Hello Fifre,
Plus je lis les retours finalement, plus je me dis que j’ai bien fait d’aller au bout de mon idée sans essayer d’être consensuel, de plaire, voir même de trouver un équilibre (dans la narration, l’histoire, les notions morales développées). Au contraire, c’est une chute aveugle que je voulais, sans nuance, flamboyante si possible et donc totalement arbitraire. C’est un point de vue. Et quand je lis un retour comme le tiens, je me dis que j’ai un peu réussi ça.
Car tes réflexions montrent que tu réagis sur le fond, les idées, que certains passages t’ont peut-être parfois plu et d’autres beaucoup moins, que tu étais en désaccord total sur le développement de certains concepts, mais qu’il y avait des aspérités auxquelles s’accrocher et donner matière à répondre, alimenter le débat.
Ça mériterait de discuter de ça, oui, du sens de la vie, de la frontière, de la rédemption et de tous ces thèmes pour moi centraux dans l’existence mais dont le consumérisme et l’apathie imposée par l’organisation sociétale nous éloignent. Il faudrait, pour ça, pouvoir échanger une bonne partie de la nuit avec pourquoi pas un pack de bières, une bouteille de bon vin, ou un vieux whisky, assurément ! Et ça serait bien car alors on évoquerait des concepts tortueux, des interprétations débridées, animés par la simple envie d’argumenter sans forcément confronter des jugements rigides ou indépassables.
Pour la frontière, je me suis mis dans la tête de ce chef mercenaire. Pour lui, (et sans doute aussi un peu pour moi), toutes les guerres sont parties de là. Du moment où l’homme est passé du nomadisme à la propriété privé. Du moment, où il s’est dit "cette terre est à moi, à ma famille, à mon clan. Elle m'appartient, je la revendique et la défendrai pour continuer à pouvoir en jouir". Je reconnais que c’est une idée que l’on retrouve dans l’universalisme et qui n’est surement qu’une vision idéalisée de l’humanité, mais je n’ai pas souhaité apporter de nuance encore une fois. Je ne développe pas plus loin par écrit, mais tu saisiras sans doute l’intention. En tout cas, ça ouvre sur une discussion.
J’essaye d’écrire comme je fais de la musique. Afin que ça suscite/provoque quelque chose chez l’auditeur/lecteur, sinon j’estime avoir raté mon coup. Le but est de faire naitre un sentiment quel qu’il soit, mais au moins éveiller quelque chose qui interpelle car l’habitude rassurante rythme souvent nos vies. Les certitudes aussi.
J’aime beaucoup ton développement sur la figure féminine, la seule de l’AVH, et que j’ai voulu très symbolique en effet. Je l’ai nommé en dernière lecture, je suis d’accord avec toi, je n’aurai pas du afin de lui conférer encore plus de force et de mystère (est-elle même réelle ?).
Excellent aussi ta vision de la « meilleure fin », je n’avais pas forcément interprété ça de cette façon, mais la manière dont tu la décris lui donne un aspect expiatoire car le héros dans ce cas ne dévie pas la ligne de conduite qu’il s’est toujours fixé. Il chasse les tourments qui flagellent sa conscience et termine sa vie comme il a vécu, reste dans sa logique et assume ce qu’il est. Ce qu'il a toujours été.
Merci vraiment pour ce retour plein d’enseignements et de réflexions !