09/11/2012, 22:00
C'est un peu l'éternel problème entre technique et créativité. Est que l'une bride d'autre ou se nourrissent-elles mutuellement ? Sont-elles complémentaires, indissociables ?
Pour moi, le parallèle est évident avec la musique, puisque c'est la chose que je pratique le plus.
Tu as beau avoir des inspirations soudaines, une sensibilité exacerbée, une inventivité débordante, si tu ne maitrises pas un minimum la technique, tu ne pourras pas explorer le potentiel de ta créativité ni exprimer vraiment ce que tu veux. D'où les gammes, les exercices, l'apprentissage.
Contraignant, fastidieux mais nécessaire. Après le piège est de devenir prisonnier de sa technique, d'enfermer son imaginaire dans un carcan de règles et principes abscons étouffant la flamme plutôt que de l'attiser. Le piège c'est surement de se regarder écrire, comme certains s'écoutent jouer.
Mais l'étude est à mon sens essentielle. Combien de fois, je me dis "Tiens je vais décrire un château médiéval avec des soldats arpentant le chemin de ronde en plein hiver" Ok, mais il me manque le bon vocabulaire, les tournures de phrases rendant compte de la tempête, du froid que ressentent les hommes emmitouflés dans leurs capes étreignant leurs flambeaux vacillant de leurs doigts gourds, l'architecture du château. La scène je la vois, mais soudain alors que je l'écris, elle m'échappe, elle perd de sa substance, de sa force, elle s'affadit.
Par rapport au début de mon propos, je crois vraiment que la technique et la créativité se nourrissent mutuellement et nous aident à évoluer. Une meilleure technique te permettra de satisfaire ton envie créatrice, comme lorsqu'on improvise à la guitare et que l'on se dit "ouai, c'est ça que je voulais exprimer, faire passer comme message". Et non pas d'être frustré de ne pas pouvoir exploiter cette énergie créatrice qui nous habite plus ou moins longtemps, parfois comme une fulgurance.
Après on peut se dire, Est-ce que j'ai vraiment besoin de décrire chaque créneau de mon chemin de ronde, chaque échauguette pour faire passer le message au lecteur ?
C'est une nouvelle étape "Est-ce que j'ai besoin d'autant de sémantique, autant de technique pour exprimer ce que je ressens vraiment ? Est-ce que je ne dénature pas mon propos pour coller à une exigence complètement arbitraire ?". Et c'est à partir de là je pense que l'on commence à s'écouter et à proposer un message vraiment personnel.
J'imagine que l'on se sent comme Forest Gump qui arrête de courir ^^ Une sorte d'accomplissement, tout au moins d'acceptation. On est alors en accord avec soi-même. J'espère désespérément en être arrivé là en musique. Ce que je fais me satisfait à peu près, je ne ressens nulle envie de prouver quoi que se soit, juste de jouer et canaliser une énergie intemporelle en quelques notes en guise de partage. Je ne remporterais pas la course à la technique. Je n'en ai plus le temps, ni le talent, ni l'opportunité, ni l'envie, mais qu'importe, je ne me pose plus la question.
Pour l'écriture, je crois que c'est un bien long chemin ! Entre technique et créativité, on peut débattre à loisir, et c'est même l'essence de l'art. Combien de peintres évoluent dans leur style pour passer d'un réalisme édifiant en début de carrière à une simplification extrême en bout de course, touchant du doigt la substantifique moelle des choses ??
En quelques mots, dire avec plus de force les hurlements de mille autres.
Exemple :
L'Océan sonore
Palpite sous l'oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore.
Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Je reste à chaque fois scotché devant la puissance d'une telle poésie. Et pourtant, c'est épuré (Verlaine - Marine). J'ai l'impression de ressentir au plus profond de moi ce que décris le poète en quelques vers ciselés.
Steve Lukather à dit (je crois que je l'ai déjà mentionné dans un post). Pour ne plus jouer comme un virtuose, il faut l'avoir été (un truc comme ça). En gros, il est plus facile de se débarrasser de la technique superflue pour une fois les principes acquis, pouvoir s'exprimer sans freins et sans heurts, dans un style personnel et abouti que de chercher à bruler les étapes.
Un de mes profs de gratte me disait aussi qu'une gamme s'est fait pour être répétée encore et encore jusqu'à ce qu'elle fasse partie instinctivement de son jeu, diluée en fait dans son expression, naturellement, jusqu'à en faire une source d'inspiration. La travailler jusqu'à l'oublier et se l’approprier pour mieux s'en jouer et en jouer ^^
Sur ce je vais prendre une aspirine
Pour moi, le parallèle est évident avec la musique, puisque c'est la chose que je pratique le plus.
Tu as beau avoir des inspirations soudaines, une sensibilité exacerbée, une inventivité débordante, si tu ne maitrises pas un minimum la technique, tu ne pourras pas explorer le potentiel de ta créativité ni exprimer vraiment ce que tu veux. D'où les gammes, les exercices, l'apprentissage.
Contraignant, fastidieux mais nécessaire. Après le piège est de devenir prisonnier de sa technique, d'enfermer son imaginaire dans un carcan de règles et principes abscons étouffant la flamme plutôt que de l'attiser. Le piège c'est surement de se regarder écrire, comme certains s'écoutent jouer.
Mais l'étude est à mon sens essentielle. Combien de fois, je me dis "Tiens je vais décrire un château médiéval avec des soldats arpentant le chemin de ronde en plein hiver" Ok, mais il me manque le bon vocabulaire, les tournures de phrases rendant compte de la tempête, du froid que ressentent les hommes emmitouflés dans leurs capes étreignant leurs flambeaux vacillant de leurs doigts gourds, l'architecture du château. La scène je la vois, mais soudain alors que je l'écris, elle m'échappe, elle perd de sa substance, de sa force, elle s'affadit.
Par rapport au début de mon propos, je crois vraiment que la technique et la créativité se nourrissent mutuellement et nous aident à évoluer. Une meilleure technique te permettra de satisfaire ton envie créatrice, comme lorsqu'on improvise à la guitare et que l'on se dit "ouai, c'est ça que je voulais exprimer, faire passer comme message". Et non pas d'être frustré de ne pas pouvoir exploiter cette énergie créatrice qui nous habite plus ou moins longtemps, parfois comme une fulgurance.
Après on peut se dire, Est-ce que j'ai vraiment besoin de décrire chaque créneau de mon chemin de ronde, chaque échauguette pour faire passer le message au lecteur ?
C'est une nouvelle étape "Est-ce que j'ai besoin d'autant de sémantique, autant de technique pour exprimer ce que je ressens vraiment ? Est-ce que je ne dénature pas mon propos pour coller à une exigence complètement arbitraire ?". Et c'est à partir de là je pense que l'on commence à s'écouter et à proposer un message vraiment personnel.
J'imagine que l'on se sent comme Forest Gump qui arrête de courir ^^ Une sorte d'accomplissement, tout au moins d'acceptation. On est alors en accord avec soi-même. J'espère désespérément en être arrivé là en musique. Ce que je fais me satisfait à peu près, je ne ressens nulle envie de prouver quoi que se soit, juste de jouer et canaliser une énergie intemporelle en quelques notes en guise de partage. Je ne remporterais pas la course à la technique. Je n'en ai plus le temps, ni le talent, ni l'opportunité, ni l'envie, mais qu'importe, je ne me pose plus la question.
Pour l'écriture, je crois que c'est un bien long chemin ! Entre technique et créativité, on peut débattre à loisir, et c'est même l'essence de l'art. Combien de peintres évoluent dans leur style pour passer d'un réalisme édifiant en début de carrière à une simplification extrême en bout de course, touchant du doigt la substantifique moelle des choses ??
En quelques mots, dire avec plus de force les hurlements de mille autres.
Exemple :
L'Océan sonore
Palpite sous l'oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore.
Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Je reste à chaque fois scotché devant la puissance d'une telle poésie. Et pourtant, c'est épuré (Verlaine - Marine). J'ai l'impression de ressentir au plus profond de moi ce que décris le poète en quelques vers ciselés.
Steve Lukather à dit (je crois que je l'ai déjà mentionné dans un post). Pour ne plus jouer comme un virtuose, il faut l'avoir été (un truc comme ça). En gros, il est plus facile de se débarrasser de la technique superflue pour une fois les principes acquis, pouvoir s'exprimer sans freins et sans heurts, dans un style personnel et abouti que de chercher à bruler les étapes.
Un de mes profs de gratte me disait aussi qu'une gamme s'est fait pour être répétée encore et encore jusqu'à ce qu'elle fasse partie instinctivement de son jeu, diluée en fait dans son expression, naturellement, jusqu'à en faire une source d'inspiration. La travailler jusqu'à l'oublier et se l’approprier pour mieux s'en jouer et en jouer ^^
Sur ce je vais prendre une aspirine