[05] Le Château des Âmes Damnées
#1
Je ne suis pas un admirateur de la série Dragon d'Or, qui m'a toujours semblé être trop basique, trop simpliste, une sorte de Défis Fantastiques du pauvre. Il y a toutefois dans Le Château des Âmes Damnées, cinquième et avant-dernier volume de la série, une saveur étrange, discordante, qui me le fait particulièrement apprécier, quoique ses défauts n'en paraissent hélas que plus évidents.

Vous y incarnez un aventurier standard, de passage dans la bonne bourgade de Lynton. Repéré par le bon bourgeois Jasper Faze, celui-ci vous explique quel va être votre job : aller délivrer le père de Jasper, Luther Faze, qui a cru malin de passer un pacte avec l'archidémon Capon et qui est désormais enfermé dans le château du démon. Personnellement, j'aurais eu tendance à dire « bien fait pour lui, fricoter avec un démon c'était pas très malin », mais bon, puisque vous êtes un héros et que vous vous ennuyez, vous acceptez. Il va falloir réunir six objets pour vaincre Capon : une boule de cristal, une fleur de belladone, les cendres d'un saint, des cheveux de nonne, un morceau d'armure de chevalier, et une larme d'Elvira Faze, la fille de Luther.

Michel Polnareff a écrit :Dans le château de Faze,
Le plus grand bal de Lynton...
- Le bal des Faze*

La première partie de la quête se passe dans les rues de Lynton et un festival de Gitans, où il va falloir commencer à chercher les objets requis. La larme est évidemment l'objet le plus aisé à découvrir, puisque Jasper vous la fournit (dommage qu'on ne puisse voir la demoiselle, par ailleurs), mais il vous faudra un peu plus d'efforts pour découvrir la belladonne, la boule de cristal et le bout d'armure, qui restent néanmoins simples à se procurer, avec quelques scènes intéressantes à la clé (la tente de la voyante, en particulier), quoique trop brèves, comme souvent dans Dragon d'Or. Après quoi, vous vous mettez en route pour le château de Capon.

Le voyage est émaillé d'événements divers, qui vous permettront de mettre la main sur les derniers objets. Là encore, ces événements sont des scènes sympathiques, mais toujours trop courtes. Je retiendrai néanmoins le personnage du capitaine, très dérangeant par rapport aux personnages secondaires habituels, une autre jolie fille trop peu détaillée (c'est la troisième, quand même. Soit je suis obsédé, soit Morris et Newnham ont un problème avec les femmes. Ou les deux.), un lion parlant, ou des tribus gobelines qui ne font que mentir ou dire la vérité (honnêtement, qui peut encore trouver ça crédible ?).

Enfin, troisième et dernière partie : le château. Comme dans les autres Dragon d'Or, inutile d'en dresser un plan : l'architecture reste simpliste, mais il faut reconnaître que ça évite de sérieuses prises de tête. Comme le reste de l'aventure, il se résume à une suite de petites scénettes frustrantes par leur brièveté, par exemple la rencontre avec la jolie sorcière (quoi, obsédé ?), quoique l'intérieur du repaire de Capon possède une ambiance plus mystique et étrange, notamment du fait des nombreux avatars du propriétaire des lieux qu'on peut croiser. S'ensuit un final classique quelque peu décevant : on vainc Capon, les âmes prisonnières s'enfuient, on rentre à Lynton où on est couvert d'or. Fin. (J'aurais bien aimé gagner la main d'Elvira, personnellement - mais quoi, obsédé ?)

Au final, ce livre laisse une seule impression : dramatiquement court. De bonnes idées cohabitent avec des clichés éculés (en particulier la fin) et des éléments peu crédibles, dont la rencontre avec Jasper Faze, dans l'introduction, est sans doute le plus représentateur**, mais tous partagent un point commun : leur concision. Le livre ne fait que 309 paragraphes pour 160 pages, mais aurait gagné à être substantiellement allongé d'une bonne centaine de pages. Toutefois, je ne voudrais pas qu'on croie que je n'aime pas Le Château des Âmes Damnées : comme je l'ai dit plus haut, il fait parfois preuve d'une belle imagination et d'une ambiance très personnelle, rehaussée par les illustrations de Leo Hartas : la perspective y est maltraitée, les angles de vue choisis sont des plus étranges, les formes sont tordues, biaisées, tronquées. Dérangeantes et fascinantes à la fois, un peu comme celles de John Blanche pour Sorcellerie!.

Ce livre, s'il n'est sans doute pas le meilleur de la série (je lui préfère L'Œil du Dragon, bien qu'il soit plus conventionnel), n'est clairement pas non plus le plus mauvais. À mon avis, il vaut définitivement le coup d'œil pour ses trésors d'inventivité, hélas mal mis en valeur.

* Désolé, il fallait que je la fasse.

** Vous êtes à la fenêtre de l'auberge où vous logez, lorsque ledit Jasper passe sous vos fenêtres et s'écrie à voix haute : « N'y a-t-il donc pas d'aventurier dans cette ville ? » Dès que vous entendez ça, vous bondissez et rejoignez Jasper. Moins crédible que ça, tu meurs. Ou tu t'appelles Ian Livingstone, peut-être.
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#2
Merci pour tes critiques, je pourrais en lire toute une journée! ça fait du bien d'en lire d'autres que les miennes, dommage qu'elles soient trop rares. De mon côté, j'ai arrêté d'en faire.
Globalement, je suis assez d'accord avec toi. Par contre, j'apprécie beaucoup cette série (hormis les règles de combat que je trouve absurde) pour ses excellentes ambiance (celle du Tombeau du Vampire est excellente je trouve) Comme tu dis, dans ce livre, il y a des passages assez étranges et discordants. J'ai beaucoup apprécié celui où on trouve un masque dans la neige à l'intérieur du château. Enfin, je crois avoir déjà fait une critique sur ce bouquin sur le site de jeveutout.

Allez dudur, poste encore, poste!!Mrgreen
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#3
C'est mon Dragon d'or préféré, à cause de cette ambiance ésotérique, de l'ambivalence de nombreux personnages secondaires et de nombreuses scènes très originales.

A noter la mort atroce que l'on peut connaître face à la horde de créatures (je ne me rappelle plus du nom) si l'on ne possède pas l'anneau de lumière (Jayce conquérant, le monde t'attend...).
Un passage qui m'avait bien impressionné, comme le prix de la poudre de Perlinpinpin, l'habileté du gardien du pont et les patronymes des brigands qui attaquent le convoi Smile

Quant aux règles de Dragon d'or, ce sont en effet les plus simples des LDVELH Folio Junior. Une série à mettre entre les mains des plus jeunes pour leur apprendre à aimer les LDVELH.
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#4
Meneldur a écrit :(J'aurais bien aimé gagner la main d'Elvira, personnellement - mais quoi, obsédé ?)

Moi je me contenterais de celle de Gayla............................

Twisted
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#5
Me rappelleplus du nom non plus de ces creature mais effectivement, ayant joué a ce boukin hier soir, j'ai pu m en rendre compte ... (car je n avais pas l'anneau de lumière bien sûr...) RIP
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#6
Tu vois, tout le monde se fait avoir avec eux Wink
(les gibbons? un truc comme ça)
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#7
J'ai retrouvé le nom: les Glabrons. (saloperie!)
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#8
Moi, le passage que je préfère c'est le combat avec les Chonchons… pûûûtain tu te bats contre des têtes géantes qui volent en battant des oreilles… dément…
( oui, je sais qu'ils figurent dans le JdR RuneQuest, cette sinistre bouse, mais là ils sont bien mieux. Et tant qu'on y est dans l'érudition inutile, ils sont issus du folklore chilien ou argentin… enfin ces coins-là )
Et la malédiction que le troisième nous jette si on tue les deux autres… " Vermine ! siffle-t-il. Je vengerai mes compagnons massacrés."
Et celui qu'on écrase dans la boue pour lui prendre le bracelet de foudre qu'il utlise comme boucle d'oreille (qui c'est qui la lui a mise, au fait ?) … bon, l'utilisation même du bracelet est ridicule ( je l'aime bien, Capon, il laisse une épée magique à la disposition du premier venu ) mais qu'importe.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#9
Je n'ai pas réussi à les rencontrer en deux tentatives...

Il faudra que je le refasse. L'illustration est d'ailleurs terrible...
Au petit matin, le dernier des deux fois nés était deux fois mort...
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#10
Si tu ne l'as pas rencontré, c'est probablement que tu as pris la bonne décision, car on ne peut les voir que si on a fait une ânerie : utiliser le mauvais objet lorsque les maléfices du château nous font nous égarer. Cela nous fait perdre un artéfact utile lors de l'affrontement final, et le fait que l'on puisse récupérer une épée magique en passant par là est juste un moyen de compenser un combat final nettement plus compliqué.
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#11
D'accord. Ça n'empêche pas le test de PSI fatal de toute façon...
Au petit matin, le dernier des deux fois nés était deux fois mort...
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#12
(17/08/2010, 01:12)Skarn a écrit : on ne peut les voir que si on a fait une ânerie
Mais que ne ferait-on pas pour écraser dans la boue une tête géante qui bat des oreilles…

" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#13
Une anecdote marrante : « Jasper Faze » était le nom du personnage d'Oliver Johnson pour le jeu de rôle Tekumel (cf. le blog de Dave Morris).
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#14
à noter que la traduction améliore nettement le texte. Le plus flagrant c'est le boss, qui en VO s'apelle Slank. Je veux bien avoir peur d'un démon nommé Capon en faisant un petit effort, mais qui peut avoir peur d'un démon appelé Slank ?
Sinon, Gayla s'appelle Gayl en VO ( Gayl, je vous jure… pourquoi pas Gay tout de suite Mrgreen ) [ incidemment l'omission de l'illustration la représentant est miséricordieuse EDIT et le 'gay' n'est pas gratuit, elle a vraiment l'air d'un travelo ], le Chonchon qui nous maudit se contentait de citer Poe sans qu'on comprenne bien pourquoi ( nemo me impune lacessit ) et les noms si pittoresques des bandits sont également mieux dans la VF.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#15
À le refaire, je n'ai plus aussi bonne opinion de lui
Pourquoi Capon s'installe-t-il sur Terre alors qu'il n'a visiblement aucune envie de la conquérir ? Et son château… pourquoi y laisse-t-il traîner des objets qui peuvent lui nuire, au mieux vaguement défendus ? Le plus beau, c'est qu'il réussit à se faire éborgner par le type dontil avait acheté l'âme, lequel type se réfugie ensuite dans la bibliothèque dudit château…

Bref, Capon est un nul et il fait tout pour se faire tuer.
L'ambiance intéressante, les excellents passages qu'on trouve ici ou là ( Gayla, le capitaine, Grull, (j'insiste) les Chonchons… ) ne sont que les épices qui s'évertuent à cacher le mauvais goût de faisandé…
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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