Bon, je copie-colle ici ma critique tavernienne. Les posts de Xicluna n'ont pas été pour rien dans l'achat de ce livre en occase...
Lu QUI EST LE TRAÎTRE, seul tome traduit en français de la série "L'Epervier" dans les années 80. Saluons l'initiative de traductions maison par la communauté, le forum a un peu bruissé sur la question.
LE SUJET
On incarne Epervier, un agent spatio-temporel frais émoulu de l'Académie. L'intro a planté le cadre d'un univers de SF, avec une agence de contrôle des failles temporelles, l'OTEMPS, jeu de mots où on reconnaît la fantaisie du traducteur-auteur Dominique Monrocq (tout simplement TIME, dans le texte anglais). Bref, notre personnage reçoit comme première mission de démasquer le traître parmi les commandeurs de l'OTEMPS qui doivent le féliciter pour sa nomination. Il y a aussi bien des humains que des extraterrestes parmi eux. Tous les agents de l'OTEMPS sont télépathes, savent lutter par la force mentale, et ont une certaine prescience des dangers.
Notre enquête nous mènera à travers plusieurs époques en quête d'indices ou à la poursuite de témoins. Si on tarde trop, le traître perturbe le cours de l'Histoire à un point névralgique, effaçant notre époque telle qu'on la connaît. L'idée est apparemment de rayer les humains de l'équation, et ainsi gagner un avantage dans la course à la domination de l'espace.
Non, ne me dites rien. Le colonel Mou-TARDIS
dans la bibliothèque virtuelle avec le chandelier-laser.
LES AUTEURS
Deux auteurs et deux illustrateurs, ce n'est pas banal.
Geof Senior se chargeait des illus teintées SF, alors que
le graphiste Nick Weeks croquait les plans techniques.
Mark Smith et
Jamie Thomson, duo d'auteurs déjà croisé ailleurs ("La Voix du Tigre"). Diviser l'intrigue en périodes temporelles permettait sans doute de se partager plus facilement le travail d'écriture. Le jeune Jamie Thomson, qui se décrit dans
une interview comme grand amateur de figurines et de wargames, fait un candidat crédible pour l'écriture de la partie napoléonienne. Et plus encore pour celle située à l'époque d'Alexandre le Grand ! Pour avoir traduit un autre livre de Jamie Thomson,
Arcadie (série "Forge Divine"), où l'auteur jubile de mettre en scène les corps dans une Antiquité fantasmée, je crois reconnaître un peu de lui dans le portrait que L'Epervier dresse d'un des commandeurs :
Citation :241
Vous explorez les pensées du commandeur Speke alors qu'il s'efforce précisément de vous visualiser en costume de la Grèce antique. Un éclair de culpabilité et d'inquiétude traverse son esprit quand il détecte votre sonde mentale. Puis curieusement il se maîtrise avant de vous envoyer un message : Je mets ceci sur le compte de l'exubérance juvénile, mais vous ne devriez pas vous comporter ainsi. Vous brisez le contact [mental].
Si les Ressources Humaines savaient comment le commandeur Speke
imagine les jeunes recrues, ça ferait du rififi dans les chronoscaphes.
UN AVIS VITE DIT
C'est plutôt sympa, surtout quand on a grandi dans les années 80. On croit reconnaître bien des influences, dans le texte ou les dessins. Des films, des oeuvres de la pop culture qui ont forgé une manière de représenter le futur... C'est tout aussi plaisant de retrouver le trait de l'illustrateur des
Mercenaires de l'Espace et autres livres-jeu de SF sous-côté, mais si esthétiques. Juste dommage que certains des visuels soient un peu génériques, surtout les adversaires futuristes en armure.
Probable hommage de Geof Senior à Chris Foss.
Dans le tome 2, il fait un clin d'oeil au Tron de Disney.
L'intrigue est rythmée par l'apparition de poursuivants qui traquent le héros. Peut-être trop nombreux. Ça devient une facilité pour faire rebondir l'histoire. Limier et Lynx, autres agents, qui nous prennent pour le traître, insuffle pourtant un peu de vie au lore : l'OTEMPS existe en-dehors de nous, il y a d'autres employés, des procédures... Lore assez solide pour soutenir un série de 6 tomes. Les auteurs y croyaient assez pour faire dessiner de nombreux plans qui illustrent les règles : nos armes, notre Chronoscaphe...
Le traducteur Dominique Monrocq, futur co-auteur de la
"Saga du Prêtre Jean" s'amuse manifestement beaucoup ! Une belle inventivité dans les mots : des néologismes comme "éclateur" (pour
blaster je suppose), "loub"roïde" (mot-valise à partir de loubard), ou les acronymes rigolos comme FLIC (Forces Libres d'Intervention Citadines)...
Bref on passe un bon moment, même si l'intrigue reste assez courte et pas toujours 100% claire. Dans certaines situations, on se demande parfois ce qu'on fiche là et ce qu'on est supposé faire, amenant des PFA vécus ressentis comme injustes. Ceci dit, j'ai lu sans m'embarrasser des règles sur les compétences et les combats mentaux ou au laser, je n'ai donc pas d'avis sur les question de probabilité et d'équilibrage du jeu, my bad.
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