coffret "Samouraï Revolution": 3 films de Eiichi Kudo
#1
Ce coffret se compose de trois DVD
- Les treize tueurs ( Jûsannin no Shikyaku ), 1963
- Le grand attentat ( Daisatsujin ), 1964
- Les onze guerriers du devoir ( Jûichinin no Samurai ), 1966
Autant dire tout de suite que si vous n’aimez pas les films de samouraïs en noir et blanc vous pouvez quitter ce post et aller voir ailleurs.

Tous les trois traitent d’assassinats réussis par de petits groupes de sabreurs déterminés contre des ennemis très supérieurs en nombre mais pris par surprise et moins entraînés.

Les treize tueurs est le moins intéressant. Nous sommes en 1844, Nariatsu le petit frère du shôgun est un psychopathe qui ne fait rien qu’à commettre des méchancetés ( on le voit violer la femme d’un samouraï et tuer le mari dans la meilleure scène du film, tout au début ). Un ministre intègre ayant échoué à le faire condamner charge son sabreur en chef, Shinzæmon, de l’assassiner parce que non quand même. Le shogûn veut même le nommer ministre ! ( remarquez que vu le lot que nous avons eu dernièrement, il ne déparerait pas ) C’est une mission-suicide, naturellement, les éventuels survivants devront se faire seppuku ( cependant on ne le verra pas ) ce qui rend un peu difficile de trouver des volontaires, mais il y arrive. Une complication supplémentaire est la vigilance du chef des porte-sabres de Nariatsu, Hanbei, qui d’ailleurs connaît Shinzæmon.
Après avoir échoué dans leur première tentative en raison de la ruse de Hanbei, ils réussiront en attirant leur cible dans un village minutieusement transformé en souricière.
Les personnages n’ont pas vraiment de personnalité et on a du mal à les distinguer les uns des autres. D’ailleurs, ou bien il y a une une coupure malheureuse au montage, ou bien c’est moi qui ai vraiment zappé quelque chose, parce que j’ai beau compter je n’arrive qu’à douze en comptant Shinzæmon [ je vois bien 13 personnages mais on n'explique la présence que de 12 ]. Au moins le film finit sur son meilleur plan: un des derniers gardes de Nariatsu qui se vautre dans une rizière, possédé d’un rire hystérique.
D’ailleurs chacun de ces trois films se finit sur un plan très fort.

Le grand attentat est de loin le meilleur en tant que film. Au XVII°siècle, suite à la découverte d’une conspiration vaste et ramifiée pour abattre un ministre corrompu en passe de s’emparer pour de bon du pouvoir, une répression sauvage se déchaîne. Un conspirateur se réfugie chez son ami le petit samouraï Jinbo: il est massacré et Jinbo arrêté comme complice par les sbires qui assassinent également sa femme. Il profite de l’intervention d’un commando de rebelles pour s’échapper et est recueilli par un samouraï déchu devenu joueur professionnel; contacté par une jeune fille qui fait partie des conspirateurs survivant, il rejoint la conspiration.
Ce films regorge de moments et de personnages remarquables. L’exécution du traître blessé qui se traîne sur le sol; le samouraï pauvre qui adore sa petite famille et les tue avant de partir pour l’attentat où il laissera sa vie; le gros cinglé certain d’être l’instrument des dieux, qui viole la fille (“j’ai une mission divine, alors je fais ce que je veux !”) et l’étranglera plus tard en voulant la violer à nouveau mais qui se battra bien, avant d’être tué en voulant fuir voyant qu’il est le dernier…
Surtout le combat violent et confus de la fin dans les rues du quartier des prostituées en plein nettoyage de printemps; les femmes et leurs clients se font sabrer au passage, on s’affronte dans d’étroites ruelles et dans les canaux qui quadrillent le quartier; un membre du commando s’enfuit comme un lâche sans frapper un seul coup et l’attentat, malgré sa préparation minutieuse, ne devra son succès qu’à un pur hasard que je ne dévoilerai pas…


Les onze guerriers du devoir est en fait une refonte des treize tueurs. Le Hanbei de service s’appelle Gyôbu, les personnages sont mieux dessinés, et cette fois-ci l’assassinat vient du clan dont Nariatsu a assassiné le seigneur et non pas d’un ministre - au contraire, pour éviter un scandale qui discréditerait le régime c’est l’assassiné et son clan que les ministres du shôgun décrètent coupables.

Même s’il y a un bon moment ou deux ( quand le héros trouve sa femme qui s’est tuée pour que rien ne le distraie de son devoir… c’est un film de samouraïs, on vous dit ) il vaut essentiellement pour la dernière demi-heure. Contrairement aux deux autres films, les préparatifs minutieux de l’embuscade auront été pour rien et les héros devront improviser une attaque-surprise sur le lieu où les méchants se sont abrités. Disons le mot: elle est remarquable ( dans la boue et sous une pluie battante, trois qui chargent bardés de sacs de poudre pour se jeter dans le feu; la seconde vague attaque alors et comme les ennemis survivants fuient vers la rivière ils voient que les barques ont disparu et tombent sur la troisième embuscade… )
Le combat est sauvage et confus, vraiment prenant, et regorge de morceaux inoubliables: les trois qui couverts de blessures luttent de toutes leurs forces pour arriver jusqu’au feu; le lanceur de poignards; celui qui désarmé empale son adversaire sur une branche pointue mais l’autre le sabre avant de succomber… La fin surtout est grandiose, où le héros, après avoir tué Nariatsu, est tué par le dernier garde couvert de blessures; et le seul survivant du groupe, le ronîn qui les avait rejoints pour se faire un seigneur, décapite le cadavre de Nariatsu et emporte sa tête…
C’est juste un peu dommage que la petite samouraïette qui les avait rejoints pour remplacer son frère mort n’arrive qu’à blesser un garde dans le dos avant de se faire abattre ( car j’aime les petites samouraïettes, je crois l'avoir déjà dit )
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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