Sindbad - Le Prince des Voleurs
#1
Bon, puisque je prétends en donner la suite ce serait peut-être une idée d'en parler.
Voici ce que j'écrivais ne mai dernier sur l'autre forum

" Sindbad tome 1 et unique: le prince des voleurs publié au livre de poche club en 1987 donc à peu près en même temps que les Adorateurs du Mal. Les auteurs: Doug Headline, Michel Pagel et un certain F. Gordon. Le système est pratiquement identique à celui du Prêtre Jean.

Ce ldvh ne compte que 320 paragraphes ( honte ) découpé en sections précises: le départ ( beaucoup de remplissage mais ça décide combien d’hommes on aura ), la haute mer, l’île du sorcier ( du bourrage de page intensif et pas drôle ) et la mer des larmes avec un joli système de déplacement au gré du vent sur une carte pour explorer les îles; plus la confrontation finale.

Pour les caractéristiques la Dextérité remplace la Force et servira comme l’Habileté dans les Défis Fantastiques. Un point très appréciable: la mort subite au combat a été supprimée.

Le livre peut se vanter d’avoir en guest star le monstre aux stats les plus balèzes des six livres ( LE Kraken, rien que ça ) et le pire boss de fin… mais on va y revenir.

L’histoire est un grand retour aux sources du ldvh où on doit sauver un peuple en tuant le méchant sorcier après avoir retrouvé les fragments du médaillon sacré en explorant trois îles… l’humour des auteurs devient vraiment lourd et foutraque ( le pire gag doit être quand il prétend s’appeler Jèmsdynn… pitié ) Et je te la joue born to be (Sin)bad: menaçant la princesse d’un viol collectif, tourmentant un passager clandestin…

Un système de points force traduit l’état du navire et de l’équipage; on a quelques occasions d’en perdre mais il n’y a que deux combats maximum ( dont un particulièrement dur, et aucun des deux ne sert à rien ).

Le combat final contre le méchant sorcier est extrêmement dur: il inflige des dommages automatiques et il est vraiment difficile à tuer; sans une haute dextérité au départ on est frit. Je ne spoile pas grand-chose en disant qu’en plus c’est un combat à trois et qu’il est presque indispensable que le troisième larron soit de votre côté.

Donc: peu de paragraphes dont trop sont déjà du remplissage, une exploration bête et méchante des sites, un combat final terrorifiant… mis à part pour frimer avec, y a-t-il une bonne raison d’acheter ce livre ?

À mon sens, la réponse est: oui. Il regorge de scènes assez extraordinaires qu’il faut avoir vues: en mer comme l’attaque des poissons volants carnivores ou dans les îles, l’Île de Cristal en particulier. Et le Spectre de la Mer… Elles resteront dans la mémoire du lecteur. En fait ce livre est lisible plus comme un roman que comme un ldvh."


Mon opinion reste essentiellement la même; je me contenterai d'ajouter au niveau de l'ambiance qu'en à peine 320§ Sindbad surpasse le Prêtre Jean dans n'importe laquelle de ses aventures au niveau de ses exploits érotiques… si la princesse échappe à ses attentions, il se retrouve à devoir coucher avec la très grosse et très laide Anesto, puis entretient une relation d'une certaine durée ( pour lui ça doit être beaucoup ) avec la fascinante Darke. Et le final le montre faire la fête avec plusieurs jolies amphibiennes, sans être autrement arrêté par leurs branchies…



À noter qu’on a vraiment peu d’objets magiques dont un qui aurait servi dans la suite s’il y en avait eu une.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#2
J'ai gardé un très bon souvenir de ce livre lu il y a plus de 10 ans je crois.
Mon préféré de Headline. Les idées et le style collent à merveille à Sindbad, j'ai vraiment pris du plaisir à le faire.
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#3
??

Ah bon, j'espère que ma suite sera de ton goût.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#4
Ah, comme VIC me l'a fait remarquer j'avais fait une erreur: nous ne nous tapons pas Darke. Dommage, parce que c'était la mieux de tout le volume.
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#5
Je suis globalement d'accord avec Ashimbabbar pour ses critiques du 1er Sinbad, qu'il connaît mieux que moi.

L'humour a coulé à pic dans ce tome, et dès le début on est servi par exemple avec les Frêres Ze'Nmi, très gênant pour l'immersion, bref passons.
C'est en effet parfois assez proche d'un roman déguisé, car beaucoup de choix proposés ramènent au même § convergent 2 § plus loin sans rien avoir changé entre-temps. De plus, Sinbad n'est pas toujours maître de ses choix, il n'est parfois qu'un grain de poussière balloté par les flots capricieux du Destin lorsque la Chance décide de ne pas lui sourire : enfin, ceci est assez conforme aux contes de Sinbad. Hélas cela se traduit trop souvent à mon goût par un parachutage de Sindbad à un § convergent bien pratique pour les auteurs, mais le lecteur sent qu'il manque de prise sur les cours des évênements.

Le reste de l'aventure m'a laissé assez sur ma faim avec peu de § et trop peu d'épisodes marquants. Mon passage préféré est haut "la main" celui sur l'Ile de Cristal avec Darque (Darque <=> Cristal : humour !). On remarquera qu'elle a été sans doute créée d'après Circée, tout comme certains Voyages d'Ulysse ont inspiré quelques passages des 2 Sinbad, parlons-en au pluriel dorénavant.

Un mot sur le Boss final. Qu'il soit très dur à battre, d'accord. Mais qu'on nous serve pour la 100è fois un mélange de Belphegor et Jason (et la Toison d'Or ? Non, l'autre Jason, celui des films d'horreur que je n'ai pas vus). Avouons qu'il possède toutefois le charme rétro des Méchants d'antant : vous savez, ceux qui très poliment vous invitent cordialement à prendre une tasse de thé quelques heures avant le duel final.

Effectivement ce ldvelh est plutôt divertissant, propose d'incarner un héros crédible qui n'est pas Manichéen : Hourra !
Mais ça manque quand même de piment à mon goût.

Ce qui renforce l'intérêt que l'on peut apporter à ce livre, c'est cette suite : l'AVH Sindbad 2 permet d'étoffer le personnage et de prolonger ses aventures. Les 2 Sinbad renforcent réciproquement leur intérêt : le 1er se prolonge par une AVH qui comporte enfin un nombre de § conséquent, alors que Sindbad 2 tire profit du passé et du background du volume 1, et permet de conserver les objets magiques durement acquis du tome 1 (un vrai "+") .Je conseillerais donc de lire les 2 à la suite.

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#6
Bonnes critiques émises, c'est via un topic d'un autre forum sur le même sujet que l'envie de faire Sinbad m'est venue, gamebook inconnu au bataillon pour moi, ou plutôt que je confondais avec l'HJ traitant du même perso. D'ailleurs cet HJ a-t'il des similitudes avec le gamebook de Headline qui aurait pu s'en inspirer.
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#7
Plusieurs fois s'est posée la question d'interpréter un méchant dans les LDVELH ou les AVH. On pouvait trouver réjouissant d'endosser le rôle d'un pirate sans scrupule dans Défis sanglants sur l'Océan ou un aventurier dévoyé à un sorcier maléfique dans le Marais aux Scorpions mais il s'avérait que l'aspect transgressif était très limité, les pillages ou meurtres gratuits décrits de manière lapidaire, voire édulcorée. La Créature venue du Chaos est au départ surtout bestiale, marchant plus à l'instinct primaire qu'à une intelligence corrompue. Quant aux vikings des Drakkars, c'est à peine s'ils prennent l'or aux villages côtiers en disant merci à leurs victimes sans plus les violenter. Mais dans Sindbad, nous jouons une vraie crapule et c'est ce qui marque le plus à la lecture de ce LDVELH.
Un méchant sympathique certes, mais gouailleur, avec de l'humour, épicurien et plein de courage. Il aime les femmes, la bonne chère, est poète, contemplatif et philosophe à ses heures perdues. Les remords n'ont aucune prise sur lui et c'est avec un certain fatalisme dénué d'humanité qu'il déleste et tue les gens sans défense. Ainsi nous pouvons voler impunément une femme charmante qui nous avait reçu dans sa demeure avec bienveillance, une femme à la tristesse touchante de surcroît. On peut saccager la boutique d'un vieux marchand par simple plaisir, décapiter l'un de nos hommes d'équipage juste parce qu'il nous a dérangé dans notre rêverie, voler le déjeuner d'un infirme perdu dans la jungle, écraser des gnomes seulement parce qu'ils ne veulent pas nous indiquer le chemin et le summum, infliger la mort ou des tortures à un passage clandestin qui s'était caché dans un tonneau d'huile. Ce dernier épisode est d'ailleurs génial. Je ne peux m'empêcher de citer le paragraphe 74 où l'on décide de livrer à nos hommes le clandestin pour qu'ils s'amusent un peu :

Peu vous importe ce que vos hommes feront du clandestin. D'ailleurs leur imagination en ce domaine dépasse certainement la vôtre, et la présence d'huile sur le petit corps rabougri de Barani semble les exciter... Bah, ces enfantillages ne vous amusent guère. Epuisé par cet incident, vous partez vous coucher pour prendre un repos bien gagné.

En plus de ces actes, la psychologie du héros est assez poussée. De nombreux passages sont introspectifs ce qui rend le personnage attachant, même quand il se justifie à lui-même de ses crimes, avec un cynisme à toute épreuve (il se moque souvent par exemple de la grosseur ou la laideur des femmes et des hommes). Pourtant, ces tares politiquement incorrectes passent très bien, sont même réjouissantes car l'ensemble de l'aventure baigne dans l'humour. Tout le monde n'y adhère sans doute pas mais j'ai souvent rigolé tout seul dans certains paragraphes.
La tchatche de Sindbad face aux marchands du début est formidable, avec des personnages caricaturaux à souhait, les sous-entendus de notre bras droit Jamal font souvent mouche (j'adore le passage où il affirme qu'un capitaine qui ne choisit pas sa femme est inconscient car elle risque de contaminer tout l'équipage), toute la scène où Sindbad doit épouser la fille du chef indigène est digne d'une pièce de Faydeau, le dialogue avec le géant ahuri et ses Mongo!, les tentatives burlesques d'évasion du volcan et j'en passe...
Si l'on ajoute enfin que le héros et son lieutenant ne semblent jurer que par la luxure (les allusions au sexe sont très nombreuses) et la cupidité, on obtient un phénomène des livres-jeux, incontournable à mon sens.

Le pendant négatif est que tout cette distance prise par le héros et cet humour cassent toute tentative d'ambiance dramatique. L'aventure a beau être dangereuse, les ennemis retors, nombreux et puissants, le suspense et la peur de mourir inhérents aux bons LDVELH sont ici minimisés, sacrifiés sur l'autel du second degré.
Dommage car l'aventure est sympathique avec une assez longue préparation au voyage où l'on peut recruter son équipage, faire face à de vieux ennemis, manipuler ses employeurs. Ensuite le scénario tourne à l'exploration maritime avec trois îles à visiter, très différentes les unes des autres. Mention spéciale à la troublante Darke et à la très dangereuse île aux hommes noirs. L'île au crâne est plutôt décevante par contre. La dernière partie est sans grande surprise avec l'affrontement final. Il existe cependant deux paragraphes de fin victorieux (enfin... l'un plus que l'autre) et tous deux sont excellents. Ils donnent envie de revivre d'autres aventures avec ce héros insouciant et amoureux de la vie.

L'aspect ludique est faible, moins bien réussi que dans la saga du Prêtre Jean des mêmes auteurs. Avec ces règles, il faut une force de combat supérieure à la moyenne pour espérer gagner, à cause de deux combats obligatoires très ardus. Il existe plusieurs objets magiques intéressants à utiliser mais ils sont malheureusement trop difficiles d'accès. Les choix à effectuer par le lecteur n'ont souvent que peu d'incidence sur le déroulement de l'aventure ou sur la feuille de personnage. Ceci donne au départ une fausse impression de non-linéarité. L'or sert au tout début seulement et pas de manière décisive. La gestion du sac à dos est inutile car on récupère peu d'équipement. Les deux mini-jeux, les enchères et le voyage maritime, sont fastidieux. Quant aux règles de combat naval, elle ne servent quasiment pas ou alors, dans des batailles perdues d'avance.

Malgré ces nombreux défauts, ce LDVELH mérite vraiment d'être découvert avec l'un des héros les plus attachants ou les plus révoltants (c'est selon) de tous les livres-jeux réunis.

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#8
L'auteur semble même avoir mis (ou le traducteur) des jeux de mots dans les noms comme le garde du corp boorpif (bourre-pif) et d'autre dont je me souviens plus...
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#9
Et Rampeno son confrère. Comme je l'avais signalé l'humour de la Headline's team y a atteint de nouveaux tréfonds…
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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