[m-yaz 2023] Orisha

[Fitz]

Tout de suite avant d’oublier, un petit problème à la fin du 10. Le bonus ne correspond pas à celui de la Feuille d’Aventure.

Je viens de terminer cette aventure très dépaysante, à la troisième tentative. Mes deux échecs étaient assez précoces et je n’ai jamais été à un cheveu près de mourir… Je ne suis jamais tombé à 0 cheveu, seulement dans deux PFA.

Malgré le style toujours aussi bon et recherché de Flam, j’ai eu un problème constant d’immersion. J’avais du mal à analyser pourquoi. Je pense que cette AVH est tellement déstabilisante, si originale dans son contexte et l’héroïne interprétée, si éloignée des standards qu’elle s’en retrouve déshumanisée. C’est peut-être un ensemble. Cette statuette animée que l’on joue est à peine pourvue d’une conscience et encore moins d’une âme. On n’a donc pas de sentiments qui permettent de nous y attacher. Elle est désignée comme féminine, mais j’oubliais sans cesse cet aspect, jusqu’à ce qu’un accord d’adjectif ou de participe me le rappelle. L’environnement est plus qu’étrange, j’avais beaucoup de mal à m’y repérer tant le contexte sort des sentiers battus. Quant aux créatures rencontrées, issues d’un folklore imaginaire et exotique, leur apparence et leurs réactions m’ont parfois un peu perdu. En clair, ma lecture était parfois assez laborieuse.

Ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier beaucoup de choses. D’un point de vue littéraire, le vocabulaire utilisé, les images fantasmagoriques et des descriptions d’une poésie troublante apportent une identité marquante à cette forme d’Enfer africain. Notre mission est une catabase, une plongée dans un monde d’en dessous effrayant, glauque, malsain et perturbant, quoique imprégné d’une grâce inhumaine. La manière dont le serpent de pierre nous avale, le démon-champignon… Ces passages et d’autres m’ont marqué par la puissance mystérieuse qui s’en dégageait.

Quant au jeu proposé, il est réussi. J’ai eu un peu de mal à comprendre le système équipé / non équipé, les limites et ce qui était autorisé, ce qu’on conservait en cas de mort… Puis avec la nouvelle version et l’habitude, ça roulait. Surtout, j’ai adoré le système de combat. Encore une variante Dragon d’Or, qui n’est pas sans rappeler Ad Nauseam. Ce cheminement en étapes progressives jusqu’à la mort de l’adversaire, le tout en un tableau sur un seul paragraphe, apporte scénarisation et fluidité à chaque affrontement. Un très bon système, à reprendre.

[Flam]

Merci pour les retours messieurs, c'est très apprécié.

Tout de suite avant d’oublier, un petit problème à la fin du 10. Le bonus ne correspond pas à celui de la Feuille d’Aventure.

Pour ce point, je crois que tu as la feuille d'aventure V1 avec le texte V2. Sans me rappeler pourquoi, j'ai inversé les numéros des bonus 4# et 5# dans le texte (sans change rien, même effet au même paragraphe au final, la feuille V2 est conséquente cependant).

@Fitz : Alors si c'est déstabilisant, j'aurai au moins atteint cet objectif ! Peut-être que c'est trop hétéroclite pour un format si court. Sinon, en effet l'héroïne n'a pas d'âme qui lui est propre, et n'a pas vraiment de sexe non plus. Après y avoir réfléchi, je l'ai considérée comme un personnage ''féminin'' parce qu'elle est en partie l'incarnation de la sorcière. J'imagine oui que ça peut nuire à l'immersion si le personnage n'est qu'un objet après tout.

Voilà le système de combat a quand même été une épreuve a balancé, c'est toujours le même problème avec ce hasard...

[grattepapier]

Les deux précédentes productions de Flam (Anoki et Texaco Bang Bang) ne manquaient pas d'arguments pour séduire le lecteur, en leur proposant un univers original, un PJ qui l'était tout autant, un style littéraire de très haut niveau, des règles originales et bien pensées, une mise en page soignée d'un niveau professionnel. Orisha ne déroge pas à la règle. On est une fois de plus face à une AVH de haute volée, remarquablement bien conçue et écrite. Outre les qualités évoquées précédemment, il y a un autre point que j'ai trouvé extrêmement malin dans cette AVH : le fait de pouvoir récolter plus d'une dizaine d'artefacts magiques en 50 paragraphes est extrêmement gratifiant : le lecteur est constamment récompensé dans sa progression. Tous les 3 paragraphes, hop un nouvel objet dans sa besace ! Et en cas d'échec, la possibilité d'utiliser ces objets dans la tentative suivante permet au lecteur de progresser plus rapidement en se prémunissant contre certaines pertes de vitalité et d'éviter la lassitude de passer tout le temps par les mêmes séquences avec les résultats. J'ai également apprécié la galerie de rencontres montreuses que nous proposent l'auteur (un pangolin fourbe, un hippopotame carnivore, des fantômes de guerriers...) et l'idée de la communication entre le monde du dessus et le monde du dessous (via les racines des arbres, les puits...). La façon d'expliquer les règles dans le prologue est très habile. Et pour ma part, j'ai beaucoup apprécié les images générées par l'IA. Je trouve qu'elles sont belles, troublantes et cohérentes visuellement.
Pour autant, il y a peut-être quelques axes d'amélioration (souvent déjà soulevés dans les commentaires de Skarn et Fitz) :
- Une "mission" un peu "basique" (comme Flam l'a lui même relevé) : tuer le grand méchant.
- Univers un peu trop dense, comme l'a relevé Skarn. Comme dans Ying-Yang, les lieux et situations s'enchainent vite, alors certaines rencontres auraient méritées d'être développées. C'est sans doute le format qui veut cela. Mais l'AVH se seraient peut-être mieux épanouie sur le double de paragraphes.
- Des règles un chouia sophistiquées pour une AVH de cette taille (sur une AVH de 400 paragraphes elles auraient été davantage justifiées), avec pas mal de données à gérer. De ce point de vue là, c'est une bonne idée d'avoir simplifié dans la V2 la règle de l'Inventaire. A titre personnel, je ne suis pas hyper fan du système de combat en 4 séquences, mais on peut pas retirer à Flam le mérite d'essayer d'innover, de sortir des règles vues et revues un millier de fois.
- Et surtout, et c'est le point que je trouve le plus dommageable, un personnage principal original certes, mais auquel il est difficile de s'identifier (d'accord avec Fitz là dessus), ce qui est logique : franchement qui voudrait incarner le golem (ou la marionnette) d'une sorcière ? En conséquence, malgré un prologue bien foutu et un très bel épilogue doux-amer (qui réinjecte un peu de drama) qui détaillent la relation qui lie la créature et sa créatrice, cela manque un peu d'émotion, de ce petit supplément d'âme, d'une morale ou d'une progression morale (Dans Anoki par exemple, la quête du PJ lui ouvre de nouvelles perspectives, lui donne envie de découvrir le monde). Ici on n'incarne qu'une "machine" programmée pour tuer puis s'autodétruire. Je trouve que cette conception un peu trop mécanique et utilitariste du personnage. On aurait aimé par exemple qu'à la fin la créature se rebelle contre sa destinée, à l'instar du mythe de Frankenstein, pour encore plus de tension morale et de drama.
Bon, je pinaille un peu, car malgré ces petits "défauts", cette AVH reste vraiment de très bonne facture... ce qui en fait un sérieux concurrent pour le podium de cette édition du mini-Yaz !

[Flam]

Merci grattepapier pour ces commentaires détaillés. Pas mal d'accord avec tout ça, peut-être développer la discussion entre Orisha et Oukeni lors de la scène finale aurais été au moins un petit plus. Je met ça dans ma pocher pour ma prochaine histoire de marionnette!

[grattepapier]

c'est le dialogue du paragraphe 27 qui m'a fait tilter :
"Oukeni, comment peut-on tuer un esprit?
On ne peut pas. On ne peut que lier un esprit. Le contenir. L'en- fermer. Dans l'argile, dans ton corps, j'ai placé un puissant sorti- lège... Orisha, je suis désolée.
Ne le sois pas, cette fin est meilleure que les autres."
Si on me disait : "je suis désolé mais tu vais mourir" je ne pense pas que je dirais "t'inquiète, pas de problème", je n'accepterai pas mon sort, je me révolterai plutôt, j'aurais la haine, je dirais que c'est trop injuste et je taxerai ma créatrice d'ingrate, car après tout c'est moi qui ai fait tout le sale boulot pour elle...

[Flam]

Oui, je comprends, c'est une réaction très humaine. Dans ma conception, Orisha est la moitié d'Oukeni, qui a déjà accepté d'abandonner une partie d'elle-même. C'est vrai que sa moitié propre aurait pu se révolter, mais je l'ai considéré simplement comme un ''instrument'' vaudou qui n'a d'autre but que d'exécuter sa mission. Peut-être bien pour le malheur du lecteur , mais c'était mon interprétation en tout cas.

[fifre]

Bravo, c'est très réussi, (encore une fois). Une grande fluidité poétique dans le texte très descriptif d'un monde beau et cruel, sous couvert d'un safari-terminatorisha. J'explose des fées, je botte le gros cul de Babatom (j'aime bien ce nom), puis on me suicide à la fin pour ne pas qu'on se serve de ma micro-puce en argile. Ce monde est très intrigant et sa découverte contemplative éclipse le but de la quête, ce qui est plutôt intéressant au final ; mais ce n'est là que mon ressenti. Un bémol quand même : ça manque de tavernes.

[Flam]

Lol merci pour le retour fifre, j'aime bien le ''safari-terminatorisha'' ! Bon, j'ajouterai une section supplémentaire dans la V3, avec des bonshommes à grosses têtes qui jouent de la flûte dans un tripot peu recommandé.

[Outremer]

Je me suis lancé dans l'aventure et je viens de remarquer une erreur de renvoi (uniquement présente dans la V2) : au 42, la première option nous envoie... au 42 (la bonne destination semble être le 24).

L'usage de l'Assistance en combat ne me semble pas tout à fait clair. Après avoir lancé un dé, on peut dépenser 1 point d'Assistance pour augmenter le résultat d'un point, c'est ça ? Est-ce qu'on peut dépenser plusieurs points d'Assistance d'un coup ?

[Flam]

Salut Outremer, je vais vérifier (c'est drôle j'avais corrigé ce renvoi, j'ai dû mal sauvegarder sur littéraction ).

Pour l'assistance, oui exact après un lancer tu peux décider de dépenser 1 point (seulement 1) ou pas. Il se peut que ce soit plus clair dans la V2.

Après chacun de vos lancers de dé, vous pouvez dépenser 1 point pour bonifier le résultat obtenu.

[Outremer]

J'ai beaucoup apprécié le soin que prend cette AVH pour plonger le joueur dans une atmosphère de conte africain. Le cadre dans lequel on évolue, les êtres que l'on rencontre, la magie dont on fait l'expérience , les péripéties auxquelles on est confronté, tout cela contribue à créer une atmosphère riche et pleine de personnalité, qu'on ne risque pas de confondre avec celle d'une histoire de fantasy plus classique.

Le personnage que l'on incarne est d'une nature fort originale. Cela dit, je rejoins en partie Fitz et Grattepapier : sa personnalité limitée nuit à l'immersion du joueur. Le fait que sa mission lui ait été fixée par quelqu'un d'autre et qu'elle soit tout à fait prête à mourir pour l'accomplir ne me pose aucun problème : au contraire, je trouve que ça souligne utilement sa nature artificielle. Mais elle pourrait avoir des émotions et des réflexions plus développées tout en demeurant une créature inhumaine.

Les règles sont de bonne qualité. Peut-être un peu ambitieuses pour une mini-AVH, mais c'est une question de goût. Le système de combat est très sympathique ; j'apprécie son caractère évolutif et le fait qu'on puisse y faire des choix tactiques en dépensant nos points d'Assistance.

Le fait que l'échec ne signifie pas recommencer de zéro est une idée intéressante. La frustration de repartir du départ est atténuée par le fait que les objets acquis vont débloquer de nouvelles possibilités.

[Flam]

Merci pour le retour Outremer !
Bien content que tu aies apprécié le système de combat, j'ai mis pas mal de temps dans ce truc, ne serait-ce que pour balancer la difficulté.
Si jamais le coeur m'en dit, j'essaierai de donner un peu plus de profondeur à l'héroïne dans une V3, après le concours. Ça serait somme toute un exercice intéressant.

[Outremer]

Après avoir réexaminé les illustrations de l'aventure, je dois dire que je partage l'opinion de Skarn à leur sujet : comme la plupart des images créées par IA, elles n'ont pas d'âme. Elles desservent à mon avis l'aventure en lui donnant une atmosphère froide.

[Kraken]

J'avoue que je n'ai pas accroché à cette aventure. Pourtant c'est super bien écrit, original. Y'a un sacré boulot. Il est possible en effet que les illustrations déservent un peu l'AVH, car sachant qu'elles ont été générées par Une IA, je me suis pris à chercher les différences avec les descriptions (on en trouve inévitablement). J'ai trouvé les règles un peu trop compliquées pour une mini aventure. Le caractère très onirique de l'histoire ne m'a pas emballé non plus, ce qui est assez étrange puisque habituellement j'apprécie les histoires qui se passent dans le monde des rêves... Difficile également pour moi d'éprouver de la sympathie pour le héros.

J'en suis d'autant plus désolé que j'avais adoré Texaco Bang Bang du même auteur. Une question de sensibilité personnelle qui n'enlève rien aux qualités que possède probablement cette AVH, et que je n'ai pas su voir.

[gynogege]

Comme d'habitude avec Flam, l'écriture de l'AVH est remarquable, il y a un véritable souffle, une ambiance. Assez sympa en plus puisqu'on est dans une sorte de fantasy africaine (mais ça commence à devenir une habitude sur rdv1).
Les règles sont assez fournies, un peu comme pour "Ad Nauseam" de Gwalchmei, même si j'avoue que j'ai pas forcément tout compris sur l'utilisation des artefacts. Un très très gros point fort pour le système de combats, c'est tout simplement un des systèmes les plus géniaux que j'ai vus dans les ldvelh, voire même le plus génial (il me semble qu'un combat contre les guerriers-squelettes dans "Les Lieutenants de ombres" esquissait déjà ce système). c'est fluide, agréable, avec une place maîtrisée pour le hasard.
Après l'AVH a un défaut qui est presque inhérente au thème du concours et qui m'avait déjà frappé dans "Belzagar" ou dans l'AVH de Gil Jugnot. On ne sait pas vraiment ce qu'on fait ni où on va, on croise des dieux et des personnages mythologiques sur lesquels on n'a à peu près aucune connaissance. Normal c'est "Terra Incognita" C'est un peu furstrant d'avoir l'impression d'évoluer au petit bonheur la chance.
Malgré tout ça reste une très bonne AVH, dont on se dit qu'elle mériterait d'être plus longue.