Soixante-dix minutes de la vie d'une mercenaire
#6
Ecriture:
Il n'y a pas de grandes envolées mais sans s'attarder ni exagérer, Outremer pose des mots suffisamment justes pour transmettre l'essentiel avec fluidité, naturel, nuances et profondeur. L'univers manque toujours de profondeur à mon goût, il est trop esquissé dans tous les sens sans que les conséquences soient bien explorées (tout au moins explicitées). Mais c'est un cadre fort intéressant, loin d'avoir épuisé son potentiel. La trame en soi est classique, mais le §1 immerge rapidement dans l'action, et avec le §24, cela prend tout de suite une tournure intéressante.
Il est agréable de ne pas trouver de pfa injuste dans cette aventure, même s'il y a des réminiscences des ldvelh des années 80 avec des "Vous ne pouviez pas le savoir, mais ...". ^ ^ Ce genre d'astuce instaure un certain émerveillement.

Règles:
Des règles efficaces, simples, souples, compréhensibles, avec une bonne courbe gaussienne du hasard (3d6) évitant trop d'erratisme. Combinées avec des tables de hasard, elles permettent des combats contextualisés et intéressants. Les points de ressources intérieures permettent de lisser l'aléatoire tout en offrant un peu de de réflexion stratégique.

Technique:
Une véritable démonstration de métier. L'interactivité immédiate est bonne, et fait un peu penser au jdr, en sollicitant souvent le joueur-lecteur et à plusieurs niveaux (en tant qu'incarnation du personnage, en tant qu'exécutant des règles...). On a parfois des petits choix à faire au sein d'un même paragraphe, ou bien les conséquences de l'échec ou du succès sont toutes deux affichées, ou bien de nouvelles règles. Cela donne des paragraphes assez longs et remplis, et une lecture fluide. De plus, les tables aléatoires assurent une diversité immédiate.
Les choix, souvent binaires, laissent imaginer une base plus grande qu'elle ne l'est. De même, la linéarité octroie une bonne durée.
Ces qualités ne sont pas suivies au niveau de la structure plus générale, qui demeure classique et linéaire. L'arbre décisionnel se présente principalement sous forme de dilemmes dont les conséquences convergent immédiatement. Pas de code, peu d'effets au long-terme. Une bifurcation s'ouvre et se ferme, on rince, on répète. Les convergences sont toutefois bien réussies, tout est raccroc, ce qui démontre une savante économie des paragraphes.

Si une première lecture est parfaitement jouissible, la structure de cette AVH se retourne contre elle ensuite. Une deuxième lecture fait ressortir l'aspect lisse et peu signifiants des choix, mais répond aux quelques inconnues qui étaient réstées en suspens.
Au delà, l'illusion s'effondre, la rejouabilité est nulle.

En tant que lecteur vétéran de ldvelh, je suis trop exigent pour m'en satisfaire, et je préfèrerais plus de profondeur de travail. En tant qu'écrivain, par contre, je trouve cela prodigieux. C'est une formule pertinente, cohérente, intéressante, et qui m'inspire une reflexion sur les fast-AVH.


Détails:
§24: pas la fille la PLUS vernie sur cette Terre.
§31: Deux d'entre eux vont la conduiront
§28: lorsque VOUS signalez votre
§11: il est presque malaisée
§33: paraisseusement. bateau.
AVH: Les noyés,  La chute.

Jeu: Conflux
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RE: Soixante-dix minutes de la vie d'une mercenaire - par Zyx - 09/06/2013, 03:48



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