11/02/2025, 19:29
(Modification du message : 12/02/2025, 03:19 par MerlinPinPin.)
Ma foi, quel cauchemar ! Quel merveilleux cauchemar !
Sacrifice m'a fait penser tour à tour à un excellent film d'horreur et à un grand jeu vidéo d'épouvante, grâce à une conception et à une écriture très efficaces.
J'ai vraiment l'impression d'avoir été le personnage principal d'un film gore, par l'imagerie déjantée, les personnages tous plus dérangeants les uns que les autres, les scènes glauques, parfois surprenantes, la richesse visuelle de l'univers déployé.
Mais l'épouvante n'a pas été oubliée : entre les séquences horrifiques, on tremble vraiment à l'idée de ce qu'on va pouvoir découvrir. On se sent souvent près de trépasser et on sait que la prochaine rencontre sera peut-être fatale.
Des petits détails qui favorisent l'immersion (bruits, odeurs,...) nous donnent constamment l'impression d'avoir été piégé dans ce monde atroce où nous ne sommes rien d'autre qu'une proie.
Heureusement, quelques moments plus calmes permettent de changer de rythme et d'ambiance (merci notamment au Sans Visage !), même si cela ne dure jamais longtemps !
J'ai adoré l'absurdité assumée (ou plutôt la logique folle) de certains dialogues (avec le maire, ou plus encore avec le prêtre), de certains détails à la fois grotesques et flippants (l'horaire d'ouverture, Mimine, etc.).
Alors, je suis très friand de ce genre, mais je dois dire que j'ai été bluffé par la qualité du travail fourni : c'est remarquable (et je n'ai pas en tête d'autre AVH qui déploie un univers horrifique aussi vaste, aussi cohérent et assumé, avec de la personnalité, finalement !)
Au niveau de l'écriture, l'ensemble est solide, bien écrit, et très efficace ! Notamment, l'auteur est particulièrement à son aise lorsqu'il faut instaurer l'atmosphère angoissante qui convient, ou pour instiller les petites doses d'humour qui permettent de relâcher la tension. Chapeau !
Je trouve nos compagnons en revanche un peu sous-exploités (j'ai fini par atteindre le 500 que je visais depuis le début et je n'ai pas ressenti grand chose de plus que si je m'étais sauvé seul). Disons que la scène d'introduction qui exploite les clichés du genre ne facilite pas un quelconque attachement à Alex ou à Isabelle (et à peine à Anna, finalement). C'était difficile de faire autrement, comme on les perd de vue ensuite, j'imagine.
(peut-être un contact épisodique et angoissant via le téléphone, histoire de construire quelque chose ?)
L'aspect jeu vidéo est assez omniprésent, et très franchement, même si c'est bien réalisé, ce n'est pas ce que j'ai préféré.
Toute la structure de l'aventure (à part le début et quelques passages particulièrement réussis comme le Camping) repose sur une exploration "circulaire" faite de va-et-vient (merci d'ailleurs pour la carte du 515 même si je me demande si elle n'affaiblit pas un peu le sentiment d'horreur, d'autant que la traversée complète n'est pas si longue).
Ce n'est pas le fait que les déplacements soient laborieux, c'est le principe de chercher les clés. Je me suis cru dans un Resident Evil (ce qui est plutôt flatteur), à accumuler les badges (^^) et à chercher des objets improbables (comme dans certains manoirs... ^^). On sent une influence, ici, qui à mon avis aurait gagné à être un peu plus distillée pour proposer un gameplay plus fascinant.
Au bout d'un moment, on a compris le principe d'accumulation des bonus (statues, munitions, comprimés) et des malus (monstres, "pièges"), et on sort un peu de l'atmosphère pour basculer dans le pur utilitaire (je cherche les objets et je n'ai plus forcément envie de m'immerger dans le texte).
Encore une fois, je comprends qu'il soit difficile de faire autrement, mais le texte est tellement intéressant par moments (archiviste, maire, camping,...) que c'est dommage qu'on se retrouve avec ces allers-retours et ces badges à collecter.
Je n'ai pas adoré non plus tourner en rond dans les couloirs (argh, le musée), ou les sentiers (forêt, camping) même si je comprends l'idée (on est paumé, ok). Cela n'a pas totalement fonctionné sur moi. C'est même ce qui m'a fait lâcher l'aventure la première fois que j'ai essayé, en décembre je crois (tourner en rond dans les rues me semble un peu maladroit au début, ça passe mieux après).
Quelques points qui m'ont particulièrement plu :
- l'appel à l'imagination, notamment dans la tente, qui me semble être une belle miniature de ce que propose le texte tout entier (et le pouvoir suggestif de la lecture par rapport aux éclairages plus ou moins ratés d'un film à trop petit budget, ou aux effets spéciaux navrants d'un film à trop gros budget)
- les ruptures de rythme et les nombreuses surprises (le Camping, la sortie de la cabane, les archives, etc.)
- l'inventivité et la cohérence (absurde et dérangeante) de l'ensemble
Sacrifice est donc une très bonne AVH, portée par un univers extrêmement riche et cohérent, une science du rythme et de l'atmosphère, et une construction efficace. Malgré un aspect un peu trop vidéoludique et une écriture qui ne dépasse jamais le cadre qu'elle s'est fixé, Sacrifice réussit parfaitement son ambition d'être une excellente aventure fun et horrifique, et pour moi à présent une référence dans ce genre peu exploité.
Bravo !
EDIT : après avoir lu les feedbacks, deux remarques
- je suis totalement d'accord avec grattepapier et je trouve ses conseils excellents
- je ne suis pas le seul à avoir craqué au début. Je trouve que tes meilleures scènes se trouvent plutôt vers la fin, ce qui est normal, mais il manque peut-être une excellente scène vers le début pour montrer au lecteur ce que ton AVH a dans le ventre (pas une scène seulement gore comme avec le massacre de (edit : ...) Jessica et la voiture bizarre, mais une séquence plus originale, dérangeante et surprenante (voire inspirée) comme celle du Camping - oui, maintenant je mettrai toujours une majuscule à "Camping" parce que cette scène est magique ^^)
![Tongue Tongue](https://rdv1.dnsalias.net/forum/images/smilies/icon_razz.gif)
Sacrifice m'a fait penser tour à tour à un excellent film d'horreur et à un grand jeu vidéo d'épouvante, grâce à une conception et à une écriture très efficaces.
J'ai vraiment l'impression d'avoir été le personnage principal d'un film gore, par l'imagerie déjantée, les personnages tous plus dérangeants les uns que les autres, les scènes glauques, parfois surprenantes, la richesse visuelle de l'univers déployé.
Mais l'épouvante n'a pas été oubliée : entre les séquences horrifiques, on tremble vraiment à l'idée de ce qu'on va pouvoir découvrir. On se sent souvent près de trépasser et on sait que la prochaine rencontre sera peut-être fatale.
Des petits détails qui favorisent l'immersion (bruits, odeurs,...) nous donnent constamment l'impression d'avoir été piégé dans ce monde atroce où nous ne sommes rien d'autre qu'une proie.
Heureusement, quelques moments plus calmes permettent de changer de rythme et d'ambiance (merci notamment au Sans Visage !), même si cela ne dure jamais longtemps !
J'ai adoré l'absurdité assumée (ou plutôt la logique folle) de certains dialogues (avec le maire, ou plus encore avec le prêtre), de certains détails à la fois grotesques et flippants (l'horaire d'ouverture, Mimine, etc.).
Alors, je suis très friand de ce genre, mais je dois dire que j'ai été bluffé par la qualité du travail fourni : c'est remarquable (et je n'ai pas en tête d'autre AVH qui déploie un univers horrifique aussi vaste, aussi cohérent et assumé, avec de la personnalité, finalement !)
Au niveau de l'écriture, l'ensemble est solide, bien écrit, et très efficace ! Notamment, l'auteur est particulièrement à son aise lorsqu'il faut instaurer l'atmosphère angoissante qui convient, ou pour instiller les petites doses d'humour qui permettent de relâcher la tension. Chapeau !
Je trouve nos compagnons en revanche un peu sous-exploités (j'ai fini par atteindre le 500 que je visais depuis le début et je n'ai pas ressenti grand chose de plus que si je m'étais sauvé seul). Disons que la scène d'introduction qui exploite les clichés du genre ne facilite pas un quelconque attachement à Alex ou à Isabelle (et à peine à Anna, finalement). C'était difficile de faire autrement, comme on les perd de vue ensuite, j'imagine.
(peut-être un contact épisodique et angoissant via le téléphone, histoire de construire quelque chose ?)
L'aspect jeu vidéo est assez omniprésent, et très franchement, même si c'est bien réalisé, ce n'est pas ce que j'ai préféré.
Toute la structure de l'aventure (à part le début et quelques passages particulièrement réussis comme le Camping) repose sur une exploration "circulaire" faite de va-et-vient (merci d'ailleurs pour la carte du 515 même si je me demande si elle n'affaiblit pas un peu le sentiment d'horreur, d'autant que la traversée complète n'est pas si longue).
Ce n'est pas le fait que les déplacements soient laborieux, c'est le principe de chercher les clés. Je me suis cru dans un Resident Evil (ce qui est plutôt flatteur), à accumuler les badges (^^) et à chercher des objets improbables (comme dans certains manoirs... ^^). On sent une influence, ici, qui à mon avis aurait gagné à être un peu plus distillée pour proposer un gameplay plus fascinant.
Au bout d'un moment, on a compris le principe d'accumulation des bonus (statues, munitions, comprimés) et des malus (monstres, "pièges"), et on sort un peu de l'atmosphère pour basculer dans le pur utilitaire (je cherche les objets et je n'ai plus forcément envie de m'immerger dans le texte).
Encore une fois, je comprends qu'il soit difficile de faire autrement, mais le texte est tellement intéressant par moments (archiviste, maire, camping,...) que c'est dommage qu'on se retrouve avec ces allers-retours et ces badges à collecter.
Je n'ai pas adoré non plus tourner en rond dans les couloirs (argh, le musée), ou les sentiers (forêt, camping) même si je comprends l'idée (on est paumé, ok). Cela n'a pas totalement fonctionné sur moi. C'est même ce qui m'a fait lâcher l'aventure la première fois que j'ai essayé, en décembre je crois (tourner en rond dans les rues me semble un peu maladroit au début, ça passe mieux après).
Quelques points qui m'ont particulièrement plu :
- l'appel à l'imagination, notamment dans la tente, qui me semble être une belle miniature de ce que propose le texte tout entier (et le pouvoir suggestif de la lecture par rapport aux éclairages plus ou moins ratés d'un film à trop petit budget, ou aux effets spéciaux navrants d'un film à trop gros budget)
- les ruptures de rythme et les nombreuses surprises (le Camping, la sortie de la cabane, les archives, etc.)
- l'inventivité et la cohérence (absurde et dérangeante) de l'ensemble
Sacrifice est donc une très bonne AVH, portée par un univers extrêmement riche et cohérent, une science du rythme et de l'atmosphère, et une construction efficace. Malgré un aspect un peu trop vidéoludique et une écriture qui ne dépasse jamais le cadre qu'elle s'est fixé, Sacrifice réussit parfaitement son ambition d'être une excellente aventure fun et horrifique, et pour moi à présent une référence dans ce genre peu exploité.
Bravo !
EDIT : après avoir lu les feedbacks, deux remarques
- je suis totalement d'accord avec grattepapier et je trouve ses conseils excellents
- je ne suis pas le seul à avoir craqué au début. Je trouve que tes meilleures scènes se trouvent plutôt vers la fin, ce qui est normal, mais il manque peut-être une excellente scène vers le début pour montrer au lecteur ce que ton AVH a dans le ventre (pas une scène seulement gore comme avec le massacre de (edit : ...) Jessica et la voiture bizarre, mais une séquence plus originale, dérangeante et surprenante (voire inspirée) comme celle du Camping - oui, maintenant je mettrai toujours une majuscule à "Camping" parce que cette scène est magique ^^)