La mine perdue de Phandelver
#61
Ça dépend... Est-ce qu'Anarondo ressemble à une silhouette ?
Mr. Shadow

Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi
Répondre
#62
C’était bien lui. Il avait dû se préparer et partir au milieu de la nuit, d’où son petit retard. Après avoir présenté Pierre à Fargrim et vice versa, nous avons fait à notre compagnon le résumé de nos investigations à Thundertree. Le dragon l’inquiétait : il redoutait qu’il ne pose un danger, à terme, pour Neverwinter. C’est pas faux. Il faudra prévenir les autorités compétentes à l’occasion.

Malgré sa préoccupation, il semblait avoir retrouvé sa gouaille et ses mots interminables ; cela faisait plaisir de le voir en forme. Je lui ai montré l’emplacement du château sur la carte, puis nous nous sommes mis en route. Les arbres se resserraient de plus en plus au fur et à mesure de notre progression. La canopée était particulièrement haute à cet endroit de la forêt, dissimulant le soleil et plongeant l’environnement dans une semi-obscurité… Finalement, au bout de quelques heures d’une marche silencieuse, nous arrivâmes devant les sept tours…


Questions primordiales


Nous étions au pied du château. Le temps ne l’avait pas épargné. Une partie s’était effondrée, toutefois quelques pans étaient restés en bon état — ou bien avaient été rénovés. C’était le moment d’aborder le sujet crucial, aussi, me tournant vers Anarondo… :

« Au fait, t’as fait quoi de Pendouillette ?
— Elle est toujours attachée derrière l’auberge, elle a pas bougé.
— Quoi ? Mais qui va la nourrir ?
— Ben ça broute, non ? »

Nous étions au sud-est du château, près d’une porte d’entrée secondaire, dans le mur sud, la porte principale étant côté ouest. Je m’approchai discrètement, utilisant la maigre végétation pour me dissimuler au mieux. Pas une grande réussite puisque la piqûre de quelques ronces me fit me lever d’un bond en criant : « Aïe ! » Heureusement, personne ne semblait m’avoir vu. J’entrepris alors d’escalader le mur afin de passer un œil par une meurtrière. La lueur rougeoyante d’un âtre probable et un coin de table furent tout ce qui s’offrit à mon regard, mais mes autres sens enregistrèrent des bruits de créatures en train de s’affairer ainsi que l’odeur caractéristique des gobelins…

Descendant de mon perchoir, et après un rapide topo à mes camarades, je me dirigeai vers la porte de service pour y coller mon oreille. Cette fois, je n’entendis que le silence. Crocheter la serrure me prit un peu de temps, mais j’y parvins finalement. Je passai une tête mais ne repérai rien, le couloir étant trop sombre. J’aurais sans doute dû penser à racheter une flasque d’huile pour ma lanterne… Heureusement pour moi, le toit était un gruyère par les trous duquel passait un peu de la lumière du jour. Un peu plus de quinze pieds sous plafond. Des dalles abîmées et irrégulières. Pas âme qui vive.

Je retournai près du groupe pour leur dire que la voie était libre, puis, revenu à l’intérieur, plaquai mon oreille contre le battant d’une porte qui se présentait à notre gauche. Des cris piaillards typiques de gobelins frappèrent mon ouïe : ils se disputaient pour savoir qui allait faire la vaisselle…


Des marrons pour dessert


Après conciliabule, il fut décidé de tomber à bras raccourcis sur les peaux-vertes. J’ouvris la porte à la volée (j’aime bien ce terme), révélant une salle de banquet et huit gobelins, dont un plus gros que les autres et qui semblait être le cuistot. Taïaut ! N’écoutant que mon inconscience, je sautai sur la table au milieu de trois adversaires (il fallait bien que je libère l’entrée pour faire de la place aux copains…). Je sortis prestement Arguy et tranchai la tête d’un des gobs, totalement ébahis, avant de me glisser d’une habile pirouette hors de leur vue sous la table, d’où je continuai le combat en alternant cache-cache et coups en traître, faisant tourner les gobelins en bourrique. Goth s’était précipité pour charger l’un d’eux, mais, glissant sur une flaque de gras, il ne réussit que de justesse à esquiver le coup asséné en réaction par sa cible. Wulfwig, lui, décocha deux flèches, la première transperçant la jambe d’une des créatures, avant de sortir son épée pour se jeter dans un corps à corps contre plusieurs ennemis.

Mais les gobelins avaient décidé de concentrer leurs assauts sur notre noble guerrier, qui se défendait vaillamment. « Copieur ! » criai-je quand je vis le gros cuistot sauter sur la table, avant de tenter d’asséner à Goth un coup de poêle tranchante, qui le manqua. Le guerrier se vengea sur deux des marmitons qui le harcelaient, les repoussant d’un seul coup d’épaule et éjectant le malchanceux qui se trouvait derrière droit dans le braséro qui brûlait dans un coin de la pièce.

La panique commençait à gagner les gobs. Les deux qui étaient sur Wulf tournèrent les talons pour s’enfuir, et je sautai aussitôt de la table pour tâcher de leur couper la retraite. J’en dessoudai un dans l’opération. Pendant ce temps, Fargrim, qui était resté coincé derrière la porte en raison de l’encombrement de la salle, parvint enfin à s’extirper de l’encadrure et, brandissant son marteau, l’abattit sur la jambe du cuistot, la cassant net. Hurlant « Maudit nain ! » le gros gobelin réussit à lui porter un coup avant de tenter désespérément, à son tour, de s’enfuir, mais Goth, qui s’était précipité pour essayer d’endiguer le flot de fuyards, intercepta le boiteux et l’acheva d’un coup de hache.

« Le chef est mort ! » hurla une voix nasillarde, accélérant la débandade. Une flèche de Wulf atteignit un gobelin en plein cœur, tandis que son épée fauchait d’extrême justesse le malheureux qui s’était fait roussir les fesses et cherchait comme ses camarades à déguerpir. Ces sur ces entrefaites qu’Anarondo rentra, bon dernier, dans la pièce, pour participer à l’hallali. Son rayon de givre fut cependant absorbé par l’armure de cuir d’un des fuyards. Je sortis alors mon arc, et ma flèche alla se planter dans le cou d’un autre.

Malheureusement, l’une des peaux-vertes s’était enfuie dès le début de la bataille. Je fonçai à sa poursuite pour l’empêcher de donner l’alarme… mais tombai dans une embuscade au moment de pénétrer dans la salle attenante ! Le fourbe disposait de renforts… Par chance, j’ai été danseur. J’esquivai deux premières flèches par de subtils déhanchés à droite et à gauche, avant de me dissimuler promptement parmi les gravats qui jonchaient la salle, échappant ainsi à deux autres traits des archers adverses. Fargrim, s’étant précipité pour me prêter main forte, cassa le bras du premier gobelin, celui-là même qui avait réussi à fuir, puis ce fut à Goth, Wulfwig et Pierre de nous rejoindre, le premier agglomérant les créatures autour de lui, le second rattrapant un autre fuyard avant de lui trancher le dos d’un coup d’épée et le troisième achevant d’un rayon de givre l’adversaire de Fargrim en lui gelant le visage.

La fin du combat fut âpre ; ces gobs-ci étaient équipés de boucliers, parant projectiles physiques comme magiques. L’un d’eux me fit une belle estafilade, et Fargrim prit aussi un coup, sans toutefois être blessé sérieusement, mais finalement épée, hache et marteau eurent violemment raison de nos ennemis. Grâce à nous, ils n’auront plus à se disputer pour savoir qui fera la vaisselle…


Le cordon et le bleu


Inutile de dire (j’ai jamais compris cette expression, systématiquement suivie de ce qu’elle qualifie d’inutile) que nous avions besoin de souffler après une telle bataille. C’était l’heure de distribuer les potions de soins. J’en bu une d’un trait et me sentis aussitôt beaucoup mieux, fatigue et douleurs disparaissant tout net. Puis j’en sortis une deuxième de mon sac, que je passai à Fargrim, avant d’entreprendre le tour de la pièce : une petite caserne en ruines d’environ vingt-cinq pieds de haut. L’un des murs, côté nord, présentait une porte contre laquelle je collai de nouveau mon oreille, sans toutefois percevoir aucun son. Pierre, de son côté, était retourné dans la salle des banquets pour écouter lui aussi à une autre porte, également située dans le mur nord, mais n’en entendit pas davantage. Je suggérai alors de commencer par ouvrir la porte de la caserne, me disant qu’elle pouvait donner sur un cul-de-sac. J’attendis qui mes camarades se regroupent derrière moi, puis je poussai lentement le battant…

Celui-ci révéla un large couloir doté de plusieurs issues, invalidant ma supposition. J’avançai prudemment, m’approchant de chaque porte pour y écouter de nouveau. Derrière la porte ouest, après un moment de silence, j’entendis des voix gobelines qui discutaient calmement… Pas de bruit en provenance de la porte nord. Je me dirigeai alors vers la porte est, sans remarquer la cordelette tendue devant le seuil… Je fis un bond en arrière, évitant de justesse l’éboulement de gravats déclenché par le piège, mais je ne pouvais rien faire quant au vacarme ainsi causé…

Je retraitai prestement dans la caserne, reculant jusqu’à une petite porte qu’on avait négligé d’ouvrir… ce qu’elle fit à ce moment-là : en jaillit un gobelin qui fit décrire à son fauchon un arc de cercle passant par mon cou, que j’esquivai en me baissant prestement.


Le plus terrible des adversaires*


Pendant ce temps, mes camarades étaient aux prises avec une troupe d’hobgobelins alertés par l’alarme que j’avais aussi piteusement qu’involontairement déclenchée. Je criai à Wulf que je m’occupais des gobelins pour qu’il aille épauler Goth, qui faisait face aux hobs. Les deux saletés qui se trouvaient derrière ma porte avaient adopté une stratégie curieuse qui constituait à ne l’ouvrir que le temps de porter un coup avant de la refermer pour m’empêcher de pénétrer dans la pièce. L’un d’eux réussit à me toucher, mais ils ne purent me retenir bien longtemps, et une fois l’entrée forcée, je plongeai ma lame dans le cœur d’une des créatures… L’autre, toutefois, se révéla d’un tout autre calibre. J’eus beau le blesser grièvement, il se battit avec acharnement, mû par l’énergie du désespoir. Sa lame passa plus d’une fois ma défense et il parvient à me blesser, tandis que je peinai à franchir son bouclier… J’en vins finalement à bout en esquivant son attaque avant de placer une violente riposte qui l’acheva. Je pris le temps de boire une nouvelle potion de guérison avant de me ruer dans le couloir où mes compagnons livraient un rude combat.

Les hobgobelins avaient surgi de la porte nord. Chacun d’eux était équipé d’une cotte de mailles, d’un bouclier, d’une épée et d’un arc long. Goth était au corps à corps, et je bénissais en cet instant son armure, qui encaissait aussi bien flèches que coups d’épée. Wulfwig l’épaulait à l’arc, quelques pas derrière lui, tandis que Fargrim, sur son flanc gauche, faisait face à d’autres gobelins — ceux que j’avais entendu discuter plus tôt —, qui adoptaient la même tactique étrange que ceux que je venais d’affronter : ouvrir la porte, taper, fermer la porte…

Une flèche de notre archer atteignit l’hobgobelin aux prises avec Goth droit dans l’œil. La créature s’effondra, et le guerrier en profita pour essayer de porter le combat dans la pièce où se trouvait ses congénères, mais ces derniers, qui s’étaient retranchés derrière la porte suite à la mort de leur camarade, la maintenaient hermétiquement fermée… ne l’ouvrant que pour tenter de porter un coup au guerrier ! Ils doivent s’entraîner dans des placards, je ne vois que ça.

Le fait est que cette tactique n’est pas dénuée d’une certaine efficacité. Ayant pris un coup et n’arrivant pas à forcer le passage, Goth recula pour se préparer à lancer une javeline sur les hobgobelins, imitant en cela Wulfwig et Anarondo, l’un s’apprêtant à tirer flèche et l’autre rayon de givre. La tactique ne fut toutefois guère couronnée de succès, les deux traits comme les deux rayons échouant à toucher leur but, mais une deuxième flèche de l’archer fit finalement jaillir une gerbe de sang en se fichant dans la chair de sa cible…

Les hobgobelins paraissaient particulièrement efficaces pour coordonner leurs attaques, et malgré la défense expérimentée de Goth, l’adversaire finit par trouver le défaut de son armure, parvenant à le blesser. Une flèche ennemie manqua de peu d’en faire autant à Wulfwig, heureusement l’archer hobgobelin était gêné par son congénère qui s’était avancé au devant lui pour faire face au guerrier. Une deuxième flèche n’eut pas davantage de succès.

Échaudé, Goth se rua alors sur son ennemi et le mis à terre d’une violente charge ! Wulfwig en profita aussitôt pour décocher un nouveau trait, qui s’en alla transpercer la gorge du premier hobgobelin… juste avant que Pierre, profitant du champ ainsi dégagé, n’envoie ses projectiles magiques sur le deuxième, le tuant net ! La créature lâcha son arc et s’effondra.

Côté ouest, la menace gobeline était toujours présente. Fargrim n’avait eu qu’à abattre son arme deux fois pour se débarrasser d’un des deux gobs planqués derrière la porte ouest — prenant néanmoins lui-même un coup dans l’opération. Il avait ensuite décidé de se retourner pour épauler Goth… Mal lui en prit car son marteau ne rencontra que le bouclier hobgobelin, tandis que le gobelin imprudemment laissé dans son dos en profita pour jaillir et lui asséner un vicieux coup par derrière, avant d’aussitôt retourner se cacher derrière sa fichue porte. La blessure du nain paraissait critique, aussi, en dépit du fracas des armes autour de lui, Fargrim se résolut à lancer sur lui-même un sort de guérison des blessures… La douleur devait le déconcentrer, toutefois, car c’est à peine si le sang s’arrêta de couler.

Côté nord, un dernier hobgobelin encore debout résistait héroïquement ; il n’avait probablement pas compris que les héros, c’était nous. Si ses coups nous manquaient, les nôtres n’étaient guère plus efficaces. Goth tenta de le renverser mais son adversaire résista à la charge, tandis que son armure et son bouclier arrêtaient nos flèches, à Wulf et moi. Seul Pierre parvint finalement à l’atteindre d’un rayon de givre, sans toutefois réussir à le blesser. Goth, toujours à la lutte, réussit alors enfin à mettre la tenace peau-verte à terre, faisant ainsi d’elle une cible facile pour notre archer. Wulf ne laissa pas passer l’occasion, et une dernière flèche tua net l’opiniâtre hobgobelin.

Pierre s’avanca prestement pour jeter un œil derrière la porte nord pour s’assurer que toute menace avait bien disparu, avant de la refermer. Restait à s’occuper du tout dernier gobelin, toujours planqué à notre gauche derrière sa propre et fichue porte, et qui, pendant que nous étions aux prises avec son plus imposant congénère, continuait de tenter d’asséner des coups en traître à Fargrim, heureusement sans réussir, laissant le temps au prêtre de se soigner une deuxième fois — un peu plus efficacement, cette fois, puisque ses blessures se refermèrent. Comme le lecteur après la précédente phrase, nous étions à bout de souffle, mais il fallait encore nous occuper de cette ultime menace. L’adrénaline me rendait fougueux… J’ouvris la porte d’un violent coup de pied et blessai grièvement notre dernier adversaire, hélas, sans l’achever… Le marteau de Fargrim, qui m’avait suivi et voulait sans doute se venger de l’horripilante créature, manqua complètement sa cible. Les sorts de soin auraient-ils les mêmes effets secondaires que l’alcool ? Quoi qu’il en soit, le damné gob en profita pour se lancer dans un baroud d’honneur (comme si ces créatures savaient ce qu’était l’honneur), et me porta un coup de cimeterre qui mordit douloureusement mes chairs. De nouveau, je me retrouvai blessé… mais enfin — enfin ! — Goth, décidant que la plaisanterie avait duré beaucoup trop longtemps, abattit sa hache sur le gobelin, lui coupant le bras au niveau de l’épaule et faisant jaillir le dernier flot carmin de cette sanglante bataille. Le gob poussa un cri strident, ses yeux devinrent vitreux, et il s’effondra.

* Une porte.


Sa place est dans un musée*


Que fait-on après une si âpre bataille ? On fouille les corps. Malheureusement, les créatures ne possédaient rien d’intéressant sur elles… Ces saletés sont encore plus horripilantes mortes que vivantes. Une exploration en bonne et due forme de la réserve m’apporta heureusement plus de satisfaction, ou un peu moins de frustration, c’est selon, car j’y trouvai… les armes et l’armure de Sildar ! Celles que les gobelins lui avaient piquées lorsqu’ils les avaient attaqué, lui et Gundren, il y a deux semaines. J’avais omis de l’écrire à l’époque, mais on n’avait récupéré que la partie non militaire de son équipement. Ce qui n’enlève rien à ma générosité, je vous vois venir… Et si vous ne voyez pas de quoi je parle, allez relire.

Pendant ce temps, Fargrim se servait de sa capacité magique en sortant son symbole religieux pour nous faire récupérer un peu de santé. Bien que pas encore au sommet de ma forme, mes blessures se refermèrent suite à son action. Décidément, j’aime beaucoup ce nain.

Anarondo, de son côté, décidait d’utiliser le bâton chouravé à Glasstaff pour lancer sur lui-même un sort le recouvrant d’une armure magique. Pratique, et à se demander pourquoi il ne l’avait pas fait avant…

Remis d’aplomb, je retournai près de la porte de droite, piétinant la maudite cordelette traînant devant le seuil au passage, pour y coller mon oreille. Je n’entendis rien, toutefois.

Fargrim aperçut alors une toute petite barrique de conception naine. Je décidai de l’examiner, et l’ouvris. « Ah ! mais c’est de l’eau-de-vie naine », s’exclama le prêtre. « Ça a été fait par un maître de la distillation. » J’en descendis aussitôt une rasade. « C’est de la bonne ! » m’exclamai-je. « Avec ça, je vais être super fort pour détecter les pièges ! »

Fargrim s’empressa curieusement de me reprendre la barrique des mains. J’allai coller mon autre oreille à la porte de gauche, mais n’entendis que tchi. J’ouvris la porte avant que Wulfwig, qui s’était approché, ne puisse écouter lui aussi. Non ! mais il ne me fait pas confiance, ou quoi ? Il n’y avait que quelques armes et quatre paillasses dans la pièce. Je m’allongeai sur une avec un soupir de soulagement béat, malgré l’odeur.

Un bâton un peu stylisé attira mon attention au milieu de l’attirail. Je le pris et constatai qu’il était étonnament léger. Dix pièces d’or à peu près. Goth décida de l’ajouter à son arsenal.

Quittant la salle après cette courte mais bienvenue pause, j’ouvris la porte de droite. Puisque je n’avais rien entendu, c’était forcément sans danger. Derrière, il faisait sombre, aussi je criai à mes compagnons : « Eh ! Passez-moi une torche ! » Ce à quoi Fargrim répondit : « Lumière ! » et mon Arguy se mit à briller de mille feux.

J’étais dans une sorte de chapelle au milieu de laquelle trônait un autel de pierre couvert d’un tissu noir couvert de sang. Des objets ritualistes en or étaient posés dessus. Un calice fait de main humaine d’une valeur de cent-cinquante chèvres, un encensoir et un couteau. Bien sûr, je me dépêchai de les mettre à l’abri dans mon sac. J’ai été conservateur de musée, je tiens à la préservation du patrimoine.

Goth et Wulf étaient rentrés dans la pièce pendant que j’étais occupé par ma conscience professionnelle. Pierre leur emboîtait le pas, et dès qu’il aperçut l’autel, ses yeux s’écarquillèrent de surexcitation. « C’est l’objet de ma vision ! » criait-il à qui voulait l’entendre. Se lançant dans un soliloque grandoliquent, même pour lui, il parlait avec des trémolos dans la voix de refaire un temple à la gloire d’Ogma (le dieu de l’enn… De la connaissance), d’ouvrir une école, et que sais-je encore.

Laissant notre ami à son programme électoral, je réexaminai l’autel en jetant un œil en dessous pour m’assurer qu’il n’y avait plus de patrimoine à préserver. J’y trouvai trois figures grossières d’une couleur vert pâle, dotées d’yeux, d’oreilles et de dents, d’une valeur de zéro chèvre environ.

Je fis un bond en arrière en gueulant pour avertir mes collègues, et dégainai mon arc tandis que les gobelins jaillissaient de leur cachette. Leur chef était vêtu d’un accoutrement de prêtre, et Wulf, rapide comme l’éclair, décochai déjà une flèche qui alla se planter dans son bras. Il poussa un cri aigu. Un de ses congénères n’eut même pas ce loisir car Goth le trancha en deux. Je tirai alors sur le dernier, mais il réussit à esquiver ma flèche. Pas le rayon de givre d’Anarondo, cependant, qui le blessa sévèrement.

La créature, ayant décidé que j’étais la cause de son malheur (z’avaient qu’à se planquer ailleurs, en même temps), m’attaqua mais son coup me manqua. Son chef, lui, avait décidé de s’en prendre à Fargrim, réussissant là où son acolyte venait d’échouer en faisant grimacer de douleur le nain. Ce dernier tenta de riposter en assommant son collègue prêtre avec son marteau, mais ce dernier ne s’effondra pas.

Goth décida alors de se joindre à la fête en frappant un grand coup du plat de sa hache sur la tête du chef des gobs, l’assommant tout en subtilité. Pendant ce temps, le dernier gobelin toujours debout, comme dirait Renaud (un célèbre chanteur hobbit qui a mal vieilli), esquivait tour à tour une flèche de Wulf et une des miennes, avant de se faire de nouveau cueillir par un rayon de givre d’Anarondo, fâché qu’on trouble son exultation fanatique. Il est plus que probable que cet adversaire était immunisé aux projectiles physiques mais non magiques, sinon rien n’explique que nos flèches l’aient toutes raté…

Goth et Wulf tirèrent les rideaux pour faire un peu de lumière, puis le guerrier entreprit d’examiner le sol et d’écouter à l’autre porte de la pièce. L’éclairage révéla des rangées de statues. Un braséro en pierre contenant un monticule de charbon était placé à quelque distance de l’autel, derrière un pilier. Aucune odeur n’en émanait, les charbons n’ayant pas brûlé. Plongeant ma main dedans, mes doigts sentirent un tissu qui recouvrait quelque chose… Je m’empressai de l’extraire et de découvrir l’étoffe cramoisie. À l’intérieur, une lourde statuette en or, humanoïde, représentant un elfe du soleil en route pour rejoindre le fruit de ma mission de sauvegarde culturelle.

Ma conscience professionnelle une fois de plus satisfaite, j’entrepris d’examiner les statues. Deux mètres de haut, formes angéliques… Pierre m’expliqua plus tard que le temple était dédié à plusieurs dieux humains dont je n’ai pas retenu les noms. Tandis que j’étais à ma contemplation, un grick apparu. Qu’est-ce qu’un grick me demanderez-vous ? Très bonne question, intelligent lecteur. Ça ressemble à un serpent qui aurait des machoîres au bout de quatre tentacules, et ça n’a aucune grâce, car voulant nous surprendre en tombant du plafond, il ne réussit qu’à s’écrouler lamentablement sur le sol, nous laissant le temps de nous remettre de sa si peu courtoise irruption. Je rêve qu’un jour, un monstre nous accueille avec du thé et des gâteaux.

Ses tentacules jaillirent vers moi (je n’étais pourtant pas en tenue d’écolière) mais me ratèrent (c’est peut-être pour ça). Wulfwig eut le réflexe de jeter sa torche sur la bête, mais elle ricocha dessus sans lui faire prendre feu. Dommage, l’idée était louable.

Anarondo et Goth, restés du côté de l’autel, arrivèrent pour nous prêter main forte, et le guerrier porta un formidable coup de sa hache à la créature. Malheureusement, son corps caoutchouteux semblait particulièrement bien résister au tranchant de l’acier… Heureusement, c’est pour ce genre de cas qu’on a inventé la magie. Fargrim lança une flamme sacrée qui eut nettement plus de succès que la torche de notre archer. J’en profitai pour dégainer Serre, car même si je la manie moins bien qu’Arguy, le fil magique de sa lame me paraissait tout indiqué contre la bestiole. Profitant d’un moment d’inattention d’icelle, je réussis à lui infliger une blessure. Toutefois, ne voulant pas voler la vedette à mes camarades, je me désengageai sans laisser au monstre l’opportunité de se venger, et allai me dissimuler dans la meilleure cachette qu’offrait la salle, à savoir derrière Fargrim.

Le grick reporta alors son attention sur Wulfwig, mais l’agile archer évita le tentacule. Toutefois la réciproque fut vraie, la bête esquivant le coup d’épée porté en riposte. Anarondo lança un rayon de givre mais la dure peau reptilienne l’amortit. Goth, qui avait été si flamboyant contre les gobelins quelques instants plus tôt, décida de nous éblouir de nouveau et… chargea la créature.

Gné ? Étonnement, il ne réussit pas à renverser le bestiau. Vraiment, c’est curieux… Fargrim tenta d’achever la bête mais sa flamme sacrée, cette fois, l’évita. Forcé de constater que mes camarades ne voulaient pas de la vedette et qu’il fallait encore tout faire soi-même, je bondis vers la bête et la fis passer à trépas d’un magnifique coup de Serre. Ha !

J’entamai une danse de la victoire après ça (je vous ai dit que j’avais été danseur), et demandai à Fargrim de sortir l’alcool parce que c’était une occasion à fêter. « Je suis pas sûr que vous avez la constitution », me répondit-il. « Quoi ? » m’indignai-je. « Passez-moi la barrique ! »

Je bus cul sec. Un verre, pas la barrique ; calmez-vous. À ma surprise, je me sentis aussitôt revigoré, comme si j’avais ingurgité une mini-potion de soins. Je fis part de ma découverte à mes camarades et offris aussitôt ma tournée générale. Seul Wulfwig, le rabat-joie, refusa de boire. Goth retourna ensuite ligoter le gobelin qu’on avait laissé compter les moutons, puis je le cachai sous l’autel. On a encore le temps avant qu’il ne se remette de sa gueule de bois. Ce repos était le bienvenu, mais il est temps que j’arrête d’écrire… Je commence à avoir une crampe au poignet, à force !

* Le mien
Répondre
#63
YES ! Le grand retour des chroniques d'Aurel !

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : « Au fait, t’as fait quoi de Pendouillette ?
— Elle est toujours attachée derrière l’auberge, elle a pas bougé.
— Quoi ? Mais qui va la nourrir ?
— Ben ça broute, non ? »
XD
Oui, je me souviens de cet échange...


(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : « Le chef est mort ! » hurla une voix nasillarde, accélérant la débandade.
En y repensant, c'est quand même du bol que les gobelins, parfois, s'exclament naturellement en langue commune, au lieu de parler leur langue natale.
À moins qu'ils parlaient gobelin et qu'Aurel nous fait la traduction ? Il a été interprète, autrefois.

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : Ces sur ces entrefaites qu’Anaronda rentra, bon dernier, dans la pièce, pour participer à l’hallali.
Anaconda ? Le serpent préféré de Nicki Minaj ?
Ah pardon, j'ai mal lu.

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : Le plus terrible des adversaires*
Cf. le compte-rendu des parties de Pathfinder le jeu de cartes...

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : Ce dernier tenta de riposter en assommant son collègue prêtre avec son marteau, mais ce dernier ne s’effondra pas.
Lol à "collègue". A priori, ils bossent pas pour la même divinité, donc j'aurais plutôt parlé d'un concurrent ou d'un homologue.
En général, je parle de "collègue" pour quelqu'un qui bosse dans la même boîte que moi, pas de quelqu'un qui bosse chez la compétition sous prétexte qu'il a le même type de poste.
Mais bon, je pinaille, on ne va pas relancer les querelles de chapelle...

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : Je rêve qu’un jour, un monstre nous accueille avec du thé et des gâteaux.
C'est noté.

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : Ses tentacules jaillirent vers moi (je n’étais pourtant pas en tenue d’écolière) mais me ratèrent (c’est peut-être pour ça).
De toute façon, les tenues d'écolière de Faerun sont beaucoup moins sexy qu'au Japon.
Euh, quand je parle d'écolières sexy, je parle pas littéralement d'écolières de la petite école, hein, je voulais parler de lycéennes, bien sûr.
Enfin, je veux dire... Pas les vraies, mais les...
Oh et puis zut.

(13/08/2022, 15:14)Jehan a écrit : Goth retourna ensuite ligoter le gobelin qu’on avait laissé compter les moutons
Alors, techniquement, il dort déjà, mais j'aime bien la métaphore quand même.


Merci pour tout, et évidemment, on attend impatiemment la suite !
Pas vrai Loy-Kimar ?

(Quand Jehan aura terminé, je referai une compilation dans un fichier un peu mis en forme, que ce soit plus facile à relire que par des posts interposés de commentaires et autres déviations...)
Mr. Shadow

Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi
Répondre
#64
Plus impatiemment que jamais Mrgreen
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
Répondre
#65
(13/08/2022, 17:32)Lyzi Shadow a écrit : Lol à "collègue". A priori, ils bossent pas pour la même divinité, donc j'aurais plutôt parlé d'un concurrent ou d'un homologue.

Oh ! tu sais, pour Aurel, la religion, c’est comme une grande famille. Une grande belle-famille. Celle à qui tu t’efforces de rendre visite le moins souvent possible.

Et puis les dieux, ce sont tous un peu les mêmes. Ils t’interdisent tout ce qui rend joyeux mais t’ordonnent quand même d’aimer ton prochain, sauf s’il ne pense pas comme toi.

(13/08/2022, 17:32)Lyzi Shadow a écrit : Alors, techniquement, il dort déjà, mais j'aime bien la métaphore quand même.

Cesse-t-on de compter quand on s’endort ? Vous avez huit heures.

Tu me répondras qu’il n’avait pas commencé, ce à quoi je rétorquerai en citant un grand philosophe : « Oh ! et puis zut ! »

(13/08/2022, 17:32)Lyzi Shadow a écrit : (Quand Jehan aura terminé, je referai une compilation dans un fichier un peu mis en forme, que ce soit plus facile à relire que par des posts interposés de commentaires et autres déviations...)

Un PDF ? Quand Aurel aura terminé, il fera imprimer son manuscrit sur du vélin, avec une reliure en maroquin et un titre cousu d’or sur la couverture. Sans blague.
Répondre
#66
Je demande pardon au lecteur, car les lignes suivantes seront tracées d’une main alcoo émue, et il se peut que la bois l’euphorie me fasse oublier par endroits une certaine lucidité pourtant irréprochable en des circonstances habituelles. Hic.

Goth était allé écouter à la porte dans le mur est pendant qu’on se reposait. Un bruit de vent se faisait entendre derrière. Une fois tout le monde prêt à repartir, notre guerrier dut forcer la porte, qui était coincée, d’un vigoureux coup d’épaule pour l’ouvrir. Elle révéla un corridor dont le plafond était percé de trous : ce n’était autre que celui par lequel nous étions entrés dans le château quelques heures plus tôt. Nous avions donc fait le tour.

Une nouvelle porte se présentait en face de nous, toujours côté est, tandis qu’un rideau dissimulait l’extrémité nord du couloir, à notre gauche. J’écoutai à la porte et entendis un feu qui crépitait. Suivant ma suggestion d’entrer à la volée pour surprendre les occupants, Goth enfonça ladite porte. Deux hobs nous attendaient, pas surpris du tout : malheureusement, on a tendance à parler un peu trop fort…

Hormis les deux peaux-vertes, il n’y avait dans la pièce qu’un braséro alimenté par des morceaux de meubles cassés, et deux paillasses. Je sautai sur l’une d’elles, en retrait de la pièce, pour avoir un bon champ de tir et décochai une flèche qui alla se ficher en plein cœur d’un hobgobelin tout juste arrivé au contact de Goth. La créature s’effondra, raide morte.

Le guerrier reporta alors son attention sur l’adversaire restant, et… le renversa d’un coup d’épaule. Ça tourne au trouble obsessionnel compulsif, là. Fargrim en profita pour porter un coup à l’hobgobelin mais ne frappa que son armure, qui encaissa le choc. Wulfwig rata sa flèche, et Pierre son rayon. Notre adversaire tenta de profiter de leur maladresse pour se relever et s’enfuir. Il s’exposait ainsi aux coups du noble et du prêtre, mais Goth ne fit que l’égratigner et Fargrim manqua lamentablement son coup. Je commence à croire que je suis entouré de bras cassés.

Je me mis aussitôt à courir après l’hobgobelin qui, sorti de la pièce, s’était planqué derrière le rideau, que j’écartai d’une main tout un assénant un coup d’épée de l’autre… qui ne trouva que le vide. Oups. Heureusement, Goth était sur mes talons et enchaîna avec un coup de hache, qui fut paré par le bouclier de l’adversaire. Fargrim… J’ai de la peine de le présenter sous un aussi mauvais jour, mais je me dois de relater les faits tels qu’ils se sont produits pour que les historiens du futur aient une source fiable. Bref, Fargrim arriva juste après Goth, frappa et… Oui, rata son coup.

Le rideau s’écarta alors intégralement, révélant Wulf qui encochait une flèche qui… manqua sa cible. L’honneur (ou ce qu’il en restait) de notre troupe de branquignoles fut finalement sauvé par Anarondo, profitant d’un champ de vision ainsi dégagé par Wulfwig pour décocher ses projectiles magiques, qui non seulement touchèrent mais achevèrent l’hobgobelin ! Il émit un dernier râle de douleur, et s’écroula.

Je m’empressai de fouiller les corps sans rien trouver d’intéressant. Puis Wulf et moi allâmes écouter à une nouvelle porte au sud de la pièce aux deux hobs (le h est aspiré, bande de polissons). Elle était barrée d’une planche de bois, me faisant penser qu’il s’agissait d’une prison. Était-ce là qu’était retenu Gundren ? L’ouïe de Goth, plus affutée que les nôtres à force de prendre des coups sur le casque, perçut une respiration rauque derrière ladite porte. Je retirai alors délicatement la planche de bois, la posai doucement sur le lit et poussai précautionneusement le battant…

Depuis le temps, je commençais à oublier quelque peu à quoi ressemblait notre employeur, mais je suis à peu près certain qu’il n’était doté ni d’un bec ni de plumes, et qu’il était beaucoup moins gros que l’ours-hibou que l’entrebâillement me laissait voir. Je refermai aussitôt la porte sans me faire remarquer, remis la planche en place et fit signe à mes compagnons de ne pas faire de bruit. Mieux vaut tard que jamais.

Je m’employai à sonder les murs à la recherche d’éventuels passages secrets, sans rien déceler. Je revins alors vers les autres, à qui Goth était en train d’expliquer qu’il avait entendu deux voix, humaine et gobeline, en conversation, derrière une porte à l’extrémité, côté est, d’un corridor qui prolongeait la chambre où nous nous tenions présentement. Avant d’aller plus loin, toutefois, le guerrier préférait explorer la salle qui se trouvait derrière le rideau où s’était joué quelques instants plus tôt le drame en un acte pour cinq acteurs et demi (six au début, cinq à la fin). L’ancienne tour qui se dressait à cet endroit du château était complètement effondrée et ne présentait plus rien de marquant, à l’exception notable d’une brèche dans l’enceinte nord qui donnait sur la forêt. On aurait pu rentrer par là, du coup. Je me demande ce que ça aurait changé…

Il ne restait donc qu’une des sept tours que nous n’avions pas encore explorée, celle où Goth avait surpris une discussion un instant auparavant. Notre guerrier proposa alors le plan suivant : préparer une embuscade et frapper à la porte avec la main magique de Pierre. C’est-à-dire la main qu’il peut invoquer. Pas l’une de ses mains, à lui, qui ne sont pas magiques… Quoique… Enfin, bref, vous avez compris.

Je contre-proposai d’ouvrir discrètement la porte à la place. Il accepta. C’est beau, une équipe. Fargrim nous arrosa au préalable d’eau bénite, Goth, Wulfwig et moi-même, pour que la chance soit de notre côté dans les premiers instants du combat qui risquait de s’ensuivre. J’entrouvris ensuite la porte. Elle donna sur un lieu de vie rudimentaire, fait de fourrures étalées sur le sol, de vieux trophées accrochés au mur, d’une table ronde et d’un braséro dans un coin. Vous m’objecterez qu’une tour circulaire n’a pas de coin, intelligent lecteur, ce à quoi je vous répondrai, fieffé enquiquineur, que celle-ci était traversée par un mur — celui qui encadrait la porte par laquelle je passai en ce moment la tête —, qu’elle ne formait par conséquent qu’un demi-cercle, et qu’un demi-cercle a deux coins. Coin.

Mais ce n’est pas son mobilier ni son architecture qui m’intéressaient présentement (bien que j’ai été architecte (et ébéniste)), mais bien la silhouette immobile d’un nain, non loin du braséro : Gundren, j’en étais certain. En mauvaise compagnie, puisque je repérai, un peu plus à l’écart, un elfe noir, un gobelours — sans doute les voix « humaine et gobeline » entendues plus tôt — et un loup. Malheureusement, celui-ci me repéra également et se redressa. Je fis un signe rapide à mes compagnons, donnai un grand coup de pied dans la porte et me ruai à l’attaque !

L’elfe se remit très vite de la surprise, contrairement au gobelours qui fut cueilli par une flèche de Wulfwig, qui ne fit malheureusement que l’égratigner. Groll, car c’était lui, se prit ensuite une pluie de projectiles magiques d’Anarondo, qui firent mouche mais sans le blesser sérieusement. Costaude, la bête. Pendant ce temps, j’étais monté sur la table, avait empoigné mon arc, visé le roi gobelours et raté ma flèche. J’allai alors me cacher piteusement sous la table. Goth, qui aime bien agir après moi, porta un coup de hache qui manqua d’un ou deux mètres le gobelours. Il y eut comme une microseconde pendant laquelle la scène se figea, et le guerrier, sentant bien que l’audience hésitait à se foutre de sa gueule, eut un sursaut d’orgueil et enchaîna un second coup de hache bien violent qui, cette fois, mordit la chair de Groll, fit jaillir une gerbe de sang de son bras et taire les moqueries avant qu’elles ne fusent.

Fargrim entra sur ces entrefaites et lança deux sorts : un de sanctuaire sur Gundren, pour le protéger des dommages collatéraux de la bataille un cours, un de feu sacré sur Groll, mais ce dernier, doté d’un bouclier, réussit à parer la flamme avec. De mon côté, ma cachette était si parfaite qu’elle masquait même mon odeur, probablement parce que les gobelins ne font jamais le ménage, et le loup reporta donc son attention sur le guerrier, qui, il faut le dire, accaparait un peu l’attention de tous. La bête sauta sur lui mais ne parvint pas à le renverser, et ses crocs ne mordirent que son armure.

L’elfe noir, profitant de la diversion, exécuta un magnifique saut périlleux par-dessus la table, évitant les attaques, attrapa Gundren et se rua vers la porte pour s’enfuir. Mais Wulf, qui était resté dans l’encadrure après son tir initial, pris d’inspiration, se jeta sur lui, le renversant.

Du côté de Goth, le duel était rude. Un violent coup de la morgenstern de Groll l’atteignit. Le sang jaillit, et le guerrier pâlit. Pierre vola à son secours en lançant deux rayons de feu sur le gobelours, mais son bouclier para de nouveau les projectiles magiques. Un troisième, cependant, visait le loup, qui se mit à glapir quand sa fourrure prit feu. De mon côté, toujours sous la table, j’improvisai une chaise comme projectile à destination de Groll pour le distraire, puis fonçai vers l’elfe noir pour épauler Wulfwig. L’adversaire, toujours à terre, ne me vit pas arriver, et un violent coup de taille rencontra son dos exposé. Le coup aurait tué n’importe quel adversaire raisonnable sur-le-champ, et pourtant la lame ne fut même pas rougie du sang de l’elfe noir !! Qu’est-ce que c’était que ce truc ?! Il se releva, me laissant une nouvelle opportunité d’attaquer mais une seconde acrobatie, que je dois reconnaître parfaitement exécutée — et je sais de quoi je parle — lui fit esquiver le coup. Il fila alors hors de la pièce en claquant la porte derrière lui. Je ne comptai toutefois pas le laisser s’en tirer à si bon compte, et je défonçai le battant d’un nouveau coup de pied pour me lancer à sa poursuite. Il n’avait pas fait deux mètres que l’acier d’Arguy le mordait au bras, faisant enfin couler le sang et prouvant que, s’il était dur à cuire, il n’en était pas moins mortel.

Pendant une seconde, il se raidit. Je compris après coup que Fargrim avait lancé sur lui un sort de paralysie. Malheureusement, l’effet dudit sort fut aussitôt contré et l’elfe noir redevint libre de ses mouvements. Ce bref instant suffit cependant à Wulfwig pour décocher une nouvelle flèche qui infligea une deuxième blessure, et, immédiatement après, ce furent trois rayons ardents jaillis de la main d’Anarondo qui dardèrent vers la créature. Deux des trois touchèrent, et ce fut la fin. L’elfe noir s’effondra, une odeur de brûlé flottant dans l’air…

Me retournant, je constatai que Groll et le loup avaient également étaient envoyés ad patres par mes compagnons. Une flèche de Wulf, aidé par la bénédiction de Fargrim et profitant de l’inattention du gobelours distrait par la chaise que j’avais lancée, s’était plantée dans le gras du ventre du roi Groll, toujours aux prises avec Goth et Fargrim, le premier parant ou esquivant tous les coups, le second ne parvenant pas à toucher. La encore, ce furent les projectiles magiques d’Anarondo, décidément en très grande forme, qui achevèrent l’adversaire, et Goth, libéré de la menace, en profita pour achever le loup d’un coup de hache qui lui trancha une partie du cou.

Mon attention se reporta vers l’elfe noir. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis ses vêtements commencer à disparaître, comme absorbés par sa peau !… Un être grand et fin, gris de peau, se retrouva bientôt étendu mort à mes pieds. Un doppelgänger !

Je restai quelques secondes interdit devant le cadavre. Sa vue me rappelait quelque chose d’important, sans que je parvienne à mettre immédiatement le doigt dessus. Puis la lumière se fit sous ma caboche, et je poussai une exclamation ! L’Aurel que mes anciens compagnons avaient cru voir, cette fameuse nuit ! Nom de Dieu ! c’est ce fumier qui avait pris mon apparence !!

Je me mis aussitôt à bourrer son cadavre de coups de pied. Fargrim fut fort surpris :

« Mais qu’est-ce qui vous prend ?!
— Vengeance personnelle ! »

Goth s’en alla chercher Gundren pendant que, après avoir assouvi mon besoin de représailles post-mortem, je me mettais à fouiller les corps. Hormis les armes, toutefois, rien de très intéressant. Fargrim, s’étant approché de Gundren, prononça un mot de guérison. Son confrère nain ouvrit les yeux. Il reconnut Fargrim : je l’ignorais jusque là, mais le prêtre et le prospecteur appartenaient au même clan. Ils ne s’étaient pas vus depuis des dizaines d’années.

Sa préoccupation première fut de s’enquérir de ce qu’il était advenu de Sildar. Nous le rassurâmes aussitôt. Puis il fut frappé d’une illumination et s’exclama : « Ma carte ! Il faut retrouver ma carte ! »

Tout le monde se mit à fouiller la pièce. Nous n’eûmes pas longtemps à chercher : sous un lit se trouvait un sac en cuir, et dans le sac, la fameuse carte, objet de tant de convoitises. Accessoirement, quelques centaines de pièces d’argent et d’électrum se trouvaient là aussi. Je les comptai pour les répartir plus tard. Il y avait aussi trois potions de guérison. J’en pris une et distribuai les deux autres.

L’heure du bilan était venue : notre mission, après tout, était accomplie, mais de nouvelles perspectives s’offraient à notre groupe… Cependant, celui-ci devra désormais compter sans Anarondo, l’elfe nous ayant, en effet, fait part de son intention de rester au château pour restaurer le temple et monter son école, ce qui m’attriste beaucoup car je me suis attaché à lui et à ses circonvolutions interminables ; heureusement que je suis infiniment plus concis dans mes récits en évitant les phrases à rallonge pour le plaisir de m’écouter parler — ou de me lire écrire (ça se dit, ça ?) dans ce cas particulier.

Pour célébrer notre succès, la délivrance de Gundren, la récupération de la carte et la future carrière de tortionnaire d’étudiants de Pierre, Goth proposa de trinquer. Cette fois-ci, tout le monde plongea sa timbale dans la barrique ! Je crois que le guerrier est encore un peu saoul, d’ailleurs. C’est rilog rigl rigolo, ces gens qui ne tiennent pas l’alcool.
Répondre
#67
Hourra ! Maëstro ! Bis, biiiis !
*clap* *clap* *clap*

Comme toujours, quelques pinaillages de MJ :

(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Hormis les deux peaux-vertes
Les hobgobelins de D&D, bien que des gobelinidés, ne sont pas spécialement verts.
Je crois que l'expression "peaux-vertes" ("greenskins") vient de l'univers de Warhammer.


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Wulfwig rata sa flèche, et Pierre son rayon. Notre adversaire tenta de profiter de leur maladresse pour se relever et s’enfuir. Il s’exposait ainsi aux coups du noble et du prêtre, mais Goth ne fit que l’égratigner et Fargrim manqua lamentablement son coup. Je commence à croire que je suis entouré de bras cassés.

Je me mis aussitôt à courir après l’hobgobelin qui, sorti de la pièce, s’était planqué derrière le rideau, que j’écartai d’une main tout un assénant un coup d’épée de l’autre… qui ne trouva que le vide. Oups. Heureusement, Goth était sur mes talons et enchaîna avec un coup de hache, qui fut paré par le bouclier de l’adversaire. Fargrim… J’ai de la peine de le présenter sous un aussi mauvais jour, mais je me dois de relater les faits tels qu’ils se sont produits pour que les historiens du futur aient une source fiable. Bref, Fargrim arriva juste après Goth, frappa et… Oui, rata son coup.
Objection ! Les Héros ne ratent jamais !
Ce sont leurs adversaires qui parent ou esquivent un coup qui aurait, autrement, fait mouche. Nuance !
(Sans rire, pour rater un coup sur une cible de taille humaine qui ne bouge pas, il faut faire moins de 5 sur son jet d'attaque. Étant donné que même les persos niveau 1 ont +2 à l'attaque avec leur arme de prédilection, et un 16 dans la Caractéristique qui leur permet d'attaquer - donc un bonus de +3 -, c'est littéralement impossible, même en faisant un 1 naturel. La seule possibilité, ce serait d'attaquer avec une arme avec laquelle on n'est pas habitué, ou de subir un affaiblissement de ses Caractéristiques.)

(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : ... ses projectiles magiques, qui non seulement touchèrent mais achevèrent l’hobgobelin !
Tiens, moi, j'aurais dit "le hobgobelin", avec un h aspiré. Comme on dit "le haricot" et non pas "l'haricot".


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Puis Wulf et moi allâmes écouter à une nouvelle porte au sud de la pièce aux deux hobs (le h est aspiré, bande de polissons).
Ah bah, tu vois !
(Par ailleurs, Aurel avait déjà écrit "deux hobs" au troisième paragraphe, sans que ça ne le choque...)


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Depuis le temps, je commençais à oublier quelque peu à quoi ressemblait notre employeur, mais je suis à peu près certain qu’il n’était doté ni d’un bec ni de plumes, et qu’il était beaucoup moins gros que l’ours-hibou que l’entrebâillement me laissait voir. Je refermai aussitôt la porte sans me faire remarquer, remis la planche en place et fit signe à mes compagnons de ne pas faire de bruit. Mieux vaut tard que jamais.
Je vois qu'Aurel passe pudiquement sous silence le cri d'effraie qu'il a poussé en voyant encore un ours-hibou.
(Effraie... Hibou... vous l'avez ?)


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Avant d’aller plus loin, toutefois, le guerrier préférait explorer la salle qui se trouvait derrière le rideau où s’était joué quelques instants plus tôt le drame en un acte pour cinq acteurs et demi (six au début, cinq à la fin).
Car, rappelons-le, Aurel a été dramaturge avant.

(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Il ne restait donc qu’une des sept tours que nous n’avions pas encore explorée
Il ne restait plus qu'une tour, et vous aviez fait le tour ?


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Me retournant, je constatai que Groll et le loup avaient également étaient envoyés ad patres par mes compagnons.
Ad patres ?
Ça doit être du vieux hobbit pour "sur le plan de leurs dieux".


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : Un doppelgänger !
Pareil, on se demande pourquoi, dans l'univers de D&D, où tous les humains parlent la même langue, le Commun, simulé par l'anglais, on a aléatoirement des mots allemands (doppelgänger, morgenstern, kobold), voire français (coup-de-grâce, Tarasque, paladin, vouge, bardiche...).


(10/10/2022, 19:21)Jehan a écrit : « Mais qu’est-ce qui vous prend ?!
— Vengeance personnelle ! »
[...]
...celui-ci devra désormais compter sans Anarondo, l’elfe nous ayant, en effet, fait part de son intention de rester au château pour restaurer le temple et monter son école

Sur quoi, nous avons donc résolu les objectifs perso d'Anarondo et d'Aurel.
Restent plus que ceux de Goth et Wulfig.
Mais bon, ils sont un peu plus compliqués et à long terme...

Encore merci !
J'espère qu'on n'attendra pas encore deux mois pour la suite Wink
(Oui, je suis un vil impatient !)
Mr. Shadow

Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi
Répondre
#68
Dernières lignes avant d’aller me coucher. Je risque de m’écrouler dès le point final tracé : cette journée était sans doute l’une des plus longues de ma vie. C’est peut-être pour ça que j’emploie le passé simple depuis qu’elle a commencé, maintenant que j’y pense.

Rembobinons le fil. Nous avions donc décidé de nous séparer, Pierre restant au château, le reste du groupe plus Gundren repartant vers Phandalin, laissant derrière nous un gobelin saucissonné et un ours-hibou aux bons soins du mago. Avant de partir, nous avions raflé toutes les armes qu’on pouvait transporter histoire de les revendre. Y a pas de petits profits. (Je l’ai déjà dit, non ?)

Las ! À peine étions-nous sortis que nous croisions une patrouille, composée de trois hobgobelins et deux loups. Je pris aussitôt l’initiative en lançant d’un ton complètement assuré :

« C’est bon ! Le château est aux normes !
— Qui vous envoie ?
— Il nous a pas donné son nom, mais son surnom : l’Araignée noire. »

Le nom fit son petit effet, les hobgobelins se regardant, ne sachant que penser.

« Vous ressemblez pas tellement aux agents de l’Araignée noire. D’habitude il n’emploie que des elfes noirs.
— On peut être un hobbit et avoir le cœur noir comme du charbon, monsieur ! »

Je sentais que j’avais l’ascendant… mais, évidemment, il fallut qu’un grain de sable vienne enrayer les rouages de ma rhétorique si bien huilée. En l’occurrence, le grain de sable, c’était Gundren, que depuis le début de la conversation Goth s’efforçait de cacher aux yeux de nos interlocuteurs. Sauf qu’un nain n’est pas vraiment plus petit qu’un humain, c’est juste que les centimètres en moins sont réinvestis avec une jolie plus-value en longueur de barbe, barbe que ne manqua pas de pointer du doigt le chef de la patrouille lorsqu’un coup de vent la fit sortir du cadre délimité par la carrure pourtant massive du guerrier. Je ne me démontai pas pour autant :

« C’est un transfert de prisonnier !
— Il confie le transfert de prisonniers à des inspecteurs de travaux finis ?
— La main d’œuvre est compliquée à trouver dans la région, il fait avec ce qu’il a.
— Qui êtes-vous ? Répondez-moi immédiatement !
— Immédiatement ! »

Ils froncèrent les sourcils, et passèrent à l’attaque. Les hobgobelins n’ont pas d’humour.

L’un d’eux me porta un coup d’épée que j’esquivai. Ma riposte fut parée par son bouclier. Je battis en retraite dans l’escalier immédiatement après la passe d’armes. Celui qui semblait être le chef était aux prises avec Wulfwig, Fargrim et Goth, mais tous les premiers coups furent parés ou esquivés de part et d’autre. La troisième peau-verte profita de la distraction offerte par son camarade pour porter un coup à Wulfwig. La riposte de l’archer passa le bouclier adverse mais fut arrêtée par l’armure.

Un des loups attaquait Fargrim, tandis que les mâchoires de son congénère claquaient à quelques centimètres de la jambe de Wulf. L’hobgobelin qui m’avait engagé se joignit alors à la masse d’adversaires qui submergeait l’archer, qui ne put éviter une méchante blessure à l’épaule… De son côté, Gundren tentait de se protéger du mieux qu’il pouvait derrière cette mêlée confuse. Je lui criai d’aller chercher Anarondo, et abattis dans la foulée d’une flèche bien placée le loup qui menaçait Wulfwig. Puis je me mis à courir en criant au hob qui venait de le blesser : « Tu m’attraperas pas ! »

Étonnamment, il ne fut pas distrait, mais heureusement l’armure de Wulf encaissa le coup, cette fois. Au même moment, Fargrim et Goth combinaient leurs forces contre le chef des peaux-vertes. Le prêtre le renversa et le guerrier l’attaqua dans la foulée. Il trouva le défaut dans la cuirasse, mais le sillon tracé par sa hache ne fut hélas que superficiel. Au même moment, le troisième hobgobelin profita de ce que j’étais revenu dans la mêlée pour tenter de me porter un coup à l’aveugle, au milieu de la masse de corps qui me dissimulait. Je ne sais si cela traduisait beaucoup de chance où une maîtrise exceptionnelle de l’escrime, mais l’estoc de sa lame laissa un filet écarlate sur ma cuisse. « Même pas mal ! » criai-je. (Mais « Aïe » quand même, pensai-je.)

Wulfwig profita du répit ainsi offert pour reprendre son souffle et ingurgiter à la va-vite une potion de soins qui le remis d’aplomb, avant d’attaquer le chef toujours à terre. L’armure du hobgobelin arrêta l’épée de l’archer. Fargrim, obnubilé par l’adversaire, ne vit pas le loup restant lui sauter dessus. Les crocs mordirent douloureusement le mollet du nain, qui manqua de justesse de tomber à son tour. L’hobgobelin aux prises avec Wulfwig le harcelait toujours de ses attaques et l’une d’elles porta, faisant de nouveau gicler le sang et annulant ainsi l’effet de la potion bue quelques secondes auparavant. Je jaillis alors, brandis mon épée d’un bras vengeur et l’enfonçai dans le fondement du hob (l’épée, hein, pas le bras…), qui avait eu la mauvaise idée de me tourner le dos. Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’il n’y survécut pas.

Je fis alors le tour de la mêlée en courant pour retourner me cacher dans les fourrés, dans le dos des trois adversaires restants : le chef — dont j’appris plus tard, je ne sais plus par qui, qu’il se nommait Thargor (ce qui, vous en conviendrez, nous fait une belle jambe) —, son congénère et le dernier loup. Ledit Thargor se releva et tenta de se venger de Goth, mais l’armure du guerrier encaissa le coup asséné. Fargrim voulu en profiter pour placer une riposte, mais le chef l’esquiva. Ce fut cependant mis à profit par Goth, qui chargea la peau-verte et la renversa une fois de plus. Finalement, sa nouvelle tactique de bourrin a du bon. Je vis le visage de Thargor s’arrêter pile à hauteur du mien, et je m’empressai de poser mon index sur mes lèvres en signe de : « Chut ! » C’est qu’il n’aurait pas fallu qu’on me repère, quoi.

Wulfwig porta à son tour un coup au chef hobgobelin mais l’armure encaissa. Le loup continuait à harceler Fargrim en cherchant à le becqueter, mais il ne mordit que de la maille. Le sous-fifre restant, n’arrivant pas à me repérer, reporta encore une fois son attention sur Wulfwig, mais l’archer esquiva l’attaque. Je profitai alors de ma position favorable pour frapper Thargor toujours à terre, mais il esquiva d’une roulade. Plus difficile à saisir qu’une anguille, le bougre. M’étant révélé, je changeai de tactique en me désengageant, reculai et grimpai à toute berzingue à l’arbre le plus proche.

L’armure de Goth amortit le coup suivant du chef des peaux-vertes, de nouveau debout, et Fargrim, sans doute inspiré par Goth, décida de le charger à son tour mais ne parvient pas à le faire tomber. Manque d’entraînement, certainement. Le loup, sans doute pour lui montrer comment on faisait, lui mordit alors le cuissot et le fit trébucher. Puis le guerrier, sans doute pour lui montrer aussi comment on faisait, renversa d’un solide coup d’épaule le pauvre Thargor. Les fesses dans le gazon une fois de plus, il exprima son dépit d’un vif : « Ah ! soyez maudits ! »

Wulfwig voulut en profiter, mais sa blessure rendait ses mouvements maladroits et Thargor para le coup d’un revers de lame rageur. Son congénère profita de ce que mon compagnon avait détourné son attention pour lui porter un coup vicieux qui trouva le défaut de son armure. Le rouge sembla passer des joues de l’archer à la lame du hobgobelin…

Tel Gandalf à l’aube du gouffre de Helm (une scène d’un obscur bouquin que j’ai lu à l’époque où j’étais bibliothécaire), Anarondo déboula précisément à ce moment, accompagnant son entrée flamboyante d’un « Je vous ai manqué ? » auquel répondit un « OUI !!! » unanime. Le mago jaugea la bataille en un éclair, et, ayant estimé quel était le danger immédiat, décocha trois missiles magiques sur l’adversaire de Wulfwig. Tous firent mouchent : des volutes de fumées commencèrent à s’élever des vêtements du hob, mais il resta debout malgré de sérieuses blessures.

Du haut de mon perchoir, j’avais en la personne de Thargor une cible idéale, mais ce serpent évita ma flèche en se relevant pour porter un coup à Goth, coup qui ne causa heureusement qu’une égratignure. Fargrim se remis d’aplomb à son tour, et, décidant que la plaisanterie avait assez duré, s’employa alors à éliminer le lupin casse-pied qui en avait après ses fesses. Ce dernier bondit pour éviter le marteau qui lui arrivait dessus, mais une fraction de seconde trop tard pour empêcher la rencontre entre le métal et sa patte, qui fut instantanément broyée. Il eut suffisamment de force, cependant, pour se jeter une dernière fois sur le nain, le saisissant à la gorge ! Le pauvre Fargrim chut de nouveau — les protagonistes de cette bataille ont décidément un sérieux problème avec la gravité —, luttant contre la bête. Pierre voulut l’aider en lançant une ligne de gel mais ladite ligne loupa le loup. Alors, profitant de son accaparement, je décochai une flèche depuis la branche où je me tenais. Elle s’enfonça entre ses omoplates. Le loup glapit une dernière fois puis se raidit, mort. Goth venant de fendre le crâne du chef de la patrouille d’un violent coup de hache, et Wulf s’étant vengé en achevant le hob rôti par le magicien, la bataille prit alors fin.

Le bref silence qui suivit la chute du dernier ennemi trahissait notre hébétude. Fargrim et Wulfwig, en particulier, étaient extrêmement pâles. Je me précipitai vers le premier :

« Ça va ?
— Ne vous inquiétez pas », me répondit-il, « je vais tous nous soigner ! »

Joignant le geste à la parole, il lança un sort sur lui-même et l’archer. Tous deux reprirent aussitôt des couleurs. Les voyant hors de danger, je bus une rasade d’eau-de-vie a leur santé, et aussi parce que j’avais besoin d’un revigorant. Hic.

Nous fouillâmes les cadavres. Les peaux-vertes trimballaient des sacs ensanglantés qui, une fois ouverts, révélèrent les têtes coupées d’elfes…

Nous nous mîmes à discuter de la suite. « Et sinon, vous voulez pas vous occuper de l’ours-hibou ? Parce que là, il m’encombre… » nous fit remarquer Anarondo, l’elfe prouvant par ces paroles qu’il gardait la tête sur les épaules. Enfin, qu’il gardait la tête froide. Enfin qu’il… Euh… Oh ! et merde.

« Tu peux pas le laisser mourir de faim ?
— Le truc, c’est qu’il tambourine sur la porte. »

Il commençait à se faire tard, et nous étions exténués. Nous décidâmes de passer la nuit au château et de s’occuper de son dernier habitant le lendemain.

J’appréhende les rêves que je vais faire cette nuit…
Répondre
#69
J'avais même pas remarqué cette histoire de passé simple !

Merci, j'ai adoré ^^ C'est loin d'être évident de raconter un combat.
Je trouve que tu te débrouilles pas trop mal, mais je me demande ce qu'en pensent ceux qui n'ont pas assisté à la séance.
Mr. Shadow

Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi
Répondre
#70
Il y a pour moi un indéniable effet burlesque de voir les protagonistes des combats se retrouver projetés à terre aussi régulièrement, me donnant une indélébile impression de maladresse générale! J'imagine tout à fait Yaketi Sax (générique de Benny Hill pour les plus vieux) en fond sonore, c'est dire !
Je ne sais pas si la cause de ces trébuchements compulsifs est le système de combat ou les capacités des personnages et des monstres, mais en tout cas je trouve que c'est dommage car cela gâche le côté épique que peuvent avoir par ailleurs ces différentes batailles.

Lien de cause à effet? Je me demande si le ton employé n'est pas influencé par ces chutes à répétition. Par rapport au début où les références humoristiques étaient sporadiques, et où on sentait une équipe de mercenaires avec laquelle il ne fallait pas vraiment badiner, on arrive finalement à quelque chose de beaucoup plus léger, avec des personnages qui ont tous leur moment où ils passent pour des branquignols!
Répondre
#71
On s’est réveillés aux aurores, et après avoir cassé la graine, on s’est attelés à préparer l’embuscade destinée à venir à bout de la bête en prenant un minimum de risques : Wulf et Pierre à distance, Goth et Fargrim derrière moi, chargé d’ouvrir la porte. Ce que je fis, juste avant de tirer à l’arc puis de reculer, me dissimulant sous une paillasse.

Ma flèche et celle de Wulfwig touchèrent l’ours-hibou, ce qui le mit en rogne. Il se précipita vers la porte. Malgré sa carrure, il parvint — avec peine — à se glisser à travers l’encadrure, prouvant qu’il était mi-ours, mi-hibou et mi-chat. Oui, ça fait trois « mi », mais c’est parce qu’une moitié est plus petite que les deux autres. Non, je n’ai pas été géomètre, pourquoi ?

Goth reçut un coup de bec qu’il esquiva facilement, et Fargrim un coup de griffe qui ne l’atteignit pas car la porte gênait les mouvements de la bestiole. Anarondo lança deux rayons ardents, mais il n’était sans doute pas réveillé (ou gêné par la mêlée) car seule la pierre du mur fut calcinée. En revanche, la position du prêtre et du guerrier, au corps-à-corps face à un adversaire entravé, était idéale, et le nain comme l’humain ne manquèrent pas d’en profiter, le premier blessant la bête à la tête de son marteau, la hache du second laissant un profond sillon sanglant dans son poitrail. Une seconde et ultime flèche de ma part acheva l’ours-hibou en se plantant dans son œil.

Escaladant le duvet sur pattes pour atteindre la pièce qui lui servait de niche, je me mis en devoir de la fouiller. Non que j’espérais y trouver grand-chose, mais que voulez-vous : conscience professionnelle. Il y avait eu un étage, dans le temps, mais il était effondré. Au milieu de la poussière et des gravats, je ne vis que du verre cassé et de vieille tables et étagères. Wulfwig et Goth, suivant le même chemin que moi, fouillèrent aussi en vain. Toutefois, en déplaçant un meuble pour s’assurer que rien n’était dissimulé dessous, le guerrier aperçut une corniche à l’étage du dessus.

Je me mis alors à tirer la carcasse de l’ours-hibou pour le ramener dans la pièce et m’en servir comme plateforme, mais la contrariante bestiole ne bougea pas d’un iota. Sentant l’œil goguenard de Goth et Wulfwig dans mon dos, je m’exclamai bien fort : « Voilà. Maintenant que mes muscles sont bien échauffés, je vais pouvoir grimper… » Joignant le geste à la parole, je m’équipai de mon matos d’escalade et franchis sans aucun problème les quelques mètres de mur qui me séparaient de la corniche, en haut.

Un coffre s’y trouvait ! Je l’examinai rapidement pour vérifier s’il était piégé, et constatant que non, je l’ouvris, sans souci car sa serrure n’était pas verrouillée. À l’intérieur : quelques pièces d’électrum et d’or, une potion rouge et deux parchemins.

Je redescendis. Je ne sais plus à qui j’ai donné la potion, mais les parchemins allèrent à Pierre. Qui me les rendit aussitôt, déclarant que ce n’était pas pour un magicien. Fargrim y jeta alors un œil, constata qu’il s’agissait d’un parchemin de silence et d’un autre de réanimation, et les fourra dans sa besace.

Je comptais le butin — 90 pièces d’électrum et 120 pièces d’or — et le répartit entre nous, en profitant pour partager aussi celui que nous avions trouvé dans le trésor du roi Groll. Puis nous nous remîmes (c’est rigolo, ce mot, « remîmes ») à charger les montures avec les armes qu’on pouvait transporter, et nous fîmes nos adieux, véritables, cette fois, au magicien…

Il y en avait pour une bonne journée de voyage jusqu’à Phandalin. Nous n’avions plus beaucoup de provisions, et il fallut fourrager dans la forêt pour trouver de quoi se sustenter, mais nous ne revinrent qu’avec de quoi alimenter environ trois personnes, aussi Fargrim décida de taper dans ses rations pour nourrir lui et Gundren.

C’est Goth qui jouait les éclaireurs. Je me tenais derrière lui, et je l’entendais taper la discute avec notre ex-employeur. Gundren s’inquiétait pour ses frangins, espérant qu’ils étaient toujours dans le coin. J’appris aussi que le doppelgänger — je me demande de quelle langue barbare peut bien venir ce mot —, celui que j’avais pris pour l’Araignée noire elle-même lorsque nous l’avions découvert sous sa forme d’elfe noir, s’appelait Vyerith. Il négociait Gundren et la carte à Groll, mais les deux n’étaient pas encore arrivés à un accord lorsque nous avions déboulé pour nous occuper de leur cas, ce qui faisait penser au prospecteur que l’Araignée noire n’avait pas encore trouvé l’Écho-des-Vagues.

L’après-midi devait être bien avancé lorsque la lumière du soleil déclinant dessina sur le chemin l’ombre colossale d’une créature… L’espace d’un instant, je crus qu’il s’agissait d’un ours-hibou, mais, heureusement, ce n’était qu’un ogre.

« Grumbl… grumbl… Manger… Moi détruire votre sale tête… »

Son élocution étant aussi pataude que son allure, j’avais le temps de jouer les écureuils. Une grosse branche d’un grand chêne me fit office de poste de tir, le feuillage me dissimulant en prime. Une pluie de projectiles s’abattit sur la créature tandis qu’elle venait au contact : flèches, flamme sacrée, javeline… Si le sort du prêtre passa à côté de sa cible, les traits s’enfoncèrent tous dans sa chair, et pourtant aucun ne fit ne serait-ce que la ralentir !

L’ogre envoya un violent coup de gourdin qui visait Goth. Le guerrier se baissa à temps pour esquiver, et le coup déracina l’arbre qui se trouvait à côté à la place. Profitant de ce que j’étais à portée, je me faufilai entre les branchages et sautai sur son dos. J’avais en tête un plan astucieux qui consistait à le distraire pendant que mes compagnons s’occuperaient de lui, et, tout en m’accrochant à ce que je pouvais trouver comme prise, je… sortis une cloche de mon sac, et la fis tinter à ses oreilles.

Ce stratagème aussi brillant qu’original ne produisit pourtant pas d’effet. Probablement avais-je surestimé les capacités cognitives de l’ennemi. Il fit moins le malin (si j’ose dire) au moment où une seconde flèche de Wulfwig lui transperça le torse. La blessure était profonde et l’ogre commença, enfin, à saigner abondamment. Il garda toutefois suffisamment de lucidité pour esquiver une deuxième flamme sacrée du nain, mais Goth enchaîna avec un coup de hache vicieux dans le bas du ventre, qui lui arracha un hurlement de douleur. Malheureusement pour le guerrier, la riposte fut foudroyante et il ne put esquiver un coup de gourdin vengeur, qui l’envoya valdinguer à plusieurs mètres. Ouch. J’eus mal pour lui.

J’étais toujours sur son dos. J’avais sorti Arguy pour abaisser les débats à un niveau compréhensible de l’adversaire, mais mes coups n’arrivaient pas à transpercer le cuir, trop épais, de la créature ! Heureusement, Wulfwig et Fargrim, qui continuaient de le cribler de projectiles, obtinrent davantage de succès : une nouvelle flèche lui arracha un ultime cri, et, ivre de douleur, il ne put, cette fois, éviter la flamme sacrée qui lui arrivait droit sur la tête. Son visage s’embrasa, et il s’écroula. Ça lui apprendra à ne pas conjuguer ses verbes.

Nous nous rassemblâmes tous autour de Goth, qui se relevait. Sonné par le coup, il ne semblait toutefois pas souffrir de blessures graves, l’armure ayant encaissé la plus grosse partie de l’impact. Nous nous accordâmes tout de même un bref répit avant de nous remettre en route.

Le soleil n’était plus qu’un souvenir rougeoyant à l’ouest lorsque les toits de Phandalin apparurent à l’horizon, et chacun prit alors congé des autres avec la promesse de se retrouver le lendemain matin pour refourguer le matos chouravé au château, se rééquiper et aviser de la suite. Je suis de retour dans la ferme familiale ; Carpe n’a pratiquement pas touché à son dîner, au grand désespoir de sa mère, tant il buvait mes paroles pendant que je leur racontais nos aventures. Je crains pour ma pauvre tante Qelline avoir fait naître une future vocation…
Répondre
#72
Attention, la première phrase est au passé composé Wink
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
Répondre
#73
(24/10/2022, 17:10)Loi-Kymar a écrit : Attention, la première phrase est au passé composé ;)

Je suis décomposé.
Répondre
#74
(19/10/2022, 10:10)tholdur a écrit : Il y a pour moi un indéniable effet burlesque de voir les protagonistes des combats se retrouver projetés à terre aussi régulièrement, me donnant une indélébile impression de maladresse générale! J'imagine tout à fait Yaketi Sax (générique de Benny Hill pour les plus vieux) en fond sonore, c'est dire !
Je ne sais pas si la cause de ces trébuchements compulsifs est le système de combat ou les capacités des personnages et des monstres, mais en tout cas je trouve que c'est dommage car cela gâche le côté épique que peuvent avoir par ailleurs ces différentes batailles.

Ce n'est pas comme s'ils étaient juste des tanches qui enchaînaient les 1 et glissaient sur des peaux de banane.
C'est plus une question de choix tactique que de manque de chance.
Le guerrier, Goth, commence à se faire une spécialité de jeter ses adversaires au sol. Il a compris que c'était très utile, un adversaire au sol ayant beaucoup de mal à se défendre, et devant perdre du temps à se relever. Ça facilite beaucoup la tâche de ses camarades.
De même, c'est une tactique fréquente des loups et des chiens (du moins dans D&D) de mordre les jambes et de tenter de renverser leurs adversaires (surtout bipèdes) pour ensuite les mordre à la gorge.

Là, évidemment, on peut imaginer la FRUSTRATION et la RAGE de leur adversaire d'avoir été jeté à terre TROIS FOIS DE SUITE, en une vingtaine de secondes.
D'où son "soyez maudits".
Je pense que c'est plutôt réaliste comme réaction, n'importe quel combattant à qui ça arriverait au cours d'un vrai combat commencerait à perdre son sang-froid.
Mais bon, en véritable combat, il y a peu de chances qu'un combattant jeté à terre s'en relève vivant une fois (sauf s'il peut bénéficier de l'appui de ses alliés), alors trois...


(19/10/2022, 10:10)tholdur a écrit : Lien de cause à effet? Je me demande si le ton employé n'est pas influencé par ces chutes à répétition. Par rapport au début où les références humoristiques étaient sporadiques, et où on sentait une équipe de mercenaires avec laquelle il ne fallait pas vraiment badiner, on arrive finalement à quelque chose de beaucoup plus léger, avec des personnages qui ont tous leur moment où ils passent pour des branquignols!

C'est aussi le risque de D&D et des dés en général.
Ce serait un roman épique style guerre de l'anneau ou du sword & sorcery façon Conan, les héros réussiraient tout ce qu'ils entreprennent, et les fois où ils ratent, ça apporte quelque chose à l'histoire : ils ont péché d'hubris, ils ont sous-estimé le grand méchant, ils n'ont pas écouté leurs alliés, etc...
Mais là, c'est un jeu, avec des résultats aléatoires, et on n'est jamais à l'abri que le meilleur guerrier du monde rate son coup de hache sur un hobgobelin ou qu'un voleur qui a encore plein d'histoires à vivre et de fils d'intrigue à démêler se montre imprudent et se fasse tuer par un piège qu'il n'a pas vu venir.

Après, ça tient aussi au style d'Aurel, qui met l'accent sur tout le monde rate avec sa flèche ou frappe dans le vide avec son marteau, plutôt que de décrire un combat difficile ou chaque coup est paré, esquivé à un cheveu, etc...
Mr. Shadow

Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi
Répondre
#75
C’est parce que le style d’Aurel Thornwood est avant-gardiste. Une future référence littéraire. Les écrivains en herbe à venir l’étudieront pendant des générations !

D’accord, ce sera peut-être comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire, mais techniquement, ça reste une référence…
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 13 visiteur(s)