[66] L'Anneau des Serpents de Feu
#26
Un titre qui change des "Cité de la Mort ou "Crypte de la Malédiction" mais qui n'est pas tellement révélateur de l'histoire. Bien que cet objet soit essentiel au dénouement, il reste à l'arrière-plan des pérégrinations du héros.

Pour changer de l'ordinaire, nous n'avons pas de but précis au départ, hormis la volonté de sortir de notre relatif dénuement. Enfin si. On tombe d'une manière grotesque (ou parodique si l'on préfère) sur une carte au trésor et on va donc chercher ce butin caché dans les Collines de la Pierre de Lune. Mais rien ne presse. La route du centre-ville de Calice vers les portes de sortie est très longue, parsemée d'emplettes et de rencontres mineures à l'intérêt discutable. Le voyage jusqu'aux collines est à l'avenant, sans rien d'imaginatif. Les souterrains où est caché le trésor ne relèvent pas le niveau.
Cette première partie du LDVELH est très linéaire, truffée de non-choix (fouiller la grotte ou passer votre chemin? parler au commerçant ou quitter la place? prendre le butin du monstre ou le laisser?) et sans aucune scènette vraiment originale par rapport à la production antérieure du sieur Linvingstone. En bref, c'est décevant, ennuyeux. J'avais hâte d'en finir après mes deux premiers échecs.

La seconde partie heureusement relève le niveau. Nous faisons la rencontre d'une coéquipière. La linéarité est brisée par des décisions d'importance qui conduisent à des chemins alternatifs. Il s'avère que ces voies secondaires ne sont que des impasses. Invariablement et de manière grotesque, nous sommes ramenés sur le bon chemin. Mais ça a le mérite d'animer les relectures et de donner l'illusion de l'interactivité.
Le scénario s'étoffe enfin avec la menace bis Zanbar Bone. Que du convenu, du revu et réchauffé mais on a un objectif réel, avec des obstacles connus, des ennemis identifiés et redoutés. De notre côté nous rencontrons une petite flopée d'alliés dont certains sorciers de très fameuse renommée. On revisite des lieux légendaires aux yeux des fans de Défis Fantastiques avant un final assez épique et correctement satisfaisant. A ce propos, même si les illustrations sont d'un style nouveau...déconcertant... j'ai beaucoup aimé celle de la bête à tentacules au-dessus de l'armée de squelettes, cthulhesque et effrayant à souhait.

Rien de génial tout de même dans cette seconde partie. Les innombrables auto-références de l'auteur à ses vieux LDVELH d'il y a trente ans laissent planer le spectre d'un manque d'imagination et, si elles caressent notre fibre nostalgique et font légèrement sourire, elles apportent aussi par leur accumulation un soupçon d'ennui. L'effet aurait été bien plus percutant si on avait eu quelques clins d'oeil au sein d'une histoire originale. Il n'empêche que grâce à cette deuxième partie, l'Anneau des Serpents de Feu passe dans la moyenne haute de Ian Livingstone. Dans sa structure, son scénario au long cours, ses multiples rencontres et voyages à l'avenant, cette aventure fait penser à La Crypte du Sorcier. Mais avec un bien meilleur gameplay.

Une amélioration qui tient un peu compte des erreurs du passé. Quel dommage que l'histoire soit aussi linéaire (en compensation en découle une très longue aventure). Regrettable aussi qu'on ait autant d'objets inutiles à noter comme dans Retour à la Montagne de Feu. Sinon, le jeu aurait été très satisfaisant.
La difficulté est devenue raisonnable. Il m'a fallu 4 essais pour parvenir au 400 ce qui, pour un aussi long DF et Livingstonien de surcroît, semble presque facile. Et ma victoire fut obtenue avec les scores initiaux suivants : H8 E 16 C8. Quant aux morts, rien d'injuste ou terrifiant : un PFA pour mauvais choix, un test de chance raté, un objet obligatoire manquant au combat final. On est bien loin de l'époque aux combats obligatoires infaisables sans 12 en Habileté! Des PFA pourtant, il y en a plein, dont des droite/gauche mortels. Mais des indices au préalable permettent de les éviter, tout comme le bon sens lors de décisions judicieuses à prendre.
Enorme progrès de l'auteur, on peut passer à côté d'objets utiles sans que ce soit rédhibitoire mais juste pénalisant. En tout, je crois que seuls trois objets sont indispensables, dont deux très faciles à trouver.
Enfin, concernant la létalité en berne des combats, le phénomène est dû à un changement de philosophie dans les règles.
Déjà, dans son opus précédents Le Sang des Zombies, Livingstone avait beaucoup innové. Là, les règles restent classiques mais les statistiques augmentent tout au long de l'aventure, proportionnellement à la dangerosité des adversaires. Donc en faisant les bons choix, on peut trouver une foule d'armes, armures et objets magiques permettant d'élever significativement ses niveaux d'Habileté et de Chance. Il faut oublier la règle du dépassement interdit du total initial qui est ici selon toute vraisemblance une erreur. Comment expliquer sinon ces possibilités de gagner plus d'Habileté que l'on en perd grâce à de l'armement judicieusement disposé pour nous permettre de vaincre des adversaires toujours plus puissants? Mais surtout, la régénération de l'Endurance connaît une véritable révolution. Hormis la sempiternelle potion de vigueur, il n'existe plus de repas +4E ou d'autres moyens de regagner beaucoup d'énergie d'un seul coup. Par contre, on regagne ponctuellement 1 ou 2 points quand on se repose, qu'on grignote quelque chose lorsque le texte nous l'indique. C'est plus réaliste mais ça me conforte aussi dans l'idée qu'on pourrait très bien dépasser son total initial sans que ce soit exagéré ni cheaté à ce rythme.

Bilan : la première moitié m'a fait craindre le pire, la seconde rattrape le coup. La jouabilité est assez bonne. Reste un livre-jeu trop linéaire à mon goût, guère original et sans surprise. Retrouver la saveur des vieux DF d'antan dans un nouvel opus assez riche en terme de durée de vie, avec d'assez longues sections, est un petit plus indéniable. Mais pour finir sur une mauvaise note, force est d'admettre que le style de Livingstone est vraiment pauvre, même très inférieur à la moyenne des autres LDVELH. Si ce n'est pas grave quand on a dix ans, ça en rend la lecture presque pénible quand on prend de l'âge.
Répondre


Messages dans ce sujet
[66] L'Anneau des Serpents de Feu - par H.d.V - 03/08/2017, 21:54
RE: [66] L'Anneau des Serpents de Feu - par Fitz - 23/05/2018, 19:34
RE: [66] L'Anneau des Serpents de Feu - par Jin - 03/03/2020, 17:13



Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)