[01] Caïthness l'élementaliste
#1
L'introduction de ce LDVELH est étrange car il n'y en a quasiment pas. Tout juste sait-on au départ qu'on joue une humaine élémentaliste qui vit dans un monde parallèle féérique et qui retourne dans le monde "normal" de Dorgan pour on ne sait trop quelle raison. Le résumé au dos du livre explique qu'on cherche à retrouver sa famille mais rien ne nous l'indique franchement. Bref, le début est plus qu'intriguant mais la suite ne nous donne aucun objectif concret. On va donc explorer sans but le pays, ce qui est dommage.
Par contre, on sent tout de suite l'originalité du style. Les paragraphes sont longs, avec de belles descriptions et l'héroïne est bien personnifiée. Il est fait souvent référence à notre vie passée parmi les fées, à la nature des pouvoirs que l'on possède (le contrôle des quatre éléments), et aux sentiments que l'on éprouve face aux gens de ce nouveau monde. Dorgan est un pays qui recèle de nombreuses surprises et constitue l'atout majeur de cette histoire. On prend plaisir à découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouveaux enchantements ou phénomènes étranges ; et la superbe carte géographique du début contribue à donner du charme à cet univers.
Un autre aspect original est le système de réactions possibles face aux rencontres : amical, rusé, prudent et agressif. Chacune de ces attitudes recèle son lot d'échecs et de succès, au lecteur de deviner laquelle est la mieux appropriée selon la situation. C'est novateur et motivant. Le problème est qu'on ne devine pas toujours comment va agir en réalité Caïthness en lui choisissant telle attitude précise. C'est parfois frustrant, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de penser que je n'aurais jamais agi ainsi (alors que dans les choix standards des LDVELH, on nous décrit précisément l'action que l'on peut faire). D'une manière générale, le principal reproche qu'on peut faire à ce livre est de mal marier les aspects jeu et histoire. Hormis les lieux à visiter ou entre les quatre attitudes, on n'a que très peu de choix à effectuer au cours de cette aventure et beaucoup sont sans réelle incidence. La majorité des paragraphes se terminent en dirigeant vers un unique autre paragraphe.
Sinon, il s'agit d'un LDVELH difficile. La liberté de parcours sur la carte est totale et on peut donc très facilement arriver rapidement dans un lieu où seuls ceux ayant déjà acquis pas mal de pouvoir (donc de nouveaux sortilèges) peuvent survivre. Les combats sont rares mais ardus, surtout que Caïthness n'est pas du tout prête pour ça. Trop fragile physiquement, elle est tributaire de sa magie mais pas assez puissante pour lancer ses sorts en toute confiance de réussir. Heureusement, le challenge est bien pensé car il est possible d'éviter la plupart des combats. Le seul obligatoire est malheureusement le combat final et celui-ci est vraiment trop dur. Même avec les meilleurs objets magiques trouvés, il faut beaucoup de chance pour le gagner à la loyale.
Le scénario réserve quelques surprises mais reste assez classique. L'intérêt de Caïthness réside surtout dans l'atmosphère du monde de Dorgan qui est sans doute l'univers imaginaire le plus marquant des tous les LDVELH réunis de par la poésie qui s'en dégage et les chouettes descriptions dont il bénéficie. La "french touch" de Gildas Sagot se trouve dans une qualité littéraire supérieure à la moyenne de l'ensemble des livres-jeux.
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#2
Bonne critique, Fitz.

La soluce et ses compléments se trouvent sur La Bibliothèque des Aventuriers.
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#3
J’adore la série D&S pour la richesse de son univers. L’exploration d’icelui est l’un des points forts des quatre premiers livres, et peut-être des suivants, mais je n’ai lu que La Huitième Porte (que je trouve très bon) parmi ceux là.

Le système du Livre du Pouvoir, avec les quatre attitudes possibles, est également une excellente idée, hélas un peu sous ou mal exploitée. Enfin le style de Gildas Sagot est tout bonnement superbe.

Après, c’est sûr que le système de jeu ne plaira pas à tout le monde (coucou JFM), d’autant que les règles sont parfois un peu confuses, surtout dans le jeu à plusieurs (je parle d’expérience).
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#4
Merci pour le compliment. A noter qu'on peut gagner 1 point de pouvoir à Fenga. Il ne faut pas se jeter dans les bras de la gardienne du phare.
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#5
(10/04/2009, 20:32)Jehan a écrit : Après, c’est sûr que le système de jeu ne plaira pas à tout le monde (coucou JFM)

Héhé, en effet. Il réalise la performance d'être pénible à lire pour les lecteurs plus littéraires et pénible à jouer pour les lecteurs à fibre plus ludique.

Sinon, je rejoins ce qui a déjà été dit sur cette série : très bien écrite mais peu immersive et mal conçue.
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#6
Premier opus d'une série atypique, à l'atmosphère particulière et plaisante mais non sans défauts, loin de là.

La série propose d'incarner un héros différent à chaque tome, dans le monde de Dorgan. Chaque héros a ses particularités, sa personnalité, ses points forts et faiblesses. L'aventure prend donc place dans le monde de Dorgan qui ressemble plus à une grande région. On commence avec Caïthness, du monde des fées, une élémentaliste, qui part à la recherche de sa famille.

Le monde proposé est attrayant, assez grand et varié, avec des lieux originaux (cité, cité de tentes et de toile, ruines mystérieuses, forêt...). Notre personnage est original aussi et peu courant. Les paragraphes sont assez fournis et permettent de s'imprégner de l'atmosphère, des lieux et des situations. Le système d'exploration consiste à choisir sur la carte le lieu voulu en se rendant au paragraphe correspondant, ce qui donne un sentiment de liberté assez grisant. Les personnages rencontrés sont eux aussi souvent originaux, certains sont marquants et on a des situations sortant de l'ordinaire également. Les illustrations sont plaisantes et participent à l'immersion, certains passages ne sont pas dénués d'une légère poésie.

Mais derrière tout ça apparaissent vite pas mal de défauts.
On sait pas grand-chose de notre héroïne et son but reste assez vague, pas franchement motivant. L'ensemble reste très linéaire, avec beaucoup de paragraphes qui se suivent sans proposer de choix. Le système de réactions imposé est restreint, répétitif et au final frustrant, ne donnant pas une grande marge de manœuvre.
Et surtout, ce monde manque terriblement de souffle épique, de force. Rien de flamboyant, de sombre, de violent même, c'est un monde de Fantasy bien sage, très joli mais vite ennuyeux où on a plus l'impression de se promener qu'autre chose. Pas ou très peu de tension, de montée d'adrénaline, de moments palpitants, d'excitation. Et très vite, l'ennui gagne, la curiosité et l'originalité n'arrivent plus à contrebalancer cette exploration basique, fade, plombée par un choix de possibilités trop restreint.

Au final, ce premier volume (comme la plupart des autres) se démarque clairement par son ton, son originalité, son dépaysement, son système de jeu résolument différent. Mais il montre très vite ses limites et a bien du mal à maintenir l'intérêt jusqu'au bout. Les amateurs de Fantasy héroïque, sombre, épique et flamboyante ne garderont pas un grand souvenir du monde de Dorgan...
Dommage.
Anywhere out of the world
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#7
Un livre-jeu qui, comme La Forêt de la Malédiction, est écrit comme un jeu de plateau plutôt que comme une aventure avec intrigue. On s'en aperçoit un peu en regardant les règles de jeu à plusieurs : les 4 personnages se déplacent comme des pions sur la carte du monde.
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#8
(24/03/2024, 08:49)Voyageur Solitaire a écrit : On sait pas grand-chose de notre héroïne et son but reste assez vague, pas franchement motivant.

Je suis d'accord sur ce point. La quête personnelle de Caïthness n'est pas suffisamment développée et semble parfois franchement oubliée.

À vrai dire, le seul des quatre héros dont la motivation personnelle est satisfaisante, c'est Kandjar. D'une part parce qu'il ne peut atteindre son but initial qu'en réussissant le livre ; d'autre part parce qu'on le voit à de multiples reprises analyser ce qu'il observe/découvre au regard des ambitions qu'il s'est fixées.


Citation :Et surtout, ce monde manque terriblement de souffle épique, de force. Rien de flamboyant, de sombre, de violent même, c'est un monde de Fantasy bien sage, très joli mais vite ennuyeux où on a plus l'impression de se promener qu'autre chose. Pas ou très peu de tension, de montée d'adrénaline, de moments palpitants, d'excitation. Et très vite, l'ennui gagne, la curiosité et l'originalité n'arrivent plus à contrebalancer cette exploration basique, fade, plombée par un choix de possibilités trop restreint.

C'est une question de goût. J'ai découvert la série il y a trop longtemps pour pouvoir la considérer avec un regard neutre, mais je trouve néanmoins que le monde de Dorgan offre un parfum d'exploration agréable. On évolue dans une région frontalière où se trouve un mélange de civilisation, de nature et de vestiges antiques.

C'est aussi une question d'âge, bien sûr, car il s'agit d'une série qui devait pouvoir être apprécié par un public pré-adolescent. Rien d'étonnant à ce qu'on n'y assiste pas à des scènes de cul, des carnages à grande échelle ou des sacrifices humains.
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#9
Effectivement, l'âge joue énormément dans la plupart de nos critiques d'aujourd'hui, impossible d'avoir le même regard que celui de l'adolescent que nous étions. A l'époque, on ne se prenait pas la tête à chercher si c'était réaliste ou pas, crédible ou pas. On s'évadait, tout simplement.
Innocence perdue...
Anywhere out of the world
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