Je n’attaque bien évidemment pas les chauves-souris. Mais j’ai un peu de R.P. à faire avant de repartir…
Donc le soir venu, une fois le campement monté, je m’approche de Thamyris.
Donc le soir venu, une fois le campement monté, je m’approche de Thamyris.
@Tholdur
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Spoiler
« J’aimerais vous parler un instant… »
Si tu es d’accord, je poursuis.
« Je sais que vous avez déclaré au prêtre que vous ne pensiez pas être celui qu’il faut pour poursuivre une telle quête. Je respecte infiniment votre opinion, bien sûr, et nul n’a le droit de prendre une décision aussi importante à votre place. Mais… j’aimerais que vous y réfléchissiez.
“Cinq devront poursuivre leur périple.” Ce sont les mots de l’oracle. “Poursuivre” leur périple. Plus je repense à ces mots, plus la conviction que nous avons été choisis par les dieux grandit en moi — souvenez-vous de notre rencontre avec le taureau blanc… Pour accomplir quelle destinée ? Je l’ignore. Je suis loin d’avoir saisi tout le sens caché dans les paroles du prêtre.
Je pense que je comprends ce que vous avez ressenti dans cette caverne maudite. Moi-même, j’ai rarement été confronté à de telles horreurs… La première fois qu’on vit une telle épreuve… »
Actéon s’arrête un instant, semblant hésiter.
« Ma mère est morte quand j’avais quatre ans. Mon père n’était déjà plus. J’étais petit mais suffisamment mâture pour comprendre ce que la mort signifiait. J’ai cru que je ne surmonterais jamais la douleur, que je ne pourrais jamais supporter de nouveau une telle injustice, une telle cruauté de la part de la vie. J’ai alors été adopté par un homme de mon village. Un chasseur. C’est lui qui m’a tout appris de mon métier. En un sens, c’est avant tout grâce à lui que j’ai pu vous guider depuis que nous avons quitté Théna, et que nous avons pu atteindre l’oracle… À son contact, j’ai appris bien plus que l’art de la chasse. J’ai appris que la vie était une succession d’épreuves, et qu’aussi dures soient-elles, ce qui nous attend derrière mérite, le plus souvent, qu’on se donne la peine de le découvrir.
Je vous ai guidé avec succès tout au long de notre parcours car j’étais dans mon élément. Qu’on me sorte de la forêt, et je suis comme un loup qui a perdu son odorat. J’arrive à peu près à ne pas me sentir trop dépaysé dans Théna, mais ce n’est pas mon milieu. Je connais quelques personnes — artisans, marchands… — mais cela s’arrête là. Je n’ose imaginer combien je serais désemparé dans une autre ville ou, pire encore, sur un bateau… » Un frisson parcourt le corps du chasseur à cette pensée. « Agrias et Thermodossa sont d’excellents compagnons et bien que je ne les connaisse que depuis quelques jours, je leur confierais ma vie sans la moindre once d’hésitation. Mais ils n’ont pas vos connaissances, votre éducation, votre érudition… Scylla est probablement d’une infinie sagesse, mais elle n’avait jamais quitté son marais jusqu’à ce qu’elle nous rencontre. Il y a beaucoup de choses que vous seul pouvez accomplir, sans même parler de votre magie ou de votre don pour la musique à nul autre pareil.
Je ne vous demande pas d’acquiescer à mes propos, bien sûr. Seul un sot change d’avis sans réfléchir. Simplement… Prenez le temps d’y songer. Je crois, au plus profond de moi, que nous sommes destinés à parcourir encore un long chemin ensemble… »
À bout de salive, lui qui n’est d’ordinaire guère loquace, Actéon se tait, et les pensées qui le suivent depuis qu’ils ont quitté le temple d’Apollon reviennent l’assaillir de plus belle, teintées d’appréhension à l’idée qu’il ne reverra, peut-être, bientôt plus celui qu’il considère désormais comme un ami.
Si tu es d’accord, je poursuis.
« Je sais que vous avez déclaré au prêtre que vous ne pensiez pas être celui qu’il faut pour poursuivre une telle quête. Je respecte infiniment votre opinion, bien sûr, et nul n’a le droit de prendre une décision aussi importante à votre place. Mais… j’aimerais que vous y réfléchissiez.
“Cinq devront poursuivre leur périple.” Ce sont les mots de l’oracle. “Poursuivre” leur périple. Plus je repense à ces mots, plus la conviction que nous avons été choisis par les dieux grandit en moi — souvenez-vous de notre rencontre avec le taureau blanc… Pour accomplir quelle destinée ? Je l’ignore. Je suis loin d’avoir saisi tout le sens caché dans les paroles du prêtre.
Je pense que je comprends ce que vous avez ressenti dans cette caverne maudite. Moi-même, j’ai rarement été confronté à de telles horreurs… La première fois qu’on vit une telle épreuve… »
Actéon s’arrête un instant, semblant hésiter.
« Ma mère est morte quand j’avais quatre ans. Mon père n’était déjà plus. J’étais petit mais suffisamment mâture pour comprendre ce que la mort signifiait. J’ai cru que je ne surmonterais jamais la douleur, que je ne pourrais jamais supporter de nouveau une telle injustice, une telle cruauté de la part de la vie. J’ai alors été adopté par un homme de mon village. Un chasseur. C’est lui qui m’a tout appris de mon métier. En un sens, c’est avant tout grâce à lui que j’ai pu vous guider depuis que nous avons quitté Théna, et que nous avons pu atteindre l’oracle… À son contact, j’ai appris bien plus que l’art de la chasse. J’ai appris que la vie était une succession d’épreuves, et qu’aussi dures soient-elles, ce qui nous attend derrière mérite, le plus souvent, qu’on se donne la peine de le découvrir.
Je vous ai guidé avec succès tout au long de notre parcours car j’étais dans mon élément. Qu’on me sorte de la forêt, et je suis comme un loup qui a perdu son odorat. J’arrive à peu près à ne pas me sentir trop dépaysé dans Théna, mais ce n’est pas mon milieu. Je connais quelques personnes — artisans, marchands… — mais cela s’arrête là. Je n’ose imaginer combien je serais désemparé dans une autre ville ou, pire encore, sur un bateau… » Un frisson parcourt le corps du chasseur à cette pensée. « Agrias et Thermodossa sont d’excellents compagnons et bien que je ne les connaisse que depuis quelques jours, je leur confierais ma vie sans la moindre once d’hésitation. Mais ils n’ont pas vos connaissances, votre éducation, votre érudition… Scylla est probablement d’une infinie sagesse, mais elle n’avait jamais quitté son marais jusqu’à ce qu’elle nous rencontre. Il y a beaucoup de choses que vous seul pouvez accomplir, sans même parler de votre magie ou de votre don pour la musique à nul autre pareil.
Je ne vous demande pas d’acquiescer à mes propos, bien sûr. Seul un sot change d’avis sans réfléchir. Simplement… Prenez le temps d’y songer. Je crois, au plus profond de moi, que nous sommes destinés à parcourir encore un long chemin ensemble… »
À bout de salive, lui qui n’est d’ordinaire guère loquace, Actéon se tait, et les pensées qui le suivent depuis qu’ils ont quitté le temple d’Apollon reviennent l’assaillir de plus belle, teintées d’appréhension à l’idée qu’il ne reverra, peut-être, bientôt plus celui qu’il considère désormais comme un ami.