(23/03/2012, 19:35)tholdur a écrit : C'est le cas pour un documentaire, qui présente les choses pour faire réfléchir le spectateur. Ou d'un livre "classique". Mais une AVH implique d'être acteur. L'auteur ne se contenterait plus de présenter un fait horrible sur lequel il nous demanderait de réfléchir. Non, dans une AVH le fait horrible ne serait pas arrivé, et il incomberait au lecteur de franchir le pas, de commettre lui-même cet acte!Justement, n'est-ce pas la même réflexion, simplement adaptée au support ?
Je peux tout à fait voir cela comme une manière de faire prendre conscience au lecteur de la portée et des conséquences de ses actes. Réfléchir sur l'acte d'un tiers, c'est facile et neutre. Renvoyer à la figure du lecteur ses propres actes et le faire réfléchir dessus ? Je trouve ça encore plus intéressant, personnellement ^^
Bien évidemment, cela peut tout aussi facilement tomber dans la complaisance. Ou vouloir être original, ou plus simplement encore procurer un exutoire à nos pulsions destructrices/sadiques (bien entendu, tout le monde n'ayant pas les mêmes, certains trouveront ça amusant, d'autres écoeurant, sans même parler de comment la manière de traîter le sujet peut complètement changer la perception).
Cela me fait penser à un de ce que les anglophones appellent un "pet peeve" ; un point particulier qui nous irrite et qu'on retrouve régulièrement.
Et mon pet peeve à moi, dans la fiction, c'est la manière de présenter comme "morale absolue" la "sensibilité de proximité". C'est à dire de faire de ne montrer comme ayant un poid moral que les évènements qui arrivent aux personnages "visibles".
Un grand méchant bute 50 inconnus ? Roh c'pas bien, mais osef un peu, s'il raconte comment on lui a volé ses Carambars pendant la récré, on en fait un héros tragique qui se rachètera en sauvant la copine du héros.
Le même grand méchant bute uniquement la copine du héros ? ALORS LA C'EST VRAIMENT DÉGUEULASSE, RIEN NE PEUT EXCUSER ÇA !
Bon, ça se retrouve sous une infinité de variétés, mais vous voyez l'idée.
Et bien une chose que je trouverais astucieuse dans le sujet dont on parle, c'est justement filer des choix au héros, jouant sur cette sensibilité de proximité, et ensuite lui renvoyer dans la gueule, en détails, les conséquences sur les "collatéraux".
Les "oubliés" de l'histoire, ceux qui n'ont pas d'importance dans la narration, et qu'on fini par considérer comme du décors. Rappeler qu'ils sont tout autant des individus que les personnages principaux, juste en-dehors du focus, est quelque-chose qui peut filer une bonne claque et faire pas mal réfléchir.
Citation :Par exemple pour le tueur de Toulouse. Quel intérêt y aurait-il à l'incarner pour tuer, même virtuellement, des militaires et des enfants juifs? Il ne pourrait qu'y avoir qu'un plaisir morbide pour des lecteurs psychopathes n'osant pas passer à l'acte. Je n'aurai strictement aucun plaisir à jouer une AVH de ce genre, et franchement je me poserai des questions sur la santé mentale d'un auteur qui pondrait un tel truc!J'aimerais également sortir un panneau "attention aux jugements faciles" sur ce genre de choses. C'est très courant de porter des jugements entiers sur des choses qui nous dégoûtent, et de faire des raccourcis exagérés sur les personnes.
On peut tout à fait avoir des délires bizarres sans être un fou dangereux. Un défouloir peut sembler comme un signe de déséquilibre pour quelqu'un, et n'être justement qu'une manière d'évacuer ses pulsions agressives pour un autre. On peut avoir de vrais pulsions destructrices, mais également un fort sentiment éthique et les garder sous contrôle.
Ce n'est pas parce que j'ai rasé des villes à Civilization (et croyez-moi, je l'ai souvent fait ^^) ou que je me suis amusé à partir en massacre dans des GTA, que ça veut dire que je suis un génocideur en puissance.
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
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