[03] Péreim le Chevalier
#1
Ce 3ème tome du 1er cycle de la série Défis et Sortilèges a pour particularité d'être écrit par Bruno Giraudon alors que les trois autres l'ont été par Gildas Sagot, le créateur du monde de Dorgan dans lequel se déroule la saga. C'est donc normal que celui-ci se démarque du lot, en mal pour certains, en bien pour d'autres. En ce qui me concerne, je trouve que c'est le plus intéressant des quatre.
Il a bien quelques points faibles par rapport aux autres. Le principal est le personnage ici incarné : un chevalier pétri d'honneur, de principes, très "réac'", dont la seule ambition est de restaurer le passé c'est à dire son empire en déclin. Par rapport à la malice de Keldrilh, à la sensibilité poétique de Caïthness et au léger cynisme de Kandjar, la psychologie rigide et classique (pour un chevalier) de Péreim est moins attrayante. D'ailleurs, au cours de l'aventure, les sentiments du héros sont plutôt secondaire alors que Sagot mettait l'accent dessus dans ses propres tomes. De plus, Péreim ne maîtrise pas la magie au contraire des trois autres et se contente donc de frapper à tours de bras grâce à son épée intelligente Assilane. A noter que celle-ci aurait pu être intéressante puisqu'elle communique avec son possesseur mais l'idée est sous-exploitée, surtout comparée à E.J. ou Exterminator de Brennan.
Mais pour le reste, j'ai trouvé les pérégrinations du chevalier plus intéressantes.
Déjà le style est bon. M. Giraudon écrit très bien, avec des descriptions colorées mais non emphatiques, du vocabulaire approprié et un rythme de phrases fluide. La seule chose qui m'ait gêné est plusieurs répétitions inhabituelles pour un bouquin édité, comme si les corrections avaient été plus laxistes sur ce livre-là. Mais, si M. Sagot écrit pas mal du tout, j'ai trouvé que son compère était encore plus agréable à lire.
En plus, les situations dans Péreim m'ont paru plus originales. Certaines idées m'ont particulièrement amusé et quelques dialogues beaucoup plu. Je pense au village d'orques "sociables", à leur épreuve initiatique, à l'organisme géant dans les volcans, à la rencontre avec le vieillard dans la plaine particulièrement savoureuse quand on la met en perspective avec son identité réelle, au sorcier éleveur de dauphins..., au "fauve" de la forêt, au cadavre implanté de larves d'araignée dans le marais... J'ai trouvé tout ça plus imaginatif.
C'est un point de vue tout personnel mais ce n'est seulement qu'après ma première lecture que j'ai vu que ce n'était pas Sagot l'auteur et je m'étais alors déjà fait ces réflexions.
Enfin, à noter que la difficulté est plutôt élevée car les PFA sont beaucoup plus nombreux après les choix d'attitude. Mais d'un autre côté, on a pas mal de moyens de se booster au combat et de vaincre les gros adversaires tels que le coeur de haine ou le démon du lac.
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#2
Je suis tout à fait d'accord avec toi, notamment sur le style narratif et la variété/profondeur des situations (j'en profite pour dire que dire que c'est aussi ce que j'ai beaucoup aimé dans tes deux AVH). Néanmoins, juste une petite remarque complémentaire sur un autre aspect qui m'a un peu gêné : l'auteur n'est pas très objectif dans les conséquences des attitudes ; lorsqu'on consulte le Livre du Pouvoir, il favorise nettement les réactions amicales même quand elles sont incohérentes (ex : réussir à amadouer un cobra géant) ou peu vraisemblables (ex : spectres des marais, même si par ailleurs c'est bien décrit et justifié). Le pire étant de refaire jouer le choix 18 au lieu de faire assumer les conséquences d'une attitude inconsidérément amicale...
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#3
Je trouve aussi que le choix « prudent » est le plus souvent synonyme de « couard » alors que le choix « rusé », lui, fait parfois plus penser au choix « prudent ». C’est criant face au cobra, justement, où si on choisit la prudence on se vautre lamentablement en tournant précipitamment les talons alors que si on choisit la ruse, on demeure immobile jusqu’à ce que le cobra se calme. Perso, c’est plus cette dernière situation que m’évoque la prudence.
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#4
Alors, mon avis sur Péreim le Chevalier, ce qui m'a frappé:
Une image: celui d'un pauvre hère enfermé dans une gangue gélatineuse au milieu d'un marécage moite
Une saveur et un son: une bonne brochette de mouton et un bol de patates frites, au son d'une gigue endiablée
Un parfum: celle du vomi sur la cape d'un seigneur chevalier
Une conversation: surréaliste avec un vieux fou qui vit tout seul dans une chaumière qui partirait chasser de l'autre côté des montagnes !
Une sensation: la soif

J'ai aimé: la liberté de déplacement, quelques situations cocasses, les flashbacks mille ans en arrière, le final
J'ai trouvé bof: peu d'action, et les combats sont assez durs. En même temps, chaque combat se trouve loti d'un contexte, d'un enjeu ... pas de menu fretin au détour du couloir à gauche ou d'orques à massacrer (ah, on me fait signe que si en fait...). La quête de Péreim est peu plus difficile que celle des autres, car sa quête recoupe l'une des deux quêtes principales.
J'ai pas aimé: la gestion des « attitudes ». Gildas sagot aurait pu en faire un modèle « d'alignement », donc d'interprétation du héros par le lecteur joueur. Au lieu de ça, ce sont juste 4 paragraphes qui reconvergent un paragraphe plus tard. Le même défaut se retrouve chez ses compères.

Si vous avez aimé, vous aimerez sans doute: les autres Défis et Sortilèges, Les Chevaliers du Destin (pour le côté chevaleresque, presque paladinesque du coup), EJ et Exterminator (pour les épées plus intelligentes que leurs possesseurs), les dragons d'or en général
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