[m-yaz 2020] Un jour sans fondement (Loi-Kymar)
#14
J'ai à la fois beaucoup aimé le style et la thématique. Interpréter une personne de notre monde, de notre époque, avec des problématiques banales du quotidien est un postulat rare dans l'univers des LDVELH. Pour qu'une telle aventure soit crédible, cela demande une plume impeccable, des descriptions réalistes, des dialogues naturels et beaucoup de psychologie. Un univers fantasy ou de SF donne beaucoup de libertés à l'auteur et plus de tolérance envers l'invraisemblable par le lecteur. Même un récit simplement historique peut laisser place à de l'à peu près. Mais dans du pur contemporain, en France et avec un personnage guère éloigné de nous, il faut savoir écrire avec talent pour que l'immersion soit réussie. C'est ici le cas, j'ai eu du plaisir à lire cette AVH.
Le scénario aussi est emballant, avec cette atmosphère de plus en plus mystérieuse (inspirée en partie par le confinement?) et cette DRH qui comme tant de gens jongle entre vie de famille et carrière professionnelle en dissimulant sous le paillasson les doutes existentiels liés à ce quotidien morose (banalisation de l'adultère, des échanges conjugaux distraits...). Puis arrivent les concepts philosophiques, puissants et évocateurs : Les "Péchés" seraient essentiels à la survie de l'espèce humaine. Ne glisse-t-on pas déjà vers un monde nivelé, où les comportements extrêmes sont stigmatisés, et la société de plus en plus édulcorée, jusqu'à l'insupportable? Notre avenir n'est-il pas de se retrouver fixé à un écran animé en buvant son soda 0% alcool tout en fantasmant sur des héroïnes sexuelles virtuelles?
Mais d'un autre côté, le consumérisme triomphant de notre époque n'incite-t-il pas au contraire les sociétés occidentales à gloutonner toujours plus tout en rêvant de produits de luxe plutôt que de sentiments, de sexe toujours plus libéré plutôt que d'amour?
Moi j'ai pensé à tout ça en lisant Un Jour sans fondement, j'ai trouvé ça très fort. Par contre, la fin, les fins m'ont déçu. Elles sont bien trop ouvertes à mon goût. Elles nous laissent en plan, comme si c'était au lecteur de s'imaginer la suite à partir de cette journée très particulière.
A mon premier essai j'ai terminé avec Trois Balles pour l'Enfer. Deuxième lecture : Demain est un autre Jour, qui semble être la fin de loin la plus facilement accessible. C'est un autre regret, que la structure de l'AVH soit peu équilibrée dans le sens où certaines fins exigent un cheminement très strict. Ainsi, même avec la meilleure volonté du monde, je n'arrivais pas à atteindre le prêtre avec 10 en Conscience. Idem pour le prophète ennemi de Lucifer, je n'ai jamais réussi à tomber dessus par la suite.
Enfin, j'ai un peu de mal à comprendre le titre, du moins je ne le trouve pas assez évocateur par rapport au contenu.
Mais il n'en reste pas moins que c'est remarquablement bien écrit et que j'ai hâte de lire d'autres aventure de Loi-Kymar.
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RE: Un jour sans fondement (Loi-Kymar) - par Fitz - 24/06/2020, 15:35



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