Les Bandes Dessinées Dont Vous Êtes le Héros (BDDVELH)
#1
L'idée de créer des Bandes Dessinées dont vous êtes le Héros a émergé peu de temps après l'envol des ventes de LDVELH.

La Peur du Louvre, le secret du Pharaon, de Claude Delafosse (édité en couverture dure en octobre 1986, et souple en décembre 1987, est le premier du genre. C. Delafosse récidivera avec Panique au cirque en 1989 et Lulu a disparu en 1995.

Entre temps, Cailleteau publie la Sphère du Nécromant en 1987, tandis que Doug Headline et Stéphane Salvetti éditent la Citadelle Pourpre en 1988. C'est en 1988-1989 que sont également lancés les quatre BDDVELH dans l'univers d'Astérix (le rendez-vous du chef, la vedette armoricaine, l'affaire des faux menhirs, et le grand jeu). Toujours en 1988, Gérard et Anne Guéro se lancent avec les crocs d'ébène autour du thème des dragons. Même les institutions publiques s'y mettent avec une BD intitulée Var le département dont vous êtes le héros, en 1988.

Les années 90 sont plus creuses, peut-être en raison de mauvais chiffres de vente; en 1990, Marc Wasterlain publie dans la série Docteur Poche, La forêt magique. Le suisse Julien Cachemaille publiera en 1999 Sauveras-tu le royaume? Et c'est tout! C'est à peine mieux dans les années 2000: en 2002, Hélène Lasserre produit Enigme à Notre Dame; Elisabeth Alonzo se distingue avec deux oeuvres: en 2004, Bashir fils du désert et Maria fille de berger en 2007. Quant à Cédric, la BD dont vous êtes le héros il est publié en 2008; dans le format manga, et destinés à un public plutôt jeune, deux BDDVELH sont à signaler: le journal d'aventurier de Plue (2005) et les aventures de Plue 2 (en 2010).

Les mangas autour de l'amour connaissent une certaine forme de succès: le SMS mystère (2012), Speed Camping (2013) et le Masque des Souvenirs (2014) illustrent ce genre. Le grand tournant intervient chez l'éditeur Makaka en 2012 qui inaugure une section BD dont vous êtes le héros. 31 BD ont été éditées chez Makaka, parmi lesquelles Captive, Magica Tenebrae, Zombie, les Larmes de Nüwa ou des séries comme Sherlock Holmes ou Kuala.
[Image: Couv3d-Captive-OK.jpg]
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#2
Je me souviens n'en avoir vu qu'une, il y a très longtemps, dans ces années 1980 où la Fantasy était tant à la mode.
Après, sur le principe, je suis loin, très loin d'être fan…

Principalement pour des raisons techniques et matérielles.
Déjà, l'histoire est forcément assez courte car là, on ne parle pas de paragraphes pouvant être plus ou moins longs, mais d'une page de cases à chaque fois. On voit mal une histoire de 400 paragraphes s'étalant sur plusieurs jours, voire semaines, réduite en un seul album BD.
Après, avec le dessin, l'auteur impose au lecteur sa vision de l'univers, des personnages, des lieux… Alors qu'avec l'écriture, une place bien plus grande est laissée à l'imagination du lecteur. Un peu comme la différence entre un livre et le film qui en est tiré : même si l'auteur décrit précisément un personnage par exemple, chaque lecteur en aura sa propre image. Alors que le réalisateur va nous imposer un acteur dont le physique sera automatiquement associé à ce personnage et certains lecteurs ne s'y retrouveront pas. Même si certains réalisateurs restent le plus fidèle possible à l'auteur, ils imposent néanmoins leur vision.

Pareil pour la BD où le dessinateur impose sa vision de l'univers, des personnages. Encore plus si le héros est représenté alors que le principe d'une œuvre interactive, c'est que n'importe quel lecteur puisse s'y identifier et penser que le héros c'est lui. Si, par exemple, le dessinateur propose un héros blanc, blond aux cheveux longs et que le lecteur est noir ou brun avec les cheveux courts, difficile d'imaginer que c'est lui le héros… (exemple un peu simpliste, j'en conviens).

Le format BD me paraît donc guère adapté, sinon pas du tout, pour une œuvre interactive.
Anywhere out of the world
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#3
Cinema, roman, BD : le public n'a pas besoin de s'identifier pour s'immerger, il a besoin d'empathie. N'importe quelle représentation fonctionne du moment que le héros est crédible, n'est pas une raclure totale et suscite de l'empathie.
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#4
Les BD interactives des années 80 n'ont plus rien à voir avec ce que publie Makaka par exemple. Il serait peut-être bien que tu essaies à nouveau, VS Smile
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#5
Honnêtement, je ne crois pas du tout à la « cinématographie ». J'ai vu une fois, il y a des années, à l'époque où tous ces gadgets puérils étaient à la mode, une animation en noir et blanc avec un train qui entrait en gare et je l'ai trouvée sans intérêt. Croyez-moi, ce « cinéma » n'arrivera jamais à la cheville du théâtre. Ah, les perruques poudrées, les tirades outrées, le public cultivé, ça c'est de l'Art.

Bon, blague à part...

La BD-jeu est en réalité un format assez jeune.

Certes, dans l'absolu, des bandes dessinées « dont vous êtes le héros » sont bien parues dès les années 80, à l'époque où tout devait être « dont vous êtes le héros ». Cependant, elles étaient généralement (prenez pas ça pour argent comptant, j'ai clairement pas tout lu) réalisées sans recul aucun sur le médium, se contentant de décalquer la structure des livres-jeux purement textuels au mépris de la grammaire la plus élémentaire de l'art séquentiel, pour un résultat balourd, plus proche du roman illustré que de la bande dessinée.

Tout le jeu, voire toute l'histoire, passait ainsi le plus souvent par d'omniprésentes boîtes de narration paraphrasant l'image l'hébergeant et brisant tout rythme. De façon caricaturale, dans une BD-jeu d'alors, une section pouvait être une vignette montrant un personnage fronçant les sourcils et dire « Je ne suis pas convaincu » et le texte en-dessous répéter « Il n'est pas convaincu. Rendez-vous au 12. ».

Les choses changent à partir de Meanwhile (aussi connu sous le titre Vanille ou chocolat ?) en 2010 (premier prototype en 2001), qui intègrent les choix directement à l'image via un ingénieux si complexe système de languettes permettant à des traits colorés de sortir de la case puis de la page avant de bondir vers une autre page et une autre case.

Libérée de cette dépendance morbide au texte, la BD-jeu peut à partir de là enfin se développer ses propres logiques de narration et de jeu. La pédale d'accélérateur est enfoncée à partir de 2012 via l'introduction de la collection La BD dont vous êtes le héros et sa moyenne d'une nouveauté par trimestre. Ces ouvrages reviennent au numéro, mais introduisent une dimension spatiale à leur usage : Les renvois sont dissimulés directement dans les images, épurant ainsi l'histoire de ces répétitifs et envahissants « rendez-vous au » purement techniques et de leur emballage.

Dix ans, c'est peu pour un nouveau format, aussi la BD-jeu est-elle encore aujourd'hui très expérimentale. Il y a de très bonnes choses, avec une exploitation avisée de l'image, de l'espace, du fil de la narration. Il y a des cahots, avec des passages très verbeux au rythme mal maîtrisé rappelant un peu trop ses difficiles ancêtres. C'est un univers bouillonnant, aux codes pas encore parfaitement gravés dans le marbre, qui a déjà produit quelques jolies pépites et où tant reste à inventer et à faire.

S'il faut en conseiller une « pour débuter », c'est clairement Captive, magnifique, extrêmement solide et abordable.
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#6
Sans rejoindre un jugement aussi catégorique que VS, je dois dire que je comprends sa réticence. Je suis fan de BD, fan de point-and-click game, et pourtant, malgré des qualités indéniables, je n'ai jusqu'ici jamais réussi à m'immerger véritablement dans une BD dont vous êtes le héros, y compris Makaka. Mon fils accroche bien par contre. Je dois dire que je n'ai pas d'explication claire pour ça, mais les arguments de VS me parlent: ce n'est pas le même type d'immersion, pas la même façon de faire fonctionner l'imagination. Mais ces arguments pourraient aussi être valables pour les BD dans l'absolu.
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#7
Tiens, aperçu sur un réseau social : une planche de La BD-jeu La Peur du Louvre (Yvan Pommaux & Claude Delafosse, Ecole des Loisirs, 1986) qui était à deux doigts d'oser jouer avec le cadre strict des cases. Il aurait suffi que l'escalier de la vignette du bas permette au héros de monter dans la vignette du haut.

https://twitter.com/PenelopeB/status/1234489295198617601/photo/1
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#8
D'après les ventes chez Makaka, c'est quand même les BD pour enfants qui se vendent, avec la locomotive "Chevaliers".
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#9
La saga Chevaliers a certes un beau succès. Mais la véritable locomotive des BDVELH Makaka est la saga Sherlock Holmes, qui n'est pas achetée par/pour les enfants. 

Les premières BDVELH Makaka étaient en effet plutôt jeunesse : Chevaliers, Pirates. Mais presque aussitôt Sherlock et les Magiciens du Fer qui eux ne sont pas Jeunesse. Maintenant, les BDVELH c'est 27 titres.


En jeunesse il y a :
- Chevaliers : 4 titres
- Pirates : 3 titres
- Hocus & Pocus : 2 titres
- Kuala

A l'opposé, il y a en ados/adultes (minimum 12 ans) : 5 titres

Le reste, grand public mais pas vraiment pour les moins de 10 ans : 12 titres

Sachant que la gamme continue de se développer surtout autour de projets des deux dernières catégories, non les BD Makaka ne sont pas destinées majoritairement à un public Jeunesse.
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#10
Bien sûr qu'il y a des tentatives pour séduire le public adulte, et c'est tant mieux, mon vieux Fitz ! Je t'encourage à persévérer, bien sûr.
Mais concrètement, le top des ventes reste les BD enfants / ado de 12 ans environ, et de très loin non ?
J'ai parcouru le premier Sherlock Holmes et peut-être que les énigmes sont corsées, je me suis contenté de regarder les graphismes qui étaient plutôt gentillets et ne proposaient pas vraiment d'ambiance adulte.
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#11
Pour le top des ventes, je suis curieux de savoir d'où tu as ces estimations.
Quant au dessin globalement enfantin, c'est un point de vue. Mais ça ne semble pas partagé par le public que je vois sur les festivals ou les lecteurs\fans/curieux/clients sont aux 3\4 adultes, le reste étant il est vrai composé de gens qui achètent pour leurs enfants.
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#12
Je ne sais plus où Chucky parlait du total de ventes du premier "Chevaliers", mais c'était un chiffre qui m'avait décroché la mâchoire. Il en parlait comme de son bestseller, donc, je doute que les autres BD se vendent autant.
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#13
Les Sherlock sont très bien construits. Dosés comme il faut. Pour ado averti ou adulte. Perso, je me suis éclaté avec les trois premiers tomes.
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#14
J'ai tellement de BD chez moi que je ne sais plus où les caser... Et en prenant de l'âge, mes critères d'achat se sont vraiment corsés : en général, j'aime me prendre une grosse "baffe graphique" en ouvrant un album (dessins chiadés ou style très recherché). Mais j'aime ausi de temps en temps me prendre des "baffes intellectuelles" dans des BD aux dessins pourris pourvu que le scénario réponde à mes préoccupations d'adulte (Trondheim par exemple).
En BD DVELH, j'avais Mystery (jolis dessins), Zombi (style sympa) et le premier Hocus Pocus (jolis dessins), mais après les avoir fini, j'ai tout revendu.
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#15
Essaie un Sherlock, tu ne seras pas déçu, quitte à le revendre   Mrgreen
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