Acqua Alta
#16
Juste un mot sur la forme et ce n'est pas très important. Dommage pour une AVH de cette qualité de constater un léger manque de finition (absence de titres et de page de garde, les règles non justifiées, mise en page parfois à revoir...). Ok, c'est vraiment pour chipoter, mais le plaisir de la lecture, surtout l'accroche initiale, passe aussi par le premier contact visuel avec l'œuvre.

Dès l'introduction, le ton est donné. On navigue dans le sillage étroit de Lovecraft et les adjectifs quasi obligatoires pour cette épreuve de style (véritable figure imposée) sont au rendez-vous. Rien que dans le premier paragraphe, la moisson est fructueuse : informe, maladif, glauque...Sans oublier l'odeur de vase qui nous monte au nez et ce ciel ombrageux exprimant une mélancolie terne qui s'imposera tout au long du périple dans la cité des Doges. Le style est fluide, toujours aussi plaisant chez Outremer. On sent beaucoup de maitrise et c'est assez impressionnant pour le signaler une nouvelle fois.

J'ai trouvé l'ambiance parfaite, les descriptions sont subtiles et n'oublient aucun de nos cinq sens. Du coup, même si la trame scénaristique peut paraître des plus classiques au départ -l'éternelle maison délabrée au passif chargé que visitent trois étudiants décidant de se séparer dès le hall d'entrée- il n'en reste pas moins que l'exploitation qui en est fait est admirable par la suite et que l'on est rapidement emporté par l'histoire.

Ce qui est particulièrement immersif c'est aussi la fraicheur et la profondeur psychologique des protagonistes (surtout les personnages féminins) qui contrastent avec l'ambiance horrifique qui se dégage des lieux (dans la première partie notamment). Forcément nous autre lecteurs désabusés rompus aux atrocités du Mythe, aurions déjà lâché l'affaire à la découverte de la première fresque où les représentations rupestres exhibent yeux globuleux et autres tentacules. L'exploration est dynamique, les étudiants sont intrigués sans témérité excessive. D'ailleurs le fait que la première partie se déroule sans rencontre du troisième type est judicieux. La pression retombe pour mieux s'intensifier un peu plus tard.

Je m'attendais à plein de choses dans la maison lugubre du début mais pas d'y ressortir si vite (non sans quelques frayeurs) pour aller déguster une pizza. Et dans la structure classique d'une aventure liée au Mythe, c'est une très bonne idée pour surprendre l'habitué du genre, bousculant un peu les canevas classiques (montée progressive de l'horreur généralement).

Le reste est bien construit. La poursuite oppressante tant nos limiers semblent être partout à la fois (mention spéciale pour les détails anatomiques et particularités physiques distillées tout au long du texte et pas juste livrées dans une unique vision cauchemardesque), la fuite dans le bâtiment désaffecté, les profonds dans la galerie noyée...

Bien vu aussi les névroses que développent les filles dans la conclusion, digne des phobies et autres maladies mentales que l'on retrouve dans l'appel de Cthulhu (le JdR bien sur). Le sentiment d'être dépassé par une entité insondable mettant à mal notre raison est par deux fois impeccablement mis en scène.

Au chapitre des quelques critiques, forcément liées au format de 100 paragraphes, l'impossibilité de mieux expliquer la trame du scénario autrement que par l'artifice d'une clairvoyance inattendue dont fait preuve Leïla. La fin peut-être un poil trop abrupte avec ce dénouement rapide et un peu moins inspiré que le reste.

Pour moi la tendance à la linéarité est presque obligatoire avec ce format court. Trop de choix disponibles et on se retrouverait à finir l'AVH prématurément, sans possibilité d'installer l'histoire.

Je me répète, mais le style joue beaucoup dans la qualité de cette AVH et la sauve de ce classicisme dont le genre souffre souvent (même si le choix du décor est très original). Les dialogues sonnent justes, il y a très peu de répétitions, le rythme est haletant et la richesse du vocabulaire donne du relief à cette Venise désenchantée. J'ai réussi à ma deuxième tentative découvrant avec plaisir certains paragraphes que je n'avais pas lu (et en abusant de mon adrénaline).

J'ai donc passé un excellent moment en cet après-midi triste et gris, la nature maussade qui s'étale de l'autre côté de ma fenêtre m'ayant offert un cadre idéal pour se délecter de cette aventure.

PS 1 : Je sais que ce n'est pas l'endroit mais si Tholdur pouvait me donner son mail, ça me permettrait de le remercier pour son message qui date déjà et que je n'avais pas vu.

PS 2 : Ah Oui ! Cette aventure m'a aussi rappelé un vieux jeu sur Amstrad CPC et qui se déroulait à Venise : Masque.
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#17
Voici ma critique concernant cette AVH.

Globalement c'est une AVh assez plaisante dans un cadre sympathique. On passe un bon moment mais qui est parfois entrecoupé par des passages frustrants ou moins intéressants.

POINTS POSITIFS:
-Un style bien soigné
-Un univers intéressant: Venise? Pourquoi pas
-Un début original: trois étudiants en cinématographie, c'est original. on n'a pas affaire à un justicier mais à des personnages banals.
-L'exploration de la maison est intéressante. d'autant plus qu'elle annonce le ton de ce qui va se produire. On ressent bien l'ambiance oppressante.
-Le choix entre de nombreuses caractéristiques. On peut être amené à retenter l'aventure.
-Des tests rejouables en cas d'échec.
-La fin qui me parait logique au vu de ce qui s'est produit tout au long de l'histoire.

POINTS NEGATIFS:
Étrangement la quasi-totalité des points positifs sont aussi des points négatifs.
-Même si l'univers de Venise est intéressant, je trouve qu'il y a une sous-exploitation des lieux de venise. une course poursuite dans un monument connu n'aurait pas été de trop je pense. cela t'aurait permis de rajouter des descriptions. ici, on a plus l'impression de se retrouver dans Resident Evil d'autant plus que l'on dirait que Venise est composée de trois paumés et de mutants. Où est passée la population. En gros, ton histoire aurait pu être un film. (d'ailleurs si tu avais fait une farce où tout était mis en place par les autres étudiants qui tournent un film sur nos trois héros qui ne sont au courant de rien, j'aurais ri et applaudi)
-Concernant l'histoire, la deuxième partie est relativement décevante. Il faut fuit dans tel endroit ou dans celui-là. Quand on voit le nombre d'adversaires, on arrive à se demander s'ils ne maitrisent pas la teleportation. La troisième relève un peu la tête mais reste très inégale.
-Malgré des personnages banals, on a celui de Leila qui en un temps record a réussi à se barricader dans l'autel, a échapper à la horde, à lire un livre (le bon en plus comme par hasard) ainsi que comprendre la situation et savoir comment la régler.
-Qui dit beaucoup de caractéristiques dit beaucoup de tests. Là on en a un nombre excessifs. Même si on peut retenter, tous les tests ont un score de difficulté de 8 ou 9. Alors si on a pas de bonus, on a peu de chances de réussir. Et quand le bonus est de +1, c'est vraiment négligeable.
-Si le dernier paragraphe est logique, ce qui précède l'est beaucoup moins. On a l'impression que le héros devient un super-héros où il arrive à blesser une créature démoniaque puissante. Mouais...

Il y a des bonnes choses dans cette AVH est l'aventure est plaisante dans l'ensemble. Mais elle aurait pu être excellente sans ces défauts.
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#18
Occupé que j'étais par "Vers le crépuscule", j'en oubliais de répondre à ces derniers commentaires !

(11/12/2013, 22:34)Gwalchmei a écrit : Le style est fluide, toujours aussi plaisant chez Outremer. On sent beaucoup de maitrise et c'est assez impressionnant pour le signaler une nouvelle fois.

Je suis heureux que tu apprécies, d'autant que tu n'es pas manchot en matière de style !

Citation :Au chapitre des quelques critiques, forcément liées au format de 100 paragraphes, l'impossibilité de mieux expliquer la trame du scénario autrement que par l'artifice d'une clairvoyance inattendue dont fait preuve Leïla. La fin peut-être un poil trop abrupte avec ce dénouement rapide et un peu moins inspiré que le reste.

Ce n'est pas faux. Quand j'y repense, je me dis que j'aurais peut-être dû oser une fin moins nette et plus incertaine, sans cette grande confrontation finale qui peut sembler un peu parachutée.


(12/12/2013, 22:56)titipolo a écrit : Même si l'univers de Venise est intéressant, je trouve qu'il y a une sous-exploitation des lieux de venise. une course poursuite dans un monument connu n'aurait pas été de trop je pense.

Je fais tout de même traverser au héros la place Saint-Marc. Mais, pour être honnête, je ne voulais pas trop me reposer sur les monuments les plus célèbres de Venise ; je craignais que ça ne donne à l'AVH un côté un peu "guide touristique".

Citation :on dirait que Venise est composée de trois paumés et de mutants. Où est passée la population.

Je me suis laissé dire que Venise est moins fréquentée à l'époque de l'acqua alta, mais tu n'as pas tort, la ville fait assez vide. Je n'ai pas trouvé de bon moment pour mettre en scène des gens (touristes ou habitants) ordinaires.

Citation :-Concernant l'histoire, la deuxième partie est relativement décevante. Il faut fuit dans tel endroit ou dans celui-là.

Je pense qu'il y a un contraste entre le fait qu'on se trouve dans une ville (qui devrait offrir de nombreuses directions possibles) et le fait que cette partie de l'aventure offre une liberté de déplacement assez limitée. Je ne voyais pas comment faire mieux dans une AVH de 100 paragraphes.


Merci pour ces commentaires !
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#19
Une bande d'étudiants qui préparent un tournage de fin d'année, voilà une situation pour le moins originale comme début d'AVH !
Bien entendu, tout cela va rapidement se développer en quelque-chose de plus sinistre, que tout lecteur avec un peu de culture littéraire devinera assez rapidement ^^

Comme toujours avec Outremer l'écriture est irréprochable, mariant élégance et naturel. Même si l'AVH était pourrie, on pourrait au moins prendre plaisir à se contenter de la lire Big Grin
Histoire de ne pas sombrer dans une longue tirade pleine de flagornerie (surtout qu'il y en a une autre du même auteur à faire en suivant, il ne faudrait pas qu'il prenne la grosse tête), on va en rester là sur ce point.

Le système est simple et efficace, même s'il me semble laisser la part un peu trop grande au hasard - sur ce point j'ai eu de la chance, mes dés ont été plus que généreux et je n'ai raté que deux jets dans toute l'aventure, et encore j'avais complètement oublié la règle de l'adrénaline. Difficile dans ces circonstances de savoir si l'équilibrage était correct, mais il m'a paru adéquat, si peut-être un peu du côté "facile".

Tout comme Chrysalide, j'ai réussi du premier coup en prenant les choix qui me semblaient logique, ce qui tend à indiquer que soit je suis vraiment chanceux dans les choix à l'aveugle, soit je partage la même logique qu'Outremer.
Un point sur lequel je suis en décalage avec la plupart des autres retours, c'est sur l'aspect "fantôme" de Venise. Non pas que la Venise de l'AVH ne soit pas apparemment déserte (elle fait effectivement totalement vide), mais il s'agissait dans ma tête d'un parti-pris totalement volontaire que j'attribuais à deux choses :
- Tout d'abord, j'avais interprété que l'aventure se passait dans un futur proche dans lequel Venise tombait progressivement à l'abandon (peut-être de part la montée progressive des eaux, où l'effet nocif du culte), avec de grandes parties de la villes dorénavant inhabitées. Avec le recul, je me dis que j'ai probablement totalement imaginé cela, mais sur le coup ça collait bien avec l'histoire.
- Considérant le ton et le style de l'aventure, avoir une impression indéfinissable d'être passé dans un monde parallèle vide et sans vie est totalement adapté.
Donc ne croiser personne, au final j'ai trouvé ça tout à fait dans le ton.

Si l'exécution n'a que peu de défauts, je n'ai eu cependant qu'une curiosité passable pour l'histoire elle-même. Je ne sais pas vraiment s'il s'agit du fait qu'on devine le thème général trop facilement (environ au troisième ou quatrième paragraphe, quand on commence à trouver les fresques dans la pièce inondée, j'ai pensé "Dagon"), que le Mythe ne me fait plus vraiment d'effet ou que l'on soit balloté au fil des évènements sans avoir vraiment de rôle actif, mais au final j'ai passé un moment agréable, mais sans beaucoup de passion.

Ou peut-être que je commence à être trop habitué à la qualité d'Outremer et à considérer l'excellence comme normale Big Grin
La violence n'est pas la bonne réponse !
La violence est la question. La bonne réponse est "oui".
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#20
(02/02/2014, 22:20)Akka a écrit : Si l'exécution n'a que peu de défauts, je n'ai eu cependant qu'une curiosité passable pour l'histoire elle-même. Je ne sais pas vraiment s'il s'agit du fait qu'on devine le thème général trop facilement (environ au troisième ou quatrième paragraphe, quand on commence à trouver les fresques dans la pièce inondée, j'ai pensé "Dagon"), que le Mythe ne me fait plus vraiment d'effet ou que l'on soit balloté au fil des évènements sans avoir vraiment de rôle actif, mais au final j'ai passé un moment agréable, mais sans beaucoup de passion.

Même si j'ai lu un certain nombre de nouvelles de Lovecraft dans le temps, je suis loin d'être un expert concernant le "Mythe" qu'on a bâti à partir de son oeuvre. Cela explique le manque d'audace et d'originalité du scénario en lui-même. Un lecteur qui sait déjà à quoi s'en tenir concernant Dagon et les "Profonds" sera très peu surpris par tout ce qui se passe dans l'histoire, ce qui explique sans doute le manque de passion que tu as éprouvé.


Merci pour tes commentaires !
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