Interview de Joe Dever (septembre 2008)
#1
Je vous signale une interview récente (en anglais) de Joe Dever conduite par deux fans allemands : Nicolai Bonczyk and Oliver Traxel . Je ne l'ai que survolée pour l'instant, néanmoins on y apprend (ou on a plutôt la confirmation, car c'est pas la première fois que j'en entends parler) que Dever prépare une nouvelle série de 12 LVH, se situant dans un univers de fantasy (qui ne sera pas le Magnamund) et qui ne sera hélas probablement pas disponible avant 2010.

Edit: le lien que j'avais donné en premier lieu était celui d'un site qui apparament c'est approprié l'interview sans citer ceux qui l'avaient vraiment menées. J'ai donc changé le lien vers l'endroit original de l'interview ainsi que leurs noms.
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#2
Joe Dever a aimé la trilogie de Peter Jackson. Mon univers s'effondre. Crybaby
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#3
Si quelqu'un pouvait traduire en Français pour les cancres comme moi qui ont séché les cours d'Anglais pendant la quasi totalité de leur scolarité, ce serait formidable !

:merci:
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#4
Je suis en train, mais c'est long... j'espère finir ce soir ou demain.
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#5
C'est une bonne nouvelle ça ! Merci Meneldur :yep:
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#6
Et voilà, encore une fois, je suis à la bourre... Je vous colle ce que j'ai déjà fait. La suite ce soir ou demain.

Citation :Avant tout, merci d'avoir accepté cet entretien. La publication des nouveaux Loup Solitaire chez Mongoose vous occupe beaucoup en ce moment, aussi apprécions-nous vraiment que vous preniez un peu de votre temps pour répondre aux questions de vos admirateurs. Nous avons été attristés d'apprendre que vous avez été très malade et opéré récemment. Comment vous sentez-vous à présent ?

Je suis très heureux d'indiquer que je suis tout à fait remis de mes lourdes opérations rénales de l'été 2005.

Vous êtes un pionnier de l'univers des jeux de rôle, étant né en 1956. Vu que vous appartenez à une autre génération que la plupart de nos fans, quelles sont les choses qui vous ont le plus influencé durant votre enfance et votre adolescence ?

Mes premiers souvenirs d'un intérêt porté à la fantasy remontent à mes sept ans. J'étais un grand fan d'une bande dessinée intitulée The Rise and Fall of the Trigan Empire [Gloire et décadence de l'empire Trigan], qui était publiée dans un magazine ludo-éducatif intitulé « Look and Learn » [Regarde et apprends]. J'assemblais des armées de soldats en plastique basées sur celles qui apparaissaient dans la bande dessinée. Il s'agissait de soldats romains, et je me rappelle avoir transformé leurs lances en fusils laser. Mon premier véritable contact avec la littérature de fantasy eut lieu au lycée. Mon professeur d'anglais était un lecteur avide de tout ce qui était Tolkein [sic], et il nous fit découvrir Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Les cartes de la Terre du Milieu dessinées par Tolkein à la main m'impressionnèrent particulièrement, et je consacrai énormément de temps à la création de mes propres cartes imaginaires. Cela influença fortement la création ultérieure des cartes de mon propre monde imaginaire : le Magnamund.

Mes premières inspirations pour Loup Solitaire sont les classiques médiévaux anglais que sont Beowulf, Ivanhoé et les chevaliers de la Table Ronde. Adolescent, j'ai lu J.R.R. Tolkien, Michael Moorcock et Mervyn Peake. J'étais aussi vivement intéressé par l'histoire militaire et la mythologie nordique, un intérêt qui dure encore aujourd'hui. Toutes ces influences ont contribué à la création de la série Loup Solitaire.

Les jeux de rôle tels qu'on les connaît aujourd'hui n'existaient pas à l'époque. Je me rappelle avoir lu que vous étiez surtout passionné par les jeux de stratégie. Cette passion remonte-t-elle à votre enfance ?

Oui, les jeux de stratégie et les jeux de guerre sur table, auxquels je joue encore assez régulièrement. J'ai amassé une quantité conséquente de figurines, environ 30 000 au dernier recensement. Beaucoup d'entre elles sont des personnages et des armées du Magnamund.

Qu'est-ce qui vous attirait dans ces jeux ?

Ce qui m'attire le plus est de devoir utiliser son adresse et sa perspicacité, plutôt que de se reposer sur la chance pure. Aussi, le fait qu'ils soient souvent basés sur des véritables faits d'histoire militaire. Ils unissent deux de mes passions : le jeu et l'histoire militaire.

Pour continuer avec les jeux de stratégie, préférez-vous les jeux de plateau ou ceux basés sur des figurines ?

Je préfère les jeux de guerre de table avec des figurines, même si je joue toujours à des jeux de plateau, que j'apprécie tout autant. J'aime le plaisir esthétique de jouer avec des figurines soigneusement peintes sur une table bien préparée. Ce n'est pas étonnant, sachant que peindre et collectionner des figurines militaires est mon passe-temps (on pourrait parler d'obsession !) depuis toujours.

Pour autant que je sache, vous avez découvert les jeux de rôle à la fin des années 70, mais à quoi jouiez-vous avant cela ? À des jeux de stratégie, ou à d'autres types de jeux ?

Avant de découvrir D&D, je jouais essentiellement à des jeux de guerre historiques, notamment sur le Moyen Âge (guerre de Cent Ans, guerre des Deux-Roses), la guerre de Sécession et les guerres napoléoniennes. Gary Gygax et Dave Arneson, les créateurs de D&D, étaient eux aussi des joueurs de jeux de guerre historiques. En fait, j'utilisais leurs règles médiévales pour mes batailles. C'est comme cela que j'ai découvert D&D. Je connaissais déjà Gygax et Anderson pour leurs règles de jeux de guerre historiques.

Quel fut votre premier contact avec les jeux de rôle ? Ai-je raison de supposer que ce fut D&D ?

J'avais introduit des éléments basiques de jeu de rôle dans mes campagnes de jeux de guerre au début des années 1970, mais il ne s'agissait que de statistiques de héros et de duels entre chefs d'armées. Il n'y avait pas de magiciens ou de règles de magie. L'apparition de D&D fut une vraie révolution. Je me souviens encore de l'avoir réalisé en lisant pour la première fois les règles. J'ai aussitôt compris que ce serait un succès prodigieux aux effets positifs, pas seulement sur les joueurs sur table, mais sur toute une génération de joueurs. Pour moi, la première édition de D&D était une clé qui pouvait ouvrir une imagination illimitée. Ce fut une découverte très excitante. Je suis très chanceux et immensément reconnaissant d'avoir pu voir les débuts de ce qui est devenu un phénomène ludique.

À quels jeux jouiez-vous ? J'ai lu ailleurs que vos favoris étaient L'Appel de Cthulhu, MERP et AD&D. Êtes-vous tombé sur des livres-jeux ?

J'ai commencé par intégrer des règles de base de D&D dans ma campagne de jeux de guerre. Je n'utilisais pas les statistiques des monstres de D&D, préférant créer mes propres créatures. De D&D, je suis passé à AD&D, puis j'ai bifurqué vers L'Appel de Cthulhu. Adolescent, j'avais lu tous les romans de H.P. Lovecraft, et j'imagine donc que je ne pouvais qu'essayer de jouer dans son monde. J'ai aussi joué à MERP, mais de façon irrégulière, ainsi qu'à Stormbringer, le jeu de rôle Moorcock. Mon ami Ian Page, avec qui j'ai écrit la série Astre d'Or, était un grand fan de Moorcock. J'ai encore creusé du côté de RuneQuest et de Bushido (un jeu de rôles sur les samouraïs). Vers la fin des années 70 / début des années 80 circulait une série de livres jouables en solo appelés Tunnels & Trolls.

Quelle fut votre première impression de ces livres ?

T&T fut mon premier contact avec les livres-jeux solo, mais ils ne m'impressionnèrent guère. Franchement, l'écriture n'était pas très bonne, même si le système de règles était OK et le concept de base fort.

Que pensez-vous des livres-jeux simples, comme Endless Quest, Which Way, Choose Your Own Adventure ?

Très honnêtement, je peux dire n'avoir jamais lu aucun de ces livres.

Pour autant que je sache, vous jouez encore beaucoup. Vous considérez-vous plutôt comme un rôliste ou un stratégiste ?

Je suis pile entre les deux ! Je suis à moitié rôliste et à moitié joueur de jeux de guerre sur table/de stratégie.

Pourquoi vous êtes-vous tourné vers la conception de livres-jeux, et non de jeux de stratégie ou de jeux de rôle ? Est-ce que c'est parce que travailler sur un livre-jeu est assez similaire à travailler sur un roman, et que vous vous considérez plus comme un auteur ?

Mon idée originale était de produire Loup Solitaire sous la forme d'un système de JdR, proche de RuneQuest. J'aimais l'idée de le produire comme une version très anglaise de D&D. Mais j'ai réalisé alors que, peu importe sa qualité, ça ne serait jamais qu'un autre JdR. J'ai commencé à réfléchir à la façon dont je pourrais produire Loup Solitaire de façon à en faire un genre de jeu totalement nouveau. C'est alors que l'idée m'est venue d'en faire une campagne de jeu de rôle solo. Les Défis Fantastiques venaient d'arriver sur le marché et avaient connu un grand succès, mais le système de jeu et la rédaction étaient très simpliste, et ils ne permettaient pas de faire progresser son personnage d'un livre à l'autre. J'ai donc décidé de produire Loup Solitaire sous la forme d'une série continue de livres-jeux, et de viser le marché du livre plutôt que celui des jeux. Même si je me suis toujours considéré avant tout comme concepteur de jeux, je savais, d'après les réactions positives aux textes que j'avais écrits pour mes groupes de jeux, que j'avais le potentiel pour devenir un bon auteur. Le succès rapide de Loup Solitaire me permit de me consacrer à l'amélioration de mon écriture. Et, comme on dit, le reste est de l'histoire.

À quel degré votre travail en tant qu'auteur a-t-il influé sur votre vie ?

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé écrire. Écrire a constitué une partie majeure de mon éducation, dans la mesure où on me demandait souvent, à l'école, de produire des textes et des projets, souvent trois par semaine. À l'université, j'avais pour matières principales l'anglais, l'histoire, l'art et la musique, et il m'a donc toujours fallu produire une grande quantité de textes, avec des dates-butoirs. Ce fut un très bon entraînement pour ma carrière ultérieure d'écrivain professionnel.

Souhaitiez-vous faire carrière dans l'univers du jeu, ou bien les choses se sont-elles déroulées différemment de ce que vous aviez imaginé ?

Après l'université, je suis entré sur le marché de la musique. J'ai commencé comme musicien, puis suis devenu ingénieur du son chez Virgin Records. À l'époque, je ne prévoyais ni ne souhaitais devenir écrivain professionnel. Ce n'est qu'au début des années 80 que j'ai décidé d'abandonner la musique et d'entrer dans l'univers du jeu. Après avoir travaillé pour le magazine White Dwarf en 1982-83, l'opportunité s'est présentée de développer Loup Solitaire comme un produit viable. Le Magnamund avait jusqu'alors été la toile de fond de mes campagnes de D&D et AD&D. J'ai commencé à créer le Magnamund en 1976, et en 1983, j'avais donc une grande quantité d'informations sur le monde, son histoire, ses personnages, ses mythes, et son avenir.

Vouliez-vous devenir écrivain à l'origine ? Pensiez-vous que c'était votre vocation ?

Je n'avais pas l'ambition de devenir écrivain, même si les fictions que je produisais recevaient toujours des commentaires très favorables de la part de mes professeurs et de mes groupes de jeu. Plusieurs personnes m'avaient dit que j'avais un bon style, et j'imagine donc que j'avais la confiance et la discipline nécessaires pour franchir le pas lorsque l'opportunité se présenta, fin 1983.

Quand est-il devenu clair que vous pourriez vivre en écrivant, et quand êtes-vous devenu certain que vous étiez un écrivain ?

Le premier indice est arrivé avec une offre de publication d'une grande maison d'édition britannique (Hutchinson), en 1983. Ils m'offraient une avance équivalente à cinq années de salaire ! Cela attira clairement mon attention, et me fit réaliser que passer des jeux aux livres serait une évolution viable. L'étape suivante de ma carrière fut franchie la semaine qui suivit la parution des deux premiers Loup Solitaire, en juillet 1984. Les livres se vendirent à plus de 100 000 exemplaires chacun durant la première semaine, rien qu'au Royaume-Uni, puis les droits furent achetés par douze éditeurs étrangers avant la fin du mois d'août. Comme vous pouvez l'imaginer, c'était une période très excitante pour moi. Mais ce n'est pas avant d'avoir fini le cinquième Loup Solitaire, Le Tyran du Désert, que j'ai senti que mon écriture s'était améliorée et avait acquis un caractère personnel clair. C'est après ce tome 5 que j'ai vraiment eu l'impression d'être un écrivain professionnel capable.

Aviez-vous peur du futur ?

Bizarrement, non. J'avais tout à fait confiance en Loup Solitaire et en son futur dès le début. Je crois que c'est parce que j'avais passé de nombreuses années à préparer le monde dans lequel se déroulaient les livres, et j'avais une idée très claire de ce que je voulais faire de la série. Je crois que bon nombre de livres-jeux produits à la même époque n'avaient pas cette profondeur qu'avait Loup Solitaire parce que les auteurs les bricolaient au fur et à mesure. Je n'en avais pas besoin, et je crois que cela transparaît dans les séries Kaï et Magnakaï (livres 1 – 12). Je crois que c'est pour cela que Loup Solitaire fut non seulement un grand succès à sa parution, mais connaît également une seconde vie aussi forte à présent.

Comment se passait la collaboration avec les autres auteurs et les artistes ?

J'ai eu le privilège de travailler avec plusieurs collaborateurs excellents au fil des années, notamment Brian Williams, Alberto Dal Lago et Peter Jones (artistes), et August Hahn (auteur). Un bon ami, l'écrivain Bob (R.A.) Salvatore, a récemment dit qu'« être écrivain est le métier le plus solitaire au monde ». Je comprends clairement son point de vue. Mais l'isolation, ce prérequis obligatoire du métier d'écrivain, est largement plus supportable lorsqu'on a la chance de travailler avec des gens aussi talentueux que Brian, Peter, Alberto et August.

S'agissait-il surtout de contacts professionnels, ou bien des amitiés se sont-elles développées ?

Il est sans doute inévitable que des amitiés se développent lorsqu'on travaille avec des gens qui sont à ce point sur la même longueur d'onde que soi. J'ai travaillé de nombreuses années avec Brian Williams, et nous avions un niveau de communication presque télépathique. Brian pouvait visualiser ce que j'avais écrit et le reproduire dans ses dessins avec une précision troublante. Alberto m'a contacté à un salon de jeux italien (Lucca) il y a quelques années et m'a montré quelques-unes de ses œuvres. C'était exactement le style que je cherchais pour les couvertures des éditions collector de Mongoose. C'est un jeune artiste très doué, et je crois qu'il fera de grandes choses dans sa carrière. Peter Jones m'a été recommandé par mon éditeur, et nous nous entendions très bien durant les années 90, lorsqu'on lui avait demandé de refaire toutes les couvertures de Loup Solitaire pour Red Fox. Et August est un croisement rare d'écrivain et de concepteur de jeux. Il est très dévoué à son travail, et son style d'écriture est, de tous ceux que j'ai pu croiser, le plus proche du mien. Il était le choix tout désigné lorsque Mongoose et moi cherchions qui écrirait pour le jeu de rôle Loup Solitaire, en 2003. August a depuis travaillé sur plusieurs projets liés, dont les nouveaux romans Chronicles of Magnamund. Il sera aussi l'auteur de l'aventure bonus de l'édition collector du tome 10 de Loup Solitaire, Dans les Entrailles de Torgar. Nous nous envoyons des courriels presque tous les jours.

Est-ce que les personnes impliquées, comme Gary Chalk et Ian Page, ont influencé votre travail de façon significative ?

J'ai commencé à travailler sur Loup Solitaire quelques années avant de rencontrer Gary et Ian, et je pense donc qu'on peut dire qu'aucun n'a influencé significativement mon travail. Gary et moi jouions à des jeux de guerre historiques, et par la suite, nous avons travaillé à Games Workshop de la mi-1982 à la mi-1983. J'aimais le trait de Gary, et je lui ai demandé de collaborer avec moi sur Loup Solitaire, et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à travailler sur les huit premiers livres de la série. Nous travaillions essentiellement en solitaire. J'écrivais le manuscrit et préparais de brèves descriptions des illustrations, puis Gary travaillait dessus pendant que j'attaquais l'écriture du tome suivant de la série. Ian était un vieil ami, et un participant régulier de mes campagnes de jeux de guerre fantastiques de la fin des années 70. Nous partagions un intérêt pour les livres de Michael Moorcock, notamment Elric de Melniboné, que Ian appréciait particulièrement. Il a fait carrière avec un certain succès au début des années 80, et nous avons travaillé ensemble là-dessus. Par la suite, je l'ai invité à écrire la mini-série Astre d'Or, parce que je savais qu'il ferait de l'excellent travail. Ce n'est pas seulement un musicien talentueux, mais aussi un très bon écrivain.

Êtes-vous toujours en contact avec eux ?

Gary et moi nous sommes séparés en mai 1986. Il s'est lancé dans quelques projets à lui, et il a aussi travaillé avec Brian Jacques sur sa série Rougemuraille. Il me semble que Gary vit actuellement dans le nord de la France. L'éditeur de jeux de rôle français Le Grimoire lui a demandé quelques illustrations pour leur édition du jeu de rôle Loup Solitaire il y a quelques années, mais je n'étais pas directement impliqué là-dedans. Nous n'avons eu aucun contact depuis 1986. J'ai repris contact par courriel avec Ian Page cette année, suite à la décision de mon éditeur italien de relancer la série Astre d'Or à Noël. C'était fabuleux d'avoir des nouvelles de lui après vingt ans ! Il est toujours dans le monde de la musique, et donne régulièrement des concerts avec son groupe. J'espère pouvoir le retrouver l'année prochaine. Nous vivons et travaillons dans différentes parties du monde, et nos emplois du temps sont chargés, donc même si le désir est là, il est assez difficile de trouver une date où nous serions tous les deux disponibles et au même endroit.

Steve Jackson et Ian Livingstone avait mis la barre très haut avec leurs Défis Fantastiques. Quelle relation entreten(i)ez-vous avec ces auteurs et leur série en général ?

Les Défis Fantastiques ont certainement influé sur ma décision de produire Loup Solitaire non sous la forme d'un jeu de rôle en boîte, mais d'une campagne de livres-jeux solo. En-dehors de cela, l'écriture et les règles des Défis Fantastiques n'ont eu aucune influence sur Loup Solitaire. En fait, je me suis fixé très tôt comme règle de ne lire aucun des Défis Fantastiques, parce que je ne voulais pas que Loup Solitaire leur ressemble, et je ne voulais pas prêter le flanc aux critiques qui m'auraient accusé, à tort, de copier leur recette. J'ai travaillé avec Steve et Ian à Games Workshop en 1983. Ils savaient que je travaillais sur Loup Solitaire depuis plusieurs années et ont déclaré être intéressés par sa publication. Cependant, l'offre qu'ils m'ont faite était si pauvre (1% de droits d'auteurs, dérisoire) que cela m'incita à démissionner et à faire de Loup Solitaire leur concurrent direct. Cela s'est révélé être la meilleure décision professionnelle que j'aie jamais faite.

Étaient (sont)-ils des collègues, des amis, ou des concurrents ?

Notre relation fut tout d'abord strictement une relation employeur/employé. Ian m'offrit un boulot dans l'équipe éditoriale de White Dwarf peu après que j'ai remporté le championnat américain d'AD&D, en 1982. Nous nous sommes très bien entendus tout le temps que j'ai travaillé à GW. Mais Ian et Steve sont des personnes très compétitives, peut-être les personnes ayant le plus l'esprit de compétition que j'aie jamais rencontré. Disons simplement que nos rapports ont quelque peu fraîchi après la parution de Loup Solitaire, lorsqu'il devint clair qu'ils avaient un rival sérieux sur le marché du livre-jeu. Par la suite, j'ai croisé Steve et Ian séparément à diverses occasions, généralement à des festivals de jeux ou d'autres événements. La dernière fut avec Ian, à Singapour. J'ai une compagnie de développement de jeux basés à Singapour, et je passe une bonne partie de mon année de travail là-bas. Ian et moi sommes intervenus à l'Asian Games Show, en 2006. Vingt ans plus tard, notre côté compétitif s'est quelque peu assagi, et nous nous entendons maintenant comme deux vieux amis. Après tout, nos carrières ont été très proches, et nous sommes tous deux dans l'univers du jeu depuis un bon moment.

Comment allez-vous sur un plan privé, si je peux me permettre cette question ; et quels sont vos autres intérêts, en-dehors de l'écriture et des jeux ? Par exemple, qui est votre auteur favori, quel est votre film préféré, et que pensez-vous des films du Seigneur des Anneaux ?

Je vais très bien, merci. Après de sérieuses craintes quant à ma santé en 2005 (on m'a diagnostiqué un cancer dans les deux reins), j'ai survécu à des opérations de chirurgie assez lourdes, et j'en suis sorti avec une partie d'un rein encore intacte et fonctionnelle, suffisamment pour me permettre de vivre normalement, sans dialyse ni médicaments. Suite à des tests très complets, mon médecin m'a affirmé que mon cancer avait « totalement disparu ». Mes opérations datent d'il y a trois ans, et c'est donc une très bonne nouvelle. Avant les opérations, on me donnait 15% de chances de survie, et vous comprendrez donc que je me considère donc comme un sacré veinard.

En-dehors du jeu, qui est de loin ma passion principale, j'aime également le tir aux pigeons d'argile et la nage, que je pratique presque tous les jours. Mon auteur favori ? Sans doute Hermann Hesse, un choix peut-être surprenant dans la mesure où ce n'est pas un auteur de fantasy ou de SF. Mon film favori de tous les temps est Les Duellistes, le drame napoléonien de Ridley Scott basé sur un livre de Joseph Conrad. Et je trouve les films du SDA absolument brillants. Peter Jackson a amplement mérité ses Oscars pour avoir réalisé trois films que beaucoup de gens avaient considéré comme « infaisables ».
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#7
Il y a quelques trucs intéressants, mais je suis étonné qu'il n'a pas gardé plus de contacts avec Gary Chalk!

Mais ce qui m'a le plus étonné et qui me rend heureux, c'est que Dever est pote avec Salvatore, mon écrivain préféré et auteur des livres Drizzt et Artémis Entreri de la série les Royaumes Oubliés! Fan!
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#8
Bravo Dudur. ;-)
"Je chercherai à retrouver un rêve..."
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#9
Merci Meneldur, beau travail!

Dans toute l'interview on devine que la séparation entre Dever et Chalk s'est mal passée. Je n'en sais rien du tout mais on sent vraiment que Dever lui en veut.

Ian et Steve semblent fidèles à leur réputation.

Joe Dever admet impicitement qu'il a bossé de longue date les 2 premiers cycles LS tandis que la suite a été faite plus "à l'arrach'".

Dommage que l'intervieweur justement ne lui ait pas posé quelques questions sur la génèse des cycles 3 et 4.
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#10
J'avais pas fait attention au fait que l'interview était si longue, donc encore merci à toi Meneldur !

Je suis quand même choqué par son histoire de cancer des deux reins, il s'en ai fallu de peu que LS se retrouve orphelin Neutre

Par contre je voyais pas Livingston et Jackson de cette façon, même si j'avais déjà lu des choses allant dans ce sens, dans l'interview de Paul Mason d'ailleurs il me semble.

Ce serait bien d'avoir un jour une interview de Ian Page, cet auteur m'a toujours intrigué car on ne sait pas grand chose de lui finalement.
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#11
Le plat de résistance : les questions sur Loup Solitaire ! Suite et fin demain, si tout va bien.

Citation :Votre œuvre la plus célèbre est sans aucun doute la série Loup Solitaire. Quand est née l'idée de cette série, et comment vous est-elle venue ?

Le Magnamund fut créé à partir de 1976, et la naissance des Seigneurs Kaï eut lieu durant l'été 1977, peu après ma découverte de D&D. En fait, les Kaï furent la première classe de personnages de D&D que j'ai inventée pour mes campagnes.

Avez-vous eu des inspirations directes pour Loup Solitaire, ou bien avez-vous délibérément pris des distances par rapport aux sources à votre disposition ? D'où vous est venue l'idée des Seigneurs Kaï, les figures centrales ?

Je me suis inspiré de toute la littérature historique que j'ai lu durant l'adolescence. Je crois que j'ai eu de la chance de naître en Angleterre, et au moment où je suis né. La culture et la littérature anglaise sont une source très riche pour l'imagination, et y ayant barboté dès mes premières années, il m'a paru tout naturel de poursuivre cette grande tradition culturelle. Je crois que les Kaï sont nés de mon envie de créer une sorte de caste guerrière nordique, similaire au Templiers, et d'associer cette idée au code du Bushido et aux capacités de combat des samouraïs. Les Disciplines Kaï sont nées du développement de l'histoire derrière les Kaï, notamment la lutte pour le pouvoir entre Naar (Roi des Ténèbres) et Kaï & Ishir (les deux principaux dieux du Bien dans mon univers d'Aon).

Il est frappant que vous lassiez de côté les éléments classiques, comme les orques. Vouliez-vous vous distancier des œuvres de high fantasy à la Tolkien ?

Je ne peux nier que Tolkein [sic] a eu une influence significative sur mon œuvre, dans la mesure où la Terre du Milieu et le Magnamund sont deux univers classiques de science fantasy. Mais j'ai sciemment décidé de ne pas emprunter de créatures à d'autres mondes de fantasy, y compris la Terre du Milieu. J'ai toujours voulu que le Magnamund soit une création aussi originale que possible.

S'agissait-il simplement de la lutte classique entre le Bien et le Mal, ou bien d'autres idées servirent-elles également d'inspiration ?

L'un des principaux thèmes que je désirais développer était l'idée qu'un individu relativement humble, comme Loup Solitaire au début de la série, peut espérer et atteindre la grandeur à travers le travail, la confiance en soi, et le service d'une cause noble. Je pense que ce thème sous-jascent a parlé à beaucoup de mes lecteurs. J'ai été stupéfié par le nombre de mes lecteurs qui, dans le courrier que j'ai reçu du monde entier, l'ont cité comme une des raisons principales pour lesquelles ils appréciaient tant mes livres. Je pense que cela a beaucoup à voir avec le fait que mes livres étaient lus par des adolescents qui se trouvaient à un stade de leur développement personnel où ils commençaient à avoir une idée plus claire de qui ils étaient, et de ce qu'ils voulaient être. Le développement de Loup Solitaire dans la série reflétait, à un certain degré, leur propre passage de l'enfance à l'adolescence.

Je suis très intéressé par l'origine des noms de personnes, de lieux et de monstres qui apparaissent dans la série. Avez-vous consulté des textes anciens, comme l'a fait Tolkien, par exemple, ou les avez-vous simplement conçus pour qu'ils sonnent bien ?

Certains des noms de personnages et de lieux du Magnamund, notamment ceux du Sommerlund et de Durenor, ont été influencés par la mythologie nordique. Par exemple, le Glaive de Sommer. Lorsqu'on le prononce correctement, il sonne très nordique. D'autres noms de lieux, notamment dans les Royaumes des Ténèbres et dans les royaumes alentour, proviennent de la langue gloke que j'ai développée. Ayant conçu une langue basique pour les Gloks, les noms de lieux dérivés sont nés facilement. Par exemple, Helgedad : en glok, « hel » veut dire noir, et « gedad », cité, donc Helgedad est la « Cité Noire ». La plupart des autres noms de lieux du Magnamund ont été conçus une fois leur environnement déterminé. Par exemple, la Vassagonie est un royaume désertique de style très arabe. Il s'ensuivait donc qu'il devait s'y trouver des lieux aux noms à consonance arabe, par exemple Barrakeesh, Bir Rabalou.
En revanche, la plupart des noms de personnage que je créais (et créée toujours) sont adoptés parce qu'ils sonnent bien.

Des personnages ont-ils été ignorés par la suite ?

Pas que je me souvienne. Mais plusieurs ne sont pas apparus dans les Loup Solitaire, essentiellement parce qu'ils vivent et agissent dans des régions du Magnamund qui n'entrent pas dans le cadre des livres-jeux ou des romans.

Avez-vous un Loup Solitaire favori, ou une partie d'une intrigue que vous appréciez particulièrement ?

J'ai beaucoup apprécié l'écriture de Loup Solitaire 5, et les expériences sur le format du livre. J'ai aussi aimé écrire Loup Solitaire 15 (La Croisade du Désespoir) et 18 (La Porte d'Ombre). J'apprécie particulièrement la nouvelle section de combat dans le Monastère Kaï que j'ai écrite pour la version longue de Loup Solitaire 1, Les Maîtres des Ténèbres. C'était une expérience assez émouvante pour moi que de revisiter le début de la saga et de décrire le massacre des Kaï en détail, mais c'est quelque chose que je rêvais de faire depuis des années.

Comment le travail sur la saga s'est-il développé ? Tout était-il déjà prévu depuis le début, ou s'est-elle développée progressivement ?

Les 12 premiers livres étaient ébauchés dès le tout début. Les livres 13 à 20, la série Grand Maître Kaï, furent développés entre la fin du tome 5 et le début du tome 6. J'ai commencé à ébaucher les livres du Nouvel Ordre pendant l'écriture des tomes 16 et 17, en gros.

Vous attendiez-vous au succès de Loup Solitaire, ou bien vos attentes furent-elles dépassées ?

J'étais sûr que la série marcherait bien, mais son succès m'a stupéfié, de même que la vitesse à laquelle cela s'est étendu au monde entier après la publication des deux premiers livres. C'était un lancement si réussi qu'il posa des fondations très solides pour la continuation de la série.

Ces dernières années, avez-vous été occupé par d'autres projets, ou Loup Solitaire a-t-il été le principal objet de votre travail ?

J'ai participé au développement de bon nombre de jeux vidéo depuis 1996, généralement dans le rôle de lead designer. Parmi les projets sur lesquels j'ai travaillé, on trouve De sang froid, Ground Control 2 et Killzone.

D'où est venue la réédition chez Mongoose ?

En novembre 2002, Mongoose a acquis les droits de produire un JdR basé sur Loup Solitaire. La majeure partie de la direction de Mongoose avait découvert ce hobby à travers Loup Solitaire, lorsqu'ils étaient adolescents, dans les années 80. Ils avaient pour ambition de développer Loup Solitaire pour le système OGL D20. Après quelques années passées à travailler avec eux sur le JdR, l'occasion s'est présentée pour eux d'acquérir les droits sur les livres-jeux Loup Solitaire. Ils m'ont en sus demandé de compléter la série avec les tomes 29 – 32.

Leur a-t-il fallu beaucoup de temps pour vous convaincre ?

Il leur a fallu quelques années, mais c'est parce que mon emploi du temps était complet pour les trois années à venir. Ils ont été très patients avec moi, et je suis heureux de dire que leur patience est récompensée.

Quelle sera la trame des tomes 29 – 32 de Loup Solitaire ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Je suis sûr que vous comprendrez que c'est une question qu'on me pose beaucoup en ce moment. Je ne veux gâcher la fin pour personne, et mes réponses doivent donc être très vagues. Je peux vous dire que le tome 29 s'appelle The Storms of Chai [traduction littérale : Les Tempêtes du Chai / traduction Gallimard : Les Endives du Cauchemar]. Il reprend en l'an PL 5102, dix-huit ans après les événements du tome 28, La Cité de l'Empereur. Les quatre derniers livres seront étroitement liés d'un point de vue chronologique, et ils conduiront à une conclusion dramatique dans le tome 32. Je prévois d'écrire 500 paragraphes dans le dernier tome. Les sites de fans de Loup Solitaire ont été le théâtre de nombreuses spéculations sur la fin de la série, et sur l'identité des protagonistes des dernières aventures. Quelques fans ont découvert environ un quart de la conclusion, mais personne ne s'est approché à 100% de ce que j'ai en réserve pour eux.

La série Loup Solitaire s'arrêtera-t-elle définitivement avec le tome 32 (avec la mort de Loup Solitaire, par ex.) ? Loup Solitaire a une solide base de fans ; pensez-vous démarrer d'autres projets en-dehors des livres-jeux ?

Je prévois une conclusion inattendue et, espérons-le, très satisfaisante à la série, mais pas forcément avec la mort de Loup Solitaire lui-même. Il y aura des occasions de revoir le Magnamund après la fin de la série, mais je ne prévois rien de ce genre à moyen terme.

Y aura-t-il d'autres produits liés au Magnamund dans le futur, en plus du nouveau JdR, des romans publiés par Mongoose et du jeu vidéo ?

On travaille actuellement sur un système de combat sur table pour Loup Solitaire, avec une collection de figurines. Il s'agit néanmoins d'un gros projet, qui demande beaucoup de préparation, et ne sortira donc probablement pas avant 2010. Il y a aussi un projet sur la Nintendo DS en cours. Je vous suggère de chercher sur Google et YouTube. Les démos du jeu DS ont été postées sur YT.

Qu'en est-il de l'idée d'un film Loup Solitaire ?

Les droits d'adaptation de Loup Solitaire ont déjà été vendus à trois reprises, mais les projets n'ont jamais dépassé l'étape de l'écriture du scénario. Une compagnie basée à Hong Kong est actuellement en négociations avec moi pour les droits d'adaptation en dessin animé. Si nous parvenons à un accord, il y a de bonnes chances de voir Loup Solitaire en film d'animation et en série télévisée vers 2010.

Les cartes à collectionner pourraient-elles être un nouveau projet ?

Oui, mais comme pour tout le reste, cela dépend beaucoup du temps à ma disposition pour travailler sur le projet. Je suis complètement noyé sous le travail pour les douze prochains moins, donc beaucoup de nouveaux projets doivent attendre que leur tour vienne (et des compagnies me contactent avec de nouvelles idées pour Loup Solitaire en permanence).
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#12
C'est quoi cette histoire des Endives du Cauchemar ?
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#13
C'est certainement de l'ironie de la part de Meneldur Mrgreen
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#14
18 ans après le tome 28?...
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#15
On se demande comment le Grand Maître que l'on incarne n'a pas encore maîtrisé ses quatre dernières Disciplines en dix-huit ans. Il s'est converti à Aï après La Cité de l'Empereur ?
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