[67] Le Fléau de Titan
#4
Le Fléau de Titan

Premier Défis fantastiques écrit par Charlie Higson, scénariste et acteur britannique de 59 ans lors de son écriture (la valeur n'attend pas le nombre des années). Du sang neuf pour la série ce qui n'était pas arrivé depuis... 1992, avec l'unique contribution de K. Phillips pour le Siège de Sardath. Question immédiate : Le Fléau de Titan atteint-il l'excellence de ce dernier?
Non.

Le pitch est visionnaire, prophétique même. Nous jouons un disciple de Throff, déesse majeure de la vie sur Titan. L'Allansia est en proie à une épidémie unique qui change les victimes en démons. Nous quittons notre île isolée aux côtés de notre supérieur pour le continent afin d'y trouver la cachette secrète d'une grande prêtresse. Notre mission : lui donner une de nos fioles curatives spéciales qui lui permettra de créer un vaccin à grande échelle. Evidemment et malheureusement, notre compagnon va durer 3 paragraphes. Quant à l'épidémie démoniaque, nous allons apprendre en chemin qu'elle annonce l'arrivée sur Titan d'une entité destructrice, celle qui donne son titre au livre. Bien sûr, le sauveur du monde, ce sera nous.

Jouer un apprenti-prêtre aurait pu être original. Mais à part la dizaine de fioles curatives anti-démons que nous possédons, nous n'avons pas le sentiment d'être différent de l'aventurier lambda des DF : doué au combat et très endurant.

La Forme
Illustrations
Nulles. Vraiment. Sans doute que le choix de Vado au style indéfinissable était pour attirer les jeunes lecteurs, sachant que les vieux achèteraient quand même. Mais au cas particulier, cela en devient repoussant de laideur et d'immaturité. Je n'aime pas les jugements catégoriques, surtout en matière de dessin où moi-même ne suis pas un spécialiste. Mais là, ça décrédibilise tout le reste. C'est le ressenti général du livre, sa qualité globale qui en pâtit. il est difficile d'en faire abstraction. Si on gratifie Le Hurlement du Loup-garou des services de Vlado, on obtiendra pas le même engouement au final. Heureusement que le livre grand format est agréable à utiliser avec une police de caractères adaptée, mais c'est une trop maigre compensation.

Style
Pas génial. On n'est pas habitué au grand luxe avec la série Défis Fantastiques mais les phrases sont quand même brèves, pauvres en vocabulaire, et les dialogues très plats. Ceci dit, l'auteur écrit avec un certain enthousiasme. D'où des sections plutôt longues et des descriptions souvent originales et précises. J'ai en mémoire ce poirier auquel m'accrocher pour m'introduire dans une résidence, ces nombreux démons aussi différents visuellement les uns que les autres (oui, oui, fesses-de-face...) et des objets souvent incongrus, qui flirtent avec le burlesque. Mais bon, ce n'est pas très accrocheur, ni immersif. Juste différent et plus coloré que le centimètre-étalon Livingstone.

Le Fond
Scénario
L'histoire n'a rien d'inédit. Du voyage, de la visite de ville, des péripéties en campagne, beaucoup d'exploration, trop même. Quelques surprises, quelques sous-quêtes, quelques PNJ notoires, mais rien n'est poussé très loin. En fait, l'auteur semble fourmiller d'idées, il est loin d'être paresseux et ne se cantonne pas aux poncifs du genre. Ses créatures sont très originales, on a droit à de nombreuses séquences marquantes (les yeux/oreilles/bouche du Seigneur Azzur, l'homme-bois et l'homme-poisson, la fuite devant la horde de démons...) mais chacune est seulement esquissée avant de disparaître après deux sections. Idem pour les PNJ. La dame de la calèche, notre mentor, l'aventurier venu des Doigts-de-Glace... Tous intéressants à la base mais bien trop fugitifs. On a un patchwork d'une multitude d'idées créatives mais l'ensemble n'est pas cohérent ni vraisemblable. Au crédit de l'auteur : une volonté malgré toutes ces excentricités de coller au monde d'Allansia et d'enrichir même l'univers construit par les LDVELH précédents. Autre qualité notable : on évoque régulièrement des personnages et des lieux que l'on devra visiter ultérieurement, ce qui apporte une certaine motivation.

Structure 
Il s'agit d'une longue aventure. L'histoire en elle-même est plutôt linéaire car ponctuée de nombreux lieux obligatoires, même si quelques itinéraires alternatifs existent, surtout au début. Et dans chaque lieu, la liberté d'action est grande car les choix sont rarement exclusifs. Une structure un peu comme celle de La Tour de la Destruction par exemple. Pour sortir d'un lieu, il faut trouver l'indice, le personnage ou l'objet adéquat avant de pouvoir continuer. Sachant qu'on a 470 sections et qu'elles sont plutôt longues, on a donc beaucoup à lire avant de parvenir à la section finale.
Personnellement, je n'aime pas trop ces explorations libres où l'on peut revenir sur ses pas, tant qu'on n'a pas trouvé la "clé" pour se débloquer. Cela crée un peu de lassitude et diminue l'intensité, car on passe d'un mode survie à un mode enquête pépère.

Gameplay
Là on est très éloigné du DF standard. La Chance sert peu. Pas beaucoup de tests en général. Les combats sont en nombre limité... à l'inverse des objets que l'on peut récolter dans notre équipement. De ce côté-ci, on atteint presque l'inutile boulimie du Retour à la Montagne de Feu. On pourrait penser que cette limitation de l'aléatoire rendrait le jeu plus intéressant, moins rébarbatif que dans d'autres opus ou les morts injustes et l'avalanche de lancers de dés peuvent agacer. Malheureusement, les choix à faire en fin de section ne sont pas très intéressants. Les meilleurs sont évidents, peu subtils à trouver. Quant aux situations périlleuses, notre foule d'objets permet de s'en tirer trop facilement. Enfin, les parties "exploration" de Salamonis ou de la Cité Invisible s'apparentent à des labyrinthes plutôt vides. Décrits avec un certain soin certes (dans la Cité finale tout au moins).
A noter une liste d'armes diverses que l'on va trouver en cours d'aventure. Amusant mais très anecdotique.

Challenge
Plutôt faible, surtout eu égard à sa grosseur. Je l'ai remporté sans souci à mon 4ème essai avec une Habileté initiale de 10, et quasiment sans utiliser les nombreux systèmes de points de sauvegarde dont l'histoire est truffée (pas ma tasse de thé, ça casse l'immersion pour moi). Mes échecs initiaux sont survenus en début d'aventure où il existe quelques PFA brutaux et quelques combats jamais évidents quand on démarre à 7 ou 8 en Habileté. Mais ce fut ensuite la promenade de santé : adversaires faiblards, presque aucun piège affaiblissant (ah si une fontaine maudite qui fait perdre 1 PE), des remèdes en nombre archi-suffisant et des choix trop intuitifs donc. Quant aux explorations-dédales, elles ne font pas assez appel à l'intelligence du lecteur pour être intéressantes.
La séquence du combat final est quand même pas trop mal. Mais là encore, une formalité si l'on est un minimum sagace.

Conclusion, pas un titre qui va révolutionner la série.
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Messages dans ce sujet
[67] Le Fléau de Titan - par Salla - 12/04/2018, 23:26
RE: [67] The Gates of Death - par Vesper - 20/10/2018, 19:10
RE: [67] Le Fléau de Titan - par Jin - 10/03/2020, 16:14
RE: [67] Le Fléau de Titan - par Fitz - 11/03/2020, 18:47
RE: [67] Le Fléau de Titan - par Jin - 11/03/2020, 19:31
RE: [67] Le Fléau de Titan - par Fitz - 11/03/2020, 20:20



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