Ma conscience me prévenant qu'il me faudra bien arrêter de procrastiner un jour, voici enfin l'histoire fort tordue de la naissance de Y. Elle ne m'éclaire pas forcément sous un jour très glorieux, mais je pense qu'elle est intéressante dans le fossé qu'elle démontre entre une idée originale et sa concrétisation.
Tout commence début décembre, alors que j'étais bien dans mon cocon de fainéantise. Après un échec retentissant l'année précédente, avec un projet beaucoup trop complexe qui n'avait pas dépassé les quelques paragraphes, suivi d'un dérapage similaire au mini-Yaz', j'avais décidé de ne rien produire pour cette édition. J'allais tranquillement assister à ce Yaz' en spectateur, en lecteur, sans épuiser mon énergie dans une quelconque construction pharaonique destinée à échouer.
Puis vint Salla. Un petit message, innocent, annonçant que ce Yaz' serait le dixième. Et là coup de vieux. Mais coup à l'orgueil surtout. Ce nombre me rappelait que je m'étais fort reposé sur mes lauriers depuis Flower Power, m'enfonçant dans un océan d'inaction, d'actes manqués, de travaux à faible degré d'implication.
À ce moment-là, j'eus la sensation que si je ne produisais pas quelque chose d'au minimum correct pour cet anniversaire, je ne retrouverais plus jamais la force d'écrire une avh complète. Manquer les dix ans du Yaz' après tant d'années de néant et rester un auteur sérieux me semblait impensable.
Avoir de la motivation liquide qui coule dans les veines est un bon début, mais encore me fallait-il une histoire capable de la canaliser et non de l'éparpiller bêtement jusqu'à épuisement. J'eus alors l'idée de faire une aventure anniversaire. Une série de quêtes distinctes, chacune rendant hommage à un des 9 gagnants précédents. Un combat apocalyptique entre deux divinités pour Xhâ Nias. Un passage avec des fées et un musicien en référence à Interlude Sylvain. Etc, etc.
Ce concept avait plusieurs avantages. Il me permettait d'écrire en parallèle dans des registres différents, de supprimer ou de raccourcir aisément des éléments que je n'avais pas le temps ou l'envie de développer. De plus, je disposais d'une matière première, les précédents gagnants, à laquelle me raccrocher sans vergogne en cas de panne d'inspiration, sous prétexte d'hommage. Tout ceci m'offrait une certaine sécurité, me convainquant qu'il était réellement possible de le produire en moins d'un mois, quitte à en sacrifier des morceaux pour tenir les délais.
Désireux d'éviter l'effet patchwork, je choisissais dès de le début de transposer toutes ces histoires dans un univers heroic-fantasy classique, plus à même d'absorber des cultures différentes. Une des quêtes initiales impliquait ainsi un soldat s'enfuyant à travers un dédale obscur de galeries pour échapper à des hommes-rats, miroir dans un nouveau contexte de La Bataille d’Ap Bac.
Restait le liant. Heureusement pour moi, dans ma boîte à idées se trouvait ce concept d'une aventure où le lecteur incarnait non le héros mais son vieux commanditaire barbu et fainéant au fond de son auberge. Je n'avais pris aucune note, ou les avais perdu, mais j'avais dû déjà réfléchir sur le sujet car certaines astuces de conception me revinrent naturellement. Je pense que j'avais développé le concept de façon théorique à l'époque, mais sans avoir quoi que ce soit sur lequel l'appliquer, je l'avais rangé dans un coin de mon cerveau sans rien produire.
Cette idée me permettait aussi de caser aisément des hommages aux Yaz' d'argent et de bronze, en incorporant certains de leurs aspects dans les protagonistes. N'allant pas mettre 27 héros différents, je fusionnais ceux qui avaient des thématiques communes, quitte à tordre un peu la réalité des faits. Les héros de Mascarade Mortelle, de Shamaan et la rivale de Au Coeur d'un Cercle de Sable et d'Eau furent ainsi rassemblés en un seul personnage, la Bête, sur le thème de l'animalité. À l'origine celle-ci était d'ailleurs un peu plus subtile, et devait servir à résoudre certaines énigmes en canalisant le pouvoir des animaux (faire de l'exploration sous-marine grâce à ses attributs de requin notamment).
Je commençais alors à écrire. Et c'est là que les choses commencèrent à évoluer d'elles-mêmes. Sous ma plume, certaines histoires se transformèrent jusqu'à ne plus rien avoir avec l'origine. À partir d'une scène du matériau d'origine (un héros errant dans le noir), je brodais quelque chose de totalement différent (la scène dans l'obscurité dans la caverne). Certains héros se dénaturèrent, pas forcément en bien (pauvre Chasseur). Des quêtes entières passèrent à la trappe tandis que d'autres les remplaçaient.
Je n'explique pas vraiment tous ces changements. Probablement un mélange entre la nécessité d'écrire au kilomètre, sans trop de recul, pour compenser mon arrach' complète, mon désir tout de même présent de ne pas plagier et mon envie de me faire plaisir en mettant en avant certaines thématiques, ambiances, scènes d'action.
Lorsque j'ai mis le point final, vers le 30 décembre, je ne savais plus vraiment ce que j'avais produit. J'avais assez confiance en mon système, je pensais bien que l'aventure était jouable (même si la difficulté était peut-être à moduler), mais en terme d'écriture ou de scénario, je ne savais plus du tout où j'en étais. Après une passe de relecture par Aragorn, je mis cependant l'aventure en ligne, et la suite, vous la connaissez.
Résumé :
Et en bonus, voici donc l'origine de chacun des personnages :
Tout commence début décembre, alors que j'étais bien dans mon cocon de fainéantise. Après un échec retentissant l'année précédente, avec un projet beaucoup trop complexe qui n'avait pas dépassé les quelques paragraphes, suivi d'un dérapage similaire au mini-Yaz', j'avais décidé de ne rien produire pour cette édition. J'allais tranquillement assister à ce Yaz' en spectateur, en lecteur, sans épuiser mon énergie dans une quelconque construction pharaonique destinée à échouer.
Puis vint Salla. Un petit message, innocent, annonçant que ce Yaz' serait le dixième. Et là coup de vieux. Mais coup à l'orgueil surtout. Ce nombre me rappelait que je m'étais fort reposé sur mes lauriers depuis Flower Power, m'enfonçant dans un océan d'inaction, d'actes manqués, de travaux à faible degré d'implication.
À ce moment-là, j'eus la sensation que si je ne produisais pas quelque chose d'au minimum correct pour cet anniversaire, je ne retrouverais plus jamais la force d'écrire une avh complète. Manquer les dix ans du Yaz' après tant d'années de néant et rester un auteur sérieux me semblait impensable.
Avoir de la motivation liquide qui coule dans les veines est un bon début, mais encore me fallait-il une histoire capable de la canaliser et non de l'éparpiller bêtement jusqu'à épuisement. J'eus alors l'idée de faire une aventure anniversaire. Une série de quêtes distinctes, chacune rendant hommage à un des 9 gagnants précédents. Un combat apocalyptique entre deux divinités pour Xhâ Nias. Un passage avec des fées et un musicien en référence à Interlude Sylvain. Etc, etc.
Ce concept avait plusieurs avantages. Il me permettait d'écrire en parallèle dans des registres différents, de supprimer ou de raccourcir aisément des éléments que je n'avais pas le temps ou l'envie de développer. De plus, je disposais d'une matière première, les précédents gagnants, à laquelle me raccrocher sans vergogne en cas de panne d'inspiration, sous prétexte d'hommage. Tout ceci m'offrait une certaine sécurité, me convainquant qu'il était réellement possible de le produire en moins d'un mois, quitte à en sacrifier des morceaux pour tenir les délais.
Désireux d'éviter l'effet patchwork, je choisissais dès de le début de transposer toutes ces histoires dans un univers heroic-fantasy classique, plus à même d'absorber des cultures différentes. Une des quêtes initiales impliquait ainsi un soldat s'enfuyant à travers un dédale obscur de galeries pour échapper à des hommes-rats, miroir dans un nouveau contexte de La Bataille d’Ap Bac.
Restait le liant. Heureusement pour moi, dans ma boîte à idées se trouvait ce concept d'une aventure où le lecteur incarnait non le héros mais son vieux commanditaire barbu et fainéant au fond de son auberge. Je n'avais pris aucune note, ou les avais perdu, mais j'avais dû déjà réfléchir sur le sujet car certaines astuces de conception me revinrent naturellement. Je pense que j'avais développé le concept de façon théorique à l'époque, mais sans avoir quoi que ce soit sur lequel l'appliquer, je l'avais rangé dans un coin de mon cerveau sans rien produire.
Cette idée me permettait aussi de caser aisément des hommages aux Yaz' d'argent et de bronze, en incorporant certains de leurs aspects dans les protagonistes. N'allant pas mettre 27 héros différents, je fusionnais ceux qui avaient des thématiques communes, quitte à tordre un peu la réalité des faits. Les héros de Mascarade Mortelle, de Shamaan et la rivale de Au Coeur d'un Cercle de Sable et d'Eau furent ainsi rassemblés en un seul personnage, la Bête, sur le thème de l'animalité. À l'origine celle-ci était d'ailleurs un peu plus subtile, et devait servir à résoudre certaines énigmes en canalisant le pouvoir des animaux (faire de l'exploration sous-marine grâce à ses attributs de requin notamment).
Je commençais alors à écrire. Et c'est là que les choses commencèrent à évoluer d'elles-mêmes. Sous ma plume, certaines histoires se transformèrent jusqu'à ne plus rien avoir avec l'origine. À partir d'une scène du matériau d'origine (un héros errant dans le noir), je brodais quelque chose de totalement différent (la scène dans l'obscurité dans la caverne). Certains héros se dénaturèrent, pas forcément en bien (pauvre Chasseur). Des quêtes entières passèrent à la trappe tandis que d'autres les remplaçaient.
Je n'explique pas vraiment tous ces changements. Probablement un mélange entre la nécessité d'écrire au kilomètre, sans trop de recul, pour compenser mon arrach' complète, mon désir tout de même présent de ne pas plagier et mon envie de me faire plaisir en mettant en avant certaines thématiques, ambiances, scènes d'action.
Lorsque j'ai mis le point final, vers le 30 décembre, je ne savais plus vraiment ce que j'avais produit. J'avais assez confiance en mon système, je pensais bien que l'aventure était jouable (même si la difficulté était peut-être à moduler), mais en terme d'écriture ou de scénario, je ne savais plus du tout où j'en étais. Après une passe de relecture par Aragorn, je mis cependant l'aventure en ligne, et la suite, vous la connaissez.
Résumé :
- Y a été écrit en 3 semaines.
- Elle devait à l'origine être une aventure anniversaire, avec une pluie de références à d'anciennes aventures.
- Je perds tout contrôle sur ce que j'écris au-delà d'un certain nombre de lignes.
Et en bonus, voici donc l'origine de chacun des personnages :
- L'anonyme -> Le héros standard anonyme de bon nombre d'histoire
- Le mnémonique -> La Bataille d'Ap Bac (en référence à la mémoire phénoménale du héros, qui peut retrouver son chemin dans des galeries où tout se ressemble et dans le noir absolu) + Transomnie (Lovecraft) + Labyrinthe (folie)
- L'homme à la main d'acier -> Night City 2020 + Marines Coloniaux + Homme de Troupe Augmenté (tout le trip soldat/mercenaire futuriste, amélioré grâce à la science)
- Le beau parleur -> Interlude Sylvain (la fin musicale) + Les Sabres d'Eshnar/Le Cinquième Bataillon (avec Bagout) + Du Sang sous les Vignes (un des rares héros qui réussit à coucher)
- Le brigand -> 1930 + Chrysalide + Sinbad 2 : L'Île au Bout du Monde (tous des voleurs, plus ou moins subtils)
- La bête -> Mascarade Mortelle + Au Coeur d'un Cercle de Sable et d'Eau + Le Voyage Initiatique (animalité)
- La princesse -> Le Chevalier sans Chair (noble archère) + Les noyés (autorité, leader à suivre)
- Le mage -> L'Invasion de la Citadelle de Cristal + Le Château du Sorcier (tous deux des magiciens, le second a clairement dévoré le premier en terme de caractérisation)
- La furie -> La Reine des Fleurs (la symbolique) + Sur les Routes du Yavanis (la co-héroïne a une hache durant tout le final)
- La métamorphe -> Marais 2 + Daleth (le personnage est inconstant, changeant légèrement de caractère, de spécialité et même d'apparence selon le moment, ou plutôt l'auteur - je sais c'est tordu)
- Le chasseur -> Quand souffle la Tempête (la quête du loup-garou devait à l'origine impliquer plus d'intelligence, et être son domaine de prédilection)
- La déesse -> Les Spectres de la Souffrance + Le Régent des Mille Jours 1 et 2 (déesse surpuissante à l'origine peu claire)