[05] Le Dragon de Limehouse
#1
A ma connaissance, les deux auteurs (peut-être des frangins) de ce LDVELH n'ont pas sévi ailleurs et c'est tant mieux. Il s'agit de l'un des pires du genre.
Passons sur les illustrations hideuses, la série Histoires à Jouer y est malheureusement habituée. Passons sur le style franchement médiocre avec des paragraphes de 3 lignes en moyenne, on ne lit pas des LDVELH uniquement pour la qualité littéraire. Mais difficile de croire en la qualité d'une histoire au scénario et aux personnages aussi improbables. Sans dévoiler l'intrigue pour les courageux qui voudraient en tenter l'expérience, notre ami et mentor Sherlock Holmes se suicide au tout début en se jetant d'une falaise (on a même la possibilité d'assister au drame). Nous allons donc enquêter sur ce qui a provoqué cette disparition et découvrir progressivement une cabale de grande ampleur au coeur de Londres, entre autres dans le milieu chinois. Les tenants et les aboutissants sont difficilement crédibles, la résolution très décevante et surtout, les personnages ont des réactions peu logiques, j'ai eu du mal à croire dans les motivations des acteurs de l'histoire, difficile dans ces conditions de s'immerger. Même les choix proposés au héros sont à la limite de l'absurde et les réactions émotionnelles face à la mort de Sherlock Holmes ou face aux tentatives de meurtre sur notre personne brillent par leur absence. Les auteurs ont même voulu placer des éléments comiques comme un PFA absurde si l'on triche à un combat quasi-impossible mais c'est en général affligeant. Référence particulière à notre femme de ménage qui chaque matin nous impose un test de perspicacité culinaire pour améliorer nos talents de détective. Je pourrais citer pas mal d'exemples de ce genre, mettre le doigt sur les nombreuses erreurs de renvoi de paragraphes ou encore sur ceux où l'on est censé avoir accompli telle action alors qu'il n'en est rien puisque on a pris un autre chemin... Tout ça ne fait pas très pro.
Mais s'il y a du positif à retenir, c'est dans l'enquête en elle-même. Le temps y est décompté et a son importance de la même manière que dans Nils Jacket 2 (selon le jour de la semaine où l'on se trouve, les lieux et les gens évoluent) ce qui donne un sursaut de vraisemblance à l'histoire. J'ai eu l'impression que mes choix d'investigation avaient leur importance et ça change agréablement de certains LDVELH d'enquête, par rapport aux Sherlock Holmes Gallimard en particulier. Les protagonistes ont un emploi du temps logique, on a beaucoup de liberté pour visiter les lieux ou faire des interrogatoires, c'est finalement assez réaliste de ce point de vue-là.
Malheureusement, ça ne sauve pas les meubles. Le pire est d'avoir terminé le livre au 3ème essai sans avoir totalement réussi mon enquête. On peut en effet atteindre le dernier paragraphe (l'unique victorieux) juste en survivant au fil des journées (chose pas forcément évidente puisqu'une scène d'action vers le milieu nécessite d'avoir au minimum une bonne capacité physique) et même si on n'a pas démasqué les criminels ou trouvé des preuves. En feuilletant au hasard, j'ai découvert un passage difficile d'accès qui nous fait être capturé et découvrir de l'intérieur le repaire secret des malfrats, donc un moyen d'atteindre la fin avec beaucoup plus de mérite personnel. Mais ça ne m'a pas donné envie de refaire un nouvel essai pour passer par là!
Bref, des Sherlock Holmes Presses Pocket que j'ai lus, il s'agit du moins bon, et de loin.
A éviter.



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#2
Avez-vous lu les deux livres de la collection Gallimard Super Sherlock ? Ils sont bcp moins connus que les Sherlock Holmes. Dans ces derniers, l'auteur n'a pas réussi à mettre en place un système simple pour savoir si le lecteur comprend ou pas l'enquête. Il l'oblige donc à noter une quantité décourageante d'"indices" et de je ne sais plus quelle autre catégorie de preuve comme quoi le lecteur est bien passé par tel paragraphe. On peut finir l'histoire sans n'avoir rien compris.
Les Super Sherlock ressemblent plus à un jeu. Le premier paragraphe nous donne quelques pistes que l'on peut explorer en se rendant à d'autres paragraphes. On peut soit y aller tout de suite, soit noter ces paragraphes dans un journal pour y aller après. D'indice en indice, ceux-ci se multiplient très vite, ou mènent à des culs de sac. Le jeu devient très ouvert puisqu'on peut se rendre dans tous les paragraphes notés dans le journal.
Rajoutez à cela une notion de temps : un indice exploré = une case du journal, un certain nombre de cases = un jour. Entre chaque jour, des paragraphes "événements" obligatoires qui tiennent compte du temps qui passe (meurtrier qui récidive, action...)
Le but est de lire le moins de paragraphes possibles puis de vérifier la réponse en décodant la soluce donnée en annexe.
Perso, j'adore ces deux livres, que je me plais de relire dès que j'oublie le nom du coupable (bon, je ne joue pas tous les mois non plus !!!).
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#3
Je ne les connais pas et comme j'en ai très peu entendu parler sur le forum, je n'ai jamais cherché à les acquérir à tout prix. Mais puisque tu as aimé, j'essaierai si j'en ai l'occasion.
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#4
Pour en avoir feuilleté un un jour, je l’ai trouvé effectivement beaucoup plus intéressant que les tomes de la série Sherlock Holmes. Ceci étant dit, je n’ai jamais essayé d’y jouer.
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#5
La série Super Sherlock a un système de jeu très particulier, assez déroutant pour un habitué des LDVELH, et, je trouve, pas très intéressant. On a plus l'impression de jouer à un jeu de société comme Détective Conseil que de lire un vrai livre. Pas mon truc.

Les deux livres sont assez inégaux au niveau de l'enquête. Le 1er propose une enquête classique mais bien ficelée.
Le 2ème est moins bon, plus farfelu j'ai trouvé.
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#6
Effectivement, c'est plus un jeu qu'un livre. Et paradoxalement les paragraphes sont très bien rédigés.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette série, j'ai oublié de préciser que le premier tome contient une seule enquête (le Mystère Compton), longue et c'est vrai bien ficelée. Ici on s'éloigne des ldvelh assez rapidement puisqu'on se met très vite à naviguer d'un paragraphe-indice à l'autre à partir de son journal. N'empêche que l'ambiance est très bien rendue et, happé par l'histoire, on ne se rend plus compte que l'on prend le journal pour avancer : on s'imagine aller d'une maison à l'autre en passant par les chemins boueux que décrit l'auteur (Bailey). Car celui-ci a fourni un gros travail. Il a construit tous ses chapitres pour qu'on ait l'impression justement d'arriver au nouveau chapitre depuis l'ancien indice (et non depuis le journal). Il compte beaucoup sur l'association d'idées : une remarque anodine dans un paragraphe, une autre dans un deuxième et puis dans un troisième un indice qui crée un lien avec les deux remarques précédentes. Évidemment aucune baston, pas de point d'endurance. Rien. Mais une enquête dont on est réellement le héros.
Puis vient le second tome. Deux enquêtes : la villa des revenants et les diamants de lord Egremont. Dans ce tome Bailey rajoute un élément qui le rapproche des ldvelh : la notion de temps dont j'ai parlée dans un précédent message. Au bout d'un certain nombre d'indices explorés, obligation de passer à un paragraphe qui ouvre sur une partie "action" 100% ldvelh. A la fin de celle-ci, on reprend son journal. Cela peut nous laisser sur notre faim : qu'est-ce que cela aurait donné si Bailey avait développé ces blocs "action" et s'il avait donné des stats au personnage ? Ce ne serait pas une bonne piste pour une AVH mêlant enquête et action ?
Je cherche aussi ce graal (et l'inspiration) dans des jeux video. Heavy rain m'a énormément déçu et L.A. Noire que je viens de commencer me donne beaucoup d'espoir.
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