29/03/2015, 21:03
(28/09/2014, 19:20)Outremer a écrit : Je vais essayer de lire ça la semaine qui vient.
Quel comique je suis, tout de même !
Ce troisième tome est assez nettement différent des deux précédents. Le scénario a une direction tout à fait opposée à celle d'une aventure normale, puisqu'il ne s'agit pas de rechercher mais de fuir quelque chose.
La difficulté est substantielle et il m'a bien fallu au moins 8 ou 9 essais pour réussir l'aventure.
Il m'a semblé que Conscience Animale était d'une utilité assez disproportionnée par rapport aux deux autres talents, mais je n'ai pas vérifié toute l'aventure dans le détail.
Valunazia est le personnage qui domine l'histoire (notre seul but étant en fin de compte de lui échapper) et j'ai trouvé qu'elle était une méchante très réussie. Elle est difficile à comprendre et son attitude vis-à-vis de Joan peut aller d'une tendresse sincère à une cruauté implacable, ce qui la rend en fin de compte plus effrayante et haïssable que si elle voulait uniquement nous tuer. Le fait que ses intentions soient en fin de compte très peu détaillées (on ne découvre jamais vraiment quels sont ses plans ni ce qui lui a inspiré cette obsession pour Joan) contribue à la rendre inquiétante, car ses actions ne semblent pas obéir à des considérations logiques.
La couleur était déjà annoncée à la fin du livre précédent, où elle nous fait tuer nos camarades, et ça embraye sec dès le début de ce tome-ci, où elle nous fait violer par toutes ses acolytes et apprenties. C'est quelque chose qui n'arrive pas fréquemment à un protagoniste, surtout masculin, et cela donne d'entrée le ton à l'aventure : nous ne sommes vraiment pas en position de force. La magie impressionnante des sorcières, qui peuvent facilement nous réduire à l'impuissance, conforte ce sentiment.
La tension reste élevée tout au long de l'aventure et il n'y a aucun moment où on se sente en sécurité. La magie et les sbires de Valunazia nous harcèlent si fréquemment que nous ne pouvons jamais imaginer être hors de leur portée.
L'épisode de la taverne est particulièrement atmosphérique. En prenant le temps (et les paragraphes) de détailler chaque nouvel arrivant et leur comportement, l'aventure fait monter la tension avec beaucoup d'efficacité. (Le dénouement de cette péripétie est peut-être un poil rapide, mais c'est mineur.)
Bref, j'ai bien aimé l'aventure... mais pas tellement la fin.
Le fait que notre famille se fasse massacrer avant notre retour aurait eu plus d'impact sur moi si je m'étais souvenu de quoi que ce soit à leur sujet (peut-être Joan aurait-il pu penser à sa famille au fil de l'aventure, pour garder courage, et non pas seulement juste avant la confrontation finale). La découverte du massacre ne m'a pas laissé indifférent, mais elle ne m'a pas choqué tout à fait autant qu'elle aurait pu : il était assez prévisible que la série d'évènements déplaisants dont Joan avait été la victime n'allait pas s'arrêter juste parce qu'il avait regagné son pays natal.
A noter que ce que j'évoque ci-dessus n'est pas vraiment un défaut. La confrontation finale est vraiment très bien. Je pense qu'elle aurait pu être mieux amenée, mais c'est mineur.
Ce à quoi je n'ai vraiment pas accroché, par contre, c'est l'apparition divine qui sort de nulle part au paragraphe 350 pour emmener Joan vers une nouvelle destinée. Je ne trouve aucun sens à cela. A moins que je ne l'ai raté ou oublié, il ne me semble pas qu'il y ait le moindre passage où il est suggéré qu'une déesse a l'oeil sur lui. Au cours de l'aventure, Joan n'accomplit aucune quête mystique, ne manifeste aucune sensibilité religieuse et n'atteint aucune espèce d'illumination qui justifierait qu'une divinité décide tout à coup de le prendre en main et d'en faire son grand prêtre.
Bref, la déesse se pointe juste comme ça : "Salut Joan, je suis venue pour te consoler de tout ce qui t'est arrivé au cours de l'aventure. Non, je ne pouvais pas apparaître 24 heures plus tôt et empêcher ta famille de se faire massacrer, ce n'est pas comme ça que ça marche. Mais maintenant que tu as tout perdu et que tu es au fond du trou, j'ai peut-être un petit boulot pour toi. Tu me demandes pourquoi je t'ai choisi alors qu'il y a des milliers d'autres gens tout aussi malheureux que toi dans le monde ? A vrai dire, c'est pour la même raison que Valunazia : je te trouve beau gosse. Non, je n'ai pas besoin d'une autre raison."