Le premier paragraphe
(08/08/2024, 10:13)ledahu a écrit : 1er paragraphe de ma future AVH serious game - Public 16+
Avant propos : Vous êtes le Minotaure.

Très bonne idée de départ, en tout cas !
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Citation :A noter que si Pasiphaé rend visite à son fils tous les soirs, et que Thésée est arrivé depuis plusieurs semaines, elle aurait normalement dû le prévenir avant


Tout à fait. Et c'est là où je suis toujours surpris de mon ignorance :
- j'ai besoin d'un héros mal dégrossi => Minotaure : good choice
- je lis la mythologie => 'tain , en fait , les série tv c'est du flan : les grecs étaient très forts !
=> pour info : Dédale fabrique une fausse vache pour que Pasiphaé aille dedans et puisse honorer le taureau cadeau de Poséidon qui donnera pour enfant le minotaure ! (glory hole antique ? wtf ?)
et Pasiphaé fera aussi Ariane ! Donc, dans la mythologie, le minotaure se fait buter par Thésée grace-à/a-cause-de sa demi-soeur ! c'est tordu quand même !

donc comme d'hab' (orge académique) , super riche mais va falloir que je torde le cou à l'histoire de sorte que les historiens puissent relater la même histoire... Wink
donc, oui, bien vu, il faut que je marque que Pasiphaé a fait trainer l'annonce. Mais il faut aussi que Thésée ait le temps mythologique de rencontrer Ariane.

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Voilà, pour faire suite un peu à ce que je disais dans le thread sur la motivation, j'essaie de m'y remettre avec la rentrée. Je compte essayer d'avancer sur un des trucs que j'avais déjà commencé. Je copie ici les 3 premiers paragraphes. Le héro est un sans-abris, atteint de paralysie-cérébrale en plus, qui va se retrouver un milieu d'histoire de meurtres en série. Il y aura beaucoup de choix, donc j'y vais pour des sections assez courtes. C'est pas tout à fait mon style habituel, et surtout c'est plein de jargon québécois (ça se déroule à Montréal), donc ma grande crainte est qu'il y ait des petits bouts parfois incompréhensibles.

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1
14 février 2025
En sortant du refuge Saint-Paul, je décide de remonter vers le centre-ville. Le vieux port un jour de semaine, c'est pas vraiment un bon spot pour solliciter des petits dons... Avec un peu de chance je vais retrouver Naomi. Aujourd'hui l'air est si froid qu'il crépite comme un sac de chips. Au coin de la rue Dominique, je tombe sur Céline et Gisèle, en bas résille pis en cuir, avec leurs gros décolletés où le vent plonge pour se réchauffer un peu.
― Hé mon beau Jean-Charles, ça te tente pas à matin une p'tite vite dans la ruelle ?
― Céline, tu sais ben que j'ai jamais eu besoin de payer pour ça !
― C'est sûr... c'est économique se crosser tout seul, relance Gisèle.
Céline s'esclaffe de son rire brûlé de vieille fumeuse.
― T'as l'air ben pressé, ajoute Gisèle.
― J'ai besoin d'argent. Faudrait pas que je rate l'heure du lunch, c'est la plus payante.

JC reste pour discuter un peu au 2.
JC continue vers le centre-ville au 3.

2
Gisèle doit avoir trente ans, Céline a quasiment l'âge d'être ma mère. J'exagère un peu, mais cette vie l'a pas mal maganée. En tout cas, les filles sont drôles pis ont toujours plein d'histoires à raconter, alors j'aime ça jaser avec elles.
― T'es sûr que tu veux pas notre spécial à quatre mains ? demande Céline en faisant un gros clin d’œil à Gisèle. Faut ben se faire plaisir à la Saint-Valentin...
― En plus, ils nous changent de spot demain. On s'en va sur la rue Sanguinet, tu risques de nous voir moins souvent...
― Criss, coupe Céline. C'est le gros Dagenais.
Le proxénète débouche de la ruelle et m'apostrophe.
― Je t'ai déjà dit de plus traîner ici l'handicapé. Tu fais fuir la clientèle avec tes guenilles qui puent !
― C'est pas plutôt ta tronche d’abruti ?
J'aurais dû me la fermer. Dagenais m'écrase son poing dans la face. Je tombe par en arrière, ma tête cogne les pavés glacés. J'entends en sourdine Céline et Gisèle qui engueulent le gros Dagenais tandis qu'il les traînent un peu plus loin. Je me relève péniblement, la joue en feu, et j'en profite pour m'éclipser.

Notez le mot-clé Sanguinet.
La santé de JC diminue de 1 point.
Rendez-vous au 3.

3
Montréal l'hiver, c'est un vrai champ de mines. Le centre-ville est plein de cônes, de grillages, de chantiers en jachère. De détours comme des spaghettis emmêlés, avec des cratères qui s'ouvrent par en-dessous, pareil que si la terre gelée en avait assez pis foutait le camp à la Martinique. Malgré tout, j'arrive sur la Sainte-Catherine en un seul morceau. Naomi est là, assise sur le banc près de la fontaine du parc minuscule qui mérite même pas de nom, mais traversé par une allée assez passante. Naomi, son vrai nom c'est Uapikun. Fleur.
― Kuei ! Kwe ! mon loup, je savais pas si tu passerais.
― Toujours là pour toi.
― JC, écoute ça : louanichba lapinicho libouniche nioniba libounichpa.
― Tu sais ben que je comprends pas l'innu.
Noami ricane.
― C'est ta langue épais ! La pie niche haut, l'oie niche bas, l'hibou niche ni haut ni bas, l'hibou niche pas.
― Haha pas pire pantoute, je la ferai dans mon numéro de stand-up...
Noami se tortille les doigts, elle a l'air inquiète.
― JC... j'ai un peu peur pour toi you know ? C'est bizarre ce qui se passe. Hier après-midi, le gars écrasé par l'autobus dans le coin où se tient la gang à Squeegee. Le jour d'avant, c'était Julie. Trois seringues dans le bras gauche, étendue au milieu de la rue Berger. Je l'ai jamais vue consommer. Pis toi... on dirait qu'il y a un wendigo qui te souffle dans le cou.
― C'est quoi un wendigo ?
― Un mauvais esprit. Un genre de monstre avec une tête d'animal qui mange de la chair humaine. C'est comme si Sauron te watchait du haut de la Place Ville-Marie.
― Avec la neige qui se met à tomber, y verra pas grand chose ton Sauron.
― On rit pas avec ces affaires-là. Fais ben attention à toi my dear.

Rendez-vous au 4.
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Prometteur ! Je te rassure : malgré le jargon québécois ça reste très compréhensible.
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yep. Moi j'aime bien les sections courtes. Ca claque. C'est comme des petits bonbons. Et en l’occurrence, je rejoins grattepapier : très prometteur.

Je vais faire des critiques que j'aimerais qu'on me fasse, pointilleuses :

- je mettrais plus de descriptions. Il y a l'ambiance nickel, le contexte nickel, mais tu fais référence à des environnements qui sont évidents pour toi, mais pas pour moi. Autrement dit, il me manque des repères, fugaces, mais importants: A quoi ça ressemble ? C'est de la pierre ? c'est riche ? pauvre ? ya des arbres ? ça sent quoi ? Une phrase suffit ! pas la peine de tomber un paragraphe de guide touristique !
=> en lisant, j'étais aspiré par les scènes sur un fond flou. Au pire, quitte à faire volontairement des focus, décris la peau blanche et bombée des décolletés Wink

- pour les expressions purement canadiennes, je les doublerais quand c'est trop spécifique. ... tabernacle, putain de merde ! (exagération volontaire)

- " j'arrive sur la Sainte-Catherine " : Ca ressemble à quoi ?!

- Enfin, pour moi, il manque aussi de fines indications d'émotions. ex " On s'en va sur la rue Sanguinet, tu risques de nous voir moins souvent... "
= en rigolant / d'un air embêté => soulignant un attachement ou détachement.
Autrement dit, c'est pour moi un peu "sec" pour de l'humain à fleur de peau et d'humilité brute.

Encape la suite, c'est une bonne graine.

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Je trouve que le style est par moments trop soutenu pour un sans-abri. Je vois plutôt une personne tout le temps sur la brèche pour se nourrir et se loger ou éviter les mauvaises rencontres. Quelqu'un qui consacre toute son énergie à ça, et n'est pas du genre à faire des métaphores subtiles sur la météo, avec "l'air si froid qu'il crépite comme un paquet de chips". Je le verrai plutôt dire un truc comme "Aujourd'hui l'air est si froid que je me caille vraiment les miches" (en version québécoise évidemment^^).

Idem pour "leurs gros décolletés où le vent plonge pour se réchauffer un peu". Point de tartufferie! Ce n'est pas le vent qui plonge mais son regard!

La référence à Sauron aussi me paraît étrange et décalée. Je pense qu'il y a d'autres "figures du mal" plus évidentes qui pourraient convenir à ce milieu interlope, au lieu de "sortir tout droit d'une bibliothèque".

Les métaphores sont le fait d'une personne qui prend du recul, de la hauteur, comme si elle était détachée des contraintes de son quotidien. Mais le quotidien du sans-abri est plutôt sordide et je crois que le langage de ses pensées ne devrait pas être autant éloigné que celui de ses paroles. Il devrait penser comme il parle, avec le langage brut de la rue qui est le reflet d'une situation crue. En résumé, pour moi il faut puiser dans le registre de langue vulgaire et éviter à tout prix le registre de langue soutenu ou les figures de style.

Une phrase in petto qui me semble très bien c'est "En tout cas, les filles sont drôles pis ont toujours plein d'histoires à raconter, alors j'aime ça jaser avec elles." Là pour moi c'est vraiment bien en phase avec le personnage.
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Je rejoins Tholdur même si "l'air froid qui crépite comme un paquet de chips", je trouve ça vraiment bien trouvé. J'aimerais même la replacer mais dans une aventure Fantasy... Je ne pense pas qu'on vende des chips au marché de Shamanka ou dans les tavernes de Shamayan... "le rire brûlé de vieille fumeuse", je la trouve géniale, tout simplement.

Mais comme le dit Tholdur, un SDF est dans l'urgence, dans l'instant : échapper au froid, se trouver à manger. Et effectivement, je pense qu'il devrait avoir un langage aussi direct et cru que l'est son existence. A moins qu'il n'ait été autrefois une personne cultivée, avec un tout autre niveau de vie et qui serait "tombée". Là, pourquoi pas, il aurait pu conserver le langage de son existence précédente.
Anywhere out of the world
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Sinon mettre le texte du point de vue d'un narrateur extérieur, à la 3e personne. Lui peut garder les belles métaphores. Et laisser les dialogues à la 1e personne.

D'autant que les choix de renvois sont à la 3e personne.
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Pour n'importe quel type de personnage, il y a des tas de styles variés qui peuvent tout à fait convenir. Si un auteur décidait par exemple de mettre en scène le point de vue d'un personnage riche et bien éduqué en employant un langage essentiellement ordurier, eh bien ce serait une approche qui pourrait se défendre tout autant que celle qui consisterait à exprimer son point de vue par le biais de tournures d'un raffinement exquis. Ça donnerait bien sûr un ton radicalement différent, et peut-être surprenant, mais il n'y aurait rien de fondamentalement erroné dans cette façon d'écrire.

Bref, le style employé dans ces trois premiers paragraphes me semble tout à fait bon. J'apprécie notamment le fait que l'élégance des descriptions soit mâtiné de laconisme. Cela me semble donner au ton employé un caractère percutant qui colle très bien au profil du héros et à l'atmosphère.
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Tout d'abord je vous remercie pour votre intérêt. Je vais considérer tout ça, au moins je suis rassuré car au niveau compréhension du texte ça semble passer.

Citation :- je mettrais plus de descriptions. Il y a l'ambiance nickel, le contexte nickel, mais tu fais référence à des environnements qui sont évidents pour toi, mais pas pour moi. Autrement dit, il me manque des repères, fugaces, mais importants: A quoi ça ressemble ? C'est de la pierre ? c'est riche ? pauvre ? ya des arbres ? ça sent quoi ? Une phrase suffit ! pas la peine de tomber un paragraphe de guide touristique !

@ledahu : Bien d'accord avec cette observation, j'ai pris quelques notes mon document de travail. Je vais poursuivre pour l'instant et ajuster tout ça dans une seconde passe, histoire d'avoir disons un niveau uniforme.

Citation :Les métaphores sont le fait d'une personne qui prend du recul, de la hauteur...

@tholdur, VS et les autres : Peut-être avec un peu plus contexte. Le personnage élève doué, un grand lecteur aussi (rêveur), avant de tomber dans la rue. Donc pas forcément un sans-abris ''de métier'' qui ne fait que jurer et pisser dans les ruelles. Aussi, je ne voulais pas tomber dans ce stéréotype justement. D'autres personnages auront ont un langage plus cru, et bon je ne veux pas non plus lassé le lecteur avec un jargon soutenu. Mais oui je vais devoir faire très attention et ne pas trop pousser la note dans le sens inverse. A réfléchir.

Citation :Sinon mettre le texte du point de vue d'un narrateur extérieur, à la 3e personne. Lui peut garder les belles métaphores. Et laisser les dialogues à la 1e personne.

En effet c'est une idée très intéressante qui conviendrait.
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Du coup si on part sur quelqu'un d'éduqué, il se trouve à devoir lui-même jouer un personnage vis a vis des autres, et employer un langage qui n'est pas le sien dans le but de s'intégrer et ne pas se faire rejeter car trop snob. De ne pas se faire démasquer en quelque sorte.
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Pour ma part, ni le jargon québécois, ni le style ne m’ont heurtée. Au contraire, j’adhère.
Les expressions québécoise posent une ambiance différente de ce qu’on peut lire habituellement. Vive la nouveauté !
De même les métaphores et comparaisons apportent une richesse qui compense les descriptions succinctes. Oui, un sdf n’est pas forcément un pauvre type illettré qui passe ses journées à se bourrer la gueule… (JC m’intrigue parce qu’il ne correspond pas au cliché, JC me donne donc envie de lire la suite.)
Coller au plus près du réel a peu d’intérêt dans une création littéraire (contrairement au jdr ?) et c’est ce que j’apprécie dans Flam mais aussi dans d’autres auteurs d’AVH actifs sur ce forum : leur exigence au niveau de la qualité littéraire. Ça m’a réconcilié avec le genre…
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