Ecriture à quatre mains
#1
Comment écrire une AVH à plusieurs ? Beaucoup ont essayé et ont échoué, à ma seule connaissance, seuls les gros projets officiels divisés en scène indépendantes (le Marais, le Daleth) ont été une réussite. Or leur méthode d'écriture consistait simplement à se répartir des scènes, des mondes (et à connaître à peu près quels objets pouvaient circuler d'un monde à un autre). Dans le cas d'une écriture à plus de deux ou trois, cette méthode apparaît comme la plus sûre. Mais qu'en est-il de l'écriture à deux ? Voici quelques idées qui me viennent :

Méthode 1 : -Faire un plan ultra détaillé, et se répartir les §. Peu stimulant, pour ne pas dire super chiant. Ne laisse pas de place à des possibilités auxquelles on n'a pas pensé en amont, ou alors il faut redéfinir la structure.

Méthode 2 : -Faire une narration à deux voix, et chaque auteur en fait une (cela évite les différences et les conflits entre les deux styles). Par exemple, l'un fait le héros, l'autre fait son adversaire. Pourquoi pas, mais cela réclame une bonne coordination, un plan bien réfléchi qui entremêlerait les deux histoires, et il faut que la narration à deux voix apporte quelque chose à l'histoire ou à son ambiance et ne soit pas qu'une simple méthode d'écriture.


Méthode 3 : -La semi-improvisation ou l'écriture alternée. L'un des deux auteurs écrit un paragraphe avec plusieurs choix (pour commencer, le §1) en lançant quelques idées pour la suite, l'autre corrige ce § puis écrit le paragraphe correspondant à l’un de ces choix (celui qu'il veut) (en suivant éventuellement les idées lancées par l'autre), qui mène à d’autres choix, puis l'autre écrit l’un de ces choix, etc. En gros on écrit un chemin arbitraire, choisi en fonction de notre inspiration, par exemple 1(auteur A)->2(auteur B)->5(auteur A)->8(auteur B)->50->68->15->100, et bref, à chaque §, l'auteur change. Quand l’aventure est finie, on revient au premier paragraphe dont tous les choix n’ont pas été écrits et on continue (1->3->...).

Inconvénients : il ne faut faut pas manquer de cohérence globale sinon ça risque de partir très vite n'importe comment (faire un plan des grandes lignes de l'histoire et les objets pouvant être récoltés est essentiel, mais quelle que soit la méthode d'écriture à deux qu'on choisisse, ce sera le cas), le rythme d’écriture est limité (a priori, 1§ par jour, un jour sur deux l'auteur A, un jour sur deux l'auteur B).
Avantages : méthode simple, fun, dynamique, exercice d'impro.
Remarque 1 : la cadence d'écriture peut être accélérée si l'un des auteurs manque d'inspiration ; ce dernier peut alors passer son tour, et l'autre poursuit sur sa lancée. Rien n'oblige en effet à devoir vraiment changer d'auteur à chaque paragraphe, même s'il faut qu'au fur et à mesure de l'écriture, les deux soient d'accord (l'auteur qui passe son tour doit quand même lire ce que l'autre écrit).
Remarque 2 : je ne l'avais pas précisé, cette technique est destinée surtout à une NVH plutôt qu'à une AVH, bref une aventure d'une longueur assez courte, environ 100-150§.

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#2
C'est déjà pas simple tout seul, alors à deux...
C'est vrai par contre que cela permet de trouver des idées auxquelles tout seul on n'aurait jamais pensé.

Pour l'écriture alternée cela risque d'être difficile de conserver une cohérence.
Je verrai les choses ainsi:
-Un auteur ''référent'': c'est celui qui transcrit sur le papier la synthèse des idées des deux co-auteurs sur le déroulement de l'intrigue. Il a donc la main sur l'écriture brute du texte.
-L'autre auteur serait un ''co-concepteur correcteur'': il décide avec le premier auteur des pistes de l'intrigue, mais sans écrire lui même ou très peu. C'est ensuite qu'il fait un travail de retouche sur le texte ''brut'' de l'auteur référent, mais normalement plus sur le style que sur le fond car ils se sont déjà mis d'accord sur ce fond avant que le référent ne commence à écrire. Il a donc la main sur la rédaction finale, après là aussi accord avec l'auteur référent sur les modifications qu'il veut apporter au texte ''brut''.
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#3
Pour l'écriture alternée, c'est possible si les deux auteurs sont sur la même longueur d'onde, je pense. Et j'avais oublié, mais je parle plus d'une NVH qu'une AVH, bref une aventure d'une longueur assez courte, 100-150§.
Sinon la technique que tu proposes est raisonnable, Tholdur, mais finalement ça revient à avoir un couple auteur/correcteur (et tous les deux concepteurs). Je trouve ça moins emballant.
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#4
Ce post me rappelle que nous avons échangé quelques mails là-dessus mon cher Alendir... qu'en est-il aujourd'hui ?
Et là j'ai soulevé une question qui va brûler tous les esprits ! Joyeux Noël !
Aooouuuu !
lorsque chantent les cigales, sois sûr d'avoir des glaçons au congel... Proverbe provençal amateur de pastaga
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#5
Peut-être qu'avec seulement deux personnes c'est jouable, en effet.
Je me souviens qu'avec les histoires dont on écrit la suite (les "sérieuses") sur la Taverne, il s'est très vite avéré impossible de garder une cohérence. Personne n'a réussi à garder en filigrane un fil conducteur: c'est devenu un enchainement de péripéties qui partait dans trop de direction à la fois, jusqu'au moment où il est devenu impossible de réussir raccrocher le tout sur les rails d'un scénario cohérent. Trop d'imagination en somme - en tout cas pas assez canalisée - avait finit lentement mais sûrement par faire capoter ces projets d'écritures. Ce ne sont que les récits qui ont viré au loufoque qui ont pu survivre assez longtemps (le nouveau labyrinthe par exemple), car il n'y a vite eu plus aucun souci à se faire par rapport au scénario.
Mais même avec deux personnes seulement, et qui font très attention à "rester dans les clous", je pense ce ne sera pas si facile.
Je crois qu'il est plus sûr d'avoir un auteur "plus gros que l'autre". Celui qui est à l'initiative du projet, qui est "son bébé" en quelque sorte, et qui le confie à la "nounou" qui s'en occupe tout aussi bien et donne de sages conseil, mais doit quand même rester un petit peu en retrait.
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#6
Deux auteurs, au fil de leur discussion, créent une histoire qui conviendrait bien à un LDVELH.

Un des auteurs, très fort en conception, crée l'architecture du livre et les enchaînements de paragraphes, place les péripéties, équilibre le tout, gère le côté jeu.

L'autre auteur, plus fort en verbe, se charge de la rédaction et des jolies phrases.

Les deux testent derrière.
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#7
Une aventure est nécessairement divisée en "chapitres" perceptibles ou non, séparés par des passages obligés raconté sur un paragraphe charnière précis, selon moi, un auteur devrait n'écrire que ce qui touche à l'un de ces chapitres, les paragraphes charnières devant faire l'objet d'un consensus. Ce qui nécessite d'avoir prévu un plan détaillé, mais qui se risque à écrire une AVH sans une telle précaution élémentaire ? À la imite, cette technique permettrait de faire intervenir un troisième auteur en cours de route. L'avantage principal étant que les auteurs peuvent écrire en même temps des passages différents et donc avancer deux fois plus vite.
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#8
J'ai beaucoup de mal à planifier pour ma part.
J'ai quand même une idée générale, mais c'est extrêmement large: je ne sais même pas quelle(s) fin(s) vont se présenter! Car les idées de détail viennent vraiment au fur et à mesure de l'écriture, et influencent le déroulement du récit, souvent au sein même d'un seul paragraphe. Pour les Couloirs de La Mort par exemple , je pensais mettre un simple descriptif de la situation en intro, et envoyer le personnage directement dans les fameux couloirs au §1. Puis en rédigeant cette intro "succinte", je me suis rendu compte que ce serait mieux si j'étoffais un peu le tout. Une fois que cette situation préliminaire a été bien dégrossie, je me suis aperçu qu'elle offrait des tas de pistes intéressantes, et du coup cela m'a "obligé" à commencer l'aventure en amont de ce que j'avais prévu au départ. En plus cela aura des conséquences sur les fins possibles. Si j'avais gardé mon, intro de base, je n'aurai jamais pensé à ces autres possibilités, car le texte n'était pas du tout développé dans cette direction.
Pour ma part lorsque j'écris, je pars certes dans l'idée l'aller dans une direction donnée, mais des détails, parfois infimes, me font souvent bifurquer.
C'est vrai que j'envie ceux qui sont capables d'avoir d'entrée de jeu cette "hauteur de vue" couplée au "souci du détail", c'est à dire qui non seulement ont une idée générale, mais en plus arrivent à avoir des idées déjà assez précises sur le "détail", à être plus maîtres de la conduite de leur récit en somme. Pour moi, à part les très grandes lignes, je n'arrive vraiment pas à penser au détail avant, et du coup c'est un peu le récit qui est mon maître lol!
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#9
c'est un peu la méthode que j'applique dans mes scénario de jeu de role, contrairement aux avh où j'ai clairement besoin d'un plan arborescent où chaque évènement est prévu dès le départ, sinon je plonge dans un désarroi sans fond... tandis qu'en jeu de role, j'improvise tout le temps sur base d'une toile de fond relativement riche, mais point de vue évènementiel presque rien n'est prévu d'avance
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#10
(24/12/2011, 12:09)Alendir a écrit : Méthode 3 : -La semi-improvisation ou l'écriture alternée. L'un des deux auteurs écrit un paragraphe avec plusieurs choix (pour commencer, le §1) en lançant quelques idées pour la suite, l'autre corrige ce § puis écrit le paragraphe correspondant à l’un de ces choix (celui qu'il veut) (en suivant éventuellement les idées lancées par l'autre), qui mène à d’autres choix, puis l'autre écrit l’un de ces choix, etc. En gros on écrit un chemin arbitraire, choisi en fonction de notre inspiration, par exemple 1(auteur A)->2(auteur B)->5(auteur A)->8(auteur B)->50->68->15->100, et bref, à chaque §, l'auteur change. Quand l’aventure est finie, on revient au premier paragraphe dont tous les choix n’ont pas été écrits et on continue (1->3->...).

Inconvénients : il ne faut faut pas manquer de cohérence globale sinon ça risque de partir très vite n'importe comment (faire un plan des grandes lignes de l'histoire et les objets pouvant être récoltés est essentiel, mais quelle que soit la méthode d'écriture à deux qu'on choisisse, ce sera le cas), le rythme d’écriture est limité (a priori, 1§ par jour, un jour sur deux l'auteur A, un jour sur deux l'auteur B).
Avantages : méthode simple, fun, dynamique, exercice d'impro.
Remarque 1 : la cadence d'écriture peut être accélérée si l'un des auteurs manque d'inspiration ; ce dernier peut alors passer son tour, et l'autre poursuit sur sa lancée. Rien n'oblige en effet à devoir vraiment changer d'auteur à chaque paragraphe, même s'il faut qu'au fur et à mesure de l'écriture, les deux soient d'accord (l'auteur qui passe son tour doit quand même lire ce que l'autre écrit).
Remarque 2 : je ne l'avais pas précisé, cette technique est destinée surtout à une NVH plutôt qu'à une AVH, bref une aventure d'une longueur assez courte, environ 100-150§.

C'est ce qui avait été fait par Lovecraft et Robert Bolch (je crois) pour la nouvelle Cosmos Effondrés (parodie de space opéra) rédigé pour Hammond Egglestone, il me semble.
Chaque auteur faisait un paragraphe à tour de rôle. Et le résultat est assez... bizzare (certes Lovecraft n'est pas un écrivains de SF, mais bon.)

C'est aussi ce qui avait été tenté sur la Taverne à une époque (peu après mon arrivée). Ca a donné une infâme bouillie ^_^
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