30/07/2019, 19:20
(Modification du message : 30/07/2022, 21:40 par Astre*Solitaire.)
Introduction
La série des Loup*Ardent ou Sagas of the Demonspawn en version originale. Pourquoi reprendre ainsi une série vieille de plus de 30 ans ? Bien sûr, pour beaucoup de quadras, elle évoque irrésistiblement l'un des parfums si particulier de la littéraction des origines, un ton différent, une narration différentes, des règles... Mais c'est vieux, daté, réputé injouable et la série mérite probablement qu'on la laisse s'endormir du profond sommeil dont les mythes sont auréolés sans chercher à en découvrir une réalité bien souvent décevante, car inférieure au dit mythe.
Mais voici que je viens vous proposer de rejouer (dans quelques années, quand tout sera écrit, genre vers 2021 ou 2022) à Loup*Ardent. Pourquoi, comment, qu'est-ce qui m'y a incité ? C'est ce à quoi je vais essayer de répondre à présent en abordant tout d'abord le point de vue narratif.
Cette série a pour moi toujours possédé quelque chose de spécial, comme un charme, une aura de mystère. Elle possédait alors bien des défauts, mais ceux-ci n'ont jamais pu entamer la fascination qu'exerce encore les Loup*Ardent – surtout le premier volume – sur ma petite personne. Et pourtant, j'ai joué et rejoué et rejoué encore à la Voie du Tigre, aux Loup solitaire, à Astre d'Or, à Sorcellerie, pour ne citer que de très célèbres séries. Mais aujourd'hui, avec l'âge, toutes ces sagas me semblent frappées d'une pointe de naïveté – principalement due au public visé je dirais – et qui rend ces livres-jeux moins attrayants qu'ils ne le furent – bien qu'ils le demeurent toujours incontestablement. Le temps les a recouvert d'une patine, écrin précieux qu'il est parfois dangereux de frotter. S'y attaquer en espérant une madeleine de Proust, c'est bien souvent confronter le souvenir des rêves d'un adolescent aux attentes d'un adulte, nimbés de nostalgie, et dont la prime jeunesse un peu candide a pris quelques rides. Mais à ma grande surprise, La Horde des Démons a particulièrement bien vieilli et je me suis plongé avec délices dans les beautés surannées d'une époque révolue. Pourtant, au fur et à mesure de ma lecture, je me suis rendu compte que quelque chose clochait. Outre la problématique des règles que nous verrons dans un autre message, il y avait quelques soucis de paragraphe qui, de ce que j'en ai lu sur le net, semblent n'avoir jamais été pris en compte. Ils m'ont conduit à m'interroger sur le récit et j'ai peu à peu remarqué que ce dernier souffrait d'ellipses non justifiées, d'incohérences flagrantes et possédait de surcroît quelques impasses narratives. À quoi cela pouvait-il bien être dû et ne serait-il pas possible d'y remédier ? Fort de ces questions, j'ai repris et réécrit la trame scénaristique. Mais pour ce faire, il me fallait aussi cerner et les sources de l'auteur des Quêtes du Graal et, dirais-je, ses objectifs romanesques. Il était donc nécessaire de faire une petite analyse. Celle-ci n'a pas la prétention d'être exacte ou de correspondre à la pensée ou aux intentions de J.H. Brennan. C'est simplement la manière dont je vois et je comprends les choses ; et cet avis personnel peut tout à fait être remis en question.
Donc, lorsque j'ai entrepris de relire La Horde des Démons, je savais m'attendre à une histoire très linéaire, mais fort bien écrite, nous immergeant dans l'univers du monde de Harn. Et cela n'a pas manqué. Pourtant, au cours de l'aventure, l'adulte a assez rapidement pris le relais de l'adolescent et les références, les inspirations de l'auteur ont commencé à poindre ici et là.
Certaines sont bien connues. La plus évidente et peut-être la moins contestable est celle de Conan. Et oui, tout comme le Cimmérien, Loup*Ardent est un barbare issu d'un univers dur et hostile, et où les Dieux ne servent pas à grand chose, sauf à permettre de jurer. Il a une sainte peur et une sainte horreur de la magie et il préfère régler ses problèmes à coups de poing ou d'épée. Il n'est d'ailleurs pas très civilisé au départ, tout comme le farouche guerrier hyborien. L'objectif de l'histoire s'oriente aussi vers ceux de ces scénarios caricaturaux de l'heroic-fantasy classique inspirés de Conan où le barbare musclé s'en va sauver une demoiselle la moins vêtue possible, de griffes de monstres tous plus hideux les uns que les autres … et ici ce sont des démons, êtres d'une autre dimension, ou niveau, comme Conan en rencontrera une foultitude. C'est ainsi que la scène finale nous met face à face avec un Prince Démon alors que la demoiselle est étendue nue sur un autel de pierre, prête au sacrifice. Il ne manquerait plus qu'une illustration de Brundage.
Dans la même lignée inspiratrice, on trouve Elric de Melnibonée et son épée Stormbringer, de Michael Moorcock. Outre l'épée maudite (Exterminator, mais qui s'appelle dans la V.O. Doombringer, autrement évocateur pour Stormbringer), la capacité du personnage à user de magie rappelle par certains aspects, Elric, tout comme la présence des démons peut évoquer les forces du Chaos. On pourra aussi lire dans l'un des PFA de l'aventure, la conclusion du cycle d'Elric telle qu'elle figure dans Le trépas du seigneur condamné, et où Stormbringer [attention, Spoil !] boit finalement l'âme d'Elric avant de disparaître dans les airs en riant, en ce sens où Exterminator se retourne avec joie contre son porteur maudit. Mais ce ne sont bien sur pas les seules références.
Une troisième, plus sourde et plus contextuelle de l'aventure du personnage, est celle de la série Dune de Frank Herbert, qui voit s'opposer deux maisons, celles des Atréides et celle des Harkonnens, sur fond de politique et de manipulations du Bene Gesserit. Tout comme dans le roman d'Arrakis, où les Harkonnens l'emportent sur les Atréides, la famille des Haarkons l'emporte sur les Xandines et les éradiquent presque complètement. C'est la survenue d'un élu, un messie caché dans le désert, qui renversera les Haarkons et restaurera le nom des Xandines. Et comment ne pas voir dans la Gegum, étrange sororité, cette organisation qui travaille en sous-main au destin des mondes, le Bene Gesserit. Il est à noter qu'une partie de l'inspiration d'Herbert provient de la mythologie grecque, et de la saga tragique des Atrides, famille d'une sauvagerie inouïe, ayant à leur actif meurtre, parricide, infanticide, inceste et matricide.
Mais, encore plus profond, derrière tout cela, se dissimule, à mon avis, un autre mythe ou une autre légende, comme vous voulez, puisé dans la mythologie arthurienne, mythologie qu'affectionne, on le sait, J. H. Brennan : le personnage de Perceval. Pour faire simple, on peut résumer Perceval en affirmant qu'il est un jeune homme élevé par sa mère comme un sauvage ingénu, mais qui n'en est pas un, à la foi naïve et qui ne connaît pas son père. Il part devenir chevalier (alors que sa mère décède), va à Carduel et parle à Arthur et sa cour, rencontre le vavasseur Gornemant de Gort qui l'adoube et se lance dans des exploits de chevalerie, jusqu'à la découverte de son identité puis du Graal. Notons en passant que le Kraal est le lieu où Loup*Ardent est censé mettre Yaléna à l'abri du danger – lieu qui va disparaître très rapidement de l'histoire. On retrouve en filigrane certains de ces jalons dans le personnage de Loup*Ardent ; par exemple, Gornemant de Gort est remplacé par Baldar (même âge, même rôle). L'un de ces jalons les plus classiques (et qui pourrait faire dire que Perceval n'est pas une source d'inspiration), c'est le schéma traditionnel du héros et du récit de sa formation. Il est confronté à une série d'épreuves dont il doit sortir victorieux et qui vont peu à peu le qualifier pour l'épreuve finale. Mais c'est aussi une histoire d'apprentissage puisque de Barbare du Désert Profond (une référence à Dune et aux Fremens), Loup*Ardent deviendra un magicien et noble respecté de sa communauté. Pourtant, l'apprentissage de Loup*Ardent a ceci de commun avec Perceval qu'il passe d'un monde de Nature à un monde de Culture. Tout comme le passage chez le vavasseur marque le début du changement d'état, le passage par le château Xandine marque pour notre héros un changement de statut social que l'auteur ne cessera de nous rappeler. C'est surtout dans son comportement social et sa magie – plus que dans le combat – que cette évolution se fait sentir. Perceval acquiert des talents inouïs de chevalier en 48 heures (ce qui d'ailleurs pose un problème mais qui sera résolu par son statut d'Élu, cf. ci-dessous). Loup*Ardent fait de même avec la magie. Il est tellement doué que dans la semaine où il acquiert ses pouvoirs, il délivre le roi Voltar d'un sortilège dans lequel il se trouvait enfermé depuis 200 ans sans qu'aucun des mages du royaume ne soient parvenus à l'en sortir. Cette progression en ligne droite dans l'aventure et dans l'évolution du personnage est assez classique des romans de chevalerie (je ne parle pas des péripéties qui elles peuvent prendre tours et détours) et va fatalement se retrouver dans la narration de Loup*Ardent qui de facto, est linéaire. Ce n'est pas une raison pour n'avoir pas offert plus de diversité en terme de chemins et d'expérience, mais ceci explique peut-être cela. Je pourrais développer cette évolution du comportement en évoquant son rapport aux femmes, la reconnaissance que le roi Voltar fait au jeune homme, sa démarcation du monde des roturiers... Mais vous l'avez compris, l'histoire nous présente l'évolution et l'ascension du personnage que nous incarnons. Il y a donc bien une sous-structure qui pointe le roman de chevalerie du doigt, adapté au public et à l'époque, en terme de renouveau héroïco-fantastique.
Il y a pourtant une dissonance : le château de Xandine qui figure la cour d'Arthur, devrait se trouver en début de récit, et non en son milieu. (J'ai toujours considéré, à tort ou à raison qu'Yveen était une des représentations de la reine Guenièvre, qui s'appelle Yvonne en langue anglaise. Mais on pourrait probablement arguer que le château Xandine figure également le château du Graal où se trouve le Roi Pêcheur.) Pourtant cette inversion sur la forme ne change rien au fond, tout comme faire du héros un sorcier, qui est une inversion du rôle social. Le château de Xandine reste au centre de l'aventure : c'est son médian encadré par les récits des marchands d'esclaves, redite de l'histoire. Cette symétrie des situations est une construction très fréquente dans les romans de chevalerie qui bien souvent se servent de la structure en forme de chiasme (ou tout parallélisme) pour permettre au récit de mettre en avant l'évolution des personnages, via un point de comparaison des motifs. C'est ainsi que la taverne figure effectivement un schéma narratif récurent de la caravane d'esclaves (avec les deux demoiselles, Jara et Landa) et qui permet à l'auteur de donner à voir la stature nouvelle du héros, son évolution, son changement.
Enfin, un dernier point doit attirer notre attention, peut-être le plus important, c'est le caractère d'élu du personnage. Il peut probablement expliquer le choix pour ces quatre sources. Conan est le moins évident – il n'est pas élu : il a juste un destin qui le fera finir roi ; et on le sait dès le départ car la première nouvelle du barbare, Le phénix sur l'épée, le présente déjà comme monarque. Elric est l'une des incarnations du Champion Éternel, Paul Atréide est Muad'dib, messie des Fremens et qui finira Prophète, et enfin Perceval est, justement en raison de sa vitesse de progression dans les arts de la chevalerie, l'élu destiné à trouver le Graal. Les signes de l'élection de Perceval parsèment tout le roman et – personnellement – j'ai toujours pensé que si Chrétien de Troie avait achevé son roman, Perceval aurait réparé ses erreurs, questionné le Roi Pêcheur et apporté le Graal pour sauver la Cour d'Arthur et la civilisation. Cette dimension d'élu est tellement prégnante qu'elle encadre le récit de La Horde des Démons avec comme introduction L'Oracle des Astrologues qui annonce sa venu, et dans le tout dernier paragraphe, les dernières lignes : « La créature l'a appelé « Messie » et a laissé entendre qu'elle lui avait tendu un piège pour le faire venir. ». Il va de soi que choisir de faire de son personnage une figure messianique aussi importante impose de structurer l'aventure en regard des prédictions de la prophétie et des actes, des prouesses, à accomplir : devenir roi, rebooter le monde, libérer un peuple, délivrer l'humanité des Démons. Du haut fait, du haut fait !
Pour conclure sur cette appartenance du récit de Loup*Ardent aux romans du Moyen Âge, on le voit offrir la promesse d'un Don contraignant à Tanith dans le volume 2, promesse typique des chevaliers de la cour du roi Arthur.
Pour conclure sur cette appartenance du récit de Loup*Ardent aux romans du Moyen Âge, on le voit offrir la promesse d'un Don contraignant à Tanith dans le volume 2, promesse typique des chevaliers de la cour du roi Arthur.
Alors bien sûr, tout ne coïncide pas. Ce n'est d'ailleurs ni l'objectif, ni l'intérêt : le père de Loup*ardent n'est pas (encore) mort, il ne recherche évidemment ni les aventures, ni l'amour courtois, le christianisme est absent ; mais la religion teintée de mythologie grecque (l'une des déesses de l'Oracle s'appelle Minerve, nom romain d'Athéna, l'Oracle, elle, se prénomme Séléna, fort proche de Séléné, déesse de la Lune ; une autre oracle cité est Coranna, peut-être à rapprocher du Coran puisque Brennan cite Allah) renvoie aux épopées grecques et romaines de type Odyssée ou Énéide. Néanmoins ces quatre sources d'inspiration peuvent nous permettre de comprendre où nous entraîne l'auteur, ses intentions et la manière dont l'histoire et le personnage sont conçus.
Mais pour quoi faire ? Et c'est là qu'est le problème. Car La Horde des Démons, comme Les Cryptes de la Terreur dans une moindre mesure, ne sont pas exempts d'incohérences, de raccourcis, d'inachèvements. Je ne voudrais pas trop dévoiler la matière que je travaille pour conserver une certaine surprise et une certaine fraîcheur à ceux qui décideront un jour de refaire cette aventure modifiée. Mais comme rien ne sera achevé avant je pense au moins fin 2021, on peut y aller gentiment.
Déjà, il y a un énorme problème dans les dates entre la fuite de Xandine du Kaandor et la dissimulation, puis l'âge de Loup*Ardent (cf. ci-dessous : Citations, qui décortique le problème). On ne cesse de s'interroger sur une Arcana qui nous soigne pour ensuite vouloir nous tuer. Il y a trois passages dans La Horde des Démons où les renvois de paragraphe sont problématiques : boucle sans fin, incohérence (un mort réapparaît). Des possessions et des Points de Vie sont oubliés. C'est tout de même étonnant pour un livre avec si peu de paragraphes de voir surgir au détour des péripéties autant de petites erreurs, inexactitudes, incohérences. Et surtout cette conclusion bâclée : que devient Yaléna, l'avons-nous conduite au Kraal, comment sommes-nous arrivé à Pélimandar, pourquoi recherchons-nous du Pouvoir (je veux dire, qu'est-ce qui nous a décidé à le refaire) alors que l'on vient d'en gagner ? L'un des points essentiels des romans de chevalerie, c'est le retour au point de départ, ici complètement absent, mais qui pointe le bout de son nez, comme une ellipse narrative, avec l'obligation de ramener Yaléna dans le Kraal. Mais du Kraal, on n'en entend plus parler, l'exploration de la cité est expédiée en 24 numéros, il y a des personnages aux comportements erratiques, des ellipses difficilement explicables. Bref, l'ensemble respire une certaine précipitation, comme si le travail avait été livré non terminé, ou plutôt terminé à la va-vite. La fin ressemble à une resucée à la Thongor avec le triptyque gagnant : monstre hideux / fille nue / barbare musclé. Il faut lire entre les lignes pour y voir les enjeux sous-jacents, quasiment abandonnés : piège du Démon, prouesse à accomplir pour accéder à la quête suivante, reconnaissance de son statut par le héros. Et il y a l'inachèvement du motif de l'élu, le motif principal, pourtant présent à la fin du tome 1 comme au début et parfois dans certains dialogues du tome 2 : il est le Messie et il était attendu. Mais de cette connaissance des prophéties par la Horde des Démons et de qui la représente, il n'en est presque plus fait mention passé l'introduction des Cryptes de la Terreur. Ce n'est pas une incohérence en soi, mais bien un inachèvement de l'aspect messianique du personnage.
C'est donc l'un de mes objectifs avoués, reprendre le récit pour en homogénéiser les trames narratives, les développer en des arcs intéressants pour le lecteur-joueur, tout en m'appuyant sur les sources identifiées afin de faire correspondre cette structure, à la trame imaginée par H. J. Brennan. La quête du Kraal en fera bien sûr partie.
Citations pour tenter de comprendre l'incohérence chronologique
La Horde des Démons
« Le processus de ma mort a commencé il y a trois siècles ou plus. » : Donc le seigneur Xandine a dans le monde réel plus de trois cents ans.
« J'étais un noble parmi les Dalaï, pas un dirigeant mais un membre de l'aristocratie. […] À l'époque dont je vous parle, les deux maisons [Harkaan et Xandine] étaient en guerre. » : Donc il y avait une guerre larvée il y a trois cents ans entre ces deux maisons.
« Les Harkaan se conduisirent comme des brutes. Ils assassinèrent ma femme et enlevèrent mon fils qui n'était alors qu'un bébé. […] Les Harkaan ne me rendirent pas mon fils. » : Donc il y a trois cents ans, se produisit ce drame familiale : Loup*Ardent était déjà né.
« Je posais sur la vallée un Verrou Temporel. […] Aucun de ceux qu'il protégeait ne pourrait plus mourir. » : Ce qui s'accorde bien avec la première phrase, comme quoi Xandine aurait 300 ans.
« L'enfant se trouvant entre les mains des Harkaan. […] Je parvins à lui jeter un sort si subtil que les sorciers des Harkaan eux-même le crurent mort. […] Le cadavre de ce que l'on croyait être mon véritable fils fut emporté secrètement du Kaandor et caché dans le Désert. […] Grâce à mes sortilèges, il fut découvert par une tribu de Barbares du Désert. Je poursuivis ma guerre secrète contre les membres de la famille régnante du Kaandor. […] Il y a près de trente ans que cela dure. En l'espace d'une génération, j'ai pratiquement mis à genou la maison des Harkaan. » : Et là, on a un problème. Loup*Ardent aurait donc 30 ans. Outre que séduire une gamine de 16 ans à trente ans est d'un goût un peu douteux, l'âge de Loup*Ardent s'accorde à la durée de l'action de Xandine, mais pas avec la période où tout est censé avoir commencé. Et quel rapport entre trente ans pour éradiquer les Harkaans et les 300 ans du Verrou Temporel ?
« L'enfant se trouvant entre les mains des Harkaan. […] Je parvins à lui jeter un sort si subtil que les sorciers des Harkaan eux-même le crurent mort. […] Le cadavre de ce que l'on croyait être mon véritable fils fut emporté secrètement du Kaandor et caché dans le Désert. […] Grâce à mes sortilèges, il fut découvert par une tribu de Barbares du Désert. Je poursuivis ma guerre secrète contre les membres de la famille régnante du Kaandor. […] Il y a près de trente ans que cela dure. En l'espace d'une génération, j'ai pratiquement mis à genou la maison des Harkaan. » : Et là, on a un problème. Loup*Ardent aurait donc 30 ans. Outre que séduire une gamine de 16 ans à trente ans est d'un goût un peu douteux, l'âge de Loup*Ardent s'accorde à la durée de l'action de Xandine, mais pas avec la période où tout est censé avoir commencé. Et quel rapport entre trente ans pour éradiquer les Harkaans et les 300 ans du Verrou Temporel ?
« En m'appelant Vénérable Ancêtre alors que, en réalité, je n'ai que 28 ans de plus que vous. » : Il aurait donc 58 ans.
« Les ravages que vous observez […] sont la conséquence du Verrou Temporel. […] Le Verrou est presque parvenu à son terme. […] On commence à mourir dans la Vallée. […] Le Verrou absorbe notre substance et fait de nous des monstres. […] Bien que la désagrégation du Verrou Temporel ait dû donner à ces deux pièces l'apparence d'un long abandon. » : Il est important de comprendre comment fonctionne le Verrou Temporel si l'on veut essayer de clarifier la situation. Il puise son énergie dans son environnement, et donc aussi dans les êtres vivants, et semble les empêcher de mourir/de vieillir jusqu'à ce que les effets s'estompent, accélérant brutalement la décrépitude des êtres et des objets, qui finissent alors par mourir lorsque le sort s'achève. C'est un sort de zone, on en est donc prisonnier. Ceux qui en sortent, trépassent. Question : si Xandine peut détruire la maison Harkaan en trente ans, pourquoi s'enquiquiner avec un Verrou Temporel ?
Les Cryptes de la Terreur
« Voilà bien longtemps, le premier Seigneur Xandine entra en rébellion contre la maison régnante des Harkaans. » : Je pense qu'ici par premier, il faut entendre celui qui dirige, et pas le premier de la lignée.
« Ce Seigneur Xandine dut s'exiler au royaume du Harn. Pendant plus de trois mille ans […] le Seigneur Xandine réussit […] à les affaiblir. » : Alors d'abord, ce n'est pas ce Seigneur, mais le frère du Seigneur (le frère de Darkwood est le père de Loup*Ardent). Et maintenant, on passe de trois cents à trois mille ans. Quand je vous dis que la chronologie n'est pas cohérente : 30, 300 ou 3 000 ans ? On choisit quelle date ?
« Ce Seigneur Xandine dut s'exiler au royaume du Harn. Pendant plus de trois mille ans […] le Seigneur Xandine réussit […] à les affaiblir. » : Alors d'abord, ce n'est pas ce Seigneur, mais le frère du Seigneur (le frère de Darkwood est le père de Loup*Ardent). Et maintenant, on passe de trois cents à trois mille ans. Quand je vous dis que la chronologie n'est pas cohérente : 30, 300 ou 3 000 ans ? On choisit quelle date ?
« Quel qu'en soit la cause, Voltar s'endormit pour ne plus s'éveiller. […] Sept générations de Chevaliers Régents ont dirigé en son nom depuis cette époque lointaine, presque 200 ans maintenant. Pendant tout ce temps, le corps toujours vivant du roi Voltar est resté étendu, hors des atteintes du temps. […] Xandine lui-même s'en était servi pour préserver la vallée durant son exil. » : Ces informations s'accordent bien avec la durée d'un Verrou Temporel de 300 ans et ses effets pour contrer l'action du temps.
On a donc bien un soucis de chronologie. J'ai donc choisi de modifier l'histoire pour que cette contradiction disparaisse. On est d'accord que le Verrou Temporel doit être conservé. Il explique l'état de la vallée, les individus qui peu à peu deviennent des monstres, la mort de Xandine, la connaissance que Loup*Ardent possède via son père pour libérer Voltar du sortilège idoine. Donc Xandine n'a pas mis 30 ans, mais 300 ans pour affaiblir les Harkaan. Et cela s'accorde je trouve très bien avec l'ensemble des descriptions. Elles nous présentent un sorcier patient, subtil, secret, qui préfère attendre 50 ans pour lancer une attaque tellement discrète que personne ne saura qu'elle aura même été lancée, plutôt que de risquer de se faire découvrir. C'est un stratège méticuleux et un mage redoutable.
Et Loup*Ardent ? Et bien ce que font les Harkaan du corps m'a tout de suite semblé peu crédible. Ils tuent le nourrisson. O.K. Mais pourquoi faire transporter le corps du Kaandor vers le Harn ? Il suffit de le brûler et fin de l'histoire. Xandine a donc dû accomplir trois actions : récupérer le corps endormi de son fils sous la barbe des Harkaan. Puis faire croire à sa mort (la sienne, pas celle de son fils) pour que ces derniers (les vilains Harkaan) n'aient plus besoin d'un enfant/adulte de substitution. Enfin, endormir magiquement le nourrisson – évidemment dans une version identique de l'Immobilité qui frappe Voltar, avant de l'abandonner vingt ans avant la fin du Verrou Temporel dans le Désert Profond.
Il reste à régler le problème de l'âge de Loup*Ardent. Franchement, le faire débuter guerrier expérimenté et lui donner moins de point d'Habileté qu'un gamin de 14 ans, cela ne tient pas la route. On reviendra sur les niveaux d'Habileté dans les futurs posts. Et puis considérer Loup*Ardent comme un jeune de 20 ans, beau et impulsif, me paraît bien plus raisonnable que de le faire paraître en homme de trente ans appréciant les jeunes filles de 16. Il est donc réveillé de sa stase par son père vingt ans avant le début de l'aventure.
On oublie évidemment les 3 000 ans.
Alors outre les sources et la mise en évidence des problèmes, j'ai surtout abordé ici l'incohérence de la chronologie. Si décortiquer ainsi la trame narrative et le contexte, explorer les pistes d'aventure, de bifurcation, de fins alternatives (il y en aura au moins deux), de développement de certains personnages, de OPT (il y en aura au moins un en plus de l'histoire normale qui vous permettra de faire l'aventure sans combattre) vous intéresse, dites-le moi et on en discutera ici. Cela vous spoilera un peu, mais vous connaissez déjà l'histoire, non ?
À lire vos commentaires, en espérant que ce post assez long ne vous aura non pas démoralisé, mais intéressé.
Goburlicheur de chrastymèles