La troisième porte du rêve (gynogege)
#1
Traumatisé par les AVH du Yaz 2014 et leur tendance globale à être trop ardues à mon goût, j’ai cherché du réconfort auprès de cette mini-AVH en lice pour le concours de Scriptarium (ayant pour thème « une créature de Titan »). J’ai aimé ce livre en fin de compte, même si je poursuis mon arrachage de cheveux face à autant de difficulté.

Je précise en préambule que je n’ai jamais lu le DF « Les spectres de l’angoisse » (duquel Jérôme a extrait un protagoniste).


1). LA FORME :

C’est bien écrit et presque exempt de fautes. Les descriptions, plutôt généreuses en détails, servent bien l’aspect « rêve » du récit.

J’ai apprécié qu’il y ait des liens cliquables, ils sont même presque indispensables pour tenir bon et ne pas craquer, tant on relit encore et encore certains enchaînements de paragraphes. À ce sujet, les sections où l’on revient souvent sont courtes, à l’inverse de quelques paragraphes plus développés où l’on ne vient qu’une fois ou deux, ce qui est très bien pensé.

Les petits détails :

- dans les retours en arrière vers des positions déjà visitées, souvent les paragraphes se terminent par « rendez-vous au 1 » mais parfois on a droit au 18, pourquoi ne pas avoir utilisé le 1 systématiquement ou bien juste « allez à une position » ? En fait ça m’a fait douter sur ma compréhension de la règle du jeu, du coup (quand j’ai lu la règle, j’ai eu l’impression que les positions étaient en quelque sorte des « points de sauvegarde », puis en jouant j’ai compris que c’était un peu plus compliqué que ça -on peut naviguer à notre guise-, avant de tomber sur les fameux renvois qui m’ont fait douter). Bref, je t’encourage à clarifier soit la règle soit certains renvois de fin de paragraphe.

- l’encouragement à ne pas prendre de notes dans les règles rend la toute dernière énigme impossible (avant d’accéder au §53), à moins que…

- …au §10, le don qu’on obtient n’est pas expliqué très clairement je trouve. Au début je l’ai interprété comme « je peux aller vers n’importe quelle position en feuilletant le livre (y compris celles que je n’ai pas encore visitées) », après coup j’ai constaté qu’on pouvait résoudre l’AVH sans cela (toutes les positions sont accessibles à la loyale). En fin de compte je ne comprends pas ce que tu as voulu permettre avec ce don, est-ce une autorisation à feuilleter l’AVH, utile pour la dernière énigme ? On dirait que non, vu que ce don cesse dès qu’on change d’Influence.

- même si on a une bonne mémoire, il est selon moi indispensable de noter sous quelle influence on se trouve tant on finit par se mélanger les pinceaux (surtout si on espace les lectures).

- dernier détail : je ne sais pas si c’est le thème ou si c’est une question de forme (sans doute les deux) mais l’accroche sur Littéraction m’a attiré jusqu’à l’AVH très efficacement.


2). LE FOND :

Le récit est bien mené et on se sent dans un rêve.

Par exemple, au début j’ai été agacé par des choix de type « gauche-droite » (il y a un vrai « gauche-droite » mais aussi quelques choix sans trop d’éléments pour se décider), ensuite j’ai trouvé ça pas mal finalement : ça accentue l’impuissance qu’on peut ressentir lorsqu’on rêve.

J’ai trouvé le thème alléchant et même prometteur : y aura-t-il une suite ? Je n’ai pas compris si le titre de l’AVH portait la mention « /0 » en référence au DF « Les spectres de l’angoisse » (duquel elle serait une introduction ?), à un volume 1 de « La Geste d'Eldenourin » déjà paru (rien trouvé dans Google) ou enfin à un volume 1 à paraître ?

Une fois dans le feu de l’action, j’ai un peu déchanté : les très nombreux va-et-vient qu’on doit faire pour triompher induisent des relectures de certains passages, parfois en quantité agaçante. J’ai perdu alors de l’attention par rapport au récit, pris par l’aspect ludique de ce qui s’apparente à un véritable casse-tête. Même vers la fin, il y a ce que j’appellerais une « première fin » avec un rebondissement qui relance le récit, ce que je trouve agréablement surprenant. Et puis on est repartis pour quelques nouveaux paragraphes supplémentaires mais on doit se retaper de nombreux autres passages avec d’autres crises de nerfs pour accéder au 53. Du coup ce rebondissement sur une « première fin », que j’aurais trouvé génial dans une autre AVH, m’a énervé ici !


3). LE JEU :

Je ne sais pas si le système de jeu avec les influences et les positions est issu du DF original, en tout cas il m’a plu.

Ce système est ici poussé à l’extrême, avec de nombreuses relectures nécessaires pour trouver la bonne influence une fois une nouvelle position atteinte. Ces relectures ne sont pas des échecs au sens propre (je n’ai trouvé qu’un seul PFA) mais elles sont fastidieuses. Il y a des fausses pistes (à moins qu’il y ait plusieurs façons de triompher, dans ce cas je n’en ai identifié qu’une). Malgré les 53 paragraphes, on est vite perdu dans ces avalanches d’Influences qui ont chacune une ou deux utilisations maximum (sauf erreur de ma part). Le tout forme un puzzle ardu et j’ai terminé sous l’Influence de la Folie Au Secours Sortez-Moi De Là.

Ceci dit, je suis allé jusqu’au bout (en trichant à partir du moment où j’ai arraché mon dernier cheveu). J’ai aimé jouer cette AVH. J’aurais certainement lâché prise sur une aventure similaire étalée sur 400 sections.

Je félicite Jérôme pour la conception de ce casse-tête, qui a dû nécessiter une préparation importante avant l’écriture, avec des graphiques que je n’ose pas imaginer.

Maintenant, les détails :

- l’astuce pour aller au 21 est difficile à deviner. Même trouver l’indice qui nous met sur la voie n’est pas simple car noyé au milieu de pleins de relectures.

- l’énigme finale est chiante (pour trouver le paragraphe qui mène au 53). Je pense qu’on comprend ce qu’il faut faire sans problème, par contre quelqu’un comme moi trichera sans remord (et l’aura fait sans doute avant). La raison : une question est posée et la réponse implique d’avoir noté deux éléments que personne au monde ne noterait s’il n’avait pas déjà vu cette question dans une lecture précédente. Donc c’est l’échec assuré ! Soit on repart de zéro en se promettant de relever cette double donnée, soit on triche (d’autant plus qu’on a vu les réponses !). Bon, cette énigme, pas du tout fair play à mon goût, l’est peut-être selon le sens du don du §10 (voir aussi 1). LA FORME) ?


4). CONCLUSION :

C’est une bonne AVH qui ravira les amateurs de casse-tête. Le thème central est intéressant et bien traité, avec même des possibilités de développement sympathiques pour une suite, mais il est selon moi un peu plombé par les relectures induites, justement, par le puzzle très touffu qu’on est en train de démêler.


5). LES FAUTES QUE J’AI RELEVÉES :

Page 6-7 : « le franchissement des Portes du Rêves, vous le verrez, met votre conscience »
Page 8 : « Abitha est incontestablement la plus puissante. » ?
Page 9 : espace entre « jour » et « dans » (oui je suis chiant)
« la forêt »
« la défense de votre village »
§1 : « un douloureux flot d’énergie »
§5 : « vous-même »
Répétition de « sensations » 2 phrases d’affilée
§9 : « une plainte déchirante »
§26 : « et qu’il rêve à d’autres contrées »
§37 : « Reviens-moi bientôt. »
§38 : « Souviens-toi de cela. »
§39 : « Suis-moi maintenant. »
§50 (à la fin) : « Allez-vous choisir »
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#2
Merci encore pour ce retour ! J'ai répondu sur la taverne:
http://www.la-taverne-des-aventuriers.com/t5905-la-troisieme-porte-du-reve-mini-avh#219113
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#3
Précisons que je n’ai pas pu le commenter aussitôt que je l’aurais voulu, vu que ma clé USB m‘a démoli ces fichiers ( je mène une vie palpitante remplie d’aventures incroyables Big Grin ) et que j’ai dû reprendre à zéro. C’est ainsi que Thierry Dicule a pu me coiffer au poteau. Je le hais Mrgreen . L’autre observation, c’est que je n’ai pas regardé ce qu’il a écrit en spoiler.

Cette mini-avh rappelle tout d’abord Paradoxes d’Akka en ce qu’on est renvoyé en arrière à répétition et qu’il semble impossible de perdre à moins de renoncer, donc qu’il d’agit d’une exploration pour trouver LE bon chemin. Il y a cependant un PFA
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La construction est à mon sens encore mieux menée que dans Paradoxes, avec les Influences et les retours aux § marqués du symbole solaire déjà explorés, mais elle est d’une telle complexité qu’il est vain et illusoire ( en tout cas pour moi ) de vouloir s’en tirer sans faire un graphe et noter précisément les Influences et les renvois ( vous devriez voir le graphe que j’ai fait en Excel ); du coup, l’ambiance se trouve reléguée au second plan pendant qu’on cartographie. On me demande si je suis sous l’Influence X, je regarde mon graphe pour voir où l’obtenir, je prends quelques chemins et raccourcis et me revoilà où j’avais été arrêté mais sous la bonne Influence.
Ce qui est dommage parce qu’il y a des passages très réussis, je pense au superbe §49 en particulier ( le §5 aussi est une réussite, vu qu’on y arrive de deux façon différentes et qu’il répond à toutes les deux ).
De même, qu’on soit dans un rêve fait que beaucoup de nos actions ont des conséquences arbitraires. Si cela reflète ce que vit le personnage, cela ne fait que pousser le joueur à essayer tous les choix méthodiquement et noter les résultats sur son graphe.
Le problème bien sûr est que dans un rêve, même un rêve chamanique que je sache, on ne contrôle ses actions que très modérément; j’imagine donc que pour rendre compte d’une expérience onirique sous forme d’AVH il faudrait énormément de jets de dés représentant des enchaînements arbitraires hors de notre contrôle et peu de choix laissés à notre initiative. Je n’affirme nullement que ce serait agréable à jouer. Mais là le joueur ne se dit pas « je suis dans un rêve » mais « je suis prisonnier dans un univers bizarre, cherchons méthodiquement comment nous en sortir. »

Je ne sais pas si tu connais Le Fleuve de l’Oubli de Denis Gerfaud ( paru dans Casus Belli n°34 ) ? C’est également une aventure onirique avec d’innombrables retours au début, mais avec un motif directeur qui aide à trouver la solution: on peut ainsi le décrypter sans avoir ce sentiment de dissociation entre personnage et joueur.

J’aurais aussi une sérieuse objection concernant les « sauts ». Si celui du
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est tout à fait légitime et bien vu, celui du
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est à mon avis complètement abusé parce que tu ne parle pas une seconde de la « fenêtre d’opportunité »; j’avais naturellement envisagé que le saut pouvait y être et j’en avais écarté l’hypothèse en ne l’y voyant pas, je ne l’ai trouvé qu’en trichant pour chercher autre chose. Tu me diras que c’était implicite, mais si nous sommes dans un univers de rêve nous n’avons rien pour nous y guider que tes descriptions; si tu n’en parles pas, il n’y a pas de raison de penser que ça y est.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#4
J'ai renoncé à terminer l'AVH alors que j'ai lu et noté les 3/4 des paragraphes environ. J'avais bloqué une première fois avec le coup du miroir. Je me doutais bien qu'il fallait se retrouver devant une surface réfléchissante mais, comme l'écrit Thierry Dicule, on est un peu noyé dans la masse pour retrouver ce passage et c'est donc en lisant la critique de TD que j'ai pu me débloquer.
Mais là, je suis vraiment coincé. Pas de "Mère", pas d'"Enfant", bref, Rémi sans famille. Dommage mais tant pis, j'en ai lu assez pour me faire une idée.

Si ça n'avait été ce côté casse-tête qui ne me va pas du tout, j'aurais eu un très bon ressenti général. Hormis un peu trop de fautes et d'étourderies, c'est bien écrit et l'histoire est très intéressante. Elle prend le contre-pied des Défis Fantastiques classiques avec aucune action, pas de règle pour ainsi dire et l'accent mis sur les personnages, le contexte et une certaine poésie.

J'aime bien les Spectres de l'Angoisse avec ses chemins très variés, son monde du Rêve un peu déjanté et ses illustrations sombres et effrayantes. Ici, seule une petite particularité de l'histoire originelle est mise en avant : la faculté du héros à voyager dans les rêves. Du coup, l'ensemble est onirique, les descriptions sont fantasmagoriques et on passe du coq à l'âne comme dans les songes qui nous sont familiers.
Les clins d'oeil connus comme Yaztromo ou Telessa sont plutôt sympas. J'ai apprécié l'épaisseur donnée aux personnages : la rivalité avec la fille du barde, l'histoire de notre père... mais aussi la description des êtres sombres ou celle de la vie du village elfe et de ses coûtumes.

Je pensais qu'une fois une Influence acquise, on ne la perdait pas en en subissant ensuite une autre. Si ce n'est pas le cas comme le sous-entend TD, alors c'est vraiment trop labyrinthique au niveau gameplay.

Donc j'ai aimé le style, le contexte, les personnages, l'ambiance onirique, le PFA qui est presque un paragraphe de victoire mais non, juste une autre voie.
Dommage que la difficulté m'ait découragé.

EDIT : en lisant le post d'Ashim, j'ai eu la solution pour les autres codes! J'ai donc repris l'aventure et atteint le très réussi paragraphe 53. J'en garderai donc un bon souvenir. Tongue
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#5
Je n'ai pas grand chose de plus à rajouter par rapport aux feeds précédents.

Le scénario est original, un peu comme paradoxes. Les passages sont globalement intéressants et l'écriture correcte. En plus, il  y a deux fins possibles. Pas de système de dés mais cela aurait été trop lourd à gérer. Bien vu au passage le passage avec l'invocateur et les ombres.

Par contre si Nour est très motivé pour atteindre cette troisième étape, il devrait sérieusement penser à changer de vocation. Il n'est pas du tout au niveau, on le voit déjà avec le nombre de tentatives ratés et le moyen extrême utilisé pour y parvenir. Mais même avec ce moyen, il a besoin de l'aide d'Abitha pour réussir.

Niveau jeu, cela pose par contre problème. Déjà, on se perd avec toutes ces influences et puis même avec plusieurs tentatives, je n'ai toujours pas trouvé le bon chemin et j'ai fini par tricher. c'est frustrant d'acquérir une nouvelle influence puis d'essayer un autre chemin pour échouer car on n'a pas encore la bonne. l'aventure avec seulement 53 paragraphes réussit l'exploit de nous fournir un nombre incalculable d'influences. L’énigme de fin est franchement pénible. A aucun moment, il n'est indiqué qu'il fallait noter les numéros de paragraphe correspondants. Donc lorsque je suis arrivé devant ce passage, je l'avais dans l'os. Et la solution? En plus, j'ai été sujet à une lassitude à force de revenir au 1.

Bref, une avh avec un concept original mais trop difficile et mal gérée.
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#6
Merci pour ce retour titipolo. A vrai dire je m'attendais à avoir plus de réactions dans ce genre...
Pour l'énigme de fin je vais peut-être en faire une version allégée, à vrai dire pour moi à ce stade la triche est légitime !
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#7
J'aime vraiment bien le concept, que je trouve intéressant et à creuser. Le système d'Influences en particulier m'a beaucoup plu, avec cette idée que notre rêve dépend de notre état d'esprit actuel.

Mais dans l'état actuel des choses, qu'est-ce qu'on tourne en rond. Il est illusoire d'espérer gagner (à la loyale) sans avoir exploré chaque possibilité et noté où obtenir et utiliser chaque Influence. C'est un OTP bien vicieux, avec des subtilités (les reflets, l'énigme finale) qui obligent presque à tricher tellement elles sont dures à comprendre et appliquer.

Cette difficulté extrême est à mon sens dommageable, car, sur les autres points, l'aventure est franchement cool, avec ce héros et cet univers sur lesquels on apprend petit à petit des choses par le médium, traité au premier degré, du rêve.

Bref, je la range dans la case « essai intéressant et imparfait, mais à lire quand même », ce qui est déjà pas mal.

PS : Contrairement à d'autres, j'ai trouvé la référence à Yaztromo de trop, car elle brise l'immersion, en introduisant un élément bien connu du lecteur, brisant l'onirisme incontrôlable implantée jusque là.
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#8
Cette aventure m'a bien plu. Il faut, pour être tout à fait honnête, que je vous avoue d'abord ne pas avoir respecté les règles : faire trente-six fois le même chemin pour récupérer l'influence ad hoc n'est pas très amusant, ce qu'ont déjà souligné les critiques précédentes. Toutefois, comme je comprends l'intention qui a pu pousser l'auteur à poser cette règle, j'ai décidé de m'accorder royalement toute influence requise à la condition que je me souvienne de l'avoir acquise préalablement et que je me souvienne du chemin qui y mène. Au finale, j'ai donc quand même pas mal relu... Ah, et puis j'ai aussi sauté aux paragraphes solaires quand ça me chantait, mais là c'est juste parce que je n'avais pas bien lu la règle, comme je m'en suis aperçu en lisant les critiques ci-dessus.

L'ambiance est très bonne : les descriptions ne tournent pas au pavé indigeste et contre-productif, ce qui m'aurait ennuyé, mais au contraire savent avec concision planter le décor et de surcroît le colorer (le passage de la tour blanche, du lac miroitant au soleil et du vol entre ces deux endroits en est le meilleur exemple). De même, si dans ce passage l'angoisse s'estompe (ce qui doit contribuer à le rendre mémorable), elle est toujours rappelée de la meilleure façon qui soit, c'est-à-dire en donnant fréquemment un tour inquiétant voire à la limite de l'horrible à chaque fin de paragraphe, quand le héros ne dispose pas de la solution demandée, avant que le rêve ne s'interrompe brutalement pour recommencer à une étape plus apaisante. Le lecteur s'enferme donc dans un cycle qui contribue au sentiment d'oppression, coincé entre la nécessité d'explorer pour se remémorer les étapes et découvrir la clef, et la crainte d'oublier des éléments importants au fur et à mesure que le territoire exploré en songe s'accroît. C'était franchement pas mal.

Du coup, emporté par l'élan, j'ai fait plusieurs boucles en cherchant l'issue après avoir résolu l'énigme du reflet dans la lame de Telessa, jusqu'à me résigner à accepter le pacte avec les Êtres sombres alors que cela me répugnait. J'ai été surpris d'ailleurs de constater que ce n'était pas forcément une mauvaise chose et cela me conduit à m'interroger sur les tenants et les aboutissants de l'existence de ces êtres. En somme, cette AVH a piqué ma curiosité pour l'univers de Titan, que je connais mal (idem pour la figure de Yaztromo ; je me suis donc finalement décidé à taper son nom dans Google Redface ). Si je me souviens bien, cette AVH a été écrite dans le cadre d'un concours destiné à promouvoir l'univers des Défis fantastiques : force est de constater qu'elle remplit ce rôle avec brio. C'est là que ce qui était une qualité est devenu un léger défaut, ou bien cela était calculé puisque la réponse à ma critique a déjà été placée dans la bouche du shaman himself ! Oui, j'aurais bien aimé en apprendre plus au sujet de ces Êtres sombres, de leur univers étrange et de leur ruche mystérieuse ! Mais comme c'est subjectif, il reste préférable de s'en tenir à une unité de traitement des descriptions pour toute la durée du récit. Je note tout de même que certains lieux majeurs font l'objet d'une description plus détaillée, ce qui est normal et contribue à la qualité de cette AVH bien construite.

Autrement, les énigmes ne m'ont pas paru insurmontables. Quand j'ai rencontré Yaztromo, j'ai tout de suite fait le lien avec la lame de l'épée. En revanche, j'ai tout aussitôt oublié le conseil après coup et j'ai donc dû, comme dit plus haut, tourner en rond un certain moment, aller voir du côté des Êtres sombres et recommencer la partie avant que de songer à me mirer dans le lac. Une fois cet obstacle franchi, je suis allé assez vite, sans toutefois négliger de tomber dans le gros panneau du père d'Abitha... Concernant la dernière énigme, je vois que beaucoup la trouvent injustement difficile. Pour ma part, je ne le pense pas. Il s'agit de jouer avec les numéros de paragraphes, en se repérant grâce à des informations disséminées dans le texte. Comme c'est exactement le même principe qu'avec la première énigme, avec pour seule différence que les informations à retrouver sont dans le premier cas situées dans un seul paragraphe et dans le second, dans deux paragraphes, cela est tout à fait fairplay.

Je ne peux en revanche que regretter le grand nombre d'erreurs non pas d'orthographe, mais d'inattention. Il y a beaucoup de phrases bizarres où un mot manque, se répète ou se promène là où il ne devrait pas. En somme, on voit l'auteur hésiter entre différentes tournures et, surtout, on le voit ne pas se relire suffisamment !

Quoi qu'il en soit, j'aimerais beaucoup voir paraître une suite car au-delà du système de jeu spécial (qu'il faut savoir apprécier à petite dose), l'ambiance, l'univers et le style m'ont séduit.
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#9
merci Lucius, je suis content que tu aies apparemment adhéré à l'esprit de l'AVH.  Je comprends ceux qui comme Skarn ou titipolo trouvent que le fait de tourner exagérément en rond est rebutant, mais de mon point de vue la difficulté n'est pas complètement gratuite parce que elle répond aux besoins du thème... mais transgresser poliment les règles est un parti-pris qui me convient tout à fait, peut-être même que ça fait partie de l'apprentissage du rêveur Smile Par contre ce serait bien que tu mettes une partie de tes commentaires en spoil (même si sur ce site c'est un peu casse-pieds)...

Concernant les Etres Sombres, pour le coup ce n'est pas un emprunt à l'univers de Titan mais à celui de Carlos Castaneda à qui je rends un bref hommage au début. Je suis parti du principe que les elfes rêveurs d'Yffen ne devaient pas forcément avoir la même cosmogonie que les créatures plus urbaines de Titan... Donc le meilleur moyen d'en savoir plus sur eux (même si j'ai modifié leur nom) c'est de lire "L'Art de rêver" de cet auteur. Je peux quand même te donner quelques éléments à ma sauce:

Les Etres Sombres comme la plupart des Esprits ou Démons des croyances dites primitives ne sont en eux-mêmes ni "bons" ni "mauvais". Ils sont puissants et dangereux parce qu'ils recherchent l'énergie du rêveur pour alimenter leur puissance. S'ils ne peuvent arracher cette énergie par la force, alors ils sont prêts à la négocier comme des marchands de tapis ! En échange ils peuvent attribuer au rêveur ou au shaman des pouvoirs qui défient l'imagination, jusqu'à le rendre immortel même. Mais cette immortalité elle-même peut avoir un prix puisqu'elle ne permettra peut-être pas le retour dans notre réalité...
Pour finir, oui j'ai bien l'intention de faire une suite (sachant que cette AVH est déjà une préquelle aux Spectres de l'Angoisse de Robin Waterfield). Je compte réutiliser les paragraphes soleil dans un contexte moins étouffant avec une AVH qui combinerait la réalité et le rêve. Pour rassurer les lecteurs, pas questions de faire un casse-tête sur 400 paragraphes ! En tout état de cause cette suite n'est pas pour aujourd'hui, mais des commentaires comme le tien m'encouragent à lui donner réalité.
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#10
Explorer le monde des rêves ! Voilà qui paraît tentant. Retrouver le héros des "Spectres de l'Angoisse", encore apprenti, est une idée agréable.

J'ai toutefois déchanté en arpentant les méandres du rêve : trop de combinatoires, trop d'aléatoire. C'est bien sûr parfaitement logique au vu du sujet. J'aurais toutefois préféré que les rêves se combinent de manière à former un récit ou un parcours cohérent, ce qui n'est le cas que vers la fin, passé une sorte de ligne de partage des eaux que je n'ai pas atteinte par lassitude. Après quelques déambulations, sans points de repères sauf les endroits par où on doit passer et repasser, trouvant au hasard des objets ou des influences sans que rien ne semble se construire (en apparence du moins !), j'ai refermé le PDF sans chercher plus loin. C'est au récit interactif d'être distrayant, de maintenir mon implication, et non à moi de faire un effort pour m'y affronter. Pas question de tracer des graphes pour une aventure de cinquante paragraphes... Désolé de ce jugement qui va sembler dur, mais que l'auteur ne se décourage pas et persévère, le style est, lui, louable, et l'inspiration comme l'érudition indéniables !

A la relecture rapide des paragraphes cette fois dans l'ordre numérique, je remarque un paragraphe 24 très bien écrit (fin alternative bien troussée), un conseil intéressant de Yaztromo (inverser les chiffres du paragraphe où on remarquera un certain détail, si j'ai bien compris), des Êtres Sombres attirants et inquiétants à la fois, et enfin un 53 assez joli, qui récapitule les principales étapes de l'aventure. En fait, ce qui m'a rebuté c'est l'aspect casse-tête volontairement chinois, car l'écriture et le personnage qu'on incarne sont, eux, attachants.
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#11
J'ai terminé l'aventure à mon tour. Elle a un scénario original, à la fois par son côté onirique et par le fait qu'il s'agisse simplement de réparer les conséquences de notre imprudence. L'atmosphère est plaisante et bien dosée (les rêves dans lesquels on vagabonde ne sont ni trop ordinaires ni trop extravagants). Les situations dans lesquelles on se retrouve ont un certain charme. Le concept des influences est très sympathique.

Le principe même de l'aventure amène le joueur à décrire beaucoup de boucles (même si les "renvois soleil" atténuent un peu la chose). Un peu comme Lucius, je dois avouer que je ne me suis pas toujours fatigué à refaire tout le trajet nécessaire pour obtenir une influence qu'on me demandait, à partir du moment où j'avais déjà eu cette influence et où je me souvenais de la façon de faire. Les retours en arrière sont à vrai dire très appropriés pour une aventure où on est prisonnier d'un rêve dont on ne parvient pas à s'éveiller, mais ça devient tout de même assez répétitif à la longue.

A noter que j'ai beaucoup aimé l'astuce du reflet, qui oblige à se montrer attentif.
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#12
Pour info j'ai posté une troisième version de l'AVH sur Littéraction. Il y a quelques modifications de contenu, mais pas de la structure. J'ai essentiellement retravaillé les règles, avec deux objectifs en tête:
- répondre aux protestations concernant la difficulté et le caractère exagérément répétitif de l'AVH, sans défigurer celle-ci;
- introduire des éléments de règle de la future Geste d'Eldenourin pour rendre le lecteur familier avec celles-ci;
Au final ça donne deux Evolutions majeures:
L'introduction de points de POUVOIR qui peuvent être parfois gagnés ou perdus, mais qui sont d'abord utilisés pour effectuer des "sauts" de paragraphes solaires.
La possibilité de conserver jusqu'à trois Influences (en étant obligé de subir une Influence nouvelle), qui permet de raccourcir grandement l'AVH tout en introduisant une dimension de gestion (légère).
En outre j'introduis une codification des notes prises sur les paragraphes solaires, qui rebutera sans doute certains qui s'en passeront, mais su laquelle je compte m'appuyer dans le futur...
Bonne lecture à ceux qui ont envie de (re) tenter l'aventure.
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