(26/12/2013, 19:09)Syphil a écrit : [ -> ]Selon l'interviewé, Soral [...] seules la discipline et la régularité importent pour ces deux pratiques en apparence opposées.
Selon lui l'inspiration, vu comme principal moteur de productivité est une vieille lune, un mirage à évacuer, ce qui compte c'est d'être capable de volonté, de s'astreindre régulièrement à faire du signe, et ce pendant des heures, exactement comme lorsque l'on souhaite évoluer dans un sport de combat (aller à l'entrainement même quand l'envie n'y est pas.)
Soral profite de dire une vérité pour enterrer une autre plus importante! Développer une bonne technique de son art est bien sûr important, mais c'est un aspect machinal. Se le fixer comme but ultime c'est nier notre potentiel humain.
C'est au contraire à condition d'avoir quelque chose de plus, objectifs, sensibilités, code de conduite, valeurs, etc., que l'on développe quelque chose d'humainement intéressant, qui dépasse le robot.
Je pense donc au contraire que l'inspiration et la motivation doivent être travaillées et sauvegardées en permanence, parce qu'elles sont les seules à donner un sens, une créativité, et donc un avenir à l'art que l'on pratique.
Au point où j'en suis, il me semble constater quelques éléments primordiaux pour devenir artiste, et qui me servent d'ailleurs comme principes de vie. J'enfonce sans doute des portes ouvertes, mais ça ne peut pas faire de mal de les rappeler:
- définir un objectif: afin de se fixer une direction qui transcende les aléas et nous amène quelque part. Attention cependant à n'en faire qu'une image superficielle. Il doit y avoir un effort constant pour dégager de leur gangue d'ineffabilité et d'inconscience les valeurs qui nous tiennent à cœur, qui rendront plein l'exercice de nos facultés et justifieront notre existence.
- la persévérance: d'une part cela prend du temps d'acquérir et maîtriser les compétences nécessaires (surtout si on veut sortir du lot, auquel on appartient statistiquement si on marche au hasard). Et d'autre part, tôt ou tard on connaît des bas, des obstacles, des échecs, et c'est celui qui se maintient debout et continue de marcher qui les traverse. Les "obstacles" ont d'ailleurs pour la plupart une forme quotidienne et banale: des enfants, de la fatigue, des maux, des amis, trop de projets, toutes ces choses qui retiennent notre attention et nos énergies de gré ou de force.
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SpoilerPersonnellement, j'ai trouvé deux grands moteurs pour la persévérance: la motivation interne, comme avoir des objectifs clairs dans lesquels je me retrouve et éprouver des émotions que j'estime valides pour justifier une tentative d'écriture, et la discipline, c'est à dire le respect d'un quota minimal, quotidien ou hebdomadaire, de pratique de l'art. Dans le cas d'un objectif de production, il faut rajouter le respect des délais. La discipline permet de couper court à nos dialogues intérieurs, notre paresse, notre dispersion. C'est un engagement au long terme envers nous-même qui a l'avantage d'être extériorisable et explicite (se fixer des horaires, respecter des exercices, rejoindre un club, payer des cours, etc.)
- l'attention délibérée: pratiquer l'art, non pas comme une machine, mais avec notre part humaine éveillée, notre sensibilité, notre esprit critique (en particulier, comparer notre état, notre direction, avec ceux que l'on recherche), notre imagination, afin d'exercer nos jugements, de nous corriger, de retenter différemment.
Voilà, juste mes bribes de pensées actuelles...