Althéos Beau comme un Dieu regarde dans la direction opposée, mais il a pourtant conscience d'une goutte d'eau qui dégouline le long d'une stalactite suspendue à l'entrée de la grotte, puis s'écrase au sol.
Il cligne des yeux et cela libère une succession d'image, chacune ne durant qu'une fraction de seconde : Un nuage... L'océan immense... Lui-même dans le ventre de sa mère... Un champ de blé... Une fleur... Un oiseau volant autour des pics montagneux... Un oeil s'ouvrant et se fermant... Un homme et une femme, appuyés contre un mur surplombant la mer et bavardant... Un corps descendu dans une tombe... Une vieille femme au coin du feu... Une chaîne de montagne, leurs pics perdus dans les nuages... Une barrière de corail s'étendant jusqu'à l'horizon.
Il réalise de quelle façon tout est lié. L'eau s'élève de l'océan dans le ciel, forme des nuages, retombe en pluie sur les hautes montagnes, s'écoule à travers la terre pour nourrir les récoltes, et rejoint la mer à nouveau. Ce cercle d'adorateurs, cet anneau de mains jointes autour de cette caverne, est à l'image du monde entier. Dans chaque fin il y a un commencement, dans chaque mort un instant de renaissance.
Il se sent tomber à travers un tunnel de lumière. Il y a un instant de terreur, mais il l'écarte et sourit, acceptant la chute et l'intégrant en lui. Il sent toujours les mains qui serrent les siennes et rouvre les yeux pour voir à nouveau le cercle des Phytalidae.
"C'est terminé. Je suis entier à nouveau, mes amis. La tombe ne me retient plus prisonnier. Et je vous remercie."
...
...
Après avoir pris congé de la tribu, Althéos a repris joyeusement le chemin vers Trézène. Au moment des adieux, le doyen des Phytalidae a exprimé son bonheur de le voir purifié, mais lui a rappelé que tous les hommes n'ont pas le même état d'esprit que les membres de la tribu.
Althéos a franchi l'isthme et arrive enfin aux collines qui entourent Trézène. Une fine pluie s'est mise à tomber. Il peut voir la fumée s'élever des cheminées de la ville et se met à courir vers le sommet de la colline, qu'il avait franchi en sens inverse au tout début de ses aventures.
...
...
Lorsqu'il atteint le sommet, Althéos voit que la fumée ne provient pas de simples feux de cheminée. Alarmé, il se précipite vers la ville.
Elle a été détruite. Les rues sont désertes, en-dehors des corps de quelques vieillards indemnes gisant sous des porches. Beaucoup de bâtiments ont été incendiés et une épaisse fumée s'en échappe sous la pluie qui ne cesse de se renforcer. Des armes brisées, à l'aspect sophistiqué et étranger, gisent sur les pavés. Quelques rats se faufilent le long des rues ; il y a des débris partout.
Dans les ruines du temple, Althéos trouve Passès le prêtre. Il a été laissé pour mort, mais il respire encore un peu. Il lève les yeux vers Althéos, sans le reconnaître.
"Je suis Althéos, prêtre."
Passès rit, puis se met à cracher du sang. "Ainsi, le héros est de retour. Trop tard pour sauver ta cité..." Sa voix faiblit.
"Que s'est-il passé ici ?"
"Un seul peuple est capable de ceci... les Troyens." Ses yeux commencent à se voiler. "Mes dieux ! Où êtes-vous à présent ?"
"Ma mère, prêtre ! Où est-elle ?"
Mais Passès a cessé de vivre.
Une véritable tempête est en train de commencer. Althéos retire ses vêtements et se tient debout parmi les ruines, la poitrine exposée à la pluie.
"L'Errant est revenu ! Quel message avez-vous pour moi désormais, immortels ?"
Mais les dieux se sont tus et ne parleront plus. Althéos regarde la cité en ruine et la pluie continue à tomber, et les ténèbres s'emparent de son esprit. Il est revenu chez lui.
Et, huit cent kilomètres à l'est, sa fille attend son heure en aiguisant sa faucille.
Il cligne des yeux et cela libère une succession d'image, chacune ne durant qu'une fraction de seconde : Un nuage... L'océan immense... Lui-même dans le ventre de sa mère... Un champ de blé... Une fleur... Un oiseau volant autour des pics montagneux... Un oeil s'ouvrant et se fermant... Un homme et une femme, appuyés contre un mur surplombant la mer et bavardant... Un corps descendu dans une tombe... Une vieille femme au coin du feu... Une chaîne de montagne, leurs pics perdus dans les nuages... Une barrière de corail s'étendant jusqu'à l'horizon.
Il réalise de quelle façon tout est lié. L'eau s'élève de l'océan dans le ciel, forme des nuages, retombe en pluie sur les hautes montagnes, s'écoule à travers la terre pour nourrir les récoltes, et rejoint la mer à nouveau. Ce cercle d'adorateurs, cet anneau de mains jointes autour de cette caverne, est à l'image du monde entier. Dans chaque fin il y a un commencement, dans chaque mort un instant de renaissance.
Il se sent tomber à travers un tunnel de lumière. Il y a un instant de terreur, mais il l'écarte et sourit, acceptant la chute et l'intégrant en lui. Il sent toujours les mains qui serrent les siennes et rouvre les yeux pour voir à nouveau le cercle des Phytalidae.
"C'est terminé. Je suis entier à nouveau, mes amis. La tombe ne me retient plus prisonnier. Et je vous remercie."
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Après avoir pris congé de la tribu, Althéos a repris joyeusement le chemin vers Trézène. Au moment des adieux, le doyen des Phytalidae a exprimé son bonheur de le voir purifié, mais lui a rappelé que tous les hommes n'ont pas le même état d'esprit que les membres de la tribu.
Althéos a franchi l'isthme et arrive enfin aux collines qui entourent Trézène. Une fine pluie s'est mise à tomber. Il peut voir la fumée s'élever des cheminées de la ville et se met à courir vers le sommet de la colline, qu'il avait franchi en sens inverse au tout début de ses aventures.
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Lorsqu'il atteint le sommet, Althéos voit que la fumée ne provient pas de simples feux de cheminée. Alarmé, il se précipite vers la ville.
Elle a été détruite. Les rues sont désertes, en-dehors des corps de quelques vieillards indemnes gisant sous des porches. Beaucoup de bâtiments ont été incendiés et une épaisse fumée s'en échappe sous la pluie qui ne cesse de se renforcer. Des armes brisées, à l'aspect sophistiqué et étranger, gisent sur les pavés. Quelques rats se faufilent le long des rues ; il y a des débris partout.
Dans les ruines du temple, Althéos trouve Passès le prêtre. Il a été laissé pour mort, mais il respire encore un peu. Il lève les yeux vers Althéos, sans le reconnaître.
"Je suis Althéos, prêtre."
Passès rit, puis se met à cracher du sang. "Ainsi, le héros est de retour. Trop tard pour sauver ta cité..." Sa voix faiblit.
"Que s'est-il passé ici ?"
"Un seul peuple est capable de ceci... les Troyens." Ses yeux commencent à se voiler. "Mes dieux ! Où êtes-vous à présent ?"
"Ma mère, prêtre ! Où est-elle ?"
Mais Passès a cessé de vivre.
Une véritable tempête est en train de commencer. Althéos retire ses vêtements et se tient debout parmi les ruines, la poitrine exposée à la pluie.
"L'Errant est revenu ! Quel message avez-vous pour moi désormais, immortels ?"
Mais les dieux se sont tus et ne parleront plus. Althéos regarde la cité en ruine et la pluie continue à tomber, et les ténèbres s'emparent de son esprit. Il est revenu chez lui.
Et, huit cent kilomètres à l'est, sa fille attend son heure en aiguisant sa faucille.
FIN