(04/02/2011, 14:30)Outremer a écrit : N'imposer aucune borne au pouvoir de décision de la majorité du peuple serait très dangereux. C'était précisément le problème de la démocratie athénienne : au cours d'une simple séance de l'assemblée populaire, la majorité pouvait y décider n'importe quoi. Les démagogues manipulaient les passions de la foule et lui ont fait prendre bien des décisions injustes, cruelles ou idiotes (c'est d'ailleurs ce qui a valu à Athènes de perdre sa guerre contre Sparte).
Oui mais les limites que tu imposerais au peuple sont tout aussi arbitraires et subjectives que le pouvoir de ce peuple.
De surcroit, l'injustice que tu évoques est elle aussi subjective.
La question reste donc de savoir qui établit ces limites, et au nom de quoi. Et je te mets ma main à couper qu'alors tu sors du cadre de la démocratie stricto sensu pour entrer dans autre chose, qui ressemblerait plus à une aristocratie ou une oligarchie qui ne dit pas son nom, àù le peuple serait guidé et modéré par une institution supérieure (ce qui est le cas aujourd'hui dans la plupart des "démocraties").
(04/02/2011, 14:30)Outremer a écrit :(04/02/2011, 13:28)Nato a écrit : Et cette "volonté" n'est pas forcément claire. La majorité ne se met d'accord que sur une seule chose: le candidat choisi, ou le vote d'un texte.
Et encore, ça ne marche que lorsque le choix a été réduit à deux possibilités. Et il ne s'agit que d'une opinion ponctuelle, qui pourrait être différente quelques mois plus tard.
(31/01/2011, 00:09)Alendir a écrit : Néanmoins, l’idée de ce sujet, c’était simplement de réfléchir à un meilleur système de vote, à un moyen de rassembler davantage la population autour de son président notamment, qui n'aurait pas intérêt à diviser pour régner.
A mon avis, le système politique français se porterait mieux s'il n'était pas à ce point centré sur le président, justement. Mais bon, ça fait presque un demi-siècle que le Parlement est dans les choux et ça ne s'annonce pas près de changer.
Parfaitement d'accord sur ces deux points, pas mieux!
Il y a simplement un acteur qui est largement sous estimé dans ton analyse (et c'est très propre aux français): la place du juge qui est bien plus importante que l'on ne croie, voire centrale bien qu'occultée.
(04/02/2011, 14:30)Outremer a écrit :(04/02/2011, 13:28)Nato a écrit : La vraie question n'est donc pas celle de leur définition, qui ne peut prétendre à aucune objectivité, mais celle des personnes ou institutions qui sont en mesure d'imposer leur définition.
Or, je pense que le peuple n'a pas ce pouvoir.
Je ne suis pas tout à fait d'accord sur ce point. Les libertés et droits fondamentaux ont en effet un caractère très subjectif, mais je ne pense pas que des personnes ou institutions données aient le pouvoir de décider librement de ce qu'ils englobent et de ce qu'ils n'englobent pas. Ces libertés et ces droits reflètent les idées politiques essentielles du pays où ils sont reconnus (idées qui ont bien entendu évolué au fil de son histoire).
Je suis d'accord sur le fait que ces personnes soient situées et écoutent les aspirations d'une partie de la population. C'est enfoncer une porte ouverte que de le dire, elles ne sont pas coupées de la société.
Mais qu'est-ce qui te garantit que leur définition des libertés et droits fondamentaux correspond aux attentes d'une majorité? Rien.
Tu parles d'un consensus dont je ne suis pas certain qu'il existe (tu raisonnes un peu comme Ronald Dworkin qui pense que les autorités normatives obéiraient à une sorte de doctrine politique implicite et uniforme). Il suffit de voir à quel point les gens sont en désaccord sur tout.
En tout cas tu ne fais que livrer une impression personnelle (que tu es loin d'être seul à partager, rassure-toi) mais sans aucune donnée empirique.
Baaauuuuume Damohl, plus fort que la douleeeuuuur!