Cactus Blue Motel (Astrid Dalmady - Skarn)
#31
Je viens de la terminer, l'ayant lu d'une traite. Normal pour un petit bijou de cette qualité.
Je suis parti, il est vrai, avec un a priori très positif : j'adore les déserts, j'ai vécu aux USA où j'ai parcouru à de nombreuses reprises l'Utah, le Nouveau Mexique, l'Arizona... Cette AVH me parlait donc, dès le début et me faisait ouvertement du pied sous la table. Réminiscences... Odeur de l'asphalte, horizon vibrant dans les brumes de chaleur, ciel dévoré de lumière... Sensation de liberté, le goût âpre des cigarettes, la route qui se reflète dans les verres teintés de mes lunettes de soleil... Je ne pouvais pas refuser un tel voyage. En route !

On incarne une femme ? J'aime. En virée avec des copines ? On est bien parti pour un trip à la Thelma et Louise là, non ? Hotel California ? Oui bien sûr, mais un bon The road to hell de Chris Rea m'irait bien aussi. La nuit. Ha, la nuit dans le désert du Grand Ouest américain... Un jour bleu sombre qui succède à un jour bleu pur, le silence, un parfum de terre saturée de chaleur... Un motel. La lueur rouge d'une dernière cigarette qu'on allume, heureux de se dégourdir les jambes après de longues heures de route. La chaleur de la voiture encore perceptible alors que l'on s'assoit négligemment sur le capot, le feu du soleil qui vous chauffe encore le visage... La réception, le silence seulement troublé par le ronronnement de la clim, la pénombre, apaisante...

- VS, t'es chiant ! T'es là pour faire un feedback, pas pour réécrire l'AVH bordel !
- Excusez-moi...

Donc, c'est du très bon. La présentation, inattendue, est une réussite avec ce fond bleu nuit et ces lettres lumineuses comme le néon d'une enseigne. Et très vite, on se retrouve dans un espace hors du temps. Ce motel pourrait bien être le seul endroit qui reste au monde, oasis, dernier refuge, perdu dans une immensité indifférente. Au-delà du parking, c'est l'inconnu, le vide, la nuit. Et c'est alors un véritable scénario d'Anticipation, de Science Fiction. D'introspection surtout. Car ce motel n'est finalement qu'un réactif, un réceptacle ou un catalyseur pour nos angoisses, nos peurs, nos désirs. S'il y a une bête ici, c'est nous. L'endroit n'est qu'un jeu de miroirs qui nous renvoie à nous-même par l'intermédiaire des autres occupants.
C'est d'une originalité incroyable, complètement inattendue.
Au début, je m'attendais vraiment à un Road Movie avec un tueur qui rôderait dans les couloirs envahis par la nuit...
- Hé Lex, t'as entendu ? On dirait qu'il y a quelqu'un dehors... Faudrait peut-être aller voir ?
Et à la fin, on réussirait à rejoindre la bagnole et à s'enfuir, seule ou avec ses deux copines...
Ben non. C'est pas ça. C'est mieux. Faut le lire, vraiment. Et je compte m'y remettre très prochainement après cette trop courte première lecture.

Au niveau bémols, quelques détails. Au début, j'ai choisi de conduire et on parle de "ma part de travail". J'accroche pas vraiment avec cette tournure. Si vraiment on trouve ça chiant, pourquoi ne pas parler de corvée ? "Travail" pour le fait de conduire me surprend un peu. Un peu surpris aussi par la chemise de nuit revêtue par une de nos copines. Dans ce genre de cadre et surtout à notre époque, une chemise de nuit fait un peu daté je trouve... Je partirais plus sur un T-Shirt et un slip (petite culotte en l'occurrence), surtout pour des héroïnes assez jeunes (je les vois comme ça). Quand on rencontre Dean, on s'assoit sur "le trottoir". J'ai du mal à voir un trottoir en plein désert. Par contre, la touche d'humour avec le distributeur qui propose du Coca ET du Pepsi, j'ai adoré. Quel endroit bizarre en effet !
Il y a quand-même un côté dirigiste assez marqué, parfois frustrant. Et quand on a des possibilités, certaines n'amènent à rien : La piscine ? Hors d'usage. Le parking ? Même pas deux coyotes qui se courent derrière. Les autres chambres ? Nada. Du coup, par moments, on a un peu l'impression de visiter un appartement-témoin... Un peu plus d'action, quitte à faire des paragraphes plus longs, aurait été appréciable de même qu'une plus grande liberté peut-être. A notre arrivée, j'ai dû faire trois ou quatre choix qui ne m'ont rien rapporté avant de pouvoir gagner ma chambre. Dommage. On dira que cela permet de mieux décrire l'atmosphère des lieux et il est vrai que, par la suite, ces endroits se révèleront très différents. N'empêche qu'on a quand-même à certains moments l'impression de tourner en rond ou de faire des aller-retours entre les paragraphes, comme une boule de flipper. A ce compte-là, je reste sur mon idée de paragraphes plus longs.

Mais l'ensemble reste incroyable, étonnant, inattendu. Je ne m'attendais pas du tout à ça. On pourrait sans problème en faire un épisode de la série La quatrième dimension. Un grand bravo !

Welcome to the Cactus Blue Motel... Such a lovely place... You can check out any time you like but you can never leave...
Anywhere out of the world
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#32
Suite à une lecture plus poussée...

Mon enthousiasme est un peu retombé. L'ensemble me paraît décidemment trop dirigiste, rigide, offrant trop peu de choix, de liberté. On a bien souvent des choix qui ne mènent à rien (ou si peu) et qui n'ont aucune incidence ou presque sur le reste de l'aventure. Et à un ou deux moments, j'ai vraiment eu l'impression d'être bloqué, de tourner en rond. L'impression d'être "bridé", retenu aussi. Comme si on nous disait :" Vous voyez une porte entrouverte au bout du couloir mais vous ne pouvez pas y aller ". Frustrant. On se sent restreint, prisonnier presque d'un cadre bien défini, trop étroit. On ressent trop la présence de l'auteur, l'impression d'être dirigé.

Au niveau du style, les redondances entre les choix et le début du paragraphe correspondant me paraissent assez lourdes. Par exemple :" Décidez-vous d'en parler à Lex ?" et le paragraphe suivant qui commence par :" Vous décidez d'en parler à Lex ". Ou :" Préférez-vous répondre que vous n'en savez rien ?" qui nous amène à :" Vous préférez répondre que vous n'en savez rien ".

Cela n'enlève rien à l'originalité étonnante de l'ensemble, servi par une présentation nickel. Et ce motel ressemble vraiment, en définitive, à l'Hotel California des Eagles : un endroit où l'on peut venir quand on veut mais qu'on ne peut plus quitter. Un endroit cool, si agréable mais qui se révèle une prison. On y est prisonnier, de ses rêves, de ses envies, de ses projets, avortés ou réalisés, de ses peurs ou regrets aussi. Un endroit hors du temps, un endroit où on peut arrêter le monde pour descendre. J'aimerais bien y passer quelques nuits. Au risque de n'en plus repartir peut-être...

Au final, une originalité inattendue et détonante, une vraie bonne surprise, un potentiel énorme mais bridé par un manque de liberté certain, un dirigisme trop présent, un cadre trop étroit.
Mais cela ne saurait occulter la qualité de l'ensemble, remarquable.
Anywhere out of the world
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#33
Quel trip !

Je viens de me lire cette aventure d'une seule traite et je dois avouer qu'il y a un sacré taff d'effectué. Déjà merci à Skarn pour la longue traduction car en tout premier, traduire sans perdre l'effet glauque de l'aventure doit demander de sacrés efforts en terme de choix de mots.
Cette aventure fait évidemment penser à Hotel California mais ça a d^u être répété dans les feeds précédents. La quatrième dimension aussi, mais bien, il y a un épisode où justement un couple est prisonnier d'une ville ou d'un hôtel. On pense aussi à la série Wayward pines ou plus moderne à Silent Hill.
Au niveau technique c'est de toute beauté. La police utilisée pour les "click" est bien trouvée, géniale même,  les dialogues et descriptions sont bien trouvés, bien maîtrisés. Mais c'est l'arrière plan que j'aimerais connaître, les coulisses. Selon le réponses données à un certain paragrpahe, cela change carrément la donne sur un paragraphe visité juste avant. Même le format "point and click" participe grâce à cet artifice à maintenir le climat "magique et angoissant" du motel.
Le scénario en lui même est assez fouillé et renvoie aux peurs et fardeaux des protagonistes. J'ai aimé le clin d'oeil (volontaire ou pas) à Alice aux pays des merveilles SPOIL  en la personne du lapin. Un complice ? Un traître ? Une belle saloperie en tout cas ! FIN SPOIL

Pendant un moment je me suis demandé si il y avait une fin au jeu, car je tournais véritablement en rond dans ce foutu motel, au point que j'en ressentais le même malaise que Mary... Du très bon travail d'auteur qui maintient le doute et le suspens tout au long de l'aventure.

LEs clichés de l'Ouest américain sont là bien évidemment (cactus, poussières, motel, Bagnoles, groupes de zique, highway) et du coup un tas d'images de films me revenaient en tête et renforçaient encore l'immersion réaliste.

Pour conclure, ce voyage aux portes de la folie et de la terreur est tout bonnement novateur, original et maîtrisé.
Il m'a fait penser à certaines avh d'un auteur que j'apprécie particulièrement pour son côté justement  limite folie et peur : Outremer.

Lu avec du retard mais à conseiller à ceux qui n'ont pas vécu l'expérience.

EDIT : pour la quatrième dimension c'est en fait un mélange de deux épisodes. Prédictions (épisode 7 de la saison 2) et La vallée de l'ombre (épisode 3, saison 4). J'avais des souvenirs, mais vague donc, puisque j'ai mélangé deux épisodes Wink
lorsque chantent les cigales, sois sûr d'avoir des glaçons au congel... Proverbe provençal amateur de pastaga
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#34
J'ai lu, et j'ai vraiment beaucoup aimé. Je l'ai d'ailleurs lue d'une traite. J'adore ce principe de jeu avec les liens cliquables et qui enregistrent les décisions que nous prenons.
J'ai adoré l'ambiance des lieux (j'adore les road-movie/road-trip; je vais d'ailleurs en faire un la semaine prochaine dans le sud de la France, entre autre), ainsi que les différents personnages. J'ai beaucoup apprécié le personnage que nous incarnons, car même si c'est une fille, je me suis littéralement retrouvé en elle. J'ai traversé récemment des moments pas facile, de ce fait, je n'avais aucun mal à me plonger dans ce récit quelques peu mélancolique, et ou l'héroïne se cherche et se remet en question.

J'ai eu la fin où je suis partie avec Lex, laissant Becky derrière nous. Je me suis montré trop gentil et trop conciliant avec elle, au lieu de la secouer un peu.

Ce une excellente découverte, même si je n'ai pas franchement adhérer avec le personnage du Jackalope.

En revanche, comme l'a dit Sunk, l'ambiance ouest américain et sublime et c'est juste mon rêve d'y aller.

J'ai d'ailleurs tellement aimé ce petit bijou que j'ai incité ma soeur à y jouer; elle l'a fait et a aussi adoré.


Un grand bravo à Skarn.
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#35
Un petit bravo pour l'autrice aussi quand même ? Smile
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#36
Plutôt auteur. Ni auteure ni autrice ne sont des termes recommandés.
Romancière ou nouvelliste existent. Il faudrait inventer un terme spécifique pour les rédactrices d'AVH.
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#37
Auteur, auteure, autrice, c'est un sujet compliqué.

Citation :J'ai d'ailleurs tellement aimé ce petit bijou que j'ai incité ma soeur à y jouer; elle l'a fait et a aussi adoré.

Si l'anglais n'est pas un problème, tu peux trouver d'autres de ses titres sur son site officiel.

Il y a aussi 16 Ways to Kill a Vampire at McDonalds, d'une autre autrice, mais qui a participé au même concours la même année et que j'avais aussi bien aimé. J'ai d'ailleurs hésité entre Cactus Blue et elle pour la traduction.
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#38
Merci pour le lien, Skarn, mais je suis une quiche en anglais.

Tu prévois de traduire d'autres œuvres de cette auteure/autrice?

Si c'est le cas, j'en serai ravi.
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#39
Auteur: http://www.academie-francaise.fr/la-bataille-ideologique
Avant-dernier paragraphe.
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#40
(05/07/2018, 15:39)Jin a écrit : Tu prévois de traduire d'autres œuvres de cette auteure/autrice?

Si c'est le cas, j'en serai ravi.

Je ferai sans doute d'autres traductions dans le futur, mais n'ai aucun plan précis à ce moment. Ça dépendra de l'adéquation entre mon emploi du temps et mes coups de cœur.
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