D'après les légendes, pour acquérir le secret des runes, Odin passa neuf jours et neuf nuits pendu par les pieds, le flanc percé de sa propre lance, affrontant la souffrance et la folie jusqu'à l'illumination.
Je viens de finir Nils Jacket 3. Après avoir terminé en leur temps Nils Jacket 1 et Nils Jacket 2.
Et je peux vous dire que le Odin, c'était un petit joueur.
En effet, NJ3 a exactement les mêmes qualités que NJ1 et NJ2. Un bon style, une enquête policière intéressante et bien amenée, et une construction absolument remarquable. Cela devrait normalement lui assurer une place de choix sur la scène de la littérature interactive francophone.
Mais il partage aussi le même défaut majeur que ses prédécesseurs, un problème qui dévore tous ses atouts : une difficulté absolument insupportable.
Des efforts ont été fait pourtant. La plupart des indices peuvent être découverts de plusieurs façons, à différents moments, certains sont des substituts pour d'autres, et seul un nombre assez limité d'entre eux sont indispensables pour le final.
Cependant, ces améliorations ne vont pas assez loin.
Le premier coupable est qu'il est tout de même nécessaire de réussir une certaine quête parmi trois mutuellement exclusives pour arriver au bout et que chacune de celles-ci s'approchent du one-true-path, avec des actions précises à faire à des moments précis et d'autres à ne pas faire, des questions à absolument poser et d'autres à éviter... Une structure similaire à Rendez-vous à la Mort, et en pratique plus difficile qu'un one-true-path à chemin unique car vous ignorez si un code donné doit être obtenu ou au contraire fui dans la voie que vous avez choisie.
Le second est ce que j'appellerai le point de rupture Nils Jacket. C'est un sentiment que j'ai ressenti dans les trois aventures, et qui est absolument insupportable : Avoir trouvé la solution en tan que lecteur, avoir ramassé les indices qui correspondent à cette solution, et ne pas parvenir à triompher malgré cela à cause de la construction de l'aventure.
Dans Nils Jacket 1 (version de l'époque, pas lu la version refondue), cela correspondait à (attention, gros gros spoiler) :
Dans Nils Jacket 2 (de même, sacré spoiler) :
Mais Nils Jacket 3 réussit l'exploit de surpasser ces deux moments :
C'est absurde, illogique, introuvable à la loyale. J'ai uniquement découvert la solution car, persuadé que j'étais confronté à un problème de ce genre, j'ai utilisé mes compétences d'informaticien pour rechercher dans toute l'aventure un nom propre particulier, puis remonté le fil.
L'aventure est déjà très dure. Quelle besoin d'utiliser des astuces de construction à la Mason, qui nécessite pour le joueur non seulement de comprendre l'énigme, mais aussi de décomposer la structure même du livre, pour triompher ? Pourquoi ne pas faire utiliser sa montre espion automatiquement à Nils ? Pourquoi user d'une relation indirecte, quasiment mensongère, pour un autre indice chiffré ? Pourquoi ce pic absurde de difficulté ? Pourquoi ?
Ces événements provoquent une frustration énorme. C'est une chose de ne pas trouver la solution. C'en est une autre de l'avoir et de tout de même finir dans une impasse. Cela pourrait même la définition exacte de la mauvaise difficulté : Le moment où le joueur échoue non parce qu'il est mauvais, mais parce que le jeu a un problème.
Nils Jacket 3 fait 1200 paragraphes. Il demande un engagement très fort du lecteur, qui doit constamment noter ce qu'il fait, ne pas se perdre dans les jours, les actions de son personnage, les multiples mots de passe. C'est long et épuisant, et il n'est guère possible d'enchaîner les parties. Même moi, lecteur chevronné, me limitais à une tentative par soir.
Si les échecs commencent à se succéder sans bonne raison, il est fort à parier que la plupart des joueurs abandonneront. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence si je suis le premier, deux mois et demi après la sortie de l'œuvre, a annoncé l'avoir finie.
C'est vraiment dommage, car en-dehors de ce problème, c'est une très bonne aventure. Mais ce défaut la démolit complètement et laisse un sentiment amer.
En résumé... Tout pareil que Nils Jacket 1 et 2. Aurait pu être grandiose. Coulé par sa difficulté.
Erreurs relevées :
Et des remarques en vrac :
Je viens de finir Nils Jacket 3. Après avoir terminé en leur temps Nils Jacket 1 et Nils Jacket 2.
Et je peux vous dire que le Odin, c'était un petit joueur.
En effet, NJ3 a exactement les mêmes qualités que NJ1 et NJ2. Un bon style, une enquête policière intéressante et bien amenée, et une construction absolument remarquable. Cela devrait normalement lui assurer une place de choix sur la scène de la littérature interactive francophone.
Mais il partage aussi le même défaut majeur que ses prédécesseurs, un problème qui dévore tous ses atouts : une difficulté absolument insupportable.
Des efforts ont été fait pourtant. La plupart des indices peuvent être découverts de plusieurs façons, à différents moments, certains sont des substituts pour d'autres, et seul un nombre assez limité d'entre eux sont indispensables pour le final.
Cependant, ces améliorations ne vont pas assez loin.
Le premier coupable est qu'il est tout de même nécessaire de réussir une certaine quête parmi trois mutuellement exclusives pour arriver au bout et que chacune de celles-ci s'approchent du one-true-path, avec des actions précises à faire à des moments précis et d'autres à ne pas faire, des questions à absolument poser et d'autres à éviter... Une structure similaire à Rendez-vous à la Mort, et en pratique plus difficile qu'un one-true-path à chemin unique car vous ignorez si un code donné doit être obtenu ou au contraire fui dans la voie que vous avez choisie.
Le second est ce que j'appellerai le point de rupture Nils Jacket. C'est un sentiment que j'ai ressenti dans les trois aventures, et qui est absolument insupportable : Avoir trouvé la solution en tan que lecteur, avoir ramassé les indices qui correspondent à cette solution, et ne pas parvenir à triompher malgré cela à cause de la construction de l'aventure.
Dans Nils Jacket 1 (version de l'époque, pas lu la version refondue), cela correspondait à (attention, gros gros spoiler) :
Dans Nils Jacket 2 (de même, sacré spoiler) :
Mais Nils Jacket 3 réussit l'exploit de surpasser ces deux moments :
C'est absurde, illogique, introuvable à la loyale. J'ai uniquement découvert la solution car, persuadé que j'étais confronté à un problème de ce genre, j'ai utilisé mes compétences d'informaticien pour rechercher dans toute l'aventure un nom propre particulier, puis remonté le fil.
L'aventure est déjà très dure. Quelle besoin d'utiliser des astuces de construction à la Mason, qui nécessite pour le joueur non seulement de comprendre l'énigme, mais aussi de décomposer la structure même du livre, pour triompher ? Pourquoi ne pas faire utiliser sa montre espion automatiquement à Nils ? Pourquoi user d'une relation indirecte, quasiment mensongère, pour un autre indice chiffré ? Pourquoi ce pic absurde de difficulté ? Pourquoi ?
Ces événements provoquent une frustration énorme. C'est une chose de ne pas trouver la solution. C'en est une autre de l'avoir et de tout de même finir dans une impasse. Cela pourrait même la définition exacte de la mauvaise difficulté : Le moment où le joueur échoue non parce qu'il est mauvais, mais parce que le jeu a un problème.
Nils Jacket 3 fait 1200 paragraphes. Il demande un engagement très fort du lecteur, qui doit constamment noter ce qu'il fait, ne pas se perdre dans les jours, les actions de son personnage, les multiples mots de passe. C'est long et épuisant, et il n'est guère possible d'enchaîner les parties. Même moi, lecteur chevronné, me limitais à une tentative par soir.
Si les échecs commencent à se succéder sans bonne raison, il est fort à parier que la plupart des joueurs abandonneront. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence si je suis le premier, deux mois et demi après la sortie de l'œuvre, a annoncé l'avoir finie.
C'est vraiment dommage, car en-dehors de ce problème, c'est une très bonne aventure. Mais ce défaut la démolit complètement et laisse un sentiment amer.
En résumé... Tout pareil que Nils Jacket 1 et 2. Aurait pu être grandiose. Coulé par sa difficulté.
Erreurs relevées :
Et des remarques en vrac :
- Les trois sœurs sont quand même très proches d'un certain trio de manga, au point que cela en est parfois gênant.
- Beaucoup de jeux de mots dans les noms, mais pourquoi pas.
- Ai-je dit à quel point je trouvais idiot que dans les LVH électroniques japonais, il y ait presque toujours une composante drague, et, surtout, que ne pas courir les filles aboutissait forcément à l'échec ? Parce que j'ai très envie de le dire maintenant, je ne sais pas pourquoi.
- Si certaines journées sont surchargées, il arrive de temps à autre de ne pas savoir quoi faire parce que toutes les actions apparemment utiles sont inactives ce jour-là pour des raisons diverses, et de faire un truc qui ne sert à rien juste pour avancer.
- La preuve utilisée pour démontrer la culpabilité du voleur d'ombres est tout de même incroyablement fragile. Autant c'est le genre de détails qui tilte tout de suite dans la tête du lecteur, autant que cela convainque la police est assez tiré par les cheveux.