L'interview de Voyageur Solitaire
#31
L'idée de Tholdur me semble pas mal : profiter de ces interviews pour en extraire quelques réponses, sur des sujets donné, afin d'enrichir la présentation des auteurs.

A noter, et c'est valable pour l'interview de Gynogege aussi, que je suis nul en idées de questions, mais que je lis les réponses avec beaucoup de plaisir. Smile
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#32
(18/03/2021, 17:35)Voyageur Solitaire a écrit : Après, attention... La Fantasy canonisée par (malgré lui) Tolkien, j'en peux plus. La Fantasy "médiévale-occidentale" avec forêts, châteaux, princesses vertueuses et preux paladins, avec les elfes blonds qui jouent de la harpe, les nains grognons et barbus qui boivent de la bière, les magiciens âgés à barbe blanche, robe étoilée et chapeau à la con, non.
Patrice Louinet, grand spécialiste d'Howard, l'a très bien dit :" Tolkien, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt de la Fantasy". Il suffit de lire Robert Howard, Clark Ashton Smith, Abraham Merritt, Karl Wagner ou Tanith Lee pour réaliser qu'il y a bien d'autres univers, plus païens, plus flamboyants, exotiques et sensuels. Autant Frodon me saoule et m'énerve, autant j'aime un Elric de Ménilboné, prince mélancolique et hanté ou le Kane de Wagner, guerrier solide et farouche, imposant et sauvage mais en même temps entiché d'occultisme, féru de philosophie et d'ésotérisme, avide de connaissance. J'aime une Fantasy violente, passionnée, tumultueuse, emplie de tragédie, d'inéluctable et de destinée avec des cités séculaires et des empires grandioses... Sensuelle aussi, avec des personnages vivants, de chair et de sang, qui aiment, qui désirent. Rien de plus chiant et insipide que ces amours courtois avec de preux héros asexués et des jeunes filles chastes et vertueuses.

Juste un avis en passant : j’ai le sentiment que George Martin a mis quelques coups de hache dans l’arbre avec sa saga, dans le sens où le grand public associe désormais la fantasy autant à Game of Thrones (la série, pas ASOIAF, hélas) qu’au Seigneur des anneaux.
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#33
Je rajouterai, pour finir de faire tomber l'arbre, Andrzej Sapkowski. Mais c'est peut-être plus la saga de jeux vidéo The Witcher que ses récits du Sorceleur, qui dépoussière la fantasy. Surtout pour le côté non manichéen qui finit par être pesant chez un Tolkien par exemple.

Allez une question pour la route.

Est-ce que tes lacets sont défaits? Euh, oups, non.

Est-ce que tu envisagerai de réaliser une BDVH?. Tu pourrais être scénariste, avec en plus ta casquette de dessinateur la collaboration avec l'illustrateur serait sans doute facilitée (tu pourrais lui faire des croquis). Tu pourrais aussi être uniquement illustrateur, même si tu as dit que le dessin c'est plus compliqué même si tu griffonnes tout le temps. Ou carrément faire tout de a à z, scénario + dessins.
Ceci en admettant évidemment que tu puisses disposer d'autant de temps que tu veux pour te consacrer à un tel projet.
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#34
Alors Game of thrones franchement...
Le livre m'est tombé des mains, trop long, trop de personnages et surtout une construction décousue avec des retours en arrière incessants et chiants : pendant tout un chapitre, tu suis les aventures de A et B, au chapitre suivant tu passes sans transition à C et D dans un autre lieu avant de revenir à A et B... Saoulant.
Quant à la sérié, c'est Conan et les feux de l'amour ou Amour, gloire et beauté chez Tolkien avec un peu de cul au passage, suffisamment pour défriser le brushing de la brave ménagère mais sans pousser Mémé dans les orties quand-même, le tout soigneusement emballé dans un marketing du genre :"La série qui choque l'Amérique", "La série qui brise les tabous". Revisionnez-vous Delivrance, Taxi driver ou Midnight Express et on en reparle. Le Conan de John Milius de 1981, à lui seul, balaie tout ça de sa force et de son souffle épique.

Une BD ?
Oui, j'y ai pensé, j'ai même dessiné quelques cases mais là, c'est bien trop de travail et bien au-delà de l'amateur que je suis.
Par contre, sans me vanter, le Shamanka que j'ai imaginé dans tous ses détails ferait je pense un très bon univers pour jeux de rôles à la recherche de mondes originaux et inhabituels.
Mon rêve, ce serait de retrouver Shamanka en jeu-vidéo, genre Skyrim ou Assassin's Creed. Voir s'animer et vivre, évoluer, les personnages, décors et lieux que j'ai imaginé, voir prendre vie (surtout avec les graphismes d'aujourd'hui) tout cet univers, entendre Olmec, Ronan, Timkat parler... Ce serait pour moi absolument indescriptible, insensé même.
Anywhere out of the world
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#35
(23/03/2021, 17:12)Voyageur Solitaire a écrit : Revisionnez-vous Delivrance

Une fois m'a suffit, quel angoisse ce film. Tongue
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#36
Arf, ce n'est pas bien grave VS mais on n'a pas du tout les mêmes goûts littéraires!

Le Seigneur des Anneaux fut ma bible, je l'ai lu 4 fois.
Le Trône de Fer fut la 2ème saga qui m'a le plus pris aux tripes après celle de Robin Hobb.

Par pitié, ne lis pas l'Assassin Royal si tu ne l'as pas encore fait!
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#37
Trop tard...  Mrgreen

Bon, soyons francs :
Si j'adore détester Tolkien, je m'incline quand-même bien bas devant son oeuvre. Si Telephone rêvait d'un autre monde, Tolkien l'a fait. Je regrette simplement (et là, il n'y est pour rien, du moins pas directement) que son oeuvre soit devenue la référence, le modèle canonique de la Fantasy. Comme si en-dehors du "Tolkien like", il n'y avait pas de salut, pas d'autres voies possibles.

Sur un plan plus personnel, je dirais que Tolkien était un universitaire, un érudit et que ça se ressent dans son écriture. Je le trouve parfois, souvent, trop lourd, trop littéraire, trop soutenu. C'est l'oeuvre d'une vie et c'est léché, ciselé, fignolé. Je préfère une Fantasy et une écriture plus dynamique, plus énergique et brut, plus simpliste même, osons le mot.
Mais Tolkien, ça reste Tolkien, respect.
Anywhere out of the world
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#38
(24/03/2021, 16:12)Voyageur Solitaire a écrit : Trop tard...  Mrgreen

Bon, soyons francs :
Si j'adore détester Tolkien, je m'incline quand-même bien bas devant son oeuvre. Si Telephone rêvait d'un autre monde, Tolkien l'a fait. Je regrette simplement (et là, il n'y est pour rien, du moins pas directement) que son oeuvre soit devenue la référence, le modèle canonique de la Fantasy. Comme si en-dehors du "Tolkien like", il n'y avait pas de salut, pas d'autres voies possibles.

Sur un plan plus personnel, je dirais que Tolkien était un universitaire, un érudit et que ça se ressent dans son écriture. Je le trouve parfois, souvent, trop lourd, trop littéraire, trop soutenu. C'est l'oeuvre d'une vie et c'est léché, ciselé, fignolé. Je préfère une Fantasy et une écriture plus dynamique, plus énergique et brut, plus simpliste même, osons le mot.
Mais Tolkien, ça reste Tolkien, respect.

Beaucoup moins connu que les œuvres que vous avez mentionné, mais je vous recommande l'excellent Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski. C'est du fantasy quand même atypique, et le héro est un personnage particulièrement décapant et savoureux.
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#39
Il y a un sujet ce livre, on en a déjà parlé ici en tout cas.
J'ai bien aimé le 7e guerrier mage de Paul Beorn (pseudo en hommage à Tolkien), en plus c'est un auteur français donc pas de souci de traduction pour apprécier son livre.
Quant à la saga de Robin Hobb, pour moi c'est un peu la même chose que la saga Loup Solaire. Des débuts fracassants, surtout le premier tome, et ensuite une lente mais inexorable perte de qualité et le sentiment que tout traine en longueur. L'ensemble est tout de même plaisant à suivre. Et contrairement à un certain George Martin, elle a été est capable de donner une vraie conclusion à sa saga, malgré le parachutages dans l'intrigue de personnages d'une autre de ses sagas, procédé que je trouve horriblement mercantile.
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#40
Y a-t-il des choses que tu changerais dans une ou plusieurs de tes œuvres sorties si tu les écrivais aujourd’hui ?

(Oui, il y a de l’écho.)
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#41
Hum... Je vous ressers un peu de champagne et vais mettre une nouvelle bûche dans la cheminée : la nuit est tombée et elle est froide, comme souvent dans le désert. Le silence est encore plus présent, les étoiles brillent d'un éclat froid dans un ciel bleu sombre. Moment propice à la réflexion...

Je dirais : les règles.
Une de mes grandes sources d'inspiration, ces derniers temps, ce sont certains jeux vidéo "monde ouvert" comme Skyrim ou Assasin's Creed. Et j'aimerais vraiment incorporer certains aspects de ces jeux dans mes AVH, par le biais des règles. Comme par exemple avoir des compétences en herboristerie, pouvoir récolter des plantes et herbes en cours d'aventure et, à un moment, si on a tous les ingrédients nécessaires, pouvoir se faire ses propres potions... Pareil pour le combat, on pourrait apprendre à partir d'un certain niveau une technique particulière (combat contre plusieurs adversaires, combat contre un archer, botte meurtrière...). Ou encore au niveau de la nourriture : pour les moments où on est en extérieur, on devrait chasser à un moment pour se nourrir, avec une épreuve d'habileté à passer par exemple. En cas de réussite, on a tué du gibier et on peut se nourrir, en cas d'échec, on reste sur sa faim avec les points de vie qui diminuent. Avoir des compétences de départ, aléatoires ou choisies, qui permettent de progresser au fil des évènements (par la pratique d'un instrument, le fait de trouver des ingrédients, d'apprendre ou découvrir une technique...).
Bref, j'aimerais vraiment renforcer le côté "gameplay" de mes AVH.
Anywhere out of the world
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#42
Ta réponse m'amène à poser une autre question: est-ce qu'il vaut mieux travailler ses points forts ou ses points faibles ? Quand on voit tes talents de conteur et l'ambiance de tes AVH, on a presque tendance à dire: peu importent les règles, oublie-les (et je crois que Skarn te l'a déjà suggéré). Moi je dirais qu'il faut suivre ses envies.
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#43
Certes, mais à ce compte-là, je devrais me tourner carrément vers le roman (ce que j'ai fait en partie d'ailleurs avec Shamanka, même si ça reste une oeuvre personnelle, pour le plaisir).

C'est vrai, je pourrais me dire que, vu ma facilité d'écriture, l'atmosphère et l'ambiance de mes AVH viendront toujours compenser la faiblesse des règles. Mais c'est la solution de facilité et, à l'heure actuelle, j'ai vraiment envie de progresser sur ce point faible, ne serait-ce qu'un peu. Je ne changerai rien au système de règles du troisième opus de ma trilogie, pour ne pas faire de dissonance avec les deux volumes précédents. Mais j'ai repris A la dérive, mon AVH de SF qui est terminée et que je comptais vous proposer sous peu et j'essaie d'améliorer les règles, de proposer un système plus original, moins basique, où tout ne se résume pas à un lancer de dés. Je patauge encore mais je vois ça comme un défi à relever.

Il y a bien sûr le risque que je me plante, que ça bousille l'AVH et qu'on me dise dans les retours un truc du genre "AVH sympa mais plombée par des règles bordéliques et mal foutues, c'est vraiment dommage"... C'est un risque que je prends.
Anywhere out of the world
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#44
(10/03/2021, 15:04)gynogege a écrit : Toi qui écris des aventures dans un cadre "africain" et que j'imagine "blanc" (avec tous les guillemets, si je me trompe la question n'a pas le même sens), je serais curieux d'avoir ton avis sur la polémique liée à la BD Niala:
https://www.francetvinfo.fr/culture/bd/polemique-autour-de-niala-une-bd-erotique-accusee-de-racisme-contre-les-africains_4324755.html

Je me permets une digression, parce que j'étais complètement passé à côté de cette polémique, et c'est le genre d'affaire qu'il est assez rigolo de découvrir après coup. Parce qu'au final elle se résume à deux faits seulement :

Fait numéro 1 : Une première description publicitaire de l'album juste hallucinante, que si j'en avais pas retrouvé une archive j'y aurais pas cru.

Le morceau le plus gratiné est sans doute :

Citation :Dorénavant, elle profite à tous et notamment aux occidentaux qui, en pleine époque coloniale, risquent leurs vies et s’aventurent dans cette contrée si éloignée de leurs us, coutumes et foyers.

Mais j'ai un faible tout particulier pour :

Citation :[un] hommage aux BD d’aventures décomplexées des années 50

Vu que la BD d'aventures des années 50... Bah, c'est Tintin (période lune) et surtout Blake et Mortimer. Et j'ai pas vraiment l'impression que l'album se place dans la lignée d'un Mystère de la Grande Pyramide.

Pour référence, Tintin au Congo date des années 1930 pour sa version originale noir et blanc, et de 1946 pour sa refonte en couleurs... Et créera la polémique dès la fin des années 50 dans le contexte de la décolonisation franco-belge, au point que l'éditeur ne la rééditera plus pendant un certain temps.

Je suppose que la référence souhaitée était au pulp, en particulier à Tarzan, et à ses adaptations en bande dessinée... Donc à un roman de 1912 et à une série de BDs commencée là encore dans les années 1930.

Bref, un texte d'une bêtise crasse, rédigé à la va-vite, et, surtout, mis en ligne directement sans relecture par un tiers ou prise de recul aucune. Et cette absence d'attention de l'éditeur n'est pas anodine.

Fait numéro 2 : Une BD a laquelle personne ne s'intéressait et dont tout le monde a déjà oublié qu'elle avait jamais existé.

Les témoignages des libraires sont éloquents : C'est une BD qu'ils avaient déjà prévu de ne pas vendre, bien avant la polémique, non pour des raisons de conscience mais parce que c'était un titre sans potentiel ni commercial ni artistique.

Niala, c'est un bouche-trou de catalogue. Un objet livresque tiré à peu d'exemplaires, avec un investissement côté éditeur sans doute réduit au strict minimum : pas de suivi du projet, corrections a minima, aucune com' autour même « gratuite » et interne au milieu. Si elle se vend, c'est tant mieux, sinon ça sera pas une grosse perte, notamment grâce à la magie des multiples casquettes.

Elle existe fondamentalement uniquement pour gonfler ce fameux catalogue, en particulier dans des catégories où il est peu fourni (dans ce cas, la BD porno), de façon à pouvoir présenter un éventail le plus large possible de titres aux libraires.

N'aurait été la polémique, ce serait une BD qui serait apparue puis disparue sans faire le moindre bruit. Et même avec la polémique, ça n'a apparemment pas changé grand chose en-dehors d'un court pic de ventes sur Internet.

Bref une BD, absolument dépourvue d'intérêt par elle-même d'après les quelques critiques un peu objectives que j'ai pu en trouver, qui a bien malgré elle mis un coup de projecteurs sur certains des aspects le moins reluisants du marché de la bande dessinée... à plus d'un titre.
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#45
(18/03/2021, 17:35)Voyageur Solitaire a écrit : D'ailleurs, la prochaine AVH qui suivra ma trilogie, A la dérive, est une AVH de SF. Mais pas de la SF "Space Opera" façon Star Wars avec batailles intergalactiques, déluge de lasers et aliens de toutes les couleurs... Après, l'écriture d'une AVH de SF est assez difficile pour moi : j'aime les histoires en extérieur, remplies de paysages sauvages, qui font voyager, avec des animaux, des chevauchées impétueuses, le passage des saisons... Autant je peux écrire sans problème sur ce sujet, autant j'ai du mal à rendre l'atmosphère à bord d'un vaisseau avec du métal, des trucs qui clignotent, un monde artificiel, cloisonné. Je n'accroche pas avec le virtuel, le modernisme, le technologique. C'est pourquoi A la dérive proposera pour une grande part l'exploration d'une planète sauvage et inconnue.

J'avoue que je serais curieux de lire celle-là. A quelle date penses-tu que tu l'auras finie ?
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