12/08/2017, 23:38
Le Sépulcre des Ombres ( Spellbreaker en VO ) de Jonathan Green a notoirement été écrit quand les lecteurs anglo-saxons se plaignaient de ne plus avoir de DF et en réclamaient de bien durs. De ce point de vue extrêmement limité, c’est indiscutablement une réussite.
Je tiens à préciser que contrairement à mon habitude je n’ai pas JOUÉ ce livre pour des raisons qui seront bientôt claires.
De fait, ce qui frappe à l’analyse, c’est le caractère ouvertement sadomasochiste de la relation que Green établit avec son lecteur. Green se démène à établir dès le début que tout est de votre faute puisque vous vous êtes fait le complice inconscient du vilain sorcier, et en conséquence vous méritez d’être puni, ce à quoi Green va s’employer avec zèle. Ça commence dès le début puisque les moines – vous savez, ces clampins qui gardaient le Machin de l’Apocalypse contre les sorciers, certes, mais qui auraient succombé à la première bande de brigands payée par des sorciers – alors qu’ils savent pertinemment que le sort du monde en dépend, se refusent à nous laisser prendre plus d’une herbe parmi les trois possibles.
Il n’est pas humainement possible de considérer cela comme même vaguement crédible, tout lecteur qui fait sérieusement le livre à partir de là se soumet à Green et le supplie de frapper plus fort.
Et de fait c’est autour de ce thème du châtiment qu’est construit tout le livre. Non seulement le lecteur doit en passer par les caprices insensés de Green en plus d’avoir une chance de cocu – on a droit entre autres à une variation sur le thème du test à rater impérativement, là c’est un combat à perdre impérativement - mais tout le contexte de l’affaire est que le monde est infiltré par des bandes de méchants sorciers qui ne font qu’à commettre des méchancetés parce qu’ils sont méchants, et les braves gens comme nous s’en protègent à l’aide de leur Foi. Donc et par conséquence, si vous voyez une bande de bouseux hystériques en train de brûler une bonne femme, il se peut qu’ils aient tort en fait ( cette femme-là n’est peut-être pas une sorcière ) mais ils ont raison en principe ( il y a des sorcières, et quand on en trouve, la chose à faire est de les brûler ). Comment dirais-je, le thème des méchants infiltrés parmi nous et dont il faut purifier le monde a été mis en pratique tant et tant de fois au cours de l’histoire humaine, et a connu de tels développements au siècle récemment achevé ( au cas où je ne me ferais pas bien comprendre, jouez le livre en remplaçant « sorciers » par « juifs », « communistes » ou « saboteurs contre-révolutionnaires » pour voir ), qu’on n’a pas besoin de le revoir dans un livre-jeu surtout si c’est pour l’appliquer avec la meilleure conscience du monde. Je préfère découper des orques à la hache, c’est moins salissant.
Que la maison de la Mère Patagriffe ( Mother Clawfoot en VO ) soit une parodie de la maison de Baba Yaga n’est pas tant une marque de culture que de paresse et de manque de goût. Et j’avoue comprendre mal pourquoi il a repris le nom d’une race de gros oiseaux affreux de Chroniques de Prydain de Lloyd Alexander pour son « Lord Gwythaint » - ou est-ce une plaisanterie pour initiés ?
Je tiens à préciser que contrairement à mon habitude je n’ai pas JOUÉ ce livre pour des raisons qui seront bientôt claires.
De fait, ce qui frappe à l’analyse, c’est le caractère ouvertement sadomasochiste de la relation que Green établit avec son lecteur. Green se démène à établir dès le début que tout est de votre faute puisque vous vous êtes fait le complice inconscient du vilain sorcier, et en conséquence vous méritez d’être puni, ce à quoi Green va s’employer avec zèle. Ça commence dès le début puisque les moines – vous savez, ces clampins qui gardaient le Machin de l’Apocalypse contre les sorciers, certes, mais qui auraient succombé à la première bande de brigands payée par des sorciers – alors qu’ils savent pertinemment que le sort du monde en dépend, se refusent à nous laisser prendre plus d’une herbe parmi les trois possibles.
Il n’est pas humainement possible de considérer cela comme même vaguement crédible, tout lecteur qui fait sérieusement le livre à partir de là se soumet à Green et le supplie de frapper plus fort.
Et de fait c’est autour de ce thème du châtiment qu’est construit tout le livre. Non seulement le lecteur doit en passer par les caprices insensés de Green en plus d’avoir une chance de cocu – on a droit entre autres à une variation sur le thème du test à rater impérativement, là c’est un combat à perdre impérativement - mais tout le contexte de l’affaire est que le monde est infiltré par des bandes de méchants sorciers qui ne font qu’à commettre des méchancetés parce qu’ils sont méchants, et les braves gens comme nous s’en protègent à l’aide de leur Foi. Donc et par conséquence, si vous voyez une bande de bouseux hystériques en train de brûler une bonne femme, il se peut qu’ils aient tort en fait ( cette femme-là n’est peut-être pas une sorcière ) mais ils ont raison en principe ( il y a des sorcières, et quand on en trouve, la chose à faire est de les brûler ). Comment dirais-je, le thème des méchants infiltrés parmi nous et dont il faut purifier le monde a été mis en pratique tant et tant de fois au cours de l’histoire humaine, et a connu de tels développements au siècle récemment achevé ( au cas où je ne me ferais pas bien comprendre, jouez le livre en remplaçant « sorciers » par « juifs », « communistes » ou « saboteurs contre-révolutionnaires » pour voir ), qu’on n’a pas besoin de le revoir dans un livre-jeu surtout si c’est pour l’appliquer avec la meilleure conscience du monde. Je préfère découper des orques à la hache, c’est moins salissant.
Que la maison de la Mère Patagriffe ( Mother Clawfoot en VO ) soit une parodie de la maison de Baba Yaga n’est pas tant une marque de culture que de paresse et de manque de goût. Et j’avoue comprendre mal pourquoi il a repris le nom d’une race de gros oiseaux affreux de Chroniques de Prydain de Lloyd Alexander pour son « Lord Gwythaint » - ou est-ce une plaisanterie pour initiés ?
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna