'arrive dans une heure.
Je soupire et repars vers la grande salle, accompagné par divers gémissements de timbres clairement différents.
Bogoss arrive en plein milieu de ma collation matinale :
— C'est pour quoi ce coup-ci.
— Une goule. M'est avis que tu t'es jamais tapé un mort-vivant !
— Les femmes passives, c'est pas trop mon truc vous savez.
— Tant mieux, tu vas pouvoir utiliser ton cerveau du haut à bon escient. Prends ce joli pendentif sacré, il t'évitera une partouze avec les dieux avant ton heure.
— Ah, un déesse au plumard, mon rêve !
— Ouais ben plus tard, allez zuo, dans l'trou !!
— Hahaha, elle est bonne celle-là ! dit-il en s'en allant.
— Tavernier, du pain pour finir mon fromage, et que ça saute !
Bogoss revient le soir même avec plein de paperasse.
— T'as pillé une bibliothèque ?
— Non Maître, ce sont des archives assurément ; vous devriez en sortir quelque chose, non ?
— On verra. Merci.
Je plonge immédiatement dans ce trésor pendant que bogoss se dirige vers sa chambre. Mais il n'y a que des affaires courantes, et un historique de la déliquescence des nobliaux du coin. Et une histoire de marais. Je m'occuperais de ça demain. Je fourre tout ça dans la coffre de ma chambre et vais me coucher, espérant que mon affaire finisse pas décoller.
Pas de bol, je passe une nuit cauchemardesque. Le deuxième depuis que je suis là ; et à chaque fois après avoir envoyer quelqu'un dans ces ruines. Mais au matin j'ai déjà tout oublié derechef ! Ce coup-ci j'en sui sûr, on cherche à me rendre gâteux. Mon instinct me dit que le livre scellé pourrait me donner réponse ou indice. Je l'ouvre donc, bien décidé à en percer les mystères.
Victoire, je me remémore tout et bien plus encore ; cette magie est merveilleuse ; si seulement elle pouvait me libérer du maléfice qui m'oblige à rester inactif et envoyer des incapables aux quatre coins de la région ! Pour un endroit aussi protégé, il me faut le top du top. J'appelle la sorcière à la rescousse.
Je tripote négligemment le fétiche en os quand la sorcière s'approche de moi.
— Oh, un colifichet maudit ! s'écrie-t-elle ravie. Vous me le donnez ? Je devrais pouvoir en faire quelque chose, Baba Yaga aime bien ce genre d'objet.
Je la regarde éberlué :
— Pouviez pas ouvrir votre gueule plus tôt ?
— Ben vous m'avez rien demandé et c'est la première fois que vous le sortez en ma présence.
Je lui balance les ossements avec un certain mépris dans le regard. Avant d'aller parler cette vieille peau, va au marais, il y a sûrement des trucs chelou là-bas.
— Genre ?
— Chai pas des êtres avec des pendentifs bizarres, un anneau d'or ou des scorpions, va savoir. En tout cas, un rituel d'oubli est lié à ce truc ; donc si on nous empêche d'y aller, c'est qu'il y a du lourd.
— Bien, je me mets en route sur l'heure.
Bon… Encore une de crevée, je vois que ça après une semaine d'attente. À moins qu'elle ait oublié… Ça me gonfle cette mission. J'me casse, trop pourrie c'te région. Je remonte dans ma chambre faire mes bagages.
Malgré mes précautions, je calanche dans la nuit en vomissant mes triples dans mon lit. Sûrement ce con de tavernier qui me fait payer ses pertes familiales.
Pays de merde…

сыграем !