Stéréotypes dans les univers de fantasy
#25
Pour les clichés de la Fantasy de grand-papa, je pensais surtout à Howard. Oui, Howard, mon maître absolu, ma référence, ce qui ne m'empêche pas d'être objectif. Et cliché suprême, ses personnages féminins : à chaque fois que Conan ou un autre héros howardien croise une nana, c'est à 99% un canon, une bombasse, et le texan s'attarde avec plaisir sur la description de ses particularités anatomiques. On peut rajouter une propension certaine aux scènes de jeune fille nue se faisant fouetter... Sans parler de Conan qui, en général, finit toujours par se les taper alors qu'avec son visage sombre, couturé de cicatrices et sa gueule de bourrin, on peut pas dire qu'il ait la séduction d'un sex symbol...

A tel point qu'Howard a été considéré par beaucoup, encore aujourd'hui, comme un gros bourrin macho, voire misogyne. Mais comme Patrice Louinet l'a très bien rappelé, c'était ce que les lecteurs de l'époque attendaient. Et Howard se voyait parfois demander par les éditeurs d'en rajouter sur ses personnages féminins en ce sens. Et n'oublions pas qu'en-dehors de cette horde de demoiselles pulpeuses et peu farouches, il a créé des personnages féminins forts, libres et pas forcément attirants comme Sonya de Rogatino ou Agnès de Chastillon.

Un cliché qui ne s'est pas arrêté aux années 1930.
Il n'y a qu'à voir Red Sonja, créée de toutes pièces dans les années 1970, en pleine période de l'émancipation féminine, de la révolution sexuelle : une bombasse là aussi, avec l'improbable et désormais célèbre bikini de mailles. Il ne restait plus à Frank Thorne qu'à l'illustrer avec les yeux faits, la bouche gourmande, la poitrine opulente et la fesse avenante. On est là à fond dans un personnage féminin créé par des auteurs masculins pour un lectorat masculin : la fille canon mais inaccessible. Et donc, d'autant plus bandante...

Les clichés de grand-papa ne reflètent donc pas forcément leur auteur. Ils correspondaient souvent à une demande, à une attente des lecteurs et des éditeurs de l'époque. Howard s'est vu refuser pas mal de textes qu'il a dû retoucher pour avoir une chance de les faire publier et donc, d'être payé. Il n'y avait guère que Weird Tales pour accepter ses histoires sans retouches, que ce soit au niveau de la nudité, de la violence ou autre. On a par contre des auteurs comme John Norman qui, avec son cycle de Gor, se fait clairement plaisir avec ses femmes soumises, consentantes, esclaves, dans un univers machiste tendance érotico-SM. 

Au final, quand on parle de clichés, il ne faut pas oublier de prendre en compte l'époque, le lectorat de l'époque, la mentalité de l'époque. Pas mal d'auteurs de la grande époque des Pulps vivaient tant bien que mal de leur plume et retouchaient leurs histoires pour augmenter leurs chances d'être publié. Pareil pour les illustrateurs : il fallait des couvertures accrocheuses avec souvent de belles filles en détresse, en partie dévêtues, pour accrocher le regard des acheteurs potentiels.
Anywhere out of the world
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Messages dans ce sujet
RE: Stéréotypes dans les univers de fantasy - par Voyageur Solitaire - 19/08/2024, 20:15
RE: [36] Les Sombres Cohortes - par tholdur - 07/03/2024, 09:30
RE: [36] Les Sombres Cohortes - par Dagonides - 07/03/2024, 16:35
RE: [36] Les Sombres Cohortes - par Lyzi Shadow - 09/03/2024, 02:11



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