01/09/2014, 21:15
(Modification du message : 15/11/2014, 17:01 par Lyzi Shadow.)
mail du 9 mars 2014
Avion vers le Japon.
Après plusieurs rêves où je prenais l'avion pour le Japon, c'est finalement arrivé. Le service était très agréable. Pour le repas, nous avions le choix entre "menu japonais" et "menu international". J'ai pris le menu japonais (riz au curry et un peu de fruit de mer) mais c'était amusant de voir que les Japonais à côté de moi avaient pris le menu international (poulet). Par contre, le camembert ça devait être trop étrange pour eux : ils n'y ont pas touché.
Le repas du soir a dû être servi vers 21h ou 22h, heure de Paris, mais il était 23h ou minuit en Scandinavie, laquelle nous survolions.
Au bout d'un moment, les lumières s'éteignent. J'essaie de fermer les yeux et je m'endors assez vite.
Au réveil c'est un peu la panique ! Impossible de retrouver mes lunettes. Bizarrement, le casque audio que j'avais gardé en équilibre précaire sur l'accoudoir et sous mon bras est resté en place. Mais mes lunettes que j'avais bien rangées dans le filet au dos du siège de devant ont réussi à tomber. Elles ne sont pas à mes pieds, pas sur mes genoux, pas dans mes poches... Ça va être dur à l'école sans pouvoir lire au tableau !
Heureusement, je sais dire ‹‹ Avez-vous vu mes lunettes ? ›› en japonais à mes voisins. Ma voisine de derrière finit par les trouver par terre. Ouf !
Les lumières s'allument. Les hôtesses nous disent ‹‹ohayoo - good morning›› en servant le jus d'orange du réveil ("a wake-up treat"). Nous avons dormi 6 ou 7 heures, mais il est 13h moins le quart à Tokyo. Drôle de matin !
Le petit déjeuner japonais (mes voisins ont pris la même chose que moi cette fois), c'est une omelette très très liquide (difficile avec les baguettes ! ) et un tout petit peu de poisson.
Encore un peu de stress à l'aéroport. Est-ce que la douane va me laisser entrer ? Vais-je trouver mes bagages ? Vais-je trouver ceux qui viennent me chercher pour le transfert ?
Trajet vers la famille d'accueil.
Le car va m'emmener jusqu'à Shiki Station (préfecture de Saitama), où M. et Mme Nakae m'attendront. Je ne comprends pas tout de suite que la fille du transfert ne m'accompagne pas dans le car, du coup je ne lui dis pas correctement au revoir. Ce n'est pas mon premier impair au Japon, et je sens que ce ne sera pas le dernier.
La vue depuis le car, autour de l'aéroport, est assez banale. Une route, des murs anti-bruit, des arbres, des stations essence. Ça pourrait être la région parisienne. Sauf que les arbres ne sont pas tout à fait les mêmes. Et on roule à gauche.
Le trajet est long : 2h30, peut-être 3h. La fille m'a dit que je devais descendre au 2e arrêt, mais j'ai peur de le rater. Je pique du nez, je m'endors : j'ai mal dormi dans l'avion. En plus, le car ronronne et la nuit tombe.
Le paysage varie. Les zones portuaires sont absolument magnifiques - mais immenses et désertes. Les gens doivent seulement y travailler, pas y vivre. Certains bâtiments de la ville de Tokyo sont moches - des vieux gratte-ciels façon années 70 ou 80. Mais les lumières de la ville et ses enseignes lumineuses, dans la nuit, font quand même un joli tableau.
J'ai toujours du mal à croire que je suis au Japon. J'ai tellement imaginé y aller que j'ai encore du mal à enregistrer que j'y suis vraiment. Je suis un peu hors du temps.
Hiromi (Madame Nakae) m'attend à l'arrêt du car. Nous nous reconnaissons tout de suite. "Hajimemashite ! " me dit-elle en mettant ses mains de chaque côté sur mes bras. Elle a l'air contente de me voir.
Monsieur Nakae vient nous chercher en voiture, mais c'est un peu la panique devant la gare, du coup nous avons à peine le temps de nous saluer au moment où je monte, et pas avant que j'ai chargé mes bagages.
Je trouve que la ville est jolie la nuit. Mais non, me dit Hiromi-san, elle n'est pas très jolie. La France c'est joli.
"On ira acheter ton passe de train demain. Aujourd'hui, tu dois être fatigué."
Bien sûr, ils ne parlent pas un mot de français, et à peine quelques mots d'anglais.
La famille d'accueil.
La maison est jolie. Comme sur la photo mais sans la neige.
Le repas est très bon. C'est la première fois que je goute du yakisoba : des nouilles de sobā (de sarrazin) grillées, avec de la viande, des épices et des légumes. J'ai aussi le droit à deux crêpes au sirop d'érable entre les yakisoba et une deuxième part de viande, c'est assez curieux. Puis encore du riz avec un légume épicé.
Quelque part, c'est un peu déprimant d'entendre le japonais : je me rends compte à quel point mon niveau est faible, que ce soit les annonces à l'aéroport ou dans le car, l'autoradio, la télé, ou quand Monsieur et Madame Nakae parlent entre eux, je ne comprends rien.
Je me dis que même en 3 mois, il y a vraiment aucune chance que je devienne bilingue. Je pars de trop loin.
Mais c'est aussi surprenant de voir que des choses que j'avais complètement oubliées me reviennent quand j'en ai besoin ou que j'y suis confrontées.
Il est tard (21h), je suis fatigué, et la dame m'explique comment la douche fonctionne tout en japonais. C'est dur ! Mais j'ai compris.
La douche est sur le sol à côté du bain. Je l'avais appris (ou lu ou entendu) et oublié, et ça me revient en le voyant. On se douche debout sur le carrelage et ça sent le chlore. Ça donne un peu l'impression d'être à la piscine.
On m'offre le bain chaud, mais ce soir, je prendrai juste la douche. On va attendre demain soir pour apprendre comment prendre un bain à la japonaise, ça fait assez de stress pour aujourd'hui.
Je me couche après la douche et je m'endors très vite. Ils chauffent très fort dans la journée, mais la nuit ils coupent l'air conditionné. Il y a au moins 4 grosses couettes sur mon lit.
Je me réveille vers 3h du matin mais je me rendors. J'avais dit que je me lèverais à 9h, et finalement, vers 7h, je suis debout.
Au petit déjeuner, une sorte d'omelette : un œuf au plat mêlé à des champignons sautés et des petites saucisses. Il y a encore deux crêpes au sirop d'érable et du foie gras - souvenir de France.
Je suppose que c'est parce que je suis français qu'ils ont trouvé gentil de me servir du foie gras de France (il est très bon en plus) mais c'est assez curieux au petit déjeuner.
Tu bois du café, me demande la dame ? "Nomimasen" réponds-je. Non je n'en bois pas (forme polie). "Nomanai" me corrige-t-elle : elle veut que j'arrête de lui parler avec la forme polie et que j'utilise la forme neutre.
Je fais ma vaisselle - comme chez moi - mais l'eau fonctionne dans le sens inverse : on baisse le levier pour faire couler l'eau et on relève pour couper. Je n'arrête pas de me tromper.
Je n'ai pas assez de liquide pour acheter un passe de 3 mois et les banques postales sont fermées le dimanche. Il va falloir que j'achète ça demain, après être allé à l'école. J'ai au moins assez pour un ticket.
Ce matin, après le petit déjeuner, Nakae Kenji-san et moi sommes allés marcher un peu. Nous sommes allés jusqu'à la gare d'où je vais partir à l'école tous les matins. Ce n'est pas tout près. Il y a bien 10-15 minutes à pied.
Il y a un grand soleil mais le vent est froid et pénétrant. On passe sur le bord du yanasegawa (fleuve yanase ou rivière yanase).
Nakae-san m'a offert du taiyaki. C'est une friandise qui a la forme d'un poisson. J'ai déjà vu ça. Yami "Darkness" se nourrit exclusivement de ça dans le manga coquin "To-LOVE-ru Darkness". Je crois que normalement c'est fourré à la confiture de haricots rouges, mais celui que je mange est à la crème pâtissière. La croûte a un goût de churros.
À midi, je mange pour la première fois du tempura -depuis le temps que j'en entends parler. C'est bon, même si je ne suis jamais très fan de ce qui est pané.
Le Wi-Fi fonctionne et j'arrive à recharger mon téléphone par USB -pas besoin d'acheter un adaptateur électrique. Je peux donc envoyer par mail mon espèce de "carnet de voyage" par mail aux parents. (Même si c'est long à taper par téléphone.)
Vers 14h30, je dis à Nakae-san que je monte dans ma chambre pour me reposer un peu. Avec le stress de l'habituation nécessaire, plus la digestion, je suis vite fatigué. Sauf que je m'endors et que je me réveille à 17h !
Je descends et je m'assois à la place où je mange d'habitude. J'espère que ça n'a pas été interprété comme si j'avais faim. Nous mangeons vers 18h. C'est un peu tôt pour moi alors que nous avons bien mangé à midi. Il y a de la soupe aux coquillages, une grosse tranche de saumon, un bol de riz, du bœuf bouilli et des petites patates. Ça fait beaucoup. J'essaie de manger un maximum mais je n'arrive pas à finir. "Daijobu" me dit-elle (ce n'est pas grave). Je réponds quand même qu'elle a beaucoup travaillé, alors c'est dommage. Le riz va à la poubelle mais on garde le saumon. Hiromi-san me demande si je n'aime pas le saumon. Je lui dis qu'il y avait beaucoup et j'essaie d'expliquer que j'ai peu faim, mais j'ai l'impression qu'elle croit que je n'aime pas le poisson. S'il y a quelque chose que je n'ai pas trop aimé, c'est juste que le riz et les légumes étaient trop salés pour moi. Demain, il va falloir se lever à 6h50 pour partir à 7h30 à l'école. Ça va être serré pour prendre la douche et le petit déjeuner ! Moi qui ne suis pas très rapide...
mail du 12 mars 2014
Avec les camarades de classe, on ne cesse de passer du français (avec la Belge et le Suisse) à l'anglais (avec le Suédois, l'Indien, les deux Canadiennes ou l'Américaine) au japonais (quand on est en cours, quand on commande un plat, ou quand le Vietnamien, ou les Taïwanais ont du mal avec l'anglais), c'est assez amusant.
L'ambiance est plutôt bonne.
Le premier prof que j'ai eu (il fait mardi et mercredi apparemment) est assez marrant. Il dessine au tableau des petits personnages, genre manga, toujours très expressifs. Apparemment il dessine aussi dans son temps libre. Kinyoobi (c'est-à-dire vendredi) il va donner une interrogation écrite, qui portera aussi sur des éléments qui ont été vus avant mon arrivée. Bonne chance à moi, donc...
Si c'est de la grammaire ça va parce que je suis en avance sur les autres. Mais pour le reste... S'il y a du vocabulaire propre à la leçon, par exemple...
Malgré la quasi-absence de l'islam, je pense qu'il y a plus de femmes voilées au Japon qu'en France. Ici, le dieu unique s'appelle hygiène, le péché qu'il interdit est le partage d'air respiré, et le démon dont il protège est la grippe.
Certaines ont des yeux superbes au dessus de leur masque.
Lundi quand je marchais à pied vers la gare d'ikebukuro, sans la trouver, je demande mon chemin à deux de ces jeunes demoiselles masquées.
Mais justement l'une d'elle y va. "Isshō ni" me dit elle. Ce qui signifie littéralement "ensemble" (sous-entendu : allons-y ensemble).
C'est la 2eme fois de la journée que ça m'arrive : je demande mon chemin et on me propose de m'accompagner. La gentillesse des Japonais serait-elle plus qu'un cliché ?
Un peu plus loin l'une des deux va de son côté. Je reste avec la beauté masquée la plus mignonne (très joli regard).
Nous arrivons finalement à ma ligne. Au moment de me dire au revoir, elle retire son masque. Et là c'est la déception : elle est beaucoup moins mignonne quand on voit le bas de son visage. (Elle a des dents un peu bizarres...) Les gars des mille et une nuits avaient tout compris finalement : parfois le mystère est plus séduisant que le dévoilé.
La nourriture ici est juste succulente. Même s'il faut s'habituer au curry pour le petit déjeuner, ou au dîner le weekend à 6h.
Mardi, les camarades de classe m'ont invité à les rejoindre dans un sushiya (une boutique de sushi). C'était super bon, super frais et super moins cher qu'en France. On se sert ce qu'on veut (on peut aussi spécialement commander si le type de sushi qu'on veut n'est pas en train de défiler sur le petit tapis roulant au centre), et on paie en sortant par assiette. Une assiette a généralement deux pièces de sushi, et c'est 130 yens (1 euro) par assiette. À Paris ça doit être 4 euros la paire à la carte.
Aujourd'hui mercredi, nous sommes allés dans un restaurant spécialisé dans le riz au curry avec un accompagnement (viande, œuf, fromage....) fumé. On peut choisir son niveau d'épicé parmi 5 et son niveau de fumé parmi 3. J'ai pris au milieu pour les deux. C'était moins épicé que ce qu'on me sert à la maison. À ma table les deux autres garçons ont pris le max pour les deux, et la fille a pris le minimum. En même temps, l'Indien est paré.
mail du 15 mars 2014
Sorry je suis un peu souffrant aujourd'hui. Rien de grave mais mal à la tête. Sans doute à cause du relâchement après cette première semaine stressante.
Le test était pas génial. Comme prévu, la grammaire était facile, vu que je suis franchement en avance sur le groupe dans ce domaine, mais par contre sur le vocabulaire je me suis planté. Ça doit être du vocabulaire qu'ils ont vu dans les leçons précédentes.
Je raconterai ce que j'ai fait vendredi après-midi, et mes réflexions sur le rythme de la semaine et les transports en commun.
Mais là il vaut mieux que je me repose.
En plus, à la télé, il y a eu cette nouvelle comme quoi une jeune fille s'est suicidée à cause du harcèlement à l'école.
Ça m'a fait penser à Anna et à son probable suicide et ça m'a un peu déprimé.
Au moins c'est bien qu'aujourd'hui, que ce soit au Japon, en France, ou aux USA, cette histoire de harcèlement à l'école soit enfin reconnue comme un problème, comme quelque chose qui n'est pas normal, que les écoliers ne devraient pas avoir à subir.
À mon époque, la réponse des profs, des surveillants ou des parents face à ça c'était de hausser les épaules et de dire "bah ignore les et ils s'arrêteront", ce qui est bien sûr une immense connerie. Les sadiques et les brutes ne fonctionnent pas comme ça, au contraire.
Mais pour tous ces braves gens qui auraient dû nous défendre, c'était normal, juste des histoires de gosse, et c'était notre responsabilité de nous défendre nous-mêmes.
Heureusement que ça commence à évoluer.
C'est un peu comme quand on s'est rendu compte que non, le viol marital, c'est pas normal.
Un peu tard pour beaucoup de gens, mais une bonne chose pour l'avenir.
mail du 16 mars 2014
Japon 6
Ainsi s'achève cette première semaine au Japon. (Plus que 11, je sens que ça va passer très vite ! )
Je commence à maîtriser ma routine et mes horaires.
Je me lève vers 6h30 ou 6h40. C'est relativement facile parce qu'en général je me suis réveillé vers 5h ou 5h30 et j'ai pas réussi à me rendormir (il faut dire que je me couche tôt).
Vers 7h ou 7h10, j'ai fini de me doucher, me raser, m'habiller, et de donner rapidement à mon lit l'apparence d'être fait. Je m'installe à table à ma place, et mon petit déjeuner, préparé par Mme Nakae, m'attend.
Ce n'est pas toujours la même chose : parfois du riz au curry, parfois de la soupe avec du pain et de la confiture...
Vers 7h35, j'ai fini la vaisselle et je monte prendre mon sac et mon manteau. Je préviens à voix forte "Ikimasu !" (j'y vais, je sors) tout en mettant mes chaussures, assis sur la marche devant l'entrée.
En 10 ou 15 minutes, je traverse le pont sur la Yanasegawa, je la longe un peu, et j'arrive à la gare de Yanasegawa.
J'entre alors sur le domaine de la ligne Tobu, qui appartient à un petit exploitant privé. Je passe ma carte Suica (reconnaissable à son pingouin) pour pouvoir entrer.
Sur les quais je dois prendre le bon train : un semi-express vers la gare d'Ikebukuro.
Ikebukuro est une grosse gare du nord ouest de Tokyo, relativement connue (on entend son nom dans certaines méthodes de langue).
Arrivé à Ikebukuro, je sors du domaine de la Tobu (là encore il faut présenter ma carte à l'appareil pour ne pas être bloqué). Juste après, j'entre sur le domaine de la JR (Japan Railways), c'est à dire la compagnie (originellement) d'État, et la plus grosse des compagnies de chemin de fer du Japon (voire du monde, en termes de service).
Je me dirige sur l'un des quais de la célèbre ligne Yamanote.
La Yamanote Line est la ligne de train la plus connue de Tokyo. Elle est célèbre pour tourner en boucle autour du centre de Tokyo, en passant par les plus gros quartiers de Tokyo tels que Ikebukro au nord ouest, Ueno et Akihabara à l'est ou encore Shibuya au sud ouest.
On peut penser notamment à un chapitre du manga Love Hina (de Ken Anamatsu) où suite à un malentendu de plus, Naru décide de quitter la pension Hinata et de rentrer chez ses parents. Mais Keitarō, très amoureux, refuse de la laisser partir, la suit dans le train, et l'empêche de descendre. Elle veut descendre à la prochaine station et reprendre la ligne dans l'autre sens mais il l'en empêche encore. Elle dit alors que de toute façon, la Yamanote circule en boucle, donc qu'elle attendra simplement qu'elle repasse par sa gare. Sauf qu'à force de s'endormir ou de se laisser distraire par leur dispute, ils la ratent encore 2 fois. Finalement, admirant tous les deux le coucher de soleil sur Tokyo, ils se disent "Allez... Faisons le tour encore une dernière fois..."
Bref, pour moi, je prends le train qui va dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, et je descends peu après à Shinjuku (un quartier assez central où se trouve l'autre école où j'ai failli aller, la SNG).
Là je n'ai même pas à prendre les escaliers pour changer de quai : j'ai juste à traverser la plateforme en largeur, et à prendre le train d'en face. Je suis toujours sur le domaine de la JR Est, mais je quitte la Yamanote pour la Chuō. Il doit être à peu près 8h30 ou 40.
La Chuō m'emmène une demi-douzaine de stations plus loin, à Suidōbashi.
Si Ikebukuro est reconnaissable pour moi à son premier caractère "ike" (mare, étang), Suidōbashi est reconnaissable à son caractère "sui" ou "mizu" (l'eau).
Cette fois je quitte définitivement la gare (il faut encore montrer le pass Suica), et je marche jusqu'à l'école Kudan. C'est à 5 minutes à pied maximum de la sortie est.
J'arrive vers 9h et le cours commence à 9h10. L'idée est d'arriver un peu en avance parce que les Japonais détestent qu'on soit en retard. Au bout de trois retards c'est compté comme une absence. Cela dit seuls les Occidentaux de la classe semblent effectivement arriver à l'heure. Les sinophones sont toujours en retard.
Le cours termine à 12h50 mais nous avons droit à deux pauses de 5 minutes.
Je mange avec les camarades de classe puis c'est temps libre, pour réviser ou se promener. Comme il me faut bien 1h30 pour rentrer, à 16h, 17h maximum, il est temps de reprendre le train. Je refais le même trajet à l'envers et je marche jusqu'à la maison.
J'annonce "tadaima" (je suis rentré) et on me répond "okaeri" (bienvenue). Nous mangeons vers 19h (18h le week-end). À 20h je suis déjà claqué et je lutte pour garder les yeux ouverts devant la télé. À 21h je monte me coucher en souhaitant bonne nuit ("o yasumi"). Je fais 10 ou 20 minutes d'Internet sur mon téléphone dans mon lit puis j'éteins. En général à 22h je dors.
mail du 20 mars 2014
Japon 7
Vendredi 14 mars
C'est le départ définitif de Bass (orthographe réelle inconnue), l'un des élèves de la classe, un Indien.
On lui a laissé choisir où on allait manger. Il avait envie de sushi donc on est allés dans la même boutique que mardi. C'est toujours aussi bon.
La veille au soir il y avait une émission sur la pieuvre (ika), les différents types et les différentes tailles qui existent et sont pêchés au Japon, et les différentes façons de les préparer et de les manger.
Ça m'a donné envie du coup j'en ai profité pour commander une paire de sushi à la pieuvre (sous forme de petites lamelles de chaire blanche).
Après nous sommes allés au Tokyo Dôme (où j'étais déjà allé faire un tour le lundi). Il y a une galerie de jeux d'arcade de Sega que je n'avais pas vu la première fois.
Nous y sommes entrés, et Bass en a profité pour faire un Purikura en souvenir avec plusieurs camarades.
Le purikura est un hobby purement japonais (même si d'après Wikipédia il en existe aussi en Chine et à Taïwan, apparemment c'est une invention de Sega, le célèbre fabriquant de consoles de jeu pour salon).
Le mot "purikura" est la contraction de "purinto kurabu" ("print club" prononcé à la japonaise).
Le principe est d'entrer à plusieurs dans une sorte de grosse cabine de photomaton pouvant accueillir 8 personnes et de prendre une photo tous ensemble. On peut souvent choisir un fond ou un décor particulier, mignon, romantique, classe ou délirant. Parfois, on peut même louer spécialement des perruques et des costumes pour se prendre en photo déguisé.
On choisit le cadre, le format et le nombre d'exemplaires, on paie la machine, et on pose. La photo sort un peu plus tard sous la forme d'autocollants en couleur que le groupe peut partager.
La première fois que j'ai entendu parler des purikura c'était... Là encore probablement dans le manga "Love Hina". (Pour ma défense, ce manga a eu un large succès partout dans le monde et a sans doute initié beaucoup d'Occidentaux à la culture japonaise.)
En effet, c'est un des points de départ du personnage principal (Urashima Keitarō). Pour bien qu'on comprenne que c'est un looser, en plus du fait qu'à 19 ans il n'a jamais eu de petite amie, n'a jamais dansé avec une fille, et a déjà raté 2 fois le concours d'entrée à l'Université, il collectionne les purikura, sauf qu'il est toujours tout seul sur les photos...
Jusqu'à un des premiers chapitres où l'héroïne (Narusegawa Naru) va entrer par surprise dans la cabine avec lui. Il aura donc pour la première fois un purikura de lui avec une jolie fille. Awww...
Dans un chapitre ultérieur Naru découvre d'ailleurs qu'il a collé le purikura dans le même cahier que le reste de sa collection, mais à part, tout seul au centre d'une page blanche, montrant ainsi l'importance qu'il y attache.
Dans un chapitre tardif également, quand finalement toutes les filles de la pension Hinata ont fini par s'attacher à lui, il y a une autre scène où elles organisent une petite fête en son honneur (je ne sais plus à quelle occasion... Sans doute après qu'il ait enfin réussi à rentrer à l'Université, ou quand il s'apprête à partir à l'étranger pour 6 mois) et tout le monde décide de faire un purikura avec lui. Il aura donc enfin un purikura de lui avec plein d'amis. Re-awww.
Bref suite à ce purikura que Bass a fait avec ses camarades les plus proches, en souvenir, nous avons passé un peu de temps dans la salle de jeux.
Les autres ont pu faire notamment du hockey sur table ou encore un jeu de rythme avec des tambours, ou même un jeu de course au volant. Personnellement j'ai testé un jeu de tir d'horreur : Dark Escape 3D.
Le thème est classique : on tue du zombie en visant sur un chemin prédéterminé, comme si on avançait sur un rail avec parfois des bifurcations. J'ai connu House of the Dead 1 et 2 (mais seulement sur ordi et console, jamais en borne d'arcade) qui avaient le même principe.
L'histoire est simple : après semble-t-il avoir été enlevé, le joueur se réveille en compagnie de la classique jolie jeune fille blonde avec des gros seins, elle aussi enlevée, sans qu'aucun des deux ne sache où ils se trouvent ni comment en sortir. Une vidéo d'un homme masqué vient révéler qu'ils sont les victimes d'un jeu pervers : il leur a laissé des armes, qu'ils survivent et ils gagnent, qu'ils meurent et ils perdent.
(On sent l'influence des séries de films d'horreur comme The Cube ou Saw, voire même du un peu plus vieux Battle Royale.)
La nouveauté du jeu vient du fait que l'image est en 3d (avec lunettes fournies), que le siège et l'arme de jeu vibrent, que le son entoure le joueur et que même de l'air est parfois soufflé sur son visage ! Tout pour donner une certaine ambiance. De plus le jeu prend constamment le pouls du joueur via ses mains enserrant l'arme d'interface, et calcule son score en conséquence.
J'ai beau tirer assez bien (souvent dans la tête) et avoir d'assez bons réflexes, je ne suis pas allé très loin parce que le jeu "triche" un peu : il y a certains adversaires qui vous blessent de toute façon, même si on a détruit tous leurs points faibles dans le temps imparti avant leur attaque. C'est un peu l'arnaque. À raison de 3 vies avant le game over, on a vite perdu.
Bref après s'être un peu amusé, chacun est reparti de son côté. Bon retour à Bass.
Japon 8
Week-end du 15-16 mars.
Samedi pas grand chose. Je me suis surtout reposé de cette première semaine assez stressante, et du coup, fatigante.
Marc ou Max, je ne suis pas sûr, un ami des Nakae, est venu nous rendre visite. C'est un Anglais de Londres, de mère japonaise, qui étudie lui aussi à Kudan, et qui a lui aussi été en pension chez les Nakae à sa première venue.
Nous avons parlé anglais (il a d'ailleurs dit en japonais à M. et Mme Nakae que j'avais un très bon niveau d'anglais). Malheureusement le dîner a été un peu gâché pour moi parce que j'avais mal à la tête. Je suis parti plus tôt me coucher.
Le dimanche j'ai trainé au lit, puis l'après-midi j'ai décidé de prendre mon appareil photo et d'aller me balader un peu dans les environs. Après tout, la veille j'étais resté enfermé toute la journée. Et autant profiter un peu du soleil.
L'habitude de mon trajet du matin m'a conduit jusqu'au pont sur la Yanasegawa.
De là, voyant le chemin de promenade sur la berge, je me suis dit que ce serait une chouette balade sans risque de me perdre, puisque je n'avais qu'à suivre la rivière dans un sens puis dans l'autre, et retrouver le pont qui m'est familier. C'était simple.
Pourtant, j'ai quand même réussi à me perdre. C'est dire mon sens de l'orientation et à quel point je peux être distrait.
Bref après à peu près 1h de marche, je décide d'avancer jusqu'au pont que je vois devant moi, de traverser, et de faire le chemin du retour sur l'autre rive.
Au bout d'un petit moment je commence à avoir des doutes, vu que je vois un de mes points de repère du mauvais côté par rapport à ce que je croyais me souvenir qu'il devrait être, et que je reconnais vraiment pas la rive où je suis. Je me dis que je dois mal me souvenir pour le point de repère, et qu'on voit vraiment les choses différemment dans l'autre sens. Après tout j'ai traversé le pont, et la rivière qui était sur ma gauche à l'aller est encore sur ma gauche, donc je peux pas être en train de continuer dans le même sens, par exemple.
À un moment il semble même que la rivière a changé de nom sur les panneaux. Quand je demande mon chemin à une dame, il semble que ce soit toujours Shiki la ville sur ma droite. Donc normalement pas de soucis.
J'arrive finalement à une bifurcation. La rivière continue tout droit en face sur l'autre rive, et part sur la droite de mon côté. Je vais m'éloigner de mon point de départ si je ne trouve pas le moyen de traverser.
Au final je me retrouve sur la route, dans les terres, sans moyen de traverser. Quand je demande mon chemin, il semble que les gares de Shiki et de Yanasegawa soient assez loin.
Je poursuis sur la route jusqu'à un supermarché "Lawson Station" où on me montre une carte d'état-major du coin. Je suis assez loin de la rivière Yanasegawa, mais je peux la rejoindre en continuant sur la grande route tout droit, puis l'autre grande route à droite vers l'ouest. Assez simple. Mais je commence à avoir mal à la hanche et aux pieds.
Ce qui a dû se passer, c'est qu'à un moment où je devais être concentré uniquement sur mon côté de la rivière, j'ai dû arriver à une première bifurcation. La partie qui partait sur ma gauche devait être la Yanasegawa, et j'ai dû suivre celle dont j'ai vu le nom différent sur un panneau à un moment. Je n'ai remarqué que la 2ème bifurcation qui m'a laissé le long d'un troisième cours d'eau avec un nom encore différent (la shita quelque chose) d'où j'ai rejoint la route.
Au final, malgré mon inquiétude, je suis arrivé à bon port. Au lieu d'une balade de 2 heures, j'en ai fait une de 3 heures.
Au moins j'ai fait pas mal de photos. De la rivière, des ponts, des maisons typiques sur la rive, des lampions encore éteints mais prêts pour le matsuri (fête shinto) du printemps ou d'un champ cultivé avec une partie à sec, et une partie inondée.
J'ai même une photo de la vue sur Shiki depuis le pont, avec son feu multicolore allongé et ses câbles électriques, qui pourrait être une image sortie tout droit de l'anime "Serial Experiment Lain".
Japon 9
Lundi 17 mars
Après toutes ces petites choses qui m'ont rappelé la BD manga "Love Hina" (la Yamanote Line, le purikura), j'ai eu envie d'aller visiter un des lieux clés de cette histoire. Il faut dire aussi que j'ai relu les 14 volumes rapidement quelques jours avant de partir. Ça faisait longtemps à vrai dire.
Quand j'étais à Castres (2001-2003), il m'arrivait de le lire en boucle. J'ai dû le relire partiellement ou en entier occasionnellement, mais là je l'avais délaissé depuis un certain temps.
Il faut dire que ça fait quelques années que ma "passion" pour les manga et les anime japonais s'est franchement émoussée. Au bout d'un moment, c'est un peu toujours la même chose, et au milieu des feuilletons purement commerciaux interminables dont l'histoire ne progresse jamais, les grandes œuvres qui mêlent à la fois de l'action typique de la formule, la répétition des mêmes gags, une histoire profonde et un développement des personnages, sont plutôt rares.
Du coup, je ne suis plus tellement l'actualité du manga. Mais je reste sentimentalement très attaché aux œuvres qui m'ont marqué il y a 10 ou même 20 ans, comme Akira, Armitage III, Vidéo Girl Aï, Evangelion Néon Genesis, Ghost in the Shell, Vandread, Serial Expérimental Lain, Memories, Larme Ultime dernier chant d'amour sur cette planète, et bien sûr, Love Hina.
Le point de départ de Love Hina est donc le suivant : Urashima Keitarō, un looser de 19 ans, se souvient de la promesse qu'il a faite à son amoureuse de quand il avait 3 ans (et dont il ne se souvient même plus du nom), qu'ils se retrouveraient tous les deux à Tōdai, parce qu'elle avait entendu une légende comme quoi si un couple entre ensemble à Tōdai, ils seront heureux ensemble pour toujours.
Sauf que notre héros n'a plus aucune idée d'à quoi peut ressembler la fille de la promesse maintenant qu'il est adulte. De plus, Tōdai, raccourci pour Tōkyō Daigaku ("université de Tokyo"), est l'université la plus prestigieuse du Japon, au concours d'entrée le plus difficile, et Keitarō a des notes catastrophiques.
(Wikipédia précise que Tokyo Daigaku a formé plusieurs premiers ministres du Japon et plusieurs prix Nobel. Elle a un taux d'admission d'environ 24% !)
Bref va-t-il pouvoir réaliser son rêve, être fidèle à sa promesse et retrouver son amour d'enfance ? Se souviendra-t-elle de lui ?
Point de départ assez banal, somme toute, mais lançant une histoire passionnante grâce à un casting de personnages hauts en couleur, une certaine poésie toute japonaise dans la mise en scène du passage du temps, et une série de mésaventures loufoques et complètement improbables.
(Wikipedia ajoute que le manga s'inscrit dans le genre des "pantsu" -mot japonais pour "panties" soit "petite culotte" en anglais- c'est à dire que le héros passe son temps à se retrouver par accident à voir les filles (et surtout l'héroïne) en sous-vêtements voire à moitié nues, à se faire traiter de pervers, et à se faire tabasser par les filles. C'est en effet le running-gag incontournable de la série, mais pas vraiment celui qui me fait le plus rire.)
En plus l'histoire d'amour est pas trop gnangnan et assez touchante. Encore que l'indécision de Naru finit par devenir un peu lourde au bout d'un moment, prolongeant la série un peu artificiellement. (Lui met un ou deux volumes à tomber amoureux d'elle, et un ou deux de plus à l'avouer. Elle en met 12.)
Bref, avec tous ces souvenirs en tête, j'ai décidé qu'il était temps d'aller à l'Université de Tokyo voir si ça ressemblait à la façon dont c'est dessiné dans le manga.
J'ai vu que c'était franchement pas loin de mon école (20 minutes de marche) et décide donc d'y aller à pied. Après m'être comme d'habitude perdu et être allé trop au nord, je demande mon chemin et j'arrive enfin devant le portail de l'université.
Le premier point de vue à trouver est bien sûr l'auditorium, avec sa grande horloge. C'est #ZE# image qui représente Tōdai dans le manga, et apparemment l'image la plus connue de l'université.
En fait c'est presque décevant. C'est plus joli en teintes de gris dans le manga. Avec ses briques rouges à l'ancienne, l'auditorium aux murs sales et abimés est plutôt moche. En plus, c'est vraiment pas de bol, mais il faut que l'année où je sois là, il y ait des travaux ! Ça gâche la vue et c'est bruyant.
Mais ça fait quand même super plaisir d'être en face du VRAI Tōdai. Avec en plus l'ironie d'y être "entré" facilement.
Ils ont quand même un très beau campus. Il y a notamment un petit parc avec une mare (laquelle est apparemment assez célèbre suite un roman qui lui a donné son surnom) dans l'enceinte de l'université. Il daterait de l'ère Edo.
Je prends des photos de l'auditorium, du parc et de sa mare, des carpes que l'on nourrit... Je vois aussi des étudiants japonais qui jouent au baseball sur le terrain du campus.
Il faudra que je revienne parce que j'aurais voulu voir le musée de l'université, mais il est fermé le lundi. (Toujours pas de bol...)
Malheureusement, et bien que je ne m'attendais pas du tout à les voir, je n'ai pas croisé Keitarō et Naru. Le fait qu'ils soient des personnages totalement fictifs doit y être pour quelque chose.
Ça reste un peu triste.
mail du 22 mars 2014
Japon 10
Mardi 18 mars.
Cet après-midi là, je suis allé me balader un peu au quartier Akihabara.
J'y étais déjà passé la semaine précédente (le mercredi 12) pour récupérer à la gare ma carte Suica que j'avais perdue le mardi soir, en rentrant du parc Ueno.
J'avais rapidement vu la grande rue avec ses enseignes aguicheuses, mais ça m'avait déjà pris pas mal de temps pour venir à pied depuis l'école Kudan, puis pour tout régler à l'office des objets trouvés, et du coup j'étais rentré aussitôt sans avoir vraiment le temps de me balader.
Il fallait donc que je revienne, donc c'est chose faite.
Akihabara est LA Mecque des gamers, des geeks, des otaku, et autres fans de manga, d'anime et de gadgets électroniques. La rue est truffée de boutiques d'électricité et d'électronique, vendant téléphones portables, prises, appareils photos, jeux vidéos, composants électroniques, manga, DVD, caméras...
C'est très célèbre pour les fans de ce genre de choses, et pour ainsi dire un passage obligé de toute visite à Tokyo pour une certaine génération. J'ai pu constater qu'il n'était pas rare d'y croiser des occidentaux déguisés en personnages de jeux ou de manga/anime, avec leurs perruques colorées. Apparemment, et si j'en crois une page coquine ou deux sur Internet, les filles du quartier ont également une réputation un peu sulfureuse...
Je me balade sur l'avenue en prenant quelques photos. Je me sens un poil ridicule à photographier des images publicitaires et autres posters d'héroïnes sexy, mais je pense que c'est important pour traduire l'ambiance du quartier.
Je rentre au hasard dans une boutique, juste pour regarder les articles. Je vois des jeux console et de l'électronique. Je découvre un escalier. Je descends au sous-sol et je trouve des body pillows (les fameux coussins à l'effigie d'héroïnes en taille réelle pour pouvoir s'allonger dessus) et des action figures. Je trouve notamment une figurine de Ayanami Rei (jeune fille personnage de l'anime Evangelion que j'aime beaucoup) qui n'est pas chère du tout. Sauf qu'elle s'abimerait dans ma valise si je repars en avion avec. Et si je me l'envoie à part par colis, je me demande si je ferais pas mieux de directement la commander sur Internet. Il faudrait que je prenne le temps de comparer les prix.
Au même étage il y a une grande statuette de Kaneda, le héros d'Akira (le tout premier manga/anime à m'avoir vraiment marqué), portant le fusil laser qu'il utilise sur la fin du film. Plutôt cool. Sauf que super cher par contre, beaucoup plus cher que ce que je suis prêt à mettre dans un bibelot joli mais inutile.
Apparemment il y a encore des étages au-dessus donc je monte les escaliers pour visiter le "2nd floor", c'est à dire le 1er étage. (Au Japon le rez-de-chaussée s'appelle le 1er étage. Il n'y a pas d'étage 0. J'avais déjà vu le niveau B1 et le niveau F1 donc je passais au niveau F2.) C'est juste des caisses pour payer (peut-être louer des DVD) avec deux trois babioles en vitrine sur les côtés. Je passe au 3ème niveau.
J'y trouve des étagères entières de manga. Je n'en reconnais aucun cependant. Je suis hors du coup depuis trop longtemps et de plus certains ne doivent sortir qu'au Japon (n'étant pas encore traduits).
Je passe à l'étage suivant. Dans l'escalier je vois un signe qui prévient que je dois avoir 18 ans. Houla.
Je comprends vite pourquoi. C'est un étage consacré aux manga, dessins animés et jeux vidéos pornos. Toutes les héroïnes sont dessinées avec un visage d'ange ou de gamine, des formes de rêve, des vêtements ultra-sexy ou fétichistes (SM ou soubrette...). Leurs grands yeux et leur rougissement mignon sur les joues sont censés trahir un désir inavouable, incommensurable et incontrôlable.
Un peu embarrassé, je passe à l'étage suivant. Par les posters dans l'escalier je comprends qu'il est réservé aux vidéos pour adulte filmées avec des actrices réelles.
Comme me le disait un camarade de classe quelques jours plus tôt, pour l'industrie pornographique japonaise, il semble que la beauté du visage soit beaucoup plus importante que pour l'industrie pornographique américaine (beaucoup plus basée sur la présence d'énormes seins siliconés, de faux ongles colorés, et sur la capacité à "performer" des actes toujours plus hard). Certaines de ces filles sur les posters, photographiées à moitié nues ou avec leur petite culotte qui a doucement glissé le long d'une de leurs jambes, sont vraiment très très TRÈS mignonnes. Elles font également incroyablement jeunettes. Certaines pourraient faire douter qu'elles ont au moins 18 ans. C'est assez surprenant.
(Encart ajouté après coup :
Quand j'ai écrit ces dernières lignes elles m'ont semblé familières. Je me souviens pourquoi maintenant. J'avais écrit presque la même chose dans mon précédent carnet de voyage, au sujet des prostituées que j'avais aperçues, nombreuses, sur les trottoirs de Vienne, dans la longue rue qui me menait à mon hôtel. Je trouvais déjà un peu triste de voir que certaines faisaient ce métier et avaient l'air si jeunes et si belles. Là le métier est moins dur mais les filles ont l'air encore plus jeunes...
Dommage que cet autre carnet de voyage ait disparu avec l'ancien forum de Katura.)
Un peu trop pudique, je préfère m'arrêter avant même d'avoir fini de monter l'escalier. Je n'ose pas jeter un coup d'œil à ce niveau et je redescends dans la rue sans avoir vu plus que les posters de l'escalier. (Qui sont probablement plus érotiques que les films eux-mêmes).
Ma visite m'a également conduit dans deux buildings portant l'enseigne "Sega" (toujours la boîte de jeux). Le premier est un "game center", un lieu entièrement consacré aux jeux.
Les deux premiers étages y sont entièrement consacrés à ce qu'ils appellent des "prize games" (jeux de prix à gagner).
C'est le genre de jeux qu'on a en France dans les fêtes foraines. Il y a un prix en jeu (ici par exemple une figurine d'un personnage d'anime) au milieu d'une cage en plexiglas et le joueur contrôle une pince mécanique pour tenter de l'attraper. Sauf que c'est l'arnaque totale et que même si le joueur positionne parfaitement la pince dans le trou (ce qui est loin d'être facile vu qu'on règle d'abord la position latérale, puis la profondeur, toujours dans le même ordre, sans retour en arrière possible et en un seul essai), l'anse en plastique glisse hors de la pince sans être saisie. J'ai jamais vu personne réussir. Je comprends pas comment ça peut avoir autant de succès.
Les quatre ou cinq étages suivants sont par contre dédiés à des jeux vidéo, c'est-à-dire des bornes d'arcade.
Fumeurs, donc j'étouffe et je crache mes poumons. Mais bon...
Il s'agit essentiellement de jeux de courses de voiture, avec le volant. Il y a aussi les grands classiques jeux de baston (duel à 1 contre 1, à 2 joueurs ou contre l'ordinateur, avec une vue de côté, les matchs étant généralement décidés par 2 rounds gagnants, un round étant vaincu par KO).
Deux genres qui ne m'intéressent pas vraiment, en fait. Mais c'est quand même ce qu'il y a le plus souvent dans les galeries d'arcade, avec les shoot them up et aujourd'hui les jeux de rythme.
Je découvre aussi un nouveau concept avec le jeu "Prince of Vermillon III". Apparemment c'est un jeu de stratégie où en plus de contrôler les troupes à l'écran, on peut étaler sur une tablette des cartes genre jeu de cartes à collectionner (type cartes Magic the Gathering et autres). Je sais pas comment ça se passe en pratique. Est ce que le jeu arrive à scanner les cartes ? Si on dépense des fortunes à collectionner des cartes fortes on a des bonus dans le jeu informatique ?
Je suis sorti de ce premier building en ayant juste regardé, et sans que rien ne m'ait vraiment intéressé.
Le deuxième indique "Sega Club". C'est aussi un game center. Mais il propose des choses un peu différentes. Déjà, celui-ci a beaucoup plus de jeux de rythme (on doit suivre le rythme d'un titre musical avec un tambour ou un bouton, une pédale...). D'ailleurs il y a plus de filles présentes, alors qu'elles étaient pratiquement inexistantes dans l'immeuble précédent.
À un des étages du dessus, je vois aussi un stand pour louer des costumes, ainsi que l'entrée d'une salle pour se changer, et une cabine de purikura interdite aux hommes.
Quelques minutes après mon arrivée, un groupe d'une dizaine de jeunes filles vient pour se déguiser en "maid" (en soubrette).
Je passe aux étages suivants. Au 3eme ou 4eme étage, je trouve enfin des jeux qui m'intéressent : des jeux de tir. En arrivant, je vois deux joueurs sur deux jeux différents où on utilise des fusils d'assaut en plastique pour tirer sur l'écran. Celui de gauche semble être plus dans un genre opération spéciale de police ou de commando, avec des terroristes à abattre avec précision en plusieurs missions indépendantes. Celui de droite (dont les graphismes ont l'air plus vieux ou plus moches) semble plus dans un esprit Rambo III, avec un seul super soldat qui va à lui tout seul détruire toute une base militaire, tanks et avions compris, avec moult explosions spectaculaires. Ça avait l'air marrant.
Deux pas plus loin cependant je trouve mieux : une allée de trois bornes d'arcade House of the Dead, célèbre jeu de tir (rail shooter) et d'horreur (puisqu'on tire sur des zombies et autres monstres). De droite à gauche, il y a House of the Dead II (que je connais presque par cœur, mais uniquement à la souris, donc qu'est ce que ça peut donner au pistolet optique ?), puis House of the Dead III, et enfin House of the Dead IV.
Le 3 présente une nouveauté, puisqu'au lieu de se jouer au traditionnel pistolet en plastique, il semble se jouer avec des fusils à pompe en plastique ! C'est plus musclé !
De son côté, le 4 se joue apparemment avec des pistolets-mitrailleurs de poing (plus exactement des pistolets "rafaleurs"), genre Intratec TEC-9, Ingram Mac-10 ou Mini-Uzi.
Bref sur le coup j'ai trouvé ça assez cool de voir trois bornes "House of the Dead" côte à côte, et du coup j'en ai pris des photos. Mais à la réflexion, ce ne sont pas des photos très intéressantes.
J'avais enfin trouvé un jeu d'arcade qui me plaisait, au point d'accepter de dépenser un peu d'argent -faut dire que je suis en général peu dépensier et que ces jeux là peuvent être de véritables gouffres.
J'hésitais entre jouer au II et au III. Le 2 je le connais presque par cœur, ce qui permettrait d'être moins surpris par les monstres et avoir plus de chances de battre les boss de fin de niveau, donc de mourir moins souvent et ainsi dépenser moins d'argent (ou aller plus loin en payant une seule fois). Mais quand même, justement, avec le 3 il y avait le plaisir de la découverte. Et puis jouer au fusil à pompe était quand même bien tentant. J'ai donc pris quelques pièces de 100yens, je me suis installé, et j'ai commencé une partie du 3.
Et il faut dire que oui, utiliser un fusil à pompe, c'était éclatant.
Dans la vraie vie, il faut actionner la pompe entre chaque tir. Puis, au bout de 5 à 7 tirs à peu près selon les modèles, le magasin de l'arme est vide et il faut remettre des cartouches. Évidemment, là c'est un jeu vidéo donc ça ne se passe pas exactement comme ça.
Déjà, dans les jeux précédents, on pouvait tirer 6 fois de suite au pistolet. Ensuite, il suffisait de pointer le pistolet optique hors de l'écran de jeu, en général en dessous ou à côté (ce qui fait perdre sa visée et du temps pendant que les monstres se rapprochent), et de presser la détente. Le pistolet était instantanément rechargé et on pouvait à nouveau tirer 6 coups -alors que dans la vraie vie il faudrait enlever le chargeur vide, mettre un chargeur plein et réarmer le pistolet/chambrer la première munition en actionnant manuellement la culasse. Ce qui prendrait beaucoup plus de temps qu'un petit tir hors écran dans le feu de l'action. De plus dans le jeu, on peut recharger autant de fois qu'on le souhaite, comme si on avait un nombre infini de chargeurs.
Il y a une astuce connue, d'ailleurs, qui consiste à cacher le capteur optique du pistolet de jeu et de presser la détente. Ainsi on peut recharger sans perdre sa cible. Mais c'est un peu de la triche.
Ici aussi, donc, l'utilisation du fusil à pompe est simplifié par rapport à la vie réelle. On peut tirer quelques coups à la suite (je ne me souviens plus du chiffre exact mais je crois que c'est 8) sans avoir à actionner la pompe à chaque fois -heureusement. Ce serait un peu difficile de mitrailler les hordes d'ennemis sinon. Par contre, quand le fusil est vide, il suffit d'actionner la pompe pour qu'il soit à nouveau magiquement plein de cartouches.
Et je dois dire que franchement, actionner cette pompe de shotgun comme un vrai héros de film d'action ou de jeu vidéo, c'était extrêmement satisfaisant ! Et naturel. C'est comme si j'avais fait ça toute ma vie et que je connaissais le geste par cœur.
Au début du jeu, j'ai trouvé que le système était vraiment gentil pour la taille de la zone touchée (ou alors c'est juste moi qui suis vraiment un bon tireur), parce que je touchais chaque zombie en pleine tête en visant à peine. Après les choses se corsent. Mes réflexes ça va. Même si forcément je connais pas encore bien le jeu donc je peux encore être surpris par des monstres.
Curieusement, ma principale faiblesse a été la même que pour le tir au pistolet au stand de Rouen : la force et l'endurance musculaires.
Parce qu'au début pas de problème : je tiens le fusil comme une carabine de chasse, les deux mains, mon œil directeur et les organes de visée alignés devant mon épaule droite.
Sauf qu'au bout de quelques minutes dans cette position, l'arme a beau être légère et en plastique, les muscles commencent à fatiguer -d'autant plus qu'on est tendu à cause du risque de se faire blesser par un zombie, on se crispe. On a mal aux bras et ça fout complètement en l'air notre précision.
En plus, pour une raison inexplicable, j'avais tendance petit à petit à avancer le bout du fusil vers l'écran. Je sais pas pourquoi. Peut-être inconsciemment l'envie d'être plus près de la cible. Sauf que c'est complètement idiot. D'une, je tends encore plus le bras vers l'avant, donc il se fatigue encore plus vite. De deux, le fusil n'est plus du tout en face de mon œil, il a plutôt tendance à descendre au niveau de ma poitrine voire de mes hanches.
De trois, même, j'ai lu un jour ou deux plus tard sur le net que les capteurs sont moins fiables à courte distance, et ne détectent même pas les tirs si on est trop près.
Bref à certains moments, ma visée était complètement à coté de la plaque, et je tirais à des kilomètres des monstres, jusqu'à ce que je corrige ma position.
Il y a aussi un petit soucis avec la façon dont on recharge dans le jeu. Comme je l'ai déjà expliqué, dans les jeux précédents qui se jouaient au pistolet, il fallait tirer à l'extérieur pour recharger, donc perdre sa visée. Comme ici il faut juste actionner la pompe, ce qui peut être fait sans bouger le canon, on ne perd pas sa visée entre deux rechargements. Sans doute pour pallier au retrait de cette difficulté, les concepteurs du jeu ont rajouté une chose. Quand le joueur actionne la pompe du fusil en plastique, on voit sur l'écran une animation des bras du personnage qui fait la même chose. Et pendant cette animation, il est impossible de tirer. Et elle est longue...
Résultat, je pourrais beaucoup plus facilement recharger dans le feu de l'action et faire pleuvoir le plomb sur des hordes d'ennemis si le jeu se contentait de me laisser recharger à ma propre vitesse. Je perds du temps à ne pas pouvoir tirer pendant que les zombies, eux, continuent à s'activer.
Bon je me suis quand même bien amusé dans l'ensemble, et je reviendrai sans doute avec plus de pièces un autre jour histoire de finir le jeu. (Il faut à peu près une demi heure d'après internet.... Bonjour la fatigue des bras !)
Là j'ai terminé le chapitre 0, très court, et le chapitre 1, après avoir passé un premier affrontement avec un boss. Je suis mort dans le chapitre 2.
Le jeu nous donne une note selon notre précision et notre rapidité à terminer un niveau. La note peut être, de la meilleure à la moins bonne : S, A, B, C, D ou E. Pour le chapitre 1 j'ai eu une note de C, ce qui est moyen. Pour quelqu'un qui n'a aucun entrainement sur ce genre de jeu, c'est plutôt pas mal.
J'ai visité aussi les autres étages. Au dernier, il y avait des bornes d'arcade de très vieux jeux (j'ai vu un exemplaire de "Final Fight"... C'est la version arcade d'un jeu qu'on avait sur Atari ST avec mon frère quand j'étais petit. Autant dire que ÇA DATE). Il y avait aussi un espace pour jouer aux fléchettes entre amis.
Je n'ai pas visité d'autres bâtiments que les deux centres d'arcade de Sega et le magasin Lamtarra. Pour le reste j'ai flâné dans la rue et j'ai pris des photos. Puis c'était déjà l'heure de rentrer.
mail du 26 mars 2014
Japon 11
Mercredi 19 mars.
Après avoir visité Tōdai le lundi et Akihabara le mardi, je commence à être à court d'idées. Je décide d'aller à Shibuya. J'y verrai peut-être le fameux croisement de deux avenues avec ses 4 passages piéton en carré et ses feux de circulation, l'image qu'on nous montre à chaque fois à la télé pour illustrer un sujet sur le Japon aux infos. Mais j'avoue que j'ai aucune idée d'où il se trouve.
La veille au soir, n'étant pas sûr qu'il y ait des choses à voir à Shibuya, j'ai demandé à ma famille d'accueil si c'était intéressant. On m'a répondu que c'était un peu les Champs-Élysées japonais. Pour des gens qui ne sont jamais allés à Paris, je ne suis pas certain de ce que ça veut dire.
Une fois à la gare de Shibuya (encore une dont on entend le nom dans les méthodes), on voit que c'est un quartier où ça circule beaucoup. Il y a une sorte de réseau de ponts pour piétons, assez larges et assez élevés, qui permet de passer au-dessus des voitures.
J'ai fait deux trois avenues dans les deux sens, mais au final, je n'ai rien vu de vraiment intéressant qui aurait valu une photo. J'ai remarqué l'entrée d'un bâtiment où il fallait avoir 18 ans pour entrer. C'était probablement un établissement de massage érotique ou le genre de bar où on est servi par des entraîneuses habillées en soubrette sexy. (Mais normalement pas un bordel : ils sont illégaux et on n'est pas à Roppongi, le quartier des yakuza.)
J'ai aussi vu un hôtel capsule.
C'est à peu près les seules choses dignes d'être remarquées que j'ai pu voir.
Cela dit, je n'avais pas mon guide sur moi. Ça vaudrait peut-être le coup de revenir faire l'itinéraire de promenade conseillé, qui m'emmènerait aux points intéressants.
Apparemment c'est le quartier "chaud" des lycéens et des collégiens, si j'ose dire. C'est ici qu'ils viennent pour s'amuser, sortir, faire du shopping et danser en night-club. Du coup c'est l'endroit où il vaut peut-être mieux être à plusieurs pour vraiment apprécier.
Jeudi 20 mars.
Pas grand chose non plus ce jour-ci. Il pleuvait donc je suis rentré directement, sans rien visiter.
mail du 4 avril 2014
Notes
Alors j'avais donc déjà eu une interrogation écrite le 13 mars où j'avais eu 15/25 (12/20) notamment à cause du vocabulaire des premières leçons qui me manquaient.
Puis, le 28 mars nous avons eu une autre interro, en préparation du devoir de fin d'année. Cette fois j'ai eu 26/30 (17,3/20).
J'étais très anxieux pour le devoir final, parce qu'il fallait obtenir un minimum de 60% (12/20) pour pouvoir aller aux cours intensifs la semaine prochaine.
Mercredi 2 avril, nous avons finalement passé l'examen. La partie écrite était très facile, mais mon manque de concentration m'a fait complètement raté la partie écoute/compréhension orale. De même, l'entretien oral a été vraiment pas terrible : je cherchais mes mots, je reprenais mes phrases, je parlais lentement...
Au final aujourd'hui je viens de recevoir les notes. J'ai eu 87,5% (17,5/20) en tout donc je passe !
J'ai obtenu 61/65 (18,8/20) à l'écrit, 11/15 (14,7/20) à l'écoute et 15,5/20 en conversation. J'avais peur, mais apparemment j'ai pas raté tant que ça l'entretien. Et les réponses que j'ai dû mettre au hasard à la fin du test d'écoute parce que j'avais zappé des trucs ont dû à peu près tomber juste.
Il y a 12 chapitres dans le livre de cours, et j'étais là à partir du 9ème. 8 chapitres à rattraper en moins de 4 semaines je me suis pas trop mal débrouillé.
mail du 14 avril 2014
Et le temps des cerisiers ?
Le temps des cerisiers, malheureusement, il est très court ! Une semaine, et puis, un coup de vent et pfuit ! C'est fini. Si tu n'as pas le temps d'en profiter, c'est déjà trop tard.
En ce moment je suis en cours intensifs l'après-midi. La prof du lundi (qu'on vient juste de découvrir) est plutôt marrante, et celle du mardi et jeudi est bien aussi. Par contre celle de mercredi et vendredi est chiante à mourir. C'est difficile de rester concentré avec elle.
Le problème avec les étudiants c'est qu'ils ont tous 20 ans, donc on n'a pas trop les mêmes trips. Ils étaient sympas et accueillants la première semaine, mais petit à petit, je me suis vite senti l'outsider. Comme si je ne faisais pas vraiment partie du groupe. Ils sont tous potes depuis un peu plus longtemps, donc c'est difficile de s'intégrer quand on n'est pas super social et charismatique.
Depuis le début des cours intensifs, ça va un peu mieux parce que j'ai rencontré une nouvelle camarade (bon par contre c'est une Française, c'est un peu dommage) et qu'elle se montre plus amicale et chaleureuse que ceux qui ne me disent pas bonjour si c'est pas moi qui les salue pas le premier. En plus, même si elle a 19 ans elle aime les films d'action des 80s/90s et le même genre de vidéos sur le net que moi, donc on a plus de délires en commun.
À côté, quand j'essaie d'expliquer comment les Français de l'époque où j'ai grandi voyaient les USA à la petite Américaine de 17 ans, croyant que c'est un sujet intéressant, elle en a en fait pas grand chose à foutre.
La Belge et le Suédois se retrouvent parfois avec d'autres pour picoler, mais c'est pas non plus mon genre de délire...
Vendredi 21 mars au soir, j'ai fait connaissance d'autres personnes.
[...cette partie a été censurée/modifiée par rapport au mail d'origine, pour ne pas divulguer certaines infos privées sur les autres personnes...]
Bref on est allés manger dans une crêperie bretonne. J'ai rencontré 3 Français [j'aurais dû écrire "francophones" d'ailleurs] et 3 Japonaises. Le lendemain deux des gars m'ont invité à aller visiter Asakusa avec eux. On a vu le Skytree et le temple de Senso-ji. 2 semaines plus tard (vendredi 5 avril) Étienne m'a invité à boire un pot au pub et faire un karaoké avec des collègues et potes à lui. Étienne est belge, ses potes étaient japonais, plus un Américain (le mari d'une Japonaise) et un gars qui je crois était péruvien mais je suis pas sûr.
Avec ces gens, qui sont plus de mon âge, ça se passe mieux. Je me suis bien amusé. Je reste quand même un outsider. Le seul qui n'a pas de boulot, pas beaucoup d'argent, et qui n'est pas en couple.
Ma semaine de vacances, c'est la première semaine de Mai. Ça approche.
Que dire d'autre ?
Le mardi 24 ou mercredi 25 mars, j'ai visité le jardin impérial. C'est dans les photos.
Le vendredi 5 avril, avant d'aller au pub d'Akasaka rejoindre Étienne et ses potes, je suis retourné à la ville électrique d'Akihabara et j'ai réussi à acheter un adaptateur pour les prises françaises. Maintenant je peux charger mon rasoir, mon appareil photo et mon téléphone dans ma chambre. Après j'ai eu le temps de rejouer au jeu House of the Dead 3, celui qui se joue au fusil à pompe. J'ai dépensé 1000 yens sans arriver au bout. J'ai été assez mauvais !
Le samedi 29 mars j'ai fait une autre promenade sur la Yanasegawa et j'ai photographié les gens qui faisaient le Hanami. Je me suis pas perdu cette fois.
Le samedi 6 mars au soir, Alberto est arrivé chez la famille d'accueil. Il avait déjà vécu 2 ans au Japon, du coup il parle bien mieux japonais que moi. Lui il a cours le matin. Je lui ai montré le chemin le matin de son premier jour, même si moi j'ai cours l'après-midi maintenant.
Le lundi 8 mars, justement, au lieu de reprendre les cours tout de suite (c'est le début de l'année scolaire) les profs nous ont emmenés visiter le plaza de Daikin, une entreprise qui fabrique des climatiseurs. Tout n'était pas passionnant...
Mardi 9 au soir, un troisième larron nous a rejoints chez la famille d'accueil. Un Américain du Connecticut, Nicolas.
Je le vois à peine cela dit. Il est presque jamais là. Par contre, il a la chambre à côté de la mienne. Les murs sont en papier donc on s'entend respirer. Ça peut être dur le matin ou le soir pour dormir.
Samedi 13 avril j'ai donné une seconde chance à Shibuya. Cette fois j'ai pris mon guide. J'ai tenté de faire l'itinéraire proposé. Je ne me suis presque pas perdu.
J'ai réussi à prendre une photo de la statue du chien, celui qui est venu attendre son maître à la gare tous les soirs, même 10 ans après sa mort. Et une photo du "Shibuya Crossing", LE carrefour le plus célèbre du Japon.
Au passage je suis tombé sur le Parc Yoyogi où plein de gens fêtaient encore le hanami. Un groupe au hasard m'a invité. Il y avait des Occidentaux et des Asiatiques. J'ai rencontré deux filles bien éméchées. La première m'a chipé mon appareil le temps de faire 3 photos pendant que l'autre, très jolie, est venue me parler d'un peu trop près pour mon confort (oui je sais qu'on voit le mec qui n'a pas touché une femme depuis 2011).
Il y avait aussi un gars avec un super tatouage qui apparemment aurait un appartement avec une vue magnifique sur le Mont Fuji. Bref c'était sympa.
Le temps est plutôt chaud en journée, mais je mets le pull le soir, et la nuit tombe encore très vite.
Demain premier cours de kanji. On verra comment c'est !
mail du 17 avril 2014
journée intéressante
Aujourd'hui était une journée intéressante.
1) Les filles commencent à s'habiller plus légèrement : moins de vestes, plus de manches courtes et d'habits près du corps.
2) J'ai eu l'occasion de flatter ma prof, ce qui n'arrive pas tous les jours.
Nous étions en train de réviser les descriptions positives/les énumérations.
Elle me demande : "dare ga suki desu ka?" (qui est-ce que tu aimes/apprécies ?).
Ce serait embarrassant de désigner une camarade de classe, donc j'hésite. Thuy, une Vietnamienne, souffle "sensei" (la prof). Et je suis assez d'accord (et ça m'implique moins que de choisir quelqu'un) donc je réponds :
"Sensei ga suki desu" (je vous aime bien vous, Madame)
Elle s'exclame : "hontou ni? Doushite?" (vraiment ? Et pourquoi ?)
La prof, pour blaguer, me demande "juu", une énumération de 10 éléments. (Genre avide de compliments...) Finalement elle demande "mittsu", soit une liste de 3 éléments.
Dong, un Vietnamien assis derrière moi me souffle "kirei". Là encore j'étais assez d'accord. Donc je réponds :
"Kirei da shi, yasashii shi, sore ni atama ga ii desu kara." (parce que vous êtes jolie, gentille et aussi intelligente)
Suite à quoi elle a fait mine de retourner à son bureau et d'écrire dans son cahier en disant "hmmm je vais lui donner des points en plus pour cette réponse !"
J'aime les profs qui ont de l'humour ! ^^
3) La même prof, pour nous expliquer la phrase "faasunaa ga aite imasu" (la fermeture éclair s'ouvre) commence à ouvrir sa jupe en disant "supesharu seebisu" (service spécial), le genre de phrase qu'une entraineuse de bar sortirait pour proposer un massage. (Ou une prof un strip-tease, apparemment ?)
4) Dans le train du retour, je m'assois à côté de deux femmes dont l'une a une poussette, et un bébé dans les bras.
La petite fille me regarde, tend son bras vers moi et fait : "Papa !"
Sa mère éclate de rire : "papa ja nai!" (c'est pas papa !)
J'étais très amusé. Je montre mon visage d'un mouvement circulaire du doigt et je dis : "chotto chigai" (c'est un peu différent, sous-entendu : mon visage doit être un peu différent). L'amie de la mère morte de rire.
Après j'ai demandé si par hasard le père ne porterait pas de lunettes, et elles m'ont dit que oui. J'ai dit que du coup je comprenais. Elles ont ajouté qu'il avait "la peau blanche" (shiroi niku), ce qui doit vouloir dire qu'il est occidental - parce que honnêtement j'ai pratiquement la même couleur de peau qu'elles.
Bref une journée amusante.
Et je sais pas ce que j'ai, j'ai porté particulièrement d'attention aux filles aujourd'hui. J'ai fait des blagues que de sous-entendus toute la journée (en restant subtil, quand même, je déteste le vulgaire). Je dois être en période d'ovulation, ou je ne sais pas quel équivalent c'est pour les garçons. Un pic d'hormones, ou un truc du genre.
Ou alors c'est l'effet du soleil de printemps.
Avion vers le Japon.
Après plusieurs rêves où je prenais l'avion pour le Japon, c'est finalement arrivé. Le service était très agréable. Pour le repas, nous avions le choix entre "menu japonais" et "menu international". J'ai pris le menu japonais (riz au curry et un peu de fruit de mer) mais c'était amusant de voir que les Japonais à côté de moi avaient pris le menu international (poulet). Par contre, le camembert ça devait être trop étrange pour eux : ils n'y ont pas touché.
Le repas du soir a dû être servi vers 21h ou 22h, heure de Paris, mais il était 23h ou minuit en Scandinavie, laquelle nous survolions.
Au bout d'un moment, les lumières s'éteignent. J'essaie de fermer les yeux et je m'endors assez vite.
Au réveil c'est un peu la panique ! Impossible de retrouver mes lunettes. Bizarrement, le casque audio que j'avais gardé en équilibre précaire sur l'accoudoir et sous mon bras est resté en place. Mais mes lunettes que j'avais bien rangées dans le filet au dos du siège de devant ont réussi à tomber. Elles ne sont pas à mes pieds, pas sur mes genoux, pas dans mes poches... Ça va être dur à l'école sans pouvoir lire au tableau !
Heureusement, je sais dire ‹‹ Avez-vous vu mes lunettes ? ›› en japonais à mes voisins. Ma voisine de derrière finit par les trouver par terre. Ouf !
Les lumières s'allument. Les hôtesses nous disent ‹‹ohayoo - good morning›› en servant le jus d'orange du réveil ("a wake-up treat"). Nous avons dormi 6 ou 7 heures, mais il est 13h moins le quart à Tokyo. Drôle de matin !
Le petit déjeuner japonais (mes voisins ont pris la même chose que moi cette fois), c'est une omelette très très liquide (difficile avec les baguettes ! ) et un tout petit peu de poisson.
Encore un peu de stress à l'aéroport. Est-ce que la douane va me laisser entrer ? Vais-je trouver mes bagages ? Vais-je trouver ceux qui viennent me chercher pour le transfert ?
Trajet vers la famille d'accueil.
Le car va m'emmener jusqu'à Shiki Station (préfecture de Saitama), où M. et Mme Nakae m'attendront. Je ne comprends pas tout de suite que la fille du transfert ne m'accompagne pas dans le car, du coup je ne lui dis pas correctement au revoir. Ce n'est pas mon premier impair au Japon, et je sens que ce ne sera pas le dernier.
La vue depuis le car, autour de l'aéroport, est assez banale. Une route, des murs anti-bruit, des arbres, des stations essence. Ça pourrait être la région parisienne. Sauf que les arbres ne sont pas tout à fait les mêmes. Et on roule à gauche.
Le trajet est long : 2h30, peut-être 3h. La fille m'a dit que je devais descendre au 2e arrêt, mais j'ai peur de le rater. Je pique du nez, je m'endors : j'ai mal dormi dans l'avion. En plus, le car ronronne et la nuit tombe.
Le paysage varie. Les zones portuaires sont absolument magnifiques - mais immenses et désertes. Les gens doivent seulement y travailler, pas y vivre. Certains bâtiments de la ville de Tokyo sont moches - des vieux gratte-ciels façon années 70 ou 80. Mais les lumières de la ville et ses enseignes lumineuses, dans la nuit, font quand même un joli tableau.
J'ai toujours du mal à croire que je suis au Japon. J'ai tellement imaginé y aller que j'ai encore du mal à enregistrer que j'y suis vraiment. Je suis un peu hors du temps.
Hiromi (Madame Nakae) m'attend à l'arrêt du car. Nous nous reconnaissons tout de suite. "Hajimemashite ! " me dit-elle en mettant ses mains de chaque côté sur mes bras. Elle a l'air contente de me voir.
Monsieur Nakae vient nous chercher en voiture, mais c'est un peu la panique devant la gare, du coup nous avons à peine le temps de nous saluer au moment où je monte, et pas avant que j'ai chargé mes bagages.
Je trouve que la ville est jolie la nuit. Mais non, me dit Hiromi-san, elle n'est pas très jolie. La France c'est joli.
"On ira acheter ton passe de train demain. Aujourd'hui, tu dois être fatigué."
Bien sûr, ils ne parlent pas un mot de français, et à peine quelques mots d'anglais.
La famille d'accueil.
La maison est jolie. Comme sur la photo mais sans la neige.
Le repas est très bon. C'est la première fois que je goute du yakisoba : des nouilles de sobā (de sarrazin) grillées, avec de la viande, des épices et des légumes. J'ai aussi le droit à deux crêpes au sirop d'érable entre les yakisoba et une deuxième part de viande, c'est assez curieux. Puis encore du riz avec un légume épicé.
Quelque part, c'est un peu déprimant d'entendre le japonais : je me rends compte à quel point mon niveau est faible, que ce soit les annonces à l'aéroport ou dans le car, l'autoradio, la télé, ou quand Monsieur et Madame Nakae parlent entre eux, je ne comprends rien.
Je me dis que même en 3 mois, il y a vraiment aucune chance que je devienne bilingue. Je pars de trop loin.
Mais c'est aussi surprenant de voir que des choses que j'avais complètement oubliées me reviennent quand j'en ai besoin ou que j'y suis confrontées.
Il est tard (21h), je suis fatigué, et la dame m'explique comment la douche fonctionne tout en japonais. C'est dur ! Mais j'ai compris.
La douche est sur le sol à côté du bain. Je l'avais appris (ou lu ou entendu) et oublié, et ça me revient en le voyant. On se douche debout sur le carrelage et ça sent le chlore. Ça donne un peu l'impression d'être à la piscine.
On m'offre le bain chaud, mais ce soir, je prendrai juste la douche. On va attendre demain soir pour apprendre comment prendre un bain à la japonaise, ça fait assez de stress pour aujourd'hui.
Je me couche après la douche et je m'endors très vite. Ils chauffent très fort dans la journée, mais la nuit ils coupent l'air conditionné. Il y a au moins 4 grosses couettes sur mon lit.
Je me réveille vers 3h du matin mais je me rendors. J'avais dit que je me lèverais à 9h, et finalement, vers 7h, je suis debout.
Au petit déjeuner, une sorte d'omelette : un œuf au plat mêlé à des champignons sautés et des petites saucisses. Il y a encore deux crêpes au sirop d'érable et du foie gras - souvenir de France.
Je suppose que c'est parce que je suis français qu'ils ont trouvé gentil de me servir du foie gras de France (il est très bon en plus) mais c'est assez curieux au petit déjeuner.
Tu bois du café, me demande la dame ? "Nomimasen" réponds-je. Non je n'en bois pas (forme polie). "Nomanai" me corrige-t-elle : elle veut que j'arrête de lui parler avec la forme polie et que j'utilise la forme neutre.
Je fais ma vaisselle - comme chez moi - mais l'eau fonctionne dans le sens inverse : on baisse le levier pour faire couler l'eau et on relève pour couper. Je n'arrête pas de me tromper.
Je n'ai pas assez de liquide pour acheter un passe de 3 mois et les banques postales sont fermées le dimanche. Il va falloir que j'achète ça demain, après être allé à l'école. J'ai au moins assez pour un ticket.
Ce matin, après le petit déjeuner, Nakae Kenji-san et moi sommes allés marcher un peu. Nous sommes allés jusqu'à la gare d'où je vais partir à l'école tous les matins. Ce n'est pas tout près. Il y a bien 10-15 minutes à pied.
Il y a un grand soleil mais le vent est froid et pénétrant. On passe sur le bord du yanasegawa (fleuve yanase ou rivière yanase).
Nakae-san m'a offert du taiyaki. C'est une friandise qui a la forme d'un poisson. J'ai déjà vu ça. Yami "Darkness" se nourrit exclusivement de ça dans le manga coquin "To-LOVE-ru Darkness". Je crois que normalement c'est fourré à la confiture de haricots rouges, mais celui que je mange est à la crème pâtissière. La croûte a un goût de churros.
À midi, je mange pour la première fois du tempura -depuis le temps que j'en entends parler. C'est bon, même si je ne suis jamais très fan de ce qui est pané.
Le Wi-Fi fonctionne et j'arrive à recharger mon téléphone par USB -pas besoin d'acheter un adaptateur électrique. Je peux donc envoyer par mail mon espèce de "carnet de voyage" par mail aux parents. (Même si c'est long à taper par téléphone.)
Vers 14h30, je dis à Nakae-san que je monte dans ma chambre pour me reposer un peu. Avec le stress de l'habituation nécessaire, plus la digestion, je suis vite fatigué. Sauf que je m'endors et que je me réveille à 17h !
Je descends et je m'assois à la place où je mange d'habitude. J'espère que ça n'a pas été interprété comme si j'avais faim. Nous mangeons vers 18h. C'est un peu tôt pour moi alors que nous avons bien mangé à midi. Il y a de la soupe aux coquillages, une grosse tranche de saumon, un bol de riz, du bœuf bouilli et des petites patates. Ça fait beaucoup. J'essaie de manger un maximum mais je n'arrive pas à finir. "Daijobu" me dit-elle (ce n'est pas grave). Je réponds quand même qu'elle a beaucoup travaillé, alors c'est dommage. Le riz va à la poubelle mais on garde le saumon. Hiromi-san me demande si je n'aime pas le saumon. Je lui dis qu'il y avait beaucoup et j'essaie d'expliquer que j'ai peu faim, mais j'ai l'impression qu'elle croit que je n'aime pas le poisson. S'il y a quelque chose que je n'ai pas trop aimé, c'est juste que le riz et les légumes étaient trop salés pour moi. Demain, il va falloir se lever à 6h50 pour partir à 7h30 à l'école. Ça va être serré pour prendre la douche et le petit déjeuner ! Moi qui ne suis pas très rapide...
mail du 12 mars 2014
Avec les camarades de classe, on ne cesse de passer du français (avec la Belge et le Suisse) à l'anglais (avec le Suédois, l'Indien, les deux Canadiennes ou l'Américaine) au japonais (quand on est en cours, quand on commande un plat, ou quand le Vietnamien, ou les Taïwanais ont du mal avec l'anglais), c'est assez amusant.
L'ambiance est plutôt bonne.
Le premier prof que j'ai eu (il fait mardi et mercredi apparemment) est assez marrant. Il dessine au tableau des petits personnages, genre manga, toujours très expressifs. Apparemment il dessine aussi dans son temps libre. Kinyoobi (c'est-à-dire vendredi) il va donner une interrogation écrite, qui portera aussi sur des éléments qui ont été vus avant mon arrivée. Bonne chance à moi, donc...
Si c'est de la grammaire ça va parce que je suis en avance sur les autres. Mais pour le reste... S'il y a du vocabulaire propre à la leçon, par exemple...
Malgré la quasi-absence de l'islam, je pense qu'il y a plus de femmes voilées au Japon qu'en France. Ici, le dieu unique s'appelle hygiène, le péché qu'il interdit est le partage d'air respiré, et le démon dont il protège est la grippe.
Certaines ont des yeux superbes au dessus de leur masque.
Lundi quand je marchais à pied vers la gare d'ikebukuro, sans la trouver, je demande mon chemin à deux de ces jeunes demoiselles masquées.
Mais justement l'une d'elle y va. "Isshō ni" me dit elle. Ce qui signifie littéralement "ensemble" (sous-entendu : allons-y ensemble).
C'est la 2eme fois de la journée que ça m'arrive : je demande mon chemin et on me propose de m'accompagner. La gentillesse des Japonais serait-elle plus qu'un cliché ?
Un peu plus loin l'une des deux va de son côté. Je reste avec la beauté masquée la plus mignonne (très joli regard).
Nous arrivons finalement à ma ligne. Au moment de me dire au revoir, elle retire son masque. Et là c'est la déception : elle est beaucoup moins mignonne quand on voit le bas de son visage. (Elle a des dents un peu bizarres...) Les gars des mille et une nuits avaient tout compris finalement : parfois le mystère est plus séduisant que le dévoilé.
La nourriture ici est juste succulente. Même s'il faut s'habituer au curry pour le petit déjeuner, ou au dîner le weekend à 6h.
Mardi, les camarades de classe m'ont invité à les rejoindre dans un sushiya (une boutique de sushi). C'était super bon, super frais et super moins cher qu'en France. On se sert ce qu'on veut (on peut aussi spécialement commander si le type de sushi qu'on veut n'est pas en train de défiler sur le petit tapis roulant au centre), et on paie en sortant par assiette. Une assiette a généralement deux pièces de sushi, et c'est 130 yens (1 euro) par assiette. À Paris ça doit être 4 euros la paire à la carte.
Aujourd'hui mercredi, nous sommes allés dans un restaurant spécialisé dans le riz au curry avec un accompagnement (viande, œuf, fromage....) fumé. On peut choisir son niveau d'épicé parmi 5 et son niveau de fumé parmi 3. J'ai pris au milieu pour les deux. C'était moins épicé que ce qu'on me sert à la maison. À ma table les deux autres garçons ont pris le max pour les deux, et la fille a pris le minimum. En même temps, l'Indien est paré.
mail du 15 mars 2014
Sorry je suis un peu souffrant aujourd'hui. Rien de grave mais mal à la tête. Sans doute à cause du relâchement après cette première semaine stressante.
Le test était pas génial. Comme prévu, la grammaire était facile, vu que je suis franchement en avance sur le groupe dans ce domaine, mais par contre sur le vocabulaire je me suis planté. Ça doit être du vocabulaire qu'ils ont vu dans les leçons précédentes.
Je raconterai ce que j'ai fait vendredi après-midi, et mes réflexions sur le rythme de la semaine et les transports en commun.
Mais là il vaut mieux que je me repose.
En plus, à la télé, il y a eu cette nouvelle comme quoi une jeune fille s'est suicidée à cause du harcèlement à l'école.
Ça m'a fait penser à Anna et à son probable suicide et ça m'a un peu déprimé.
Au moins c'est bien qu'aujourd'hui, que ce soit au Japon, en France, ou aux USA, cette histoire de harcèlement à l'école soit enfin reconnue comme un problème, comme quelque chose qui n'est pas normal, que les écoliers ne devraient pas avoir à subir.
À mon époque, la réponse des profs, des surveillants ou des parents face à ça c'était de hausser les épaules et de dire "bah ignore les et ils s'arrêteront", ce qui est bien sûr une immense connerie. Les sadiques et les brutes ne fonctionnent pas comme ça, au contraire.
Mais pour tous ces braves gens qui auraient dû nous défendre, c'était normal, juste des histoires de gosse, et c'était notre responsabilité de nous défendre nous-mêmes.
Heureusement que ça commence à évoluer.
C'est un peu comme quand on s'est rendu compte que non, le viol marital, c'est pas normal.
Un peu tard pour beaucoup de gens, mais une bonne chose pour l'avenir.
mail du 16 mars 2014
Japon 6
Ainsi s'achève cette première semaine au Japon. (Plus que 11, je sens que ça va passer très vite ! )
Je commence à maîtriser ma routine et mes horaires.
Je me lève vers 6h30 ou 6h40. C'est relativement facile parce qu'en général je me suis réveillé vers 5h ou 5h30 et j'ai pas réussi à me rendormir (il faut dire que je me couche tôt).
Vers 7h ou 7h10, j'ai fini de me doucher, me raser, m'habiller, et de donner rapidement à mon lit l'apparence d'être fait. Je m'installe à table à ma place, et mon petit déjeuner, préparé par Mme Nakae, m'attend.
Ce n'est pas toujours la même chose : parfois du riz au curry, parfois de la soupe avec du pain et de la confiture...
Vers 7h35, j'ai fini la vaisselle et je monte prendre mon sac et mon manteau. Je préviens à voix forte "Ikimasu !" (j'y vais, je sors) tout en mettant mes chaussures, assis sur la marche devant l'entrée.
En 10 ou 15 minutes, je traverse le pont sur la Yanasegawa, je la longe un peu, et j'arrive à la gare de Yanasegawa.
J'entre alors sur le domaine de la ligne Tobu, qui appartient à un petit exploitant privé. Je passe ma carte Suica (reconnaissable à son pingouin) pour pouvoir entrer.
Sur les quais je dois prendre le bon train : un semi-express vers la gare d'Ikebukuro.
Ikebukuro est une grosse gare du nord ouest de Tokyo, relativement connue (on entend son nom dans certaines méthodes de langue).
Arrivé à Ikebukuro, je sors du domaine de la Tobu (là encore il faut présenter ma carte à l'appareil pour ne pas être bloqué). Juste après, j'entre sur le domaine de la JR (Japan Railways), c'est à dire la compagnie (originellement) d'État, et la plus grosse des compagnies de chemin de fer du Japon (voire du monde, en termes de service).
Je me dirige sur l'un des quais de la célèbre ligne Yamanote.
La Yamanote Line est la ligne de train la plus connue de Tokyo. Elle est célèbre pour tourner en boucle autour du centre de Tokyo, en passant par les plus gros quartiers de Tokyo tels que Ikebukro au nord ouest, Ueno et Akihabara à l'est ou encore Shibuya au sud ouest.
On peut penser notamment à un chapitre du manga Love Hina (de Ken Anamatsu) où suite à un malentendu de plus, Naru décide de quitter la pension Hinata et de rentrer chez ses parents. Mais Keitarō, très amoureux, refuse de la laisser partir, la suit dans le train, et l'empêche de descendre. Elle veut descendre à la prochaine station et reprendre la ligne dans l'autre sens mais il l'en empêche encore. Elle dit alors que de toute façon, la Yamanote circule en boucle, donc qu'elle attendra simplement qu'elle repasse par sa gare. Sauf qu'à force de s'endormir ou de se laisser distraire par leur dispute, ils la ratent encore 2 fois. Finalement, admirant tous les deux le coucher de soleil sur Tokyo, ils se disent "Allez... Faisons le tour encore une dernière fois..."
Bref, pour moi, je prends le train qui va dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, et je descends peu après à Shinjuku (un quartier assez central où se trouve l'autre école où j'ai failli aller, la SNG).
Là je n'ai même pas à prendre les escaliers pour changer de quai : j'ai juste à traverser la plateforme en largeur, et à prendre le train d'en face. Je suis toujours sur le domaine de la JR Est, mais je quitte la Yamanote pour la Chuō. Il doit être à peu près 8h30 ou 40.
La Chuō m'emmène une demi-douzaine de stations plus loin, à Suidōbashi.
Si Ikebukuro est reconnaissable pour moi à son premier caractère "ike" (mare, étang), Suidōbashi est reconnaissable à son caractère "sui" ou "mizu" (l'eau).
Cette fois je quitte définitivement la gare (il faut encore montrer le pass Suica), et je marche jusqu'à l'école Kudan. C'est à 5 minutes à pied maximum de la sortie est.
J'arrive vers 9h et le cours commence à 9h10. L'idée est d'arriver un peu en avance parce que les Japonais détestent qu'on soit en retard. Au bout de trois retards c'est compté comme une absence. Cela dit seuls les Occidentaux de la classe semblent effectivement arriver à l'heure. Les sinophones sont toujours en retard.
Le cours termine à 12h50 mais nous avons droit à deux pauses de 5 minutes.
Je mange avec les camarades de classe puis c'est temps libre, pour réviser ou se promener. Comme il me faut bien 1h30 pour rentrer, à 16h, 17h maximum, il est temps de reprendre le train. Je refais le même trajet à l'envers et je marche jusqu'à la maison.
J'annonce "tadaima" (je suis rentré) et on me répond "okaeri" (bienvenue). Nous mangeons vers 19h (18h le week-end). À 20h je suis déjà claqué et je lutte pour garder les yeux ouverts devant la télé. À 21h je monte me coucher en souhaitant bonne nuit ("o yasumi"). Je fais 10 ou 20 minutes d'Internet sur mon téléphone dans mon lit puis j'éteins. En général à 22h je dors.
mail du 20 mars 2014
Japon 7
Vendredi 14 mars
C'est le départ définitif de Bass (orthographe réelle inconnue), l'un des élèves de la classe, un Indien.
On lui a laissé choisir où on allait manger. Il avait envie de sushi donc on est allés dans la même boutique que mardi. C'est toujours aussi bon.
La veille au soir il y avait une émission sur la pieuvre (ika), les différents types et les différentes tailles qui existent et sont pêchés au Japon, et les différentes façons de les préparer et de les manger.
Ça m'a donné envie du coup j'en ai profité pour commander une paire de sushi à la pieuvre (sous forme de petites lamelles de chaire blanche).
Après nous sommes allés au Tokyo Dôme (où j'étais déjà allé faire un tour le lundi). Il y a une galerie de jeux d'arcade de Sega que je n'avais pas vu la première fois.
Nous y sommes entrés, et Bass en a profité pour faire un Purikura en souvenir avec plusieurs camarades.
Le purikura est un hobby purement japonais (même si d'après Wikipédia il en existe aussi en Chine et à Taïwan, apparemment c'est une invention de Sega, le célèbre fabriquant de consoles de jeu pour salon).
Le mot "purikura" est la contraction de "purinto kurabu" ("print club" prononcé à la japonaise).
Le principe est d'entrer à plusieurs dans une sorte de grosse cabine de photomaton pouvant accueillir 8 personnes et de prendre une photo tous ensemble. On peut souvent choisir un fond ou un décor particulier, mignon, romantique, classe ou délirant. Parfois, on peut même louer spécialement des perruques et des costumes pour se prendre en photo déguisé.
On choisit le cadre, le format et le nombre d'exemplaires, on paie la machine, et on pose. La photo sort un peu plus tard sous la forme d'autocollants en couleur que le groupe peut partager.
La première fois que j'ai entendu parler des purikura c'était... Là encore probablement dans le manga "Love Hina". (Pour ma défense, ce manga a eu un large succès partout dans le monde et a sans doute initié beaucoup d'Occidentaux à la culture japonaise.)
En effet, c'est un des points de départ du personnage principal (Urashima Keitarō). Pour bien qu'on comprenne que c'est un looser, en plus du fait qu'à 19 ans il n'a jamais eu de petite amie, n'a jamais dansé avec une fille, et a déjà raté 2 fois le concours d'entrée à l'Université, il collectionne les purikura, sauf qu'il est toujours tout seul sur les photos...
Jusqu'à un des premiers chapitres où l'héroïne (Narusegawa Naru) va entrer par surprise dans la cabine avec lui. Il aura donc pour la première fois un purikura de lui avec une jolie fille. Awww...
Dans un chapitre ultérieur Naru découvre d'ailleurs qu'il a collé le purikura dans le même cahier que le reste de sa collection, mais à part, tout seul au centre d'une page blanche, montrant ainsi l'importance qu'il y attache.
Dans un chapitre tardif également, quand finalement toutes les filles de la pension Hinata ont fini par s'attacher à lui, il y a une autre scène où elles organisent une petite fête en son honneur (je ne sais plus à quelle occasion... Sans doute après qu'il ait enfin réussi à rentrer à l'Université, ou quand il s'apprête à partir à l'étranger pour 6 mois) et tout le monde décide de faire un purikura avec lui. Il aura donc enfin un purikura de lui avec plein d'amis. Re-awww.
Bref suite à ce purikura que Bass a fait avec ses camarades les plus proches, en souvenir, nous avons passé un peu de temps dans la salle de jeux.
Les autres ont pu faire notamment du hockey sur table ou encore un jeu de rythme avec des tambours, ou même un jeu de course au volant. Personnellement j'ai testé un jeu de tir d'horreur : Dark Escape 3D.
Le thème est classique : on tue du zombie en visant sur un chemin prédéterminé, comme si on avançait sur un rail avec parfois des bifurcations. J'ai connu House of the Dead 1 et 2 (mais seulement sur ordi et console, jamais en borne d'arcade) qui avaient le même principe.
L'histoire est simple : après semble-t-il avoir été enlevé, le joueur se réveille en compagnie de la classique jolie jeune fille blonde avec des gros seins, elle aussi enlevée, sans qu'aucun des deux ne sache où ils se trouvent ni comment en sortir. Une vidéo d'un homme masqué vient révéler qu'ils sont les victimes d'un jeu pervers : il leur a laissé des armes, qu'ils survivent et ils gagnent, qu'ils meurent et ils perdent.
(On sent l'influence des séries de films d'horreur comme The Cube ou Saw, voire même du un peu plus vieux Battle Royale.)
La nouveauté du jeu vient du fait que l'image est en 3d (avec lunettes fournies), que le siège et l'arme de jeu vibrent, que le son entoure le joueur et que même de l'air est parfois soufflé sur son visage ! Tout pour donner une certaine ambiance. De plus le jeu prend constamment le pouls du joueur via ses mains enserrant l'arme d'interface, et calcule son score en conséquence.
J'ai beau tirer assez bien (souvent dans la tête) et avoir d'assez bons réflexes, je ne suis pas allé très loin parce que le jeu "triche" un peu : il y a certains adversaires qui vous blessent de toute façon, même si on a détruit tous leurs points faibles dans le temps imparti avant leur attaque. C'est un peu l'arnaque. À raison de 3 vies avant le game over, on a vite perdu.
Bref après s'être un peu amusé, chacun est reparti de son côté. Bon retour à Bass.
Japon 8
Week-end du 15-16 mars.
Samedi pas grand chose. Je me suis surtout reposé de cette première semaine assez stressante, et du coup, fatigante.
Marc ou Max, je ne suis pas sûr, un ami des Nakae, est venu nous rendre visite. C'est un Anglais de Londres, de mère japonaise, qui étudie lui aussi à Kudan, et qui a lui aussi été en pension chez les Nakae à sa première venue.
Nous avons parlé anglais (il a d'ailleurs dit en japonais à M. et Mme Nakae que j'avais un très bon niveau d'anglais). Malheureusement le dîner a été un peu gâché pour moi parce que j'avais mal à la tête. Je suis parti plus tôt me coucher.
Le dimanche j'ai trainé au lit, puis l'après-midi j'ai décidé de prendre mon appareil photo et d'aller me balader un peu dans les environs. Après tout, la veille j'étais resté enfermé toute la journée. Et autant profiter un peu du soleil.
L'habitude de mon trajet du matin m'a conduit jusqu'au pont sur la Yanasegawa.
De là, voyant le chemin de promenade sur la berge, je me suis dit que ce serait une chouette balade sans risque de me perdre, puisque je n'avais qu'à suivre la rivière dans un sens puis dans l'autre, et retrouver le pont qui m'est familier. C'était simple.
Pourtant, j'ai quand même réussi à me perdre. C'est dire mon sens de l'orientation et à quel point je peux être distrait.
Bref après à peu près 1h de marche, je décide d'avancer jusqu'au pont que je vois devant moi, de traverser, et de faire le chemin du retour sur l'autre rive.
Au bout d'un petit moment je commence à avoir des doutes, vu que je vois un de mes points de repère du mauvais côté par rapport à ce que je croyais me souvenir qu'il devrait être, et que je reconnais vraiment pas la rive où je suis. Je me dis que je dois mal me souvenir pour le point de repère, et qu'on voit vraiment les choses différemment dans l'autre sens. Après tout j'ai traversé le pont, et la rivière qui était sur ma gauche à l'aller est encore sur ma gauche, donc je peux pas être en train de continuer dans le même sens, par exemple.
À un moment il semble même que la rivière a changé de nom sur les panneaux. Quand je demande mon chemin à une dame, il semble que ce soit toujours Shiki la ville sur ma droite. Donc normalement pas de soucis.
J'arrive finalement à une bifurcation. La rivière continue tout droit en face sur l'autre rive, et part sur la droite de mon côté. Je vais m'éloigner de mon point de départ si je ne trouve pas le moyen de traverser.
Au final je me retrouve sur la route, dans les terres, sans moyen de traverser. Quand je demande mon chemin, il semble que les gares de Shiki et de Yanasegawa soient assez loin.
Je poursuis sur la route jusqu'à un supermarché "Lawson Station" où on me montre une carte d'état-major du coin. Je suis assez loin de la rivière Yanasegawa, mais je peux la rejoindre en continuant sur la grande route tout droit, puis l'autre grande route à droite vers l'ouest. Assez simple. Mais je commence à avoir mal à la hanche et aux pieds.
Ce qui a dû se passer, c'est qu'à un moment où je devais être concentré uniquement sur mon côté de la rivière, j'ai dû arriver à une première bifurcation. La partie qui partait sur ma gauche devait être la Yanasegawa, et j'ai dû suivre celle dont j'ai vu le nom différent sur un panneau à un moment. Je n'ai remarqué que la 2ème bifurcation qui m'a laissé le long d'un troisième cours d'eau avec un nom encore différent (la shita quelque chose) d'où j'ai rejoint la route.
Au final, malgré mon inquiétude, je suis arrivé à bon port. Au lieu d'une balade de 2 heures, j'en ai fait une de 3 heures.
Au moins j'ai fait pas mal de photos. De la rivière, des ponts, des maisons typiques sur la rive, des lampions encore éteints mais prêts pour le matsuri (fête shinto) du printemps ou d'un champ cultivé avec une partie à sec, et une partie inondée.
J'ai même une photo de la vue sur Shiki depuis le pont, avec son feu multicolore allongé et ses câbles électriques, qui pourrait être une image sortie tout droit de l'anime "Serial Experiment Lain".
Japon 9
Lundi 17 mars
Après toutes ces petites choses qui m'ont rappelé la BD manga "Love Hina" (la Yamanote Line, le purikura), j'ai eu envie d'aller visiter un des lieux clés de cette histoire. Il faut dire aussi que j'ai relu les 14 volumes rapidement quelques jours avant de partir. Ça faisait longtemps à vrai dire.
Quand j'étais à Castres (2001-2003), il m'arrivait de le lire en boucle. J'ai dû le relire partiellement ou en entier occasionnellement, mais là je l'avais délaissé depuis un certain temps.
Il faut dire que ça fait quelques années que ma "passion" pour les manga et les anime japonais s'est franchement émoussée. Au bout d'un moment, c'est un peu toujours la même chose, et au milieu des feuilletons purement commerciaux interminables dont l'histoire ne progresse jamais, les grandes œuvres qui mêlent à la fois de l'action typique de la formule, la répétition des mêmes gags, une histoire profonde et un développement des personnages, sont plutôt rares.
Du coup, je ne suis plus tellement l'actualité du manga. Mais je reste sentimentalement très attaché aux œuvres qui m'ont marqué il y a 10 ou même 20 ans, comme Akira, Armitage III, Vidéo Girl Aï, Evangelion Néon Genesis, Ghost in the Shell, Vandread, Serial Expérimental Lain, Memories, Larme Ultime dernier chant d'amour sur cette planète, et bien sûr, Love Hina.
Le point de départ de Love Hina est donc le suivant : Urashima Keitarō, un looser de 19 ans, se souvient de la promesse qu'il a faite à son amoureuse de quand il avait 3 ans (et dont il ne se souvient même plus du nom), qu'ils se retrouveraient tous les deux à Tōdai, parce qu'elle avait entendu une légende comme quoi si un couple entre ensemble à Tōdai, ils seront heureux ensemble pour toujours.
Sauf que notre héros n'a plus aucune idée d'à quoi peut ressembler la fille de la promesse maintenant qu'il est adulte. De plus, Tōdai, raccourci pour Tōkyō Daigaku ("université de Tokyo"), est l'université la plus prestigieuse du Japon, au concours d'entrée le plus difficile, et Keitarō a des notes catastrophiques.
(Wikipédia précise que Tokyo Daigaku a formé plusieurs premiers ministres du Japon et plusieurs prix Nobel. Elle a un taux d'admission d'environ 24% !)
Bref va-t-il pouvoir réaliser son rêve, être fidèle à sa promesse et retrouver son amour d'enfance ? Se souviendra-t-elle de lui ?
Point de départ assez banal, somme toute, mais lançant une histoire passionnante grâce à un casting de personnages hauts en couleur, une certaine poésie toute japonaise dans la mise en scène du passage du temps, et une série de mésaventures loufoques et complètement improbables.
(Wikipedia ajoute que le manga s'inscrit dans le genre des "pantsu" -mot japonais pour "panties" soit "petite culotte" en anglais- c'est à dire que le héros passe son temps à se retrouver par accident à voir les filles (et surtout l'héroïne) en sous-vêtements voire à moitié nues, à se faire traiter de pervers, et à se faire tabasser par les filles. C'est en effet le running-gag incontournable de la série, mais pas vraiment celui qui me fait le plus rire.)
En plus l'histoire d'amour est pas trop gnangnan et assez touchante. Encore que l'indécision de Naru finit par devenir un peu lourde au bout d'un moment, prolongeant la série un peu artificiellement. (Lui met un ou deux volumes à tomber amoureux d'elle, et un ou deux de plus à l'avouer. Elle en met 12.)
Bref, avec tous ces souvenirs en tête, j'ai décidé qu'il était temps d'aller à l'Université de Tokyo voir si ça ressemblait à la façon dont c'est dessiné dans le manga.
J'ai vu que c'était franchement pas loin de mon école (20 minutes de marche) et décide donc d'y aller à pied. Après m'être comme d'habitude perdu et être allé trop au nord, je demande mon chemin et j'arrive enfin devant le portail de l'université.
Le premier point de vue à trouver est bien sûr l'auditorium, avec sa grande horloge. C'est #ZE# image qui représente Tōdai dans le manga, et apparemment l'image la plus connue de l'université.
En fait c'est presque décevant. C'est plus joli en teintes de gris dans le manga. Avec ses briques rouges à l'ancienne, l'auditorium aux murs sales et abimés est plutôt moche. En plus, c'est vraiment pas de bol, mais il faut que l'année où je sois là, il y ait des travaux ! Ça gâche la vue et c'est bruyant.
Mais ça fait quand même super plaisir d'être en face du VRAI Tōdai. Avec en plus l'ironie d'y être "entré" facilement.
Ils ont quand même un très beau campus. Il y a notamment un petit parc avec une mare (laquelle est apparemment assez célèbre suite un roman qui lui a donné son surnom) dans l'enceinte de l'université. Il daterait de l'ère Edo.
Je prends des photos de l'auditorium, du parc et de sa mare, des carpes que l'on nourrit... Je vois aussi des étudiants japonais qui jouent au baseball sur le terrain du campus.
Il faudra que je revienne parce que j'aurais voulu voir le musée de l'université, mais il est fermé le lundi. (Toujours pas de bol...)
Malheureusement, et bien que je ne m'attendais pas du tout à les voir, je n'ai pas croisé Keitarō et Naru. Le fait qu'ils soient des personnages totalement fictifs doit y être pour quelque chose.
Ça reste un peu triste.
mail du 22 mars 2014
Japon 10
Mardi 18 mars.
Cet après-midi là, je suis allé me balader un peu au quartier Akihabara.
J'y étais déjà passé la semaine précédente (le mercredi 12) pour récupérer à la gare ma carte Suica que j'avais perdue le mardi soir, en rentrant du parc Ueno.
J'avais rapidement vu la grande rue avec ses enseignes aguicheuses, mais ça m'avait déjà pris pas mal de temps pour venir à pied depuis l'école Kudan, puis pour tout régler à l'office des objets trouvés, et du coup j'étais rentré aussitôt sans avoir vraiment le temps de me balader.
Il fallait donc que je revienne, donc c'est chose faite.
Akihabara est LA Mecque des gamers, des geeks, des otaku, et autres fans de manga, d'anime et de gadgets électroniques. La rue est truffée de boutiques d'électricité et d'électronique, vendant téléphones portables, prises, appareils photos, jeux vidéos, composants électroniques, manga, DVD, caméras...
C'est très célèbre pour les fans de ce genre de choses, et pour ainsi dire un passage obligé de toute visite à Tokyo pour une certaine génération. J'ai pu constater qu'il n'était pas rare d'y croiser des occidentaux déguisés en personnages de jeux ou de manga/anime, avec leurs perruques colorées. Apparemment, et si j'en crois une page coquine ou deux sur Internet, les filles du quartier ont également une réputation un peu sulfureuse...
Je me balade sur l'avenue en prenant quelques photos. Je me sens un poil ridicule à photographier des images publicitaires et autres posters d'héroïnes sexy, mais je pense que c'est important pour traduire l'ambiance du quartier.
Je rentre au hasard dans une boutique, juste pour regarder les articles. Je vois des jeux console et de l'électronique. Je découvre un escalier. Je descends au sous-sol et je trouve des body pillows (les fameux coussins à l'effigie d'héroïnes en taille réelle pour pouvoir s'allonger dessus) et des action figures. Je trouve notamment une figurine de Ayanami Rei (jeune fille personnage de l'anime Evangelion que j'aime beaucoup) qui n'est pas chère du tout. Sauf qu'elle s'abimerait dans ma valise si je repars en avion avec. Et si je me l'envoie à part par colis, je me demande si je ferais pas mieux de directement la commander sur Internet. Il faudrait que je prenne le temps de comparer les prix.
Au même étage il y a une grande statuette de Kaneda, le héros d'Akira (le tout premier manga/anime à m'avoir vraiment marqué), portant le fusil laser qu'il utilise sur la fin du film. Plutôt cool. Sauf que super cher par contre, beaucoup plus cher que ce que je suis prêt à mettre dans un bibelot joli mais inutile.
Apparemment il y a encore des étages au-dessus donc je monte les escaliers pour visiter le "2nd floor", c'est à dire le 1er étage. (Au Japon le rez-de-chaussée s'appelle le 1er étage. Il n'y a pas d'étage 0. J'avais déjà vu le niveau B1 et le niveau F1 donc je passais au niveau F2.) C'est juste des caisses pour payer (peut-être louer des DVD) avec deux trois babioles en vitrine sur les côtés. Je passe au 3ème niveau.
J'y trouve des étagères entières de manga. Je n'en reconnais aucun cependant. Je suis hors du coup depuis trop longtemps et de plus certains ne doivent sortir qu'au Japon (n'étant pas encore traduits).
Je passe à l'étage suivant. Dans l'escalier je vois un signe qui prévient que je dois avoir 18 ans. Houla.
Je comprends vite pourquoi. C'est un étage consacré aux manga, dessins animés et jeux vidéos pornos. Toutes les héroïnes sont dessinées avec un visage d'ange ou de gamine, des formes de rêve, des vêtements ultra-sexy ou fétichistes (SM ou soubrette...). Leurs grands yeux et leur rougissement mignon sur les joues sont censés trahir un désir inavouable, incommensurable et incontrôlable.
Un peu embarrassé, je passe à l'étage suivant. Par les posters dans l'escalier je comprends qu'il est réservé aux vidéos pour adulte filmées avec des actrices réelles.
Comme me le disait un camarade de classe quelques jours plus tôt, pour l'industrie pornographique japonaise, il semble que la beauté du visage soit beaucoup plus importante que pour l'industrie pornographique américaine (beaucoup plus basée sur la présence d'énormes seins siliconés, de faux ongles colorés, et sur la capacité à "performer" des actes toujours plus hard). Certaines de ces filles sur les posters, photographiées à moitié nues ou avec leur petite culotte qui a doucement glissé le long d'une de leurs jambes, sont vraiment très très TRÈS mignonnes. Elles font également incroyablement jeunettes. Certaines pourraient faire douter qu'elles ont au moins 18 ans. C'est assez surprenant.
(Encart ajouté après coup :
Quand j'ai écrit ces dernières lignes elles m'ont semblé familières. Je me souviens pourquoi maintenant. J'avais écrit presque la même chose dans mon précédent carnet de voyage, au sujet des prostituées que j'avais aperçues, nombreuses, sur les trottoirs de Vienne, dans la longue rue qui me menait à mon hôtel. Je trouvais déjà un peu triste de voir que certaines faisaient ce métier et avaient l'air si jeunes et si belles. Là le métier est moins dur mais les filles ont l'air encore plus jeunes...
Dommage que cet autre carnet de voyage ait disparu avec l'ancien forum de Katura.)
Un peu trop pudique, je préfère m'arrêter avant même d'avoir fini de monter l'escalier. Je n'ose pas jeter un coup d'œil à ce niveau et je redescends dans la rue sans avoir vu plus que les posters de l'escalier. (Qui sont probablement plus érotiques que les films eux-mêmes).
Ma visite m'a également conduit dans deux buildings portant l'enseigne "Sega" (toujours la boîte de jeux). Le premier est un "game center", un lieu entièrement consacré aux jeux.
Les deux premiers étages y sont entièrement consacrés à ce qu'ils appellent des "prize games" (jeux de prix à gagner).
C'est le genre de jeux qu'on a en France dans les fêtes foraines. Il y a un prix en jeu (ici par exemple une figurine d'un personnage d'anime) au milieu d'une cage en plexiglas et le joueur contrôle une pince mécanique pour tenter de l'attraper. Sauf que c'est l'arnaque totale et que même si le joueur positionne parfaitement la pince dans le trou (ce qui est loin d'être facile vu qu'on règle d'abord la position latérale, puis la profondeur, toujours dans le même ordre, sans retour en arrière possible et en un seul essai), l'anse en plastique glisse hors de la pince sans être saisie. J'ai jamais vu personne réussir. Je comprends pas comment ça peut avoir autant de succès.
Les quatre ou cinq étages suivants sont par contre dédiés à des jeux vidéo, c'est-à-dire des bornes d'arcade.
Fumeurs, donc j'étouffe et je crache mes poumons. Mais bon...
Il s'agit essentiellement de jeux de courses de voiture, avec le volant. Il y a aussi les grands classiques jeux de baston (duel à 1 contre 1, à 2 joueurs ou contre l'ordinateur, avec une vue de côté, les matchs étant généralement décidés par 2 rounds gagnants, un round étant vaincu par KO).
Deux genres qui ne m'intéressent pas vraiment, en fait. Mais c'est quand même ce qu'il y a le plus souvent dans les galeries d'arcade, avec les shoot them up et aujourd'hui les jeux de rythme.
Je découvre aussi un nouveau concept avec le jeu "Prince of Vermillon III". Apparemment c'est un jeu de stratégie où en plus de contrôler les troupes à l'écran, on peut étaler sur une tablette des cartes genre jeu de cartes à collectionner (type cartes Magic the Gathering et autres). Je sais pas comment ça se passe en pratique. Est ce que le jeu arrive à scanner les cartes ? Si on dépense des fortunes à collectionner des cartes fortes on a des bonus dans le jeu informatique ?
Je suis sorti de ce premier building en ayant juste regardé, et sans que rien ne m'ait vraiment intéressé.
Le deuxième indique "Sega Club". C'est aussi un game center. Mais il propose des choses un peu différentes. Déjà, celui-ci a beaucoup plus de jeux de rythme (on doit suivre le rythme d'un titre musical avec un tambour ou un bouton, une pédale...). D'ailleurs il y a plus de filles présentes, alors qu'elles étaient pratiquement inexistantes dans l'immeuble précédent.
À un des étages du dessus, je vois aussi un stand pour louer des costumes, ainsi que l'entrée d'une salle pour se changer, et une cabine de purikura interdite aux hommes.
Quelques minutes après mon arrivée, un groupe d'une dizaine de jeunes filles vient pour se déguiser en "maid" (en soubrette).
Je passe aux étages suivants. Au 3eme ou 4eme étage, je trouve enfin des jeux qui m'intéressent : des jeux de tir. En arrivant, je vois deux joueurs sur deux jeux différents où on utilise des fusils d'assaut en plastique pour tirer sur l'écran. Celui de gauche semble être plus dans un genre opération spéciale de police ou de commando, avec des terroristes à abattre avec précision en plusieurs missions indépendantes. Celui de droite (dont les graphismes ont l'air plus vieux ou plus moches) semble plus dans un esprit Rambo III, avec un seul super soldat qui va à lui tout seul détruire toute une base militaire, tanks et avions compris, avec moult explosions spectaculaires. Ça avait l'air marrant.
Deux pas plus loin cependant je trouve mieux : une allée de trois bornes d'arcade House of the Dead, célèbre jeu de tir (rail shooter) et d'horreur (puisqu'on tire sur des zombies et autres monstres). De droite à gauche, il y a House of the Dead II (que je connais presque par cœur, mais uniquement à la souris, donc qu'est ce que ça peut donner au pistolet optique ?), puis House of the Dead III, et enfin House of the Dead IV.
Le 3 présente une nouveauté, puisqu'au lieu de se jouer au traditionnel pistolet en plastique, il semble se jouer avec des fusils à pompe en plastique ! C'est plus musclé !
De son côté, le 4 se joue apparemment avec des pistolets-mitrailleurs de poing (plus exactement des pistolets "rafaleurs"), genre Intratec TEC-9, Ingram Mac-10 ou Mini-Uzi.
Bref sur le coup j'ai trouvé ça assez cool de voir trois bornes "House of the Dead" côte à côte, et du coup j'en ai pris des photos. Mais à la réflexion, ce ne sont pas des photos très intéressantes.
J'avais enfin trouvé un jeu d'arcade qui me plaisait, au point d'accepter de dépenser un peu d'argent -faut dire que je suis en général peu dépensier et que ces jeux là peuvent être de véritables gouffres.
J'hésitais entre jouer au II et au III. Le 2 je le connais presque par cœur, ce qui permettrait d'être moins surpris par les monstres et avoir plus de chances de battre les boss de fin de niveau, donc de mourir moins souvent et ainsi dépenser moins d'argent (ou aller plus loin en payant une seule fois). Mais quand même, justement, avec le 3 il y avait le plaisir de la découverte. Et puis jouer au fusil à pompe était quand même bien tentant. J'ai donc pris quelques pièces de 100yens, je me suis installé, et j'ai commencé une partie du 3.
Et il faut dire que oui, utiliser un fusil à pompe, c'était éclatant.
Dans la vraie vie, il faut actionner la pompe entre chaque tir. Puis, au bout de 5 à 7 tirs à peu près selon les modèles, le magasin de l'arme est vide et il faut remettre des cartouches. Évidemment, là c'est un jeu vidéo donc ça ne se passe pas exactement comme ça.
Déjà, dans les jeux précédents, on pouvait tirer 6 fois de suite au pistolet. Ensuite, il suffisait de pointer le pistolet optique hors de l'écran de jeu, en général en dessous ou à côté (ce qui fait perdre sa visée et du temps pendant que les monstres se rapprochent), et de presser la détente. Le pistolet était instantanément rechargé et on pouvait à nouveau tirer 6 coups -alors que dans la vraie vie il faudrait enlever le chargeur vide, mettre un chargeur plein et réarmer le pistolet/chambrer la première munition en actionnant manuellement la culasse. Ce qui prendrait beaucoup plus de temps qu'un petit tir hors écran dans le feu de l'action. De plus dans le jeu, on peut recharger autant de fois qu'on le souhaite, comme si on avait un nombre infini de chargeurs.
Il y a une astuce connue, d'ailleurs, qui consiste à cacher le capteur optique du pistolet de jeu et de presser la détente. Ainsi on peut recharger sans perdre sa cible. Mais c'est un peu de la triche.
Ici aussi, donc, l'utilisation du fusil à pompe est simplifié par rapport à la vie réelle. On peut tirer quelques coups à la suite (je ne me souviens plus du chiffre exact mais je crois que c'est 8) sans avoir à actionner la pompe à chaque fois -heureusement. Ce serait un peu difficile de mitrailler les hordes d'ennemis sinon. Par contre, quand le fusil est vide, il suffit d'actionner la pompe pour qu'il soit à nouveau magiquement plein de cartouches.
Et je dois dire que franchement, actionner cette pompe de shotgun comme un vrai héros de film d'action ou de jeu vidéo, c'était extrêmement satisfaisant ! Et naturel. C'est comme si j'avais fait ça toute ma vie et que je connaissais le geste par cœur.
Au début du jeu, j'ai trouvé que le système était vraiment gentil pour la taille de la zone touchée (ou alors c'est juste moi qui suis vraiment un bon tireur), parce que je touchais chaque zombie en pleine tête en visant à peine. Après les choses se corsent. Mes réflexes ça va. Même si forcément je connais pas encore bien le jeu donc je peux encore être surpris par des monstres.
Curieusement, ma principale faiblesse a été la même que pour le tir au pistolet au stand de Rouen : la force et l'endurance musculaires.
Parce qu'au début pas de problème : je tiens le fusil comme une carabine de chasse, les deux mains, mon œil directeur et les organes de visée alignés devant mon épaule droite.
Sauf qu'au bout de quelques minutes dans cette position, l'arme a beau être légère et en plastique, les muscles commencent à fatiguer -d'autant plus qu'on est tendu à cause du risque de se faire blesser par un zombie, on se crispe. On a mal aux bras et ça fout complètement en l'air notre précision.
En plus, pour une raison inexplicable, j'avais tendance petit à petit à avancer le bout du fusil vers l'écran. Je sais pas pourquoi. Peut-être inconsciemment l'envie d'être plus près de la cible. Sauf que c'est complètement idiot. D'une, je tends encore plus le bras vers l'avant, donc il se fatigue encore plus vite. De deux, le fusil n'est plus du tout en face de mon œil, il a plutôt tendance à descendre au niveau de ma poitrine voire de mes hanches.
De trois, même, j'ai lu un jour ou deux plus tard sur le net que les capteurs sont moins fiables à courte distance, et ne détectent même pas les tirs si on est trop près.
Bref à certains moments, ma visée était complètement à coté de la plaque, et je tirais à des kilomètres des monstres, jusqu'à ce que je corrige ma position.
Il y a aussi un petit soucis avec la façon dont on recharge dans le jeu. Comme je l'ai déjà expliqué, dans les jeux précédents qui se jouaient au pistolet, il fallait tirer à l'extérieur pour recharger, donc perdre sa visée. Comme ici il faut juste actionner la pompe, ce qui peut être fait sans bouger le canon, on ne perd pas sa visée entre deux rechargements. Sans doute pour pallier au retrait de cette difficulté, les concepteurs du jeu ont rajouté une chose. Quand le joueur actionne la pompe du fusil en plastique, on voit sur l'écran une animation des bras du personnage qui fait la même chose. Et pendant cette animation, il est impossible de tirer. Et elle est longue...
Résultat, je pourrais beaucoup plus facilement recharger dans le feu de l'action et faire pleuvoir le plomb sur des hordes d'ennemis si le jeu se contentait de me laisser recharger à ma propre vitesse. Je perds du temps à ne pas pouvoir tirer pendant que les zombies, eux, continuent à s'activer.
Bon je me suis quand même bien amusé dans l'ensemble, et je reviendrai sans doute avec plus de pièces un autre jour histoire de finir le jeu. (Il faut à peu près une demi heure d'après internet.... Bonjour la fatigue des bras !)
Là j'ai terminé le chapitre 0, très court, et le chapitre 1, après avoir passé un premier affrontement avec un boss. Je suis mort dans le chapitre 2.
Le jeu nous donne une note selon notre précision et notre rapidité à terminer un niveau. La note peut être, de la meilleure à la moins bonne : S, A, B, C, D ou E. Pour le chapitre 1 j'ai eu une note de C, ce qui est moyen. Pour quelqu'un qui n'a aucun entrainement sur ce genre de jeu, c'est plutôt pas mal.
J'ai visité aussi les autres étages. Au dernier, il y avait des bornes d'arcade de très vieux jeux (j'ai vu un exemplaire de "Final Fight"... C'est la version arcade d'un jeu qu'on avait sur Atari ST avec mon frère quand j'étais petit. Autant dire que ÇA DATE). Il y avait aussi un espace pour jouer aux fléchettes entre amis.
Je n'ai pas visité d'autres bâtiments que les deux centres d'arcade de Sega et le magasin Lamtarra. Pour le reste j'ai flâné dans la rue et j'ai pris des photos. Puis c'était déjà l'heure de rentrer.
mail du 26 mars 2014
Japon 11
Mercredi 19 mars.
Après avoir visité Tōdai le lundi et Akihabara le mardi, je commence à être à court d'idées. Je décide d'aller à Shibuya. J'y verrai peut-être le fameux croisement de deux avenues avec ses 4 passages piéton en carré et ses feux de circulation, l'image qu'on nous montre à chaque fois à la télé pour illustrer un sujet sur le Japon aux infos. Mais j'avoue que j'ai aucune idée d'où il se trouve.
La veille au soir, n'étant pas sûr qu'il y ait des choses à voir à Shibuya, j'ai demandé à ma famille d'accueil si c'était intéressant. On m'a répondu que c'était un peu les Champs-Élysées japonais. Pour des gens qui ne sont jamais allés à Paris, je ne suis pas certain de ce que ça veut dire.
Une fois à la gare de Shibuya (encore une dont on entend le nom dans les méthodes), on voit que c'est un quartier où ça circule beaucoup. Il y a une sorte de réseau de ponts pour piétons, assez larges et assez élevés, qui permet de passer au-dessus des voitures.
J'ai fait deux trois avenues dans les deux sens, mais au final, je n'ai rien vu de vraiment intéressant qui aurait valu une photo. J'ai remarqué l'entrée d'un bâtiment où il fallait avoir 18 ans pour entrer. C'était probablement un établissement de massage érotique ou le genre de bar où on est servi par des entraîneuses habillées en soubrette sexy. (Mais normalement pas un bordel : ils sont illégaux et on n'est pas à Roppongi, le quartier des yakuza.)
J'ai aussi vu un hôtel capsule.
C'est à peu près les seules choses dignes d'être remarquées que j'ai pu voir.
Cela dit, je n'avais pas mon guide sur moi. Ça vaudrait peut-être le coup de revenir faire l'itinéraire de promenade conseillé, qui m'emmènerait aux points intéressants.
Apparemment c'est le quartier "chaud" des lycéens et des collégiens, si j'ose dire. C'est ici qu'ils viennent pour s'amuser, sortir, faire du shopping et danser en night-club. Du coup c'est l'endroit où il vaut peut-être mieux être à plusieurs pour vraiment apprécier.
Jeudi 20 mars.
Pas grand chose non plus ce jour-ci. Il pleuvait donc je suis rentré directement, sans rien visiter.
mail du 4 avril 2014
Notes
Alors j'avais donc déjà eu une interrogation écrite le 13 mars où j'avais eu 15/25 (12/20) notamment à cause du vocabulaire des premières leçons qui me manquaient.
Puis, le 28 mars nous avons eu une autre interro, en préparation du devoir de fin d'année. Cette fois j'ai eu 26/30 (17,3/20).
J'étais très anxieux pour le devoir final, parce qu'il fallait obtenir un minimum de 60% (12/20) pour pouvoir aller aux cours intensifs la semaine prochaine.
Mercredi 2 avril, nous avons finalement passé l'examen. La partie écrite était très facile, mais mon manque de concentration m'a fait complètement raté la partie écoute/compréhension orale. De même, l'entretien oral a été vraiment pas terrible : je cherchais mes mots, je reprenais mes phrases, je parlais lentement...
Au final aujourd'hui je viens de recevoir les notes. J'ai eu 87,5% (17,5/20) en tout donc je passe !
J'ai obtenu 61/65 (18,8/20) à l'écrit, 11/15 (14,7/20) à l'écoute et 15,5/20 en conversation. J'avais peur, mais apparemment j'ai pas raté tant que ça l'entretien. Et les réponses que j'ai dû mettre au hasard à la fin du test d'écoute parce que j'avais zappé des trucs ont dû à peu près tomber juste.
Il y a 12 chapitres dans le livre de cours, et j'étais là à partir du 9ème. 8 chapitres à rattraper en moins de 4 semaines je me suis pas trop mal débrouillé.
mail du 14 avril 2014
Et le temps des cerisiers ?
Le temps des cerisiers, malheureusement, il est très court ! Une semaine, et puis, un coup de vent et pfuit ! C'est fini. Si tu n'as pas le temps d'en profiter, c'est déjà trop tard.
En ce moment je suis en cours intensifs l'après-midi. La prof du lundi (qu'on vient juste de découvrir) est plutôt marrante, et celle du mardi et jeudi est bien aussi. Par contre celle de mercredi et vendredi est chiante à mourir. C'est difficile de rester concentré avec elle.
Le problème avec les étudiants c'est qu'ils ont tous 20 ans, donc on n'a pas trop les mêmes trips. Ils étaient sympas et accueillants la première semaine, mais petit à petit, je me suis vite senti l'outsider. Comme si je ne faisais pas vraiment partie du groupe. Ils sont tous potes depuis un peu plus longtemps, donc c'est difficile de s'intégrer quand on n'est pas super social et charismatique.
Depuis le début des cours intensifs, ça va un peu mieux parce que j'ai rencontré une nouvelle camarade (bon par contre c'est une Française, c'est un peu dommage) et qu'elle se montre plus amicale et chaleureuse que ceux qui ne me disent pas bonjour si c'est pas moi qui les salue pas le premier. En plus, même si elle a 19 ans elle aime les films d'action des 80s/90s et le même genre de vidéos sur le net que moi, donc on a plus de délires en commun.
À côté, quand j'essaie d'expliquer comment les Français de l'époque où j'ai grandi voyaient les USA à la petite Américaine de 17 ans, croyant que c'est un sujet intéressant, elle en a en fait pas grand chose à foutre.
La Belge et le Suédois se retrouvent parfois avec d'autres pour picoler, mais c'est pas non plus mon genre de délire...
Vendredi 21 mars au soir, j'ai fait connaissance d'autres personnes.
[...cette partie a été censurée/modifiée par rapport au mail d'origine, pour ne pas divulguer certaines infos privées sur les autres personnes...]
Bref on est allés manger dans une crêperie bretonne. J'ai rencontré 3 Français [j'aurais dû écrire "francophones" d'ailleurs] et 3 Japonaises. Le lendemain deux des gars m'ont invité à aller visiter Asakusa avec eux. On a vu le Skytree et le temple de Senso-ji. 2 semaines plus tard (vendredi 5 avril) Étienne m'a invité à boire un pot au pub et faire un karaoké avec des collègues et potes à lui. Étienne est belge, ses potes étaient japonais, plus un Américain (le mari d'une Japonaise) et un gars qui je crois était péruvien mais je suis pas sûr.
Avec ces gens, qui sont plus de mon âge, ça se passe mieux. Je me suis bien amusé. Je reste quand même un outsider. Le seul qui n'a pas de boulot, pas beaucoup d'argent, et qui n'est pas en couple.
Ma semaine de vacances, c'est la première semaine de Mai. Ça approche.
Que dire d'autre ?
Le mardi 24 ou mercredi 25 mars, j'ai visité le jardin impérial. C'est dans les photos.
Le vendredi 5 avril, avant d'aller au pub d'Akasaka rejoindre Étienne et ses potes, je suis retourné à la ville électrique d'Akihabara et j'ai réussi à acheter un adaptateur pour les prises françaises. Maintenant je peux charger mon rasoir, mon appareil photo et mon téléphone dans ma chambre. Après j'ai eu le temps de rejouer au jeu House of the Dead 3, celui qui se joue au fusil à pompe. J'ai dépensé 1000 yens sans arriver au bout. J'ai été assez mauvais !
Le samedi 29 mars j'ai fait une autre promenade sur la Yanasegawa et j'ai photographié les gens qui faisaient le Hanami. Je me suis pas perdu cette fois.
Le samedi 6 mars au soir, Alberto est arrivé chez la famille d'accueil. Il avait déjà vécu 2 ans au Japon, du coup il parle bien mieux japonais que moi. Lui il a cours le matin. Je lui ai montré le chemin le matin de son premier jour, même si moi j'ai cours l'après-midi maintenant.
Le lundi 8 mars, justement, au lieu de reprendre les cours tout de suite (c'est le début de l'année scolaire) les profs nous ont emmenés visiter le plaza de Daikin, une entreprise qui fabrique des climatiseurs. Tout n'était pas passionnant...
Mardi 9 au soir, un troisième larron nous a rejoints chez la famille d'accueil. Un Américain du Connecticut, Nicolas.
Je le vois à peine cela dit. Il est presque jamais là. Par contre, il a la chambre à côté de la mienne. Les murs sont en papier donc on s'entend respirer. Ça peut être dur le matin ou le soir pour dormir.
Samedi 13 avril j'ai donné une seconde chance à Shibuya. Cette fois j'ai pris mon guide. J'ai tenté de faire l'itinéraire proposé. Je ne me suis presque pas perdu.
J'ai réussi à prendre une photo de la statue du chien, celui qui est venu attendre son maître à la gare tous les soirs, même 10 ans après sa mort. Et une photo du "Shibuya Crossing", LE carrefour le plus célèbre du Japon.
Au passage je suis tombé sur le Parc Yoyogi où plein de gens fêtaient encore le hanami. Un groupe au hasard m'a invité. Il y avait des Occidentaux et des Asiatiques. J'ai rencontré deux filles bien éméchées. La première m'a chipé mon appareil le temps de faire 3 photos pendant que l'autre, très jolie, est venue me parler d'un peu trop près pour mon confort (oui je sais qu'on voit le mec qui n'a pas touché une femme depuis 2011).
Il y avait aussi un gars avec un super tatouage qui apparemment aurait un appartement avec une vue magnifique sur le Mont Fuji. Bref c'était sympa.
Le temps est plutôt chaud en journée, mais je mets le pull le soir, et la nuit tombe encore très vite.
Demain premier cours de kanji. On verra comment c'est !
mail du 17 avril 2014
journée intéressante
Aujourd'hui était une journée intéressante.
1) Les filles commencent à s'habiller plus légèrement : moins de vestes, plus de manches courtes et d'habits près du corps.
2) J'ai eu l'occasion de flatter ma prof, ce qui n'arrive pas tous les jours.
Nous étions en train de réviser les descriptions positives/les énumérations.
Elle me demande : "dare ga suki desu ka?" (qui est-ce que tu aimes/apprécies ?).
Ce serait embarrassant de désigner une camarade de classe, donc j'hésite. Thuy, une Vietnamienne, souffle "sensei" (la prof). Et je suis assez d'accord (et ça m'implique moins que de choisir quelqu'un) donc je réponds :
"Sensei ga suki desu" (je vous aime bien vous, Madame)
Elle s'exclame : "hontou ni? Doushite?" (vraiment ? Et pourquoi ?)
La prof, pour blaguer, me demande "juu", une énumération de 10 éléments. (Genre avide de compliments...) Finalement elle demande "mittsu", soit une liste de 3 éléments.
Dong, un Vietnamien assis derrière moi me souffle "kirei". Là encore j'étais assez d'accord. Donc je réponds :
"Kirei da shi, yasashii shi, sore ni atama ga ii desu kara." (parce que vous êtes jolie, gentille et aussi intelligente)
Suite à quoi elle a fait mine de retourner à son bureau et d'écrire dans son cahier en disant "hmmm je vais lui donner des points en plus pour cette réponse !"
J'aime les profs qui ont de l'humour ! ^^
3) La même prof, pour nous expliquer la phrase "faasunaa ga aite imasu" (la fermeture éclair s'ouvre) commence à ouvrir sa jupe en disant "supesharu seebisu" (service spécial), le genre de phrase qu'une entraineuse de bar sortirait pour proposer un massage. (Ou une prof un strip-tease, apparemment ?)
4) Dans le train du retour, je m'assois à côté de deux femmes dont l'une a une poussette, et un bébé dans les bras.
La petite fille me regarde, tend son bras vers moi et fait : "Papa !"
Sa mère éclate de rire : "papa ja nai!" (c'est pas papa !)
J'étais très amusé. Je montre mon visage d'un mouvement circulaire du doigt et je dis : "chotto chigai" (c'est un peu différent, sous-entendu : mon visage doit être un peu différent). L'amie de la mère morte de rire.
Après j'ai demandé si par hasard le père ne porterait pas de lunettes, et elles m'ont dit que oui. J'ai dit que du coup je comprenais. Elles ont ajouté qu'il avait "la peau blanche" (shiroi niku), ce qui doit vouloir dire qu'il est occidental - parce que honnêtement j'ai pratiquement la même couleur de peau qu'elles.
Bref une journée amusante.
Et je sais pas ce que j'ai, j'ai porté particulièrement d'attention aux filles aujourd'hui. J'ai fait des blagues que de sous-entendus toute la journée (en restant subtil, quand même, je déteste le vulgaire). Je dois être en période d'ovulation, ou je ne sais pas quel équivalent c'est pour les garçons. Un pic d'hormones, ou un truc du genre.
Ou alors c'est l'effet du soleil de printemps.
Mr. Shadow
Doux mon cœur, fermes mes intentions -mantra psi