J’ai un sentiment étrange avec cette aventure. Je ne suis pas arrivé jusqu’au bout, je ne l’ai pas terminée. C’est mauvais signe en général. Et pourtant, j’ai plutôt aimé cette AVH à la qualité indéniable.
En fait, j’ai fait une seule lecture. Mais considérant la structure particulière de ce véritable scénario de jdr solo, elle a duré très longtemps et m’a donné l’impression d’avoir vu une grosse partie de l’œuvre. J’ai accompli beaucoup de quêtes mineures, bien fait évoluer mon personnage (plutôt barde sur les bords), gagné de l’équipement, trouvé des indices sur la disparition au cœur de l’histoire, exploré presque tout Roudmeule… avant de mourir brutalement pendant une bataille rangée. Ce ne fut pas faute de chance, je n’étais simplement pas assez bon combattant. Et là, j’ai fait l’erreur de laisser passer du temps avant de m’y remettre. Puis considérant la complexité des règles et cette impression d’avoir vu le principal de l’aventure, je suis passé à autre chose.
Quelque part, pour être honnête, je sais que cinq ans auparavant je me serais plus acharné. C’est moche de vieillir.
Il faut dire aussi que je ne suis pas client des aventures exploratoires qui permettent d’aller et revenir sur nos pas très librement, sans aucune conséquence. Là, on est dans un scénario de jeu de rôle façon LDVELH, donc ce format se justifie ainsi. Mais moi je n’aime pas du tout. Comme dans le Dîner de Conque pour Rêve de Dragon. Je préfère quand nos choix excluent les autres, le sentiment de tension que ça procure. Ici, c’est trop « balade champêtre » à mon goût, avec aussi le sentiment d’évoluer dans un jeu vidéo textuel des années 80.
Les règles aussi sont complexes, jeu de rôle oblige. Cela m’a découragé de les apprendre une deuxième fois après les avoir oubliées. Pourtant, elles sont réussies. Équilibrées, bien expliquées, plutôt souples et pourtant riches comme on l’attend d’un jeu de rôle. Elles m’ont fait penser à ce que j’ai essayé de faire dans ma première version de Du Sang sous les Vignes, mais l’essai est ici plus concluant.
Enfin, le scénario en lui-même n’est pas assez motivant. S’il avait été plus héroïque, moins « vie du quotidien campagnard », peut-être aurais-jeu eu plus d’entrain pour m’y remettre.
Mais trêve de grognements, passons au positif.
Déjà la mise en page, l’esthétique et la présentation sont très pros. C’est beau, coloré, aéré. C’est simple, on dirait une version du commerce en pdf ! Très bien relu, très bien écrit aussi. J’ai bien aimé la narration et ce n’était pas gagné d’avance en s’attaquant à Naheulbeuck.
Sans être un grand fan, j’ai beaucoup aimé lire les bandes dessinées de cet univers. L’humour fait souvent mouche, surtout pour un rôliste. Le potache ne va jamais trop dans le grivois, mais ça reste licencieux ce qu’il faut. Dans cette AVH, c’est même moins subversif, mais on retrouve les petites réflexison qui soulignent les travers de tout le monde, aussi bien des prétendus héros que des soi-disant personnes en détresse. Surtout, le fait que les héros dans Naheulbeuck sont tout sauf héroïques (et encore moins loyaux bons) fait qu’on peut très bien piquer dans les caisses, cambrioler ou ignorer les attentes des gens en détresse.
L’écriture est par ailleurs agréable. J’aurais juste préféré un autre type de structure et un autre scénario.