02/02/2013, 13:01
Je suis d'accord avec toi : c'est un livre hors-norme. Et si je l'ai lu quasiment d'une traite, c'est qu'il m'a scotché. Mais j'ai effectivement trouvé qu'il cherchait trop à en mettre "plein les mirettes" au détriment de la densité psychologique des personnages, qui restent à peine esquissés ou sont des archétypes assez grossiers. On ne retrouve pas, contrairement à ce que Tolkien avait su faire, d'écho de peur ou de doute face à la difficulté de la quête, et, surtout, je regrette que le monde reste toujours "conceptuel". On ne sent pas (j'aime la randonnée et je suis marin : je suis sûr que Damasio est un pur "citadin") la présence du monde, que la Horde ne fait que traverser en contrant, ni aucun rapport au monde, sauf la lutte. En fait, je crois que Damasio (dont la philosophie puise beaucoup chez Nietzsche - il y a plein de citations ou de réminiscences dans le livre - et Deleuze, mais ça je l'ai lu dans l'article de Stalker) a cherché à faire un roman de mise en scène d'une philosophie de l'action pure. D'où l'absence totale de capacité de contemplation chez les membres de la Horde, l'absence également quasi-totale de faculté d'interrogation ou de religiosité (dans n'importe quelle société humaine, ce vent serait divinisé), sauf vers la fin quand ils imaginent les formes possibles de l'Extrême-Amont. D'où aussi, dans certains passages, un peu de jargonnage philosophique.