[01] Le Tombeau du Vampire
#1
C'est l'un des ancêtres des LDVELH façon Gallimard au même titre que les premiers Défis Fantastiques et Loup Solitaire. Mais par rapport à ceux-ci, je trouve le premier Dragon d'Or mieux écrit, plus agréable à lire avec de longs paragraphes, des descriptions soignées et un rythme réaliste pour le héros, assez lent et sans raccourci temporel du genre "après avoir marché pendant deux-cent mètres vous parvenez à une intersection". En somme, j'ai trouvé le style de Dave Morris meilleur que celui de Dever et surtout Livingstone / Jackson.
Par contre, le contenu relève du grand classique avec une exploration détaillée d'un vaste repaire (les souterrains du château), un objectif KTS ou plutôt KTV, Kill The Vampire. Objets utiles à récupérer, pièges à éviter, monstres en embuscade, toute la panoplie y passe. A ce niveau, c'est du même tonneau que les autres LDVELH de l'époque avec quelques séquences bien originales (l'archer du tableau, la façon d'accéder au tombeau de Ganelon...) mais d'autres trop classiques désormais (l'autel maléfique, le barbare, la mare souterraine dangereuse...).

Le scénario est un chouilla plus original puisque on aborde pour la première fois le thème du vampire avec tous les stéréotypes se rattachant à son mythe et l'atmosphère gothique est assez prenante grâce à de nombreux détails. Ainsi, on peut rencontrer les précédents héros qui se sont retrouvés hypnotisés par le Comte mort-vivant. Le château abrite de nombreux objets marqués de runes et le monologue du prêtre vers le début nous apprend beaucoup sur notre mission tout en nous donnant la mesure du défi qui nous attend. La bonne plume de l'auteur participe à créer cette ambiance lugubre et inquiétante mais également les illustrations de Leo Hartas, magnifiques de fantasmagorie avec leur angle de vue étrange et leurs contours bizarrement arrondis.

Où je le trouve inférieur à certains standards des LDVELH, c'est dans sa durée de vie, très faible. Déjà, il ne fait que 300 paragraphes et ça se ressent bien. Le Sorcier de la Montagne de Feu dispose tout de même d'un caractère épique, on a vraiment l'impression d'avoir accompli une grande tâche en atteignant le paragraphe 400. Ici, le final arrive très vite sans qu'on n'ait connu de danger terrifiant auparavant : pas de lieutenant du boss, pas de duel d'anthologie ou de monstre particulièrement impressionnant, pas d'énigme tortueuse à résoudre...
Mais surtout, le Tombeau du Vampire est d'une facilité déconcertante.

Je l'ai achevé du premier essai ce qui ne m'était pas arrivé depuis... je ne me souviens pas. Mes scores de départ étaient bons sans plus. De toute manière, je n'ai jamais eu à effectuer le moindre test d'Habileté ou de PSI. D'accord, j'ai terminé avec 3 petits points d'Endurance... Mais tout de même, cette aventure est presque une sinécure. Très peu de PFA, un combat final qui n'en est pas vraiment un, des pièges affaiblissants mais rarement mortels. Le seul danger réside dans le fait qu'on regagne difficilement de l'Endurance au cours de l'aventure mais à part ça, c'est l'autoroute tranquille vers la gloire. On m'a pourtant souvent demandé des objets que je ne possédais pas mais ce n'était guère pénalisant. Les combats sont globalement à notre avantage et on peut en éviter pas mal.
Bref, c'était très frustrant. Aucun sentiment de fierté au final et ce d'autant plus que le dernier paragraphe participe bien à ce côté "mission légère" : le héros reprend sa route en sifflotant comme si cette parenthèse pendant son voyage l'avait seulement diverti et aucunement terrifié.

Donc du bon et du moins bon pour ce Dragon d'Or 1 qui aurait beaucoup gagné à proposer un challenge plus relevé. Mais je trouve que c'est un excellent bouquin pour faire découvrir les livres-jeux aux jeunes : règles simples mais avec un plaisir ludique tout de même, contexte familier mais avec quelques scènes marquantes... et faible difficulté pour ne pas rebuter les moins motivés.

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#2
Hihi, t'as préféré terminer Nils Jacket 2, en fait. Mrgreen

Je plussoie ta conclusion : le livre que je conseille toujours à ceux qui veulent doucement commencer les LDVELH.
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#3
Moi j'adore cette série malgré les règles de combats ultra-bidons.
Mais sinon, côté ambiance c'est très réussi, notamment le premier et le dernier de la série.
Très belle critique, Fitz, soit-dit en passant.
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#4
Fitz, n'as tu pas oublié de mettre le titre du livre dans le titre du fil ? Ca pourrait prêter à confusion et faire penser que tu fais une critique de Dragon D'or, la série complète et non le premier livre seulement.
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#5
Sinon, il aurait posté dans ce topic Tongue :

http://rdv1.dnsalias.net/forum/thread-197.html?highlight=dragon+d%27or
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#6
Exact, je suis fâché avec les titres en ce moment!
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#7
l'ambiance générale moisie et brumeuse est très réussie, au début surtout, et certaines scènes coupent le souffle: le suaire de Ganelon, les voyages temporels, la salle de musique…

Autre avantage appréciable: il n'y a qu'un seul des combats ridicules contre plusieurs adversaires qui sont le boulet de la série, et évitable.

Sinon, c'est vrai qu'il est facile, mais il se refait avec plaisir à l'occasion…
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#8
Le tombeau du vampire est vraiment un bon livre, très riche et très dense, malgré ses 290 paragraphes, avec ses 28 illustrations, et son ambiance bien à lui.

On ne s'ennuie pas une seconde dans cette aventure, haletante du début à la fin.
Les diverses rencontres sont variées et marquantes. Je retiens en particulier celle avec l'elfe dément, et le combat avec la reine noire de l'échiquier. Les objets sont très nombreux et participent à la qualité du scénario. Ne pas hésiter à refaire l'aventure, afin de tester tous les chemins possibles.

Une aventure qui peut s'avérer assez difficile, à cause de pas mal de PFA, ou de mauvais jets de dés dus au système de combat de la série.

Seuls points négatifs, la qualité très moyenne des illustrations, et le combat de fin qui peut s'avérer très facile, si l'on choisit une certaine option.

En résumé, une réussite totale pour un premier volume au charme particulier.
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#9
J'avais envoyé un message à Dave Morris au sujet de l'ambiance unique dans les Dragon d'Or.
Sa réponse :
Thanks, that was what I was aiming for. I did write one Fighting Fantasy book (# 43) but I prefer to do my own thing.
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#10
CETTE CRITIQUE PORTE SUR LA VERSION AUGMENTEE PARUE CHEZ MEGARA (que j'appellerai V2, par opposition à la V1 de 1984 qu'on connaît tous).

[Image: 422120gd1.jpg]

La grisaille d'une après-midi d'hiver. Le vent qui siffle dans les arbres, sur les pans de la montagne. Une bibliothèque chichement éclairée par deux appliques. Sur le plateau de bois nu de la table de travail : une paire de dés et Le Tombeau du Vampire de Dave Morris, version 2.0.

Vous avez compris que je me mets dans l'ambiance avant de jouer...!


RETOUR VERS UNE MADELEINE DE PROUST
Ah, la série "Dragon d'Or" ! Le trait rond, naïf et pourtant puissant de Léo Hartas. Les intrigues simples, du donjon crawling basique avec des situations aisément dénouées, mais avec pourtant une capacité d'évocation qui laisse durablement des images dans la tête. Du patrimoine, quoi ! Le PDVELH de Xav&Fred m'a récemment convaincu de sauter le pas et de commander le tome revu par David Walters, avec 102 nouveaux paragraphes et (fin du fin) des illustrations colorisées.


L'OBJET LIVRE
Les images en couleurs de Léo Hartas m'ont soufflé. D'habitude je n'aime pas ce genre de retape ; mais là, elles gagnent un côté glauque (au propre comme au figuré : couleur vert-gris / ambiance sinistre) qui n'est pas sans rappeler l'image des films Hammer... plutôt caractérisée par le rouge si particulier du studio, dans ses films de vampires. La filiation est d'ailleurs revendiquée par Dave Morris dans une préface. Il nous éclaire sur les conditions de production des premiers livres-jeu, dans les années 80 (y compris la question des contrats et de l'argent). Laissez-moi vous dire qu'il envoie du bois, et que Games Workshop se prend quelques buches dans le mou au passage : un mythe qui tombe !

La préface rappelle que l'éditeur originel était Dragon Books, d'où (je suppose) le nom de la série "Dragon d'Or". On apprend aussi que l'un des tableaux de la galerie de portraits représentait le propre père de Léo Hartas (de là à dire que la femme qui apparaît sur un autre tableau, dans  une des illustrations additionnelles, serait, serait... devinez !). J'ajoute que le Barbare du 237 ressemble furieusement à Schwarzie / Conan.

Le travail intérieur est du Megara nouvelle période. Travail soigné, à un important détail près : les illustrations sont souvent situées à la page qui suit le paragraphe illustré, au lieu d'être en vis-à-vis. Il aurait suffi d'une page blanche entre les règles et le 1 pour régler le problème. Ah, deuxième détail : l'illustration du combat final, étalée sur deux pages dans la V1 (quel choc à mon premier feuilletage du vieux livre, ce personnage qui plonge son regard dans le mien) est ici réduite sur une seule page. C'est dommage. Reste le côté ensorcelant de cette image colorisée ! Et le fait qu'ici, elle illustre l'avant-duel, plutôt que gaspillée pour illustrer un PFA (c'était le cas dans la V1).

Le fin du fun aurait été de trouver une petite bio ou interview de David Walters, histoire d'en savoir davantage sur la "réformateur" et continuateur de la "Voie du Tigre".

Question traduction, le rendu est très bon (on se rappelle que j'avais marmonné ailleurs pour une autre VF), je n'ai trouvé aucun coquille, le style est précis et évocateur, nickel ! La traduction est signée Thomas Pereira & Mikaël Louys.


L'HISTOIRE / LE JEU
La réécriture menée par Dave Morris & David Walters a détaché le livre du cadre médiéval-fantastique pour le raccrocher à une fin de Moyen Âge / début Renaissance peuplée de monstres gothiques. Les créatures trop codées méd-fan ont été travesties : l'Elfe Archer du début devient une sorte de Mousquetaire, le Barbare est un Cosaque... Mais les illustrations sont inchangées, ce qui provoque une sorte de comique involontaire...

Les ajouts au jeu : un nouveau parcours différents à partir du milieu des Cryptes, et des personnages ou salles additionnelles par-ci par-là. Enfin une cuisine, par exemple, histoire de faire manger les monstres. La Bibliothèque et ses grimoires servent enfin à quelque chose dans l'histoire (une déception qui me restait de la V1). Les apparitions du Vampire au fil de l'aventure, ou de ses sbires qui surveillent la progression de l'aventurier, sont plus fréquentes. Le premier étage du château, vide dans la V1, gagne un tout petit peu en épaisseur dans la V2 : on y trouve un atelier de peintre abstrait. Il faut bien que les portraits de la galerie viennent de quelque part, non ? Wink L'aventure reste courte et facile (voir la critique de Fitz ci-dessus) malgré le texte additionnel.

Le système de combat conserve ses spécificités :

1°) c'est simple, un seul jet de dés indique l'issue de l'assaut. Les duels se règlent en 3 ou 4 lancers sans modificateurs. J'aime.
2°) les gros monstres peuvent être vaincus par l'usage judicieux d'un objet du décor. Parfois avec ces astuces un peu enfantines qui donnent leur sel à la série, je trouve ! Utiliser le Pot de Poivre Noir sur un monstre invisible et taper là où ça fait « Atchoum »... Trouver du courage au fond du Bock de Bière pour affronter sans crainte un Revenant... Jeter un no-nosse au gentil Molosse à sa maman...

Si vous ne me croyez pas pour le côté enfantin, gentillet, naïf, rappelez-vous la couverture US des années 80...

[Image: 556373gdfg1a2.jpg]

Quelques trucs intéressants dans le déroulé de l'intrigue, là encore des choses simples mais étonnamment efficaces :

Flèche au moins deux possibilités de voyager dans le Temps. Le héros est ramené aux portes du château ou projeté dans le combat final.
Flèche le combat final, à exécuter à la manière bourrin (pour perdre, probablement) ou en finassant : on peut fuir et
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Morris récidivera dans Le Dieu perdu, rappelez-vous
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Et l'astuce qu'il a révélée récemment sur son blog, sur la manière de vaincre le Double du Miroir.


OBJETS
Flèche l'inventaire d'Hosanange s'est élargi, on peut lui acheter des potions et des gris-gris, l'or sert enfin à quelque chose !
Flèche l'objet le plus utile de tous semble être le
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donné par Hosanange, mais il y en a un autre dans la dernière partie des Cryptes.
Flèche des objets servent de "jokers" dans diverses situations désespérées, mais ne servent qu'une fois :
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IMPRECISIONS
Flèche Pistolet, balle... quid de la poudre ?
Flèche Le Cosaque/Barbare conserve une quantité impressionnante de bouffe (jusqu'à du Poivre Noir pour donner du goût et de la Bière pour faire passer tout ça) et on ne peut même pas manger pour regagner de l'ENDURANCE ? La tradition des Repas +4 END se perd...
Flèche Le PSI est supposé impossible à augmenter, mais on nous propose parfois de gagner +1 PSI alors qu'on n'en a pas perdu. J'ai considéré que le PSI (la sensibilité au surnaturel) pouvait augmenter et donc pris ces bonus.


ARRIERE-PLAN
Le background gagne en cohérence, les Ténébron deviennent une vraie famille :

Flèche la famille a désormais un blason, évoqué dans la dernière partie des Cryptes.
Flèche un prêcheur itinérant nous donne quelques infos sur les autres branches "saines" de la lignée, façon Rougon-Macquart.
Flèche le mausolée du premier Baron issu de la branche dévoyée, peut être visité. Donnant enfin un sens au titre français...

Par contre, la suppression de l'intro avant le 1 fait perdre un peu de sa saveur au début de l'histoire, si classique soit-elle : un soldat / aventurier / mercenaire fatigué, une nuit sans lune, un raccourci que jamais il ne trouva.... David Vincent les a vus, les Env...

En parlant arrière-plan, je n'avais jamais fait attention à quel point Le Tombeau du Vampire lorgnait du côté du Sorcier de la Montagne de Feu. Le Molosse de Feu avant le duel final // le Dragon avant Zagor). Le Vieillard à l'Echiquier // le Maître du Labyrinthe. L'intro de la V1 // l'intro du Sorcier. Normal : tout était largement à faire (en 1984), Le Sorcier était le prototype du genre ; difficile pour un nouvel auteur de s'en détacher dès son premier livre. Car comme Dave Morris le rappelle, c'est là son premier opus, après une période à jouer les petites mains dans le domaine du jeu vidéo et du JDR.

Trente ans après, c'est avec plaisir que j'ai reparcouru les couloirs et les cavernes sous le Château Ténébron, muni du plan d'Alnaro et d'une paire de dés - la même depuis le premier livre-jeu que j'aie lu.

Ah, que de souvenirs.

*********

Promis, l'une de mes prochaines critiques sera sur une AVH bien de chez nous. Soit Nils Jacket soit Exil vers Kelan-Cha. Soit On verra bien mon gars !
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#11
Je suis maintenant rassuré sur la qualité de cette édition collector: ça figurera sur ma liste d'achats Smile
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#12
Halalala dragon d'or !Série beaucoup trop sous-estimée !J'ai commencé par le commencement en m'attaquant à ce livre si répandu,si simple.Les règles de combats sont incroyablement simples,en effet il suffit simplement de lire ce que l'on te demande de faire et ça ne prend même pas une minute !Ensuite,j'ai rarement vu un début de livre explicatif(la partie dont tout le monde passe pour directement partir à l'aventure et regarder les règles pendant l'histoire)aussi court et bien expliqué !Il y a deux ans,je sous-estimait Dave Morris,je préférai J.H Brennan,ou Dever mais maintenant je me rend compte qu'il faisait des livres vraiment travaillé c'est dingue !Parlons aussi de ses magnifiques pages de couvertures,des vrais chef d'oeuvres !D'ailleurs si je serait motivé,j'encadrerai le tombeau du vampire dans mon salon et si ma mère n'est pas contente,ce sera dans ma chambre !Bref passons.En faisant le livre,j'ai pas plus m'empêcher de trouver que c'est un mixte entre un Loup Solitaire et un Défis Fantastiques !Je ne sais pas pourquoi,quoique,j'ai peut être une explication .C'est aussi bien raconté qu'un Loup Solitaire et aussi fantaisiste et fantastique qu'un Défis Fantastiques,et aussi simple qu'un ....tiens,je sais pas,dites -moi selon vous ce qu'il y a de plus simple que ce livre !Mais bon,moi je connais pas !

Amusement 18/20
Explications et travaillé 18/20
Interets 15/20

NOTE GENERALE :
17/20
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