Robert Jordan
#3
Comme je suis une sacrée feignasse, je vais me contenter de copier-coller l'opinion que j'avais donnée sur le Coin des Lecteurs (quelques mois avant le décès de RJ) :

*****

J'ai découvert Robert Jordan à une époque où j'étais en manque d'héroïc-fantasy et je me suis jeté dedans avec plaisir. Pendant les premiers tomes, je trouvais ses personnages sympathiques, ses histoires distrayantes et son humour amusant. Par la suite, mon enthousiasme initial s'étant calmé, j'ai commencé à relever certains défauts récurrents, mais j'étais lancé et je continuais la série sans me lasser.

Et puis un jour, je me suis réveillé.

C'est arrivé après que j'ai fini "Winter's Heart" (le neuvième livre, en VO). Lorsque je finis un roman, il me faut toujours un petit moment pour le "digérer" et en faire en quelque sorte le bilan. Pendant la lecture de WH, un certain nombre de choses m'avaient contrarié, mais je ne m'y étais pas arrêté sur le coup. Elles rejoignaient d'autres défauts que j'avais remarqué dans les livres précédents, mais que j'avais alors jugé mineurs.
Je me suis repassé le roman intérieurement et tout à coup, ça m'a frappé : au fond, il ne m'avait pas plu du tout. Il était même bourré de défauts, tout comme ses prédécesseurs. Je m'étais lancé dans la série parce que j'avais à l'époque une irrésistible envie de lire de l'héroïc fantasy et que je n'en trouvais guère. J'avais continué par effet d'entraînement, parce que lire les premiers livres m'avaient donné le désir de voir comment l'histoire évoluerait. Une fois que je suis sorti de cette logique et que j'ai commencé à réfléchir à tout ce que j'avais lu jusque-là, j'ai réalisé un certain nombre de choses.

D'abord, j'ai réalisé (il était temps...) que Robert Jordan comptait précisément sur cet effet d'entraînement pour se faire des sous. Cela faisait déjà un sacré moment que l'histoire avançait à la vitesse d'un escargot cacochyme. Les livres faisaient 800 pages, mais il s'y passait objectivement très peu de choses. Dans certains cas, des pans entiers de l'histoire étaient complètement laissés en plan pendant un livre entier , sinon plus. Bref, Jordan diluait (et dilue toujours, je n'en doute pas) l'action de sa série pour la faire durer le plus longtemps possible.

Les personnages étaient le deuxième problème. Cela faisait un moment qu'il n'y avait plus aucun d'entre eux qui me plaisait vraiment et même qu'il leur arrivait assez souvent de m'agacer. En réfléchissant à la question, j'ai trouvé la source du problème : ils étaient tous caricaturaux. Tout particulièrement les personnages féminins, qui partageaient presque tous la même personnalité (femme autoritaire, forte en apparence, dénigrant ou moquant systématiquement les hommes, etc). Les relations hommes-femmes étaient simplettes et s'inscrivaient extrêmement souvent dans des rapports de force.

Ce qui nous amène à mon troisième problème : Robert Jordan est complètement obsédé par le BDSM. Vous ne me croyez pas ? Comptez donc le nombre de fois où des rapports de servitude ou de soumission sont établis entre des personnages (l'un d'entre eux au moins étant toujours une femme). Comptez le nombre de fois où RJ évoque, mentionne ou décrit des châtiment corporels (presque toujours infligés à des femmes). Comptez le nombre de fois où un personnage (généralement... mais vous avez saisi) est humilié à dessein. Les rapports entre les personnages sont majoritairement des rapports de force : il y a un dominant et un soumis. Il y a très peu de relations où les personnages se trouvent véritablement égaux.
Je n'ai rien contre le BDSM tant que ça reste consensuel mais, lorsque ce n'est pas le cas et que c'est ainsi généralisé à outrance, ça devient très lassant et très déplaisant.


Une fois que j'ai eu réalisé tout ça, j'ai bien sûr arrêté de lire la série. Je regrette honnêtement de l'avoir commencé et plus encore de ne pas m'être rendu compte plus rapidement de sa véritable qualité. Je me suis laissé entraîner passivement par Jordan et, s'il n'avait pas carrément rempli 95 % de "Winter's Heart" avec du néant dilué, j'aurais peut-être encore acheté le suivant avant de finalement me rendre compte qu'il était plus que temps d'arrêter les frais. Robert Jordan n'est pas honnête avec ses lecteurs : cela fait un bon moment qu'il n'essaie plus d'écrire le mieux possible, mais le plus longtemps possible. Il est plus facile de continuer à vendre une série bien entamée que d'en commencer une nouvelle et il en a bien conscience. Par ailleurs, je pense qu'il a un sérieux problème avec le sexe féminin, mais je ne suis pas psychologue.

Il y a un côté positif à tout ça : je pense que mon égarement prolongé m'a fait gagner en clairvoyance.
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Messages dans ce sujet
Robert Jordan - par H.d.V - 18/06/2008, 15:44
RE: Jordan - par Salla - 18/06/2008, 16:40
RE: Robert Jordan - par Outremer - 19/06/2008, 01:45
RE: Robert Jordan - par VIK - 19/06/2008, 08:04
RE: Robert Jordan - par Salla - 19/06/2008, 08:49
RE: Robert Jordan - par Jehan - 19/06/2008, 10:30
RE: Robert Jordan - par Outremer - 19/06/2008, 17:29
RE: Robert Jordan - par Meneldur - 19/06/2008, 13:30
RE: Robert Jordan - par Jehan - 19/06/2008, 13:51
RE: Robert Jordan - par Meneldur - 19/06/2008, 14:18
RE: Robert Jordan - par Jehan - 19/06/2008, 19:37
RE: Robert Jordan - par Meneldur - 22/06/2008, 21:57
RE: Robert Jordan - par Jehan - 24/06/2008, 12:23
RE: Robert Jordan - par Plume.pipo - 24/06/2008, 16:08



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