23/03/2018, 15:00
« La fin est proche ! Elle arrive, elle est sur nous, l’échéance est imminente ! Repentez-vous, car il y a trois-cents ans, nous allons tous être frappés !
— Hein ?
— Cherche pas, c’est tout ce neutronium qui lui est monté à la tête.
— Bonjour ! Je suis Bob, j’arrive du futur avec une livraison de neutronium pour la Voie du Salut.
— Bien sûr, mettez-la là, avec les autres.
— Faites attention, c’est dangereux, ce machin. Vous auriez pas un peu d’eau, sinon ? Ça donne soif, ces voyages dans le temps…
— Bon, et nos ingénieurs, ils en sont où ?
— Ils ont pris un peu de retard, mais ils devraient le rattraper sans trop de problèmes. Ce générateur de champ gravitationnel nous fait faire de sacrées économies sur nos ressources. D’autant qu’on n’en a plus beaucoup, comme vous vous focalisez sur le neutr…
— Ah ! ça ! Construire dès le début une machine à voyager dans le temps afin d’y revenir dès l’époque suivante avec les ressources de ladite époque pour y mener à bien le super-projet de ce temps-là au nez et à la barbe des scientifiques sallazariens, c’était un coup de génie !
— On ne devrait pas faire un peu plus attention avec les voyages temporels, quand même ? Se faire livrer constamment des trucs du futur, ça crée plein de paradoxes. Les gens vont bientôt commencer à râler.
— Eh ! oh ! Les paradoxes, c’est là-dessus qu’on a bâti notre religion, alors tu vas te calmer, avec tes réflexions à la limite du blasphème. On n’est pas les hippies skarniens, nous, on passe pas nos journées à boire de la flotte. En plus, les gens, ils sont tout contents quand on retourne dans le passé pour régler les problèmes qu’on a nous-mêmes créés. Ça nous fait gagner du prestige.
— Les gens sont un peu des cons, non ?…
— On est le clergé, mec. Sans eux, on existe pas. Tiens, puisqu’on en parle, ils font quoi, les ouvriers ? Les scientifiques, les administrateurs, les génies… Ah ! non, eux, on n’en a pas.
— Ben ils se reposent. Ils dorment.
— Eh ! bien, réveillez-les, qu’est-ce que vous attendez ?
— À coups de pied au cul ou gentiment ?
— Ça dépend, il nous reste beaucoup de flotte ? Hmm… Bon, O.K., tournée générale, cette fois. C’est bon pour la popularité, ça.
— Cheffe ! cheffe ! Nos gars se demandent où est passé Roger : il n’était plus là à leur réveil.
— Ah, oui, l’Élu… Euh, Roger… C’est-à-dire qu’on a eu besoin de main-d’œuvre pour un sacrifice, à un moment, pour je sais plus trop quelle raison…
— …
— Oh ! ça va. On l’a tué dans son sommeil, on n’est pas des chiens. Bon, toi, le gratte-papier : enfile ton exosquelette au look pas du tout agressif, et va à la capitale m’échanger ces noyaux d’énergie contre du neutronium. C’est bon, ça, le neutronium.
— On ne devrait pas essayer de garder des noyaux en prévision de l’Impact imminent ? On risque d’en avoir besoin pour faire fonctionner nos méchas — enfin, nos exosquelettes… — lorsque le météore aura percuté la Terre.
— Homme de peu de foi ! Ignores-tu donc que notre Guide suprême (c’est moi) a prophétisé que le Fléau toucherait toutes les factions connues… sauf nous ?
— Ça va pas alimenter les rumeurs comme quoi c’est nous qui serions à l’origine dudit fléau ?
— Chut.
— En tout cas, les nazis militaires ultramarins en ont fait de sacrées réserves. Ils risquent d’être nos principaux concurrents après l’Impact, dans les mines ou à la capitale.
— Tant qu’ils n’y délogent pas mon drapeau, tout va bien. Bon, et l’évacuation, ça en est où ?
— Ben on est prêts depuis des lustres, mais comme vous insistez pour employer nos méchas à farmer du neutronium, on s’est fait griller la politesse par tout le monde : les trois factions adverses ont évacué. Il ne reste plus que nous, ça fait jaser.
— Voilà pourquoi tu n’es qu’un acolyte tandis que je suis la tête pensante du Grand Dessein de notre culte ! Sache, jeune et ignorant disciple, que la vindicte populaire s’évanouira aussi vite qu’un adepte de l’Harmonie privé d’eau lorsque ledit peuple verra le trésor que nous lui avons apporté… MONTREZ LE NEUTRONIUM À LA FOULE !
— OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
— Vois ces visages béats, ces yeux brillants ! L’Histoire retiendra que c’est à ce moment précis que la Voie du Salut a éclipsé toutes les autres et s’est assurée la domination sur toute la civilisation pour les siècles des siècles.
— Amen. Et maintenant, on fait quoi de tout ce neutronium ?
— Tu me débarrasses fissa de cette saloperie qui n’a causé que des emmerdes à l’humanité depuis sa découverte ! Toi, le génie, prends cette cargaison avec toi et va me régler avec le dernier paradoxe qu’on se traîne et qui entache notre réputation.
— Euh, cheffe, il est pas censé mourir dans l’opération ?… Ça vaut vraiment le coup de sacrifier un des génies qu’on a enfin réussi à recruter ?
— On s’en fout, c’est la fin du jeu. Et toi, Bob, monte dans la machine et prends cette caisse avec toi : je vais en avoir besoin il y a cinq-cents ans.
— J’ai une sensation de déjà-vu… »
— Hein ?
— Cherche pas, c’est tout ce neutronium qui lui est monté à la tête.
— Bonjour ! Je suis Bob, j’arrive du futur avec une livraison de neutronium pour la Voie du Salut.
— Bien sûr, mettez-la là, avec les autres.
— Faites attention, c’est dangereux, ce machin. Vous auriez pas un peu d’eau, sinon ? Ça donne soif, ces voyages dans le temps…
— Bon, et nos ingénieurs, ils en sont où ?
— Ils ont pris un peu de retard, mais ils devraient le rattraper sans trop de problèmes. Ce générateur de champ gravitationnel nous fait faire de sacrées économies sur nos ressources. D’autant qu’on n’en a plus beaucoup, comme vous vous focalisez sur le neutr…
— Ah ! ça ! Construire dès le début une machine à voyager dans le temps afin d’y revenir dès l’époque suivante avec les ressources de ladite époque pour y mener à bien le super-projet de ce temps-là au nez et à la barbe des scientifiques sallazariens, c’était un coup de génie !
— On ne devrait pas faire un peu plus attention avec les voyages temporels, quand même ? Se faire livrer constamment des trucs du futur, ça crée plein de paradoxes. Les gens vont bientôt commencer à râler.
— Eh ! oh ! Les paradoxes, c’est là-dessus qu’on a bâti notre religion, alors tu vas te calmer, avec tes réflexions à la limite du blasphème. On n’est pas les hippies skarniens, nous, on passe pas nos journées à boire de la flotte. En plus, les gens, ils sont tout contents quand on retourne dans le passé pour régler les problèmes qu’on a nous-mêmes créés. Ça nous fait gagner du prestige.
— Les gens sont un peu des cons, non ?…
— On est le clergé, mec. Sans eux, on existe pas. Tiens, puisqu’on en parle, ils font quoi, les ouvriers ? Les scientifiques, les administrateurs, les génies… Ah ! non, eux, on n’en a pas.
— Ben ils se reposent. Ils dorment.
— Eh ! bien, réveillez-les, qu’est-ce que vous attendez ?
— À coups de pied au cul ou gentiment ?
— Ça dépend, il nous reste beaucoup de flotte ? Hmm… Bon, O.K., tournée générale, cette fois. C’est bon pour la popularité, ça.
— Cheffe ! cheffe ! Nos gars se demandent où est passé Roger : il n’était plus là à leur réveil.
— Ah, oui, l’Élu… Euh, Roger… C’est-à-dire qu’on a eu besoin de main-d’œuvre pour un sacrifice, à un moment, pour je sais plus trop quelle raison…
— …
— Oh ! ça va. On l’a tué dans son sommeil, on n’est pas des chiens. Bon, toi, le gratte-papier : enfile ton exosquelette au look pas du tout agressif, et va à la capitale m’échanger ces noyaux d’énergie contre du neutronium. C’est bon, ça, le neutronium.
— On ne devrait pas essayer de garder des noyaux en prévision de l’Impact imminent ? On risque d’en avoir besoin pour faire fonctionner nos méchas — enfin, nos exosquelettes… — lorsque le météore aura percuté la Terre.
— Homme de peu de foi ! Ignores-tu donc que notre Guide suprême (c’est moi) a prophétisé que le Fléau toucherait toutes les factions connues… sauf nous ?
— Ça va pas alimenter les rumeurs comme quoi c’est nous qui serions à l’origine dudit fléau ?
— Chut.
— En tout cas, les nazis militaires ultramarins en ont fait de sacrées réserves. Ils risquent d’être nos principaux concurrents après l’Impact, dans les mines ou à la capitale.
— Tant qu’ils n’y délogent pas mon drapeau, tout va bien. Bon, et l’évacuation, ça en est où ?
— Ben on est prêts depuis des lustres, mais comme vous insistez pour employer nos méchas à farmer du neutronium, on s’est fait griller la politesse par tout le monde : les trois factions adverses ont évacué. Il ne reste plus que nous, ça fait jaser.
— Voilà pourquoi tu n’es qu’un acolyte tandis que je suis la tête pensante du Grand Dessein de notre culte ! Sache, jeune et ignorant disciple, que la vindicte populaire s’évanouira aussi vite qu’un adepte de l’Harmonie privé d’eau lorsque ledit peuple verra le trésor que nous lui avons apporté… MONTREZ LE NEUTRONIUM À LA FOULE !
— OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
— Vois ces visages béats, ces yeux brillants ! L’Histoire retiendra que c’est à ce moment précis que la Voie du Salut a éclipsé toutes les autres et s’est assurée la domination sur toute la civilisation pour les siècles des siècles.
— Amen. Et maintenant, on fait quoi de tout ce neutronium ?
— Tu me débarrasses fissa de cette saloperie qui n’a causé que des emmerdes à l’humanité depuis sa découverte ! Toi, le génie, prends cette cargaison avec toi et va me régler avec le dernier paradoxe qu’on se traîne et qui entache notre réputation.
— Euh, cheffe, il est pas censé mourir dans l’opération ?… Ça vaut vraiment le coup de sacrifier un des génies qu’on a enfin réussi à recruter ?
— On s’en fout, c’est la fin du jeu. Et toi, Bob, monte dans la machine et prends cette caisse avec toi : je vais en avoir besoin il y a cinq-cents ans.
— J’ai une sensation de déjà-vu… »