Immortel ( Ad Vitam )
#1
Immortel (Ad Vitam) de Enki Bilal ( 2004), inspiré par son album le plus célèbre La Foire aux Immortels et sa suite La Femme Piège.

Nous sommes à New York en 2095, une ville à l’architecture très déjantée dans des tons gris, bleu et blanc; une ville sous l’emprise du sénateur obèse Allgood* qui fricote avec la corporation Eugenics ( expériences peu éthiques et organes artificiels ); une ville où Central Park est à -20° autour de l’Intrusion, un passage dans une dimension autre, et sur laquelle plane un vaisseau spatial en forme de pyramide.

Les dieux égyptiens sont dans ce vaisseau; on n’en verra cependant que trois, Horus, Bast et Anubis. Horus vient d’être condamné pour rébellion à perdre son immortalité dans 7 jours, aussi erre-t-il frénétiquement dans New York à la recherche de son salut… ( Bast et Anubis quant à eux passent le plus clair de leur temps à jouer aux cartes ou au Monopoly… non je ne plaisante pas ! )
Il lui faut deux choses. 1/ Un corps humain qu’il puisse utiliser. Avec la pollution, les organes artificiels d’Eugenics, tout ça, ses hôtes ne survivent pas longtemps à sa présence; heureusement pour lui un accident libère un condamné cryogénisé d’une prison aérienne - rien moins que le rebelle anarchiste Nikopol. Vu qu’il a été congelé il y a 30 ans son corps est utilisable… ( et peu importe qu'une de ses jambes se soit détachée dans son aterrissage de fortune, un dieu est au-dessus de ces contingences )
2/ Une femme qu’il puisse féconder. Ça tombe bien, elle vient d’être sauvée par une docteur peu orthodoxe d’une rafle d’Eugenics ( toujours à la recherche de matériel génétique inhabituel, ces Eugenics ). Qu’elle pleure des larmes bleues indélébiles et qu’elle se drogue avec des subtsances bizarres, nous n’en sommes pas à cela près, mais ses organes sont fort étranges et elle a divers pouvoirs à sa disposition ( télépathie, décharges d’énergie… un dieu ne demande pas moins ). Ajoutons qu’elle est sous la responsabilité d’un passeur qui fait franchir les univers à ceux qui ne sont pas à leur place…
Allgood affolé par la réapparition de Nikopol va lancer sur lui une succession de tueurs non-humains particulièrement hideux…

L’intrigue de base est aussi bonne qu’une autre même si en 99 minutes on pourrait caser plus de rebondissements. Horus vous fait sentir ce que c'est de n'être qu'un pion utilisé par une entité à ses propres fins, et qui vous témoigne encore une aimable condescendance… Le principal reproche que j’aurais à faire concerne Jill aux larmes bleues qui se montre essntiellement passive entre les mains de tout le monde, la docteur qui la teste, Horus qui l’hypnotise et le passeur qui lui fournit ses doses… notre héroïne messieurs-dames.
L’intérêt principal de ce film est la démonstration qu’il fournit de ce qu’on peut faire à la fois de spectaculaire et d’intelligent avec des images de synthèse; chaque vision de New York demanderait bien une page entière pour la décrire et il y a des dizaines de petits détails qui vous accrochent l’œil ( mon préféré: la mini-IA qui apparaît dans la salle de bain de la chambre d’hôtel et fournit de sa propre initiative ce dont on a besoin, que ce soit du dentifrice ou un petit revolver… ). L’un dans l’autre, un film à voir et à revoir.


* à l’époque Jacques Toubon était encore quelque chose en politique
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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