[La Loi du sabre] La Marque du samouraï
#1
J'avais envie de reparcourir les terres dangereuses du Japon. A une certaine époque lointaine, que les plus jeunes d'entre vous n'ont certainement pas connu, les livres-jeux se voyaient déclinés en d'autres éditions que celle de Gallimard. C'est ainsi que la collection Livre de Poche-Club contenait une série qui semblait intéressante : la loi du sabre.

Le synopsis de l'aventure ? Je vous fait un résumé succint : Vous êtes Yasaka, l'invincible guerrier au coeur pur, victorieux de plus d'une cinquantaine de duels, qui après s'être fait vaincre pour la première fois par un expert au sabre de bois, avez décidé de devenir un humble ermite.
Au cours d'un rêve singulier, vous apprenez que vous êtes le seul à pouvoir sauver le Japon ou... le détruire. C'est là que vous décidez de partir à la recherche de la cité mythique Wa, berceau de la civilisation nippone, et d'y rencontrer la fragile impératrice Himiko.
Vous décidez de quitter votre retraite pour aller à la recherche de Wa.

Bon.
Ok, je vous l'accorde c'est un peu tiré par les cheveux. Le héros, suite à un rêve, décide de parcourir les îles du Japon pour retrouver la cité de Wa pour y faire...pour y faire quoi exactement ? Passer le bonjour à l'impératrice ?
La quête ressemble à celle entamée par le Prêtre Jean, qui lui recherche Sangri La, une autre cité mythique.

L'idée de base est intéressante, l'univers riche et déconcertant mais le livre en lui-même n'est qu'une succession de rencontre et d'événements singuliers.
La première partie de cette aventure consiste à aller récupérer son matériel de samouraï enterré dans un lieu suffisement lointain pour périr le long de la route. Et ensuite ? Ben vous êtes équipé de vos armes et vous êtes content ! ^^
Ensuite ça se complique car vous avez la possibilité de défendre un village proche du lieu d'où vous vous trouvez mais une bête erreur dans la redirection d'un paragraphe vous empèche de terminer la lecture du livre. Et c'est là que je me suis rappellé pourquoi je n'avais pas souvent lu ce livre : une erreur empèche de le finir.

Vous avez pu noter que le héros porte un nom et semble avoir un passé de quelques lignes, mais le héros restera assez transparent tout du long de l'aventure. Les illustrations représentent souvent votre héros aux prises avec de nombreux monstres tous aussi étranges les uns que les autres, un peu comme dans la Saga du Prêtre Jean, où l'on peut s'identifier au héros (mais le visage de votre héros samouraï est trop lisse et quelconque pour pouvoir lu afficher ou lui donner un trait de caractère particulier). Belles illustrations, soit dit en passant.

Le système de jeu est inspiré par les DF mais votre héros ne possède pas d'Habileté à proprement parlé mais des Points de Maitrise qui lui permette d'être un peu plus défini en terme de jeu et qui approte une touche "jeu de rôlesque". Ces Points de Maitrise sont en fait des compétences martiale. Il y a le combat à mains nues, le maniement du sabre court (Wakizashi - une erreur typographique s'est d'ailleurs glissée dans le nom : il faut remplacer le R par un Z), le maniement du sabre long (Katana), le maniement ud sabre extra-long (oui je sais c'est un peu ridicule comme terme pour désigner le No Dachi), le maniement des deux sabres, une technique assez particulière (le Ni To kenjutsu), le maniement de la Lance (et ses dérivées), le maniement de l'arc et le maniement des armes diverses.
Chaque Maitrise possède un score en Attaque et un score en Défense déterminé par le lancer de 2dés pour chaque. Vous noterez que l'on peut, au hasard des dés, se retrouver avec des résultats assez singulier (genre Sabre long A:10 D: 3).
Seul le maniement de l'arc n'est pas sujet à ce lancer de dés : pour toucher la cible, il faut faire plus de 6 avec 2dés.
Une autre exception : la technique des deux sabres possède une Attaque qui correcpond à la somme de l'attaque du sabre court ET du sabre long et la défense, même système.

C'est sympa, c'est original mais si les dés ne sont pas avec vous, vous êtes cuit le long de l'aventure.
Lors des affrontements, on lance un dé auquel on ajoute l'Attaque de l'arme employée contre un dé + la Défense de la cible. Si vous faites plus que votre adversaire vous le touchez.
Vous avez un peu compris le problème ? La trop grande marge des points de Maitrise peut vous être fatal.
Un ennemi moyen possède des valeur d'attaque et de défense de l'ordrre de 6 ou 7, même contre la technique des deux sabres !! (où vos points sont quasi doublés)
Donc avec une maitrise du sabre long de A:10 et D:3, vous êtes sur de toucher à chaque coup et vous êtes aussi sur de l'être à chaque coup de votre adversaire. Et quand c'est l'inverse (une A faible et une D élevée) les combats sont interminables.

Une autre chose qui peut vous mener à votre perte : l'Honneur. Etant un Samouraï, vous êtes tenu de respecter le code du guerrier, le code du Bushido. Le moindre manquement vous fait perdre des points d'honneur et à court terme mettre fin à votre vie.

Je concluerais cette longue critique un peu chaotique (c'est aussi ma première) en vous disant que le livre est sympa mais sans plus. Bonne ambiance, jolies illustrations mais système de combat bancal et ... une bête erreur de paragraphe qui vous empèche de finir le livre...
[Image: style7,WhiteRaven.png]
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#2
Mis à part le système de combat qui effectivement est du n'importequoïsme à la énième puissance ( vu qu'on ne lance qu'1dé, le combat est fini dès qu'on voit les statistiques de l'adversaire ), le gros reproche qu'on peut faire à la série est son manque d'ancrage dans le Japon historique.

Nous sommes à la fin du XVI° ou au début du XVII° siècle. Vous vous attendez à voir se préparer les luttes entre partisans de Tokugawa et de Hideyoshi ? Il n'y en aura pas. Vous vous attendez à voir des mousquets ? Attendez longtemps. Apparemment, notre personnage a fait la campagne de Corée sans se rendre compte que les japonais avaient poussé l'interaction pique/mousquet à un niveau équivalent à celui des meilleurs troupes européennes de l'époque, les tercios espagnols. Lui, il en est au combat solitaire à grand coups de sabre…
Vous vous attendez à voir des japonais chrétiens ? Il n'y en a pas non plus. C'en est au point qu'en voyant la croix sur le bouclier du Prêtre Jean il nous dit que "aucun seigneur n'a cette marque". Eh bien si ! Un des plus importants daimyos convertis au christianisme avait justement prix la croix pour emblême, et il commandait un corps d'armée en Corée.

Au fond notre personnage est un grand distrait. La guerre civile, les mousquets, le christianisme, il n'a rien remarqué, tout traversé en somnambule. Pourtant, puisque sa vocation est de déplorer la dégénérescence du Japon et de l'enrayer si possible, on aurait pu croire que ça lui aurait fourni matière…
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#3
La bande dessinée Okko, par le scénariste dessinateur Hub, rejoint cet exemple mais trouve une explication au non respect de certains faits historiques :
Dans une interview, Hub dit qu'il a préféré laisser libre cours à ses fantasmes de gosse plutôt qu'essayer le pari insensé d'accrocher et approcher la vérité historique des différentes périodes de l'histoire (compliquée) du Japon.
Il est vrai qu'à partir du moment où le scénario nous fait évoluer dans un pays dont l'histoire est connue, il est difficile de s'éloigner du vrai, mais si le scénario est accrocheur, l'illusion peut fonctionner...
Regardez les exemples de jeux vidéos post apo, ou bien ces jeux de guerre où 14-18 ne s'est jamais terminée (World war zéro), celui où la zone irradiée de Tchernobyl est investie par des aventuriers-mercenaires (Stalker) Wink
Dans ma future série "Samuraï" , je pense que j'irais dans ce sens, car après de nombreuses recherches sur le Japon, il me semble que pour être "crédible", il faut étudier (très) longtemps son histoire riche et complexe.
Ne vaut-il mieux pas laisser parler le rêve ?! Wink
lorsque chantent les cigales, sois sûr d'avoir des glaçons au congel... Proverbe provençal amateur de pastaga
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#4
Ben autant faire comme Okko alors, dire que ça s'appelle le Pajan et se lâcher… au moins c'est cohérent…

Là c'est… je sais pas, moi, genre un truc qui se passe en France en 1942 et la France n'est pas occupée, elle résiste encore et toujours à l'envahisseur. Oui ? Ah bon…
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#5
Et puis ces points d'honneur… marre des points d'honneur… CHAQUE* ldvh sur le Japon on joue un samouraï avec des point d'honneur…
Il n'y a personne qui ait jamais eu envie de jouer un samouraï vil et traître, pour changer un peu ? Ou alors un ronin jem'enfoutiste… je sais pas moi…

* bon, pas celui des Quêtes Sans Fin mais vous voyez ce que je veux dire
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#6
En même temps l'honneur est le fondement même du budo des samouraïs. Un samouraï déshonoré préférait mourir plutôt que vivre. Ils estimaient que 40 ans était le bon âge pour mourir, "la fleur de l'âge" comme ils disaient.
Et puis que dire de cet idéal ? C'est le fondement même de toute une culture... La politesse, l'honneur et l'hospitalité. Du moins ce que j'en sais, ce que j'en ai entendu ou lu.

Pour te rejoindre dans ton ras-le-bol, une simple question : dans combien de LDVELH as tu vu les même paramètres nommés différemment ? Endurance, vie, santé ; Habileté, Agilité, Dexterité ? Donc autant nommer une aptitude par sa réelle utilité. et dans son juste contexte Wink
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#7
Je crois que tu confonds quelque peu l'idéologie et la réalité… il y en avait suffisamment de fourbes, suffisamment pour qui ces histoires d'honneur étaient plus un carcan absurde qu'autre chose; suffisamment aussi qui étant pauvres devaient travailler pour vivre ( ou jouer les brigands… ) et n'avaient pas de temps à perdre avec toutes ces histoires.
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Poème d'Enheduanna
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#8
À ce sujet, je recommande le recommande le remarquable livre tout juste sorti de Julien Peltier, Le Crépuscule des Samouraïs
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#9
Ashimbabbar a écrit :Je crois que tu confonds quelque peu l'idéologie et la réalité…
Mais dans le cadre d'un ldvelh il vaut peut être mieux jouer un samouraï idéologique que réel...
Wink
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#10
j'ai un vague projet de ronîn jem'enfoutiste et assez cynique au milieu XIX° i.e. quand les barbares étrangers débarquent… si jamais je le concrétise, on pourra comparer.
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Poème d'Enheduanna
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#11
Ashimbabbar a écrit :j'ai un vague projet de ronîn jem'enfoutiste et assez cynique au milieu XIX° i.e. quand les barbares étrangers débarquent… si jamais je le concrétise, on pourra comparer.
J'ai un projet qui en est au stade de l'écriture du scénario principal, se déroulant sur 2 cycles de 5 chapitres (peut être un putain de projet suicidaire !) où tu pourras incarner un samouraï sans maître ni famille mais défendant des idéaux : la paix, l'harmonie et le bonheur pour tous. Il devra combattre les forces du mal. Basique mais intemporel. Déjà vu mais j'essaye une nouvelle approche.
Après si tu veux comparer, y'a aucun souci, bien que je ne vois pas l'intérêt de comparer deux points de vue différents ! Wink
Allez bon courage pour ton avh et rendez-vous sur la plage pour un duel au Bokken... Tongue
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#12
(12/09/2010, 20:49)sunkmanitu a écrit : un samouraï sans maître ni famille mais défendant des idéaux : la paix, l'harmonie et le bonheur pour tous.

Le pauvre, il va pas s'amuser… d'un autre côté, il ne risque pas de s'ennuyer non plus…

Bonne chance à toi aussi, je suis curieux de voir ça !
( mais moi, les duel, c'est au katana et jusqu'à la mort que je les livre… )

" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
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#13
Un bon moyen pour marier heureusement aventures de samouraïs et approche originale de ces valeurs martiales ce serait... ce serait... d'écrire les tribulations d'un soldat japonais ignorant la capitulation de l'Empire, en 1945 !
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#14
(22/09/2010, 22:42)Lucius a écrit : Un bon moyen pour marier heureusement aventures de samouraïs et approche originale de ces valeurs martiales ce serait... ce serait... d'écrire les tribulations d'un soldat japonais ignorant la capitulation de l'Empire, en 1945 !

Ça n'est pas pour me montrer désagréable Lucius, mais on considère généralement ( et les Japonais eux-même ) l'esprit guerrier régnant au Japon durant la 2°Guerre Mondiale et les années précédentes comme une perversion du bushidô: obéissance aveugle aux ordres au lieu de l'obéissance à un code de l'honneur, férocité aveugle etc. ( Que par ailleurs des soldats japonais aient accompli des actes héroïques durant cette guerre ne fait pas question…

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#15
C'est justement tout le sel de l'affaire. Entre le bushido et sa "perversion" peut-être n'y a-t-il qu'une différence d'époque ? Une question sérieuse dans un ouvrage ludique, en fait.
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